Alain Bompard
(ancien Président de l'ASSE du 12 décembre 1997 au 10 mai 2003)

Dans "La Légende des Verts par ceux qui l'ont écrite", ouvrage de Bernard Lions paru en novembre dernier aux éditions Hugo & Cie, Alain Bompard explique qu'il avait repris l'ASSE pour faire plaisir à son fiston, le patron actuel de la FNAC. Extraits : "Accordez-moi un fait de gloire. Celui d'avoir, avec mes amis Julio Santos Domingo, Guy Lavaud et Thomas Schmider, sauvé ce club au moment où il se retrouvait dans une situation catastrophique. Si on ne le reprend pas le 12 décembre 1997, il part en faillite. Et bonjour le CFA ! Mais nous avons eu ce coup de coeur et de folie, cette envie de mettre les doigts dans la prise. Le coup est parti de mon fils Alexandre. Au départ, c'est vraiment lui qui me convainc. Quand il avait dix ans, à chaque fois qu'il revenait de l'école avec des notes exceptionnelles, je lui demandais : "Tu veux quoi en récompense ?" Il me répondait : "Aller à Geoffroy-Guichard !" 

Un jour, je me retrouve assis au stade à côté du concurrent de Jean-Claude Darmon, l'argentier du football. Il me dit : 
"Il y a un gros problème à Saint-Etienne. Le club est au bord de la faillite et il n'arrive pas à trouver un repreneur. Tu en connais un ?
- Oui, je te donne son numéro.
- Je l'appelle tout de suite."
Et il m'appelle.
"Tu te fous de moi ?
- Non. Alexandre a réussi l'ENA. Les Verts seront mon dernier grand combat. Et je vais le mener."

Je me suis mis en compétition et j'ai gagné. Ce n'était pas bien difficile, j'étais le seul candidat à la reprise. Deux mois après, mon comptable arrive dans mon bureau. "Président, il faut faire les fiches de paye avant ce soir et on n'a plus d'argent !" J'ai vendu ma maison familiale de Genève à moitié prix et mis l'argent au fur et à mesure. Avec mes associés, nous avons surtout apporté les garanties bancaires pour le passif, qui s'élevait alors à 43 millions de francs. Les 8 millions de francs de la vente de Zoumana Camara à l'Inter de Milan nous ont apporté une bouffée d'oxygène. 

Saint-Etienne a représenté la meilleure période de ma vie. C'était unce communion folle, une passion partagée avec les supporters. J'ai vécu 6 années de folie furieuse. Ce fut usant et difficile. Mais ça a été, avec mes associés et mon fils, les plus belles années de ma vie. 6 ans à Saint-etienne, ça vaut 35 ans ailleurs. J'ai vécu dans 18 villes, mais mon coup de coeur, c'est Saint-Etienne. Ce n'est ni une ville, ni un club, ni des supporters comme les autres. Je l'aimais déjà car la mère de mon fils Alexandre est stéphanoise. Je suis revenu dans la région en 2014, à Veauche, pour le jubilé de l'équipe championne de D2 en 1999. J'ai eu droit à un tel accueil que j'avais les larmes aux yeux. Comme un gosse. J'aimais vraiment ces mecs. Ils me manquent. J'ai reçu des sollicitations après mon départ. Je les ai refusées, même l'invraisemblable. Je n'en reprendrai pas d'autres. Saint-Etienne, c'était mon bébé. Je sais. Je suis un vrai con."

     Source Poteaux Carrés : 4 janvier 2016