Piquionne, bel oiseau des îles sur la piste d'envol
Source : Midi Libre

Samedi 8 janvier 2005


« J'ai un parcours atypique comme disent les journalistes... ». Sa carte de visite ne dit pas autre chose.

Frédéric Piquionne est né à Nouméa, cette terre française à l'autre bout du monde.

Il a débuté en culottes courtes sous le gris de Paris et a continué à grandir sous le soleil de Fort-de-France. Jusqu'à ce que Nîmes lui propose un bout d'essai, transformé au terme de dix jours fructueux.

« Quand on l'a vu débarquer de la Martinique personne ne le connaissait, se souvient Régis Brouard, ancien joueur nîmois. Mais tout de suite, il m'a laissé une énorme impression : ça montait haut, ça allait vite, ça frappait fort. Pour moi, c'est l'attaquant de demain dès lors que son mental soit au niveau de sa technique et de ses qualités physiques. » L'essentiel est dit et sera confirmé par d'autres témoignages...

Frédéric Piquionne (1,88m, 82 kg) a finalement des kilomètres au compteur de ses 26 ans. Même si, longtemps, il n'a pas eu la chance ou la force mentale de pousser les bonnes portes au bon moment. Avant de franchir le seuil de la reconnaissance, cet oiseau des îles a donc emprunté des chemins détournés avant de goûter à une forme de revanche : « J'ai eu la confiance de Vahid Halilhodzic à Rennes et j'ai l'impression d'avoir celle d'Elie Baup chez les Verts. Avant j'ai souffert d'un manque de communication. »

Nîmes Olympique malgré les efforts de Pierre Mosca (directeur sportif) ne l'aura finalement pas conservé plus d'une saison et douze matches. Mais aujourd'hui après avoir cohabité trois ans - tant bien que mal - avec les Bretons de Rennes, il est d'autant plus vert sous les couleurs de Saint-Etienne.

« Je l'ai fréquenté à Rennes dans un contexte particulier, se rappelle à son tour l'ex-Montpelliérain Cédric Barbosa. J'espère qu'à Saint-Etienne il va explorer à fond son potentiel. Il n'a pas peur des contacts, il est bon de la tête mais c'est à l'intérieur qu'il doit s'endurcir. Le jour où il se considérera vraiment comme un footballeur de métier avec tout ce que cela comporte de rigueur et de conscience professionnelle, ça va faire mal... »

Piquionne joueur de contrastes est un instinctif dans sa façon de tripoter le ballon à l'approche des buts : sept au total (6 en championnat, 1 en coupe de la Ligue et 4 passes décisives). Pas mal pour ce diamant brut qui n'a pas suivi la formation classique du joueur pro : « Si je dresse un premier bilan, ma saison n'est ni exceptionnelle, ni catastrophique, reconnaît-il. Si j'étais allé en centre de formation j'aurais peut-être plus de qualité dans la finission. Mes progrès doivent porter sur le déplacement. Mais ce n'est pas en quelques mois que j'allais rattraper le temps perdu de la saison dernière. Il m'a donc fallu une période d'adaptation avant de retrouver le rythme. »

Frédéric Piquionne parle d'un nouvel élan à Saint-Etienne dans une carrière toujours à construire. Et c'est à Geoffroy-Guichard qu'il aimerait enfin devenir "adulte" avec « ce public extraordinaire », avec Elie Baup « cet entraîneur formateur », sous ce maillot « que l'on respecte plus qu'un autre », dans ce club « qui est un mythe. » Pour cela, il faudra que les dirigeants stéphanois lèvent l'option d'achat. Baup verra en son temps.

Au fait, il en pense quoi l'entraîneur des Verts de Frédéric Piquionne ? « Le jour où il alliera cette présence physique à la lucidité devant le but, il deviendra un grand. Avec nous, il travaille au poste spécifique d'attaquant car il faut plutôt accentuer ses qualités plutôt que de vouloir corriger ses défauts à tout prix. Il a passé l'âge d'une formation globale. Mais c'est lui qui détient la vérité. »

Brouard, Barbosa, Baup, les trois "B" soulignent les mêmes traits du portrait.

« Il faut être constamment dessus », disait de lui "coach Vahid". Le joueur a tendance à s'enflammer. Une tendance qui, parfois, peut-être incompatible avec les exigences du haut niveau. A suivre...