Eric Naulleau |
Ancien attaquant du FC Vaucresson reconverti en tacleur chez Ruquier, Eric Naulleau évoque son amour des Verts dans le dernier numéro du bimestriel Surface.
"A
14 ans, il n'y avait rien de plus important pour moi que le match à
venir de Saint-Etienne. Je me souviens d'avoir regardé le 17 mars 1976
le match des Verts contre le Dynamo Kiev dans le noir absolu. J'habitais
à Garches à l'époque et ce soir-là, à la maison, tout le monde
dormait. Je regardais ça comme une tragédie antique, ça cisaillait de
tous les côtés mais les joueurs n'arrêtaient pas de courir. Quand
Rocheteau marque le troisième but, il y a un retournement de situation
invraisemblable, comme dans une tragédie de Shakespeare. Toute ma chambre était recouverte de posters de joueurs de
l'AS Saint-Etienne :
de Rocheteau à Platini, en passant par Piazza. Sans oublier les
vignettes Panini que je collectionnais depuis l'enfance avec une
application absolue. Chaque année, mon obsession, c'était de trouver
suffisamment de joueurs pour finaliser la page consacrée aux Verts.
J'avais du mal à trouver la vignette de Robert Herbin : ça nécessitait
beaucoup d'échanges avec mes camarades avant de mettre la main dessus. |
Sans être nostalgique d'une époque révolue, d'un point de vue éthique, je trouve que ça devient excessif. Un joueur peut faire le match aller avec une équipe et le match retour avec une autre ! Dès qu'un jeune joueur bien formé par nos clubs se fait repérer, il file en Angleterre. Le championnat anglais est vachement agréable à regarder avec toutes ses constellations de stars mais c'est devenu un milieu où le pognon parle souvent plus fort que le jeu. D'une manière générale, je suis assez d'accord avec Platini, je crois qu'un peu de moralisation ne ferait pas de mal. Aulas
est entré de plain pied dans cette nouvelle ère où règne le
capitalisme. Lyon s'inscrit depuis quelques années dans une ligne très
anglaise : le club est par exemple côté en bourse. Même quand Aulas
dit des choses censées, on n'a pas envie d'être d'accord, tellement il
est antipathique. C'est un peu comme Claude Allègre, il est tellement
cassant qu'on n'a qu'une seule envie, celle de le contredire. Et puis
bon, quand on est supporter de Saint-Etienne, on ne peut pas supporter
le président de l'OL : ce sont les fondamentaux." |
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Dans la lignée de son interview publiée dans le magazine Surface, Eric Naulleau revient sur ses vertes amours sur le site du Journal du Dimanche. (Octobre 2013). Extraits. "Quand Dominique Rocheteau a marqué le but de la qualification contre Kiev, j’ai eu la sensation de vivre un moment d’histoire dont on allait parler pendant longtemps. En revoyant ce match chez un ami, j’ai été projeté dans le passé, ça m’a beaucoup troublé. Dans les années 70, alors que l’équipe nationale prenait défaite sur défaite, il y a eu soudain le miracle Saint-Etienne, spécialiste des retournements de situations, avec des types qui se défoncent sur le terrain. C’était très romanesque. Quand on voit cela et qu’on a 15 ans, c’est la folie ! Et puis, les footeux de l’époque nous ressemblaient, comme Rocheteau et sa dégaine de rocker, ses cheveux mi-longs… On vibrait, il valait vraiment mieux, pour la musique et le rock, avoir 15 ans en 1976 plutôt qu’en 2013 ! L’élimination de Saint-Etienne contre Liverpool, c’était un deuil total." |
Dans la lignée de ses interviews publiées en janvier 2010 dans le magazine Surface et en octobre 2013 dans Le Journal du Dimanche, Eric Naulleau revient sur ses vertes amours dans la dernière édition (13 mars 2019) de Télé Loisirs.
"Ma passion du football vient de l'enfance et l'adolescence. Ca remonte à 1976, la fameuse épopée des Verts de Saint-Etienne, et ensuite la Coupe du monde en Argentine. Après quelques années de grisaille terrible où aucun club français ne se distinguait sur la scène européenne et où l'équipe de France ne rayonnait pas, il y a eu une sorte de printemps. A 14, 15 ans ça m'a vraiment retourné la tête. Je suis devenu fanatique de Saint-Etienne, puis de Marseille. C'est une passion qui ne m'a jamais quitté.
Supporter, vous êtes tout en haut, puis vous connaissez des épisodes abyssaux. Mais il faut toujours être là. Je crois que c'est ça d'être véritablement supporter. Si vous supportez l'équipe qui gagne tout le temps ou que vous ne la soutenez que quand elle est victorieuse, ce n'est pas du jeu ! Ca fait quarante ans que je supporte Sainté et l'OM, contre vents et marées. Bon, ces derniers temps, Marseille c'est un peu douloureux. Et Saint-Etienne, ils font pas mal le yo-yo. Moi je suis un bourrin de supporter, je suis chauvin au dernier degré. L'important, c'est la gagne. Peu importe le résultat, même si avec le spectacle c'est mieux. Je suis de la culture de la gagne."