Johnny Rep
(ancien Vert)

"Quand je suis arrivé au Stade de France pour assister à la finale de la Coupe de la Ligue remportée par les Verts contre Rennes il y a trois ans, j'ai marché au milieu de milliers de supporters stéphanois. Tout le monde voulait un autographe, c'était de la folie. J'ai terminé mon parcours avec chapeau et des lunettes de soleil. Je pense que je ne serais jamais revenu aux Pays-Bas sans cette affaire de la caisse noire. J'ai perdu ma maison et deux propriétés en Corse dans la bagarre. Si cela n'était pas arrivé, je n'aurais jamais quitté Sainté. Quand j'y retourne, je me sens comme à la maison. Ils sont très contents d'Oussama Tannane là-bas. J'ai joué avec Michel Platini à Saint-Etienne. Il était vraiment très bon mais notre coéquipier Jean-François Larios est sorti avec sa femme. Cette saison-là, quand on est allé joué à Bastia, le public a passé toute la première mi-temps à traiter Platini de cocu. Il pleurait sur le terrain."

Interview dans le quotidien De Telegraaf (Juin 2016)

Le Monde a publié le 24 mars 2016 un long portrait de l'ancien attaquant stéphanois Johnny Rep. Extraits verts.

 "Avec un copain, le Hollandais a fait en 2013 une virée latine pendant deux mois en camping-car, en s’arrêtant sur les lieux de ses exploits. Le véhicule a stationné devant le stade Geoffroy-Guichard, où Rep est souvent retourné depuis ses débuts sous le maillot vert en 1979. Il y a laissé un souvenir impérissable, ravivé en 2004 par la chanson de Mickey 3D en hommage à celui qui "évite les croche-pieds" et "n’en peut plus de dribbler".  Lui-même a commis un 45-tours en 1980, Hey Johnny (Singing in the Morning), et il le regrette : « Je me souviens d’un match avec les Verts à Montpellier, je ne touchais pas un ballon, et tout le stade se foutait de moi en réclamant : “Johnny, une chanson !” » Sur la pochette transparaît sa ressemblance avec Robert Redford : « On l’a souvent dit. Peut-être un petit peu, pour les cheveux blonds… Mais plus maintenant, hein !"

 A Saint-Etienne, Rep est recruté avec le Nancéien Platini. Leur association doit produire des étincelles : "Avec Michel et moi, on avait une super-attaque, mais la défense était fragile. Curkovic et Farison étaient en fin de carrière, Lopez et Santini étaient bons mais pas très rapides." Si le championnat est remporté en 1981, Rep perd encore deux finales, de Coupe de France cette fois. L’annus 1982 est horribilis. Les Pays-Bas sont privés de Mondial par la faute des Français. L’ailier droit a disputé en novembre 1981 son dernier match sous le maillot orange au Parc des Princes, crucifié par son coéquipier Platini. Au printemps suivant éclate l’affaire de la caisse noire, qui contraint Saint-Etienne à vendre ses meilleurs éléments : "Je ne voulais pas partir. On était bien à Sorbiers. Mes enfants parlaient français entre eux."

Johnny Rep se sent sur France Bleu plus vert que rouge et blanc à la veille (21 juillet 2015) du match amical entre ses deux anciens clubs.

 "Mon club de coeur c'est Saint-Etienne, sans hésitation. J'ai passé un très bon moment là-bas. En dehors du football, j'aime la ville, la région, et les supporters de l'ASSE c'est extraordinaire. L'Ajax c'est différent, c'est très froid le public. C'est un Hollandais qui parle mais je me sens plus stéphanois qu'ajaxiste. Même le dernier match que j'ai vu contre Guingamp, j'étais dans le stade, le public...magnifique...vraiment... 

Il n' y avait pas ça à l'Ajax, seulement de de temps en temps pour la coupe d'Europe. Mais à Saint-Étienne, c'est tous les matchs, c'est différent. Le public c'est dingue, contre Guingamp il ont crié pendant 90 minutes. Super. Je suis venu quatre fois sur les deux derniers mois. Il y a deux semaines, j'étais à Saint-Étienne, à l'Etrat, pour la présentation du nouveau maillot. Je suis toujours beaucoup Saint-Étienne. Je suis un vrai Stéphanois finalement !"

Johnny Rep est toujours vert comme l'atteste son entretien paru ce soir sur le site de So Foot. Extraits.

 "Saint-Etienne, cest un endroit que j'apprécie particulièrement. D'ailleurs, s'il n'y avait pas eu l'affaire de la caisse noire, en 1982, je ne serais probablement pas parti et peut-être même que je vivrais encore ici. Mes enfants étaient bien ici, je regretterai toujours d'avoir dû partir. Je suis toujours supporter des Verts, évidemment ! Mais je suis également supporter de tous les autres clubs dans lesquels j'ai joué. La première chose que je fais le matin, quand mes anciennes équipes ont joué la veille, c'est d'aller voir leur résultat sur le journal.

 L'autre jour, j'étais au musée du club pour une séance de dédicaces, et c'était incroyable le monde qui est venu me demander un autographe. Je me souviens également de la finale de Coupe de la Ligue, en 2013. J'étais avec un ami, à 500 mètres du stade, et c'était impossible de passer tellement les gens me demandaient tous une photo ou un autographe. À la fin, j'ai même dû mettre une casquette et des lunettes, parce que sinon, je ne pouvais vraiment pas passer. Mais ça fait toujours chaud au cœur, en tout cas.

 De tous mes anciens clubs, c'est l'ASSE qui m'a le plus marqué ! Ici, les supporters sont merveilleux. L'autre fois, j'étais au stade pour le dernier match de la saison face à Guingamp et, franchement, je n'ai jamais vu des gens comme ça. Ils n'arrêtent jamais, pendant 90 minutes. À mon époque, ils étaient déjà incroyables, mais j'ai l'impression que c'est encore plus fort aujourd'hui. J'ai même de meilleurs souvenirs à l'ASSE qu'à l'Ajax. C'est peut-être bizarre, mais c'est comme ça. Mon but en finale de C1, évidemment que c'était un moment absolument incroyable, mais si vous me demandez où j'ai été le plus heureux, la réponse sera toujours Saint-Étienne."

Quand Johnny Rep campe devant Geoffroy Guichard et se confie à l'Equipe (Janvier 2013)

Présent cet après-midi du 27 janvier 2013 dans le Chaudon, Johnny Rep a dormi vendredi soir en camping-car sur le parking de Geoffroy-Guichard ! Avant d'assister au match entre ses deux anciens clubs français, l'ancien attaquant stéphanois s'est confié à l'Equipe. Extraits.

"J’ai été une star, pas vrai ? Une idole connue dans le monde entier, un cinquième Beatles, comme George Best (il rigole). J’ai été un sacré joueur de foot aux côtés de Cruyff, Kempes ou Platini. J’étais un joueur qui aimait le foot, le comprenait et était capable de réussir de grands matches comme des mauvais. J’étais tout. J’étais riche aussi... Je ne le suis plus. Mais je vis bien. Aujourd’hui, mon camping-car est mon château. Comme je ne pouvais pas rester stationné sur le parking la nuit précédant le match, le club a tout de même accepté que j’aille garer mon véhicule à l’Étrat. Il m’a aussi offert des places pour voir le match contre Bastia.
(...)
Herbin, ce n’est pas mon ami. Je n’ai pas de feeling avec lui. Mais alors, pas du tout (...) Le seul regret de ma carrière, c’est d’être parti de Saint-Étienne. C’est la plus grande déception de ma carrière. Sans l’affaire de la caisse noire, j’y vivrais toujours. Saint-Étienne, c’est mon deuxième pays. Mes deux premiers enfants sont français. Ils sont nés ici. Eux aussi voulaient rester. Mais je suis parti comme ça, au bout de ma quatrième année, celle de trop. Ce n’était pas terrible.
(...)
Même à mon époque, Saint-Étienne n’a pas toujours pris les bonnes décisions. Quand je suis arrivé avec Platini, par exemple, le club, qui ne pouvait alors aligner que deux étrangers, a décidé de faire partir Piazza et de garder Curkovic. Ce n’était pas le bon choix, car toute la défense était faible, sauf Janvion. Farizon avait fait son temps. Lopez et surtout Santini étaient lents. Quant à Curkovic, il n’avait plus le niveau. S’il était parti et Piazza resté, les Verts n’auraient pas attendu 1981 pour décrocher un dixième titre de champion de France.
(...)
Spontanément ce qui me vient en tête concernant ma carrière, c'est Lodz. J’ai mis trois buts contre cette équipe polonaise
[ndp2 : sa perf a inspiré le tube de Mickey 3D]. Ce soir-là, j’étais un ange sur le terrain. Mais je suis redescendu sur terre dès le coup de sifflet final. Les joueurs m’ont embrassé et c’était fini. Je ne suis jamais devenu fou à cause du football. Je n’ai jamais fait de conneries. Aujourd’hui, la médiatisation et l’argent ont changé beaucoup de choses. Nous, on passait à la radio, rarement à la télé. On touchait de petites primes alors que désormais un jeune empoche vite 1 million d’euros.
(...)
Quand on jouait ensemble à Saint-Étienne, Michel Platini était un peu doux. Mais il a commencé à être plus méchant sur un terrain la troisième année. Et il est devenu ce joueur fantastique à la Juve. Mais c’était avant tout un très bon joueur, pas le leader de l’équipe comme l’était Cruyff à l’Ajax et avec les Pays-Bas. Lui, c’était le big boss. Cruyff dirigeait toute l’équipe sur le terrain, pas tellement dans le vestiaire. Il faut dire aussi qu’à l’époque il n’y avait pas vraiment de leader à Saint-Étienne. Cruyff et Platini sont les deux plus grands joueurs avec qui j’ai évolué. J’ai aimé jouer avec eux. Tous deux avaient cette finesse pour me glisser les ballons."