David BERGER |
David
Berger est né sous une bonne étoile
: suppporter de l'ASSE, il a été le témoin privilégié du France/Brésil
1998. Sur le blog En pleine lucarne, le journaliste de
Canal Plus replonge dans ses souvenirs verts et bleus. Extraits. |
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J’ai un peu lâché le foot vers 17-18 ans et pendant mes études, j’ai fait du droit. Je n’imaginais pas devenir journaliste foot. En fait, c’est arrivé grâce à Denis Balbir (aujourd’hui sur Orange Sport). A l’époque, il parlait tout le temps de St Etienne à la radio. Un jour, je lui ai écrit pour lui dire que j’étais fan des Verts, etc. Puis j’ai suivi sa carrière jusqu’à ce qu’il arrive à Canal. Parallèlement, j’ai fait une école de journalisme. Mais j’étais plus parti pour faire de la radio à l’époque. Et quand je suis sorti de l’école de journalisme, Canal+ et Thierry Gilardi lançaient « Jour de Foot » (sept 92). Une super opportunité. Denis Balbir m’a décroché un stage. Quand on fait ce métier on perd son côté supporter. Déjà parce que le côté « joueur qui mouille le maillot pour son club » c’est un terminé. Il y a aujourd’hui un vrai décalage entre ce que vivent et attendent les supporters (des joueurs amoureux de leur club) et la réalité du foot. Excepté des mecs comme Janot ou Perrin, qui sont de vrais Stéphanois de coeur, les autres… Tu perds donc ton côté supporter et puis tu deviens plus critique quand l’équipe va mal. Si elle gagne, tu vas peut être un peu plus t’enflammer à l’antenne, mais si elle perd tu vas critiquer un peu plus. Je me souviens lorsque j’ai du faire mes premières interviews, Thierry Gilardi m’avait envoyé couvrir St-Etienne-Lyon et Lyon gagne. Il fallait que j’aille interviewer Aulas. Qui me tombe dans les bras super content d’avoir gagné le derby. Et là tu es obligé de sourire, ça te met un coup sur ton côté supporter ! Le match de ma vie ? Disons qu’en tant que spectateur d’abord, puis professionnellement, car tout est lié dans mon cas, la finale de la coupe du monde 98 France-Brésil au stade de France reste au-dessus des autres. Ce jour là j’ai tout vu, vécu et ressenti comme peut être jamais plus ça ne m’arrivera. la veille, j’avais été envoyé au camp de base d’entraînement de l’équipe du Brésil. On m’avait dit à Canal, « rapporte-nous quelque chose sur le Brésil, on n’a rien ». Il se trouve que Leonardo ne parlait à personne depuis trois semaines car il boycottait la presse brésilienne (...) Il arrive à la grille devant l’hôtel et me dit : « je sais que Canal a fait beaucoup de choses pour moi, quand j’étais au PSG, etc », et là il m’accorde trente minutes d’entretien en français. C’est aussi pendant cette interview qu’il sort : « On n’a pas besoin de regarder des vidéos de la France, on est sûrs de nous, on va gagner la finale ! ». Arrive le jour de la finale, j’étais donc en tribune. Le match en lui-même ? C’est presque une des rares fois où j’ai été en larmes. Les Verts à leur grande époque m’avaient fait pleurer quand j’étais gosse, mais aujourd’hui la France est la seule équipe qui me procure ces sensations. J’avais vécu ça avec France-Portugal à l’Euro 84, où je pleurais devant la télé, et puis (il réfléchit) c’est tout. Ah si, France Bulgarie aussi, mais là j’ai pleuré de déception. Bref, j’étais été heureux de vivre cette finale en tribunes, car c’était un moment où justement j’ai pu retrouver de l’humanité, me débarrasser de mon costard de journaliste pour pouvoir pleurer, apprécier, comme un fan de foot, comme un vrai supporter. A la fin du match, comme on avait un studio dans les coulisses du stade de France, on se refilait les accréditations entre nous pour y descendre. Je suis donc descendu dans le vestiaire de l’équipe de France. Là, les joueurs champions du monde me tapaient dans la main. C’était plus qu’un rêve, un truc inimaginable. J’avais sur moi un maillot de l’équipe et tous les joueurs me l’ont signé ! Tous, de Zidane, à Djorkaeff, jusqu’à Aimé Jacquet. Un maillot collector ! J’ai même pu toucher la coupe du monde dans les vestiaires, la vraie ! Et, après, je suis allé sur le terrain, là où Zizou place ses deux coups de tête. Là, en tant que fan de foot, tu ne peux pas vivre mieux, plus fort que ça. Au cours de cette soirée, je croise Leonardo dans les couloirs. Il m’est tombé dans les bras en pleurant. J’en suis venu à presque réconforter Leonardo, tu te rends compte ? Ensuite, je tombe sur Aimé Jacquet. Je lui raconte que ma mère est du même village que lui. Et il me parle de Sail sous Couzan où il est né aussi. J’étais en train de discuter du pays, de ces petits villages de la Loire, avec Aimé Jacquet, alors qu’il venait d’être champion du monde quelques minutes avant ! Surréaliste ! Tout ça fait qu’évidemment, au nouveau des souvenirs, cette finale restera gravée à vie car j’ai vécu l’événement d’une façon inimaginable." Source : Poteaux Carrés |