Interview de Damien Comolli
(Source : Le Progrès)

Mardi 8 juin  2004


Âgé de 32 ans, le nouveau directeur sportif stéphanois, engagé pour garantir la pérennité du club et mener à bien le recrutement en concertation avec Vincent Tong Cuong et Elie Baup s'engage dans une nouvelle aventure, après avoir beaucoup appris à Arsenal.

Damien Comolli, vous arrivez d'Arsenal où vous étiez chargé du recrutement et venez d'être nommé directeur sportif de l'ASSE. Peut-on en savoir un peu plus sur votre parcours professionnel ?
Ça faisait douze ans que je travaillais avec Arsène (Wenger) que j'ai connu à Monaco alors que j'étais éducateur chez les jeunes de l'ASM. Ensuite, je l'ai suivi au Japon et cela fait sept ans que je suis avec lui à Arsenal.
Quelle était votre attribution exacte chez les Gunners ?
J'étais responsable du recrutement, enfin c'est un bien grand mot, car il n'y a qu'un seul responsable, c'est Arsène. Je m'occupais en fait du recrutement sur le plan mondial au niveau des pros.
C'était une vaste tâche ?
C'était énorme. C'était passionnant, c'était épuisant. C'était une expérience extraordinaire et ça m'a donné un bagage très important parce que j'ai eu la chance de la vivre avec un entraîneur extraordinaire. J'ai pu observer ses prises de décision dans le club.
Cela a été une chance aussi de travailler avec David Dein, le propriétaire d'Arsenal, qui est aussi un dirigeant de qualité. J'ai beaucoup appris des deux et il est maintenant temps de le mettre en application.
Vous étiez lié contractuellement avec Arsenal. Comment avez-vous pu vous désengager ?
En fait, mon contrat était basé moralement sur celui d'Arsène Wenger. J'ai dû lui demander la permission avant de faire quoi que ce soit. Il m'a dit que je pouvais y aller.
Mais alors, vous êtes en disponibilité d'Arsenal ?
Non, non, non. J'ai signé un contrat à durée indéterminée avec l'AS Saint-Etienne.
Comment cela se fait-il que Wenger vous ait donné votre bon de sortie pour l'ASSE alors qu'il avait refusé les autres propositions qui vous avaient été faites ?
Parce qu'il pense que l'ASSE a un potentiel énorme, que le travail est intéressant et que le club est extrêmement intéressant. Il m'a dit de foncer, que si je travaillais bien, le club pourrait arriver à des sommets très très hauts.
Et puis la porte d'Arsenal ne vous est pas fermée, on imagine ?
Ce n'est pas le style de la maison. Non, lorsqu'on fait un choix, il faut l'assumer. J'ai pris un risque, je l'assume, je suis assez grand pour le faire.
Les nouveaux dirigeants vous ont présenté comme la clé de voûte de leur projet, l'homme par qui passait la pérennité du club. C'est une drôle de responsabilité, non ?
Je ne suis ni la clé de voûte, ni l'homme fort. Ce qui doit être fort, c'est le club, la relation entre les dirigeants et le staff technique, la relation à l'intérieur du staff technique. L'homme fort, ce n'est ni moi, ni Elie, c'est tous les hommes ensemble, c'est le club. J'arrive d'un club où la solidarité au sein du staff était extraordinaire et j'espère pouvoir appliquer la même chose ici.
Vous arrivez tout de même dans un contexte tendu ?
Oui, la situation est spéciale mais je connais les éducateurs, les joueurs. Je pense par exemple au petit Alexandre Barthe, qui est capitaine des 18 ans et que j'ai découvert en détection alors qu'il avait 13 ans.
Qu'est-ce que vous connaissez du club ?
Je connais Christian (Lariepe), très bien aussi Gérard Fernandez et tous les éducateurs du club. Je suis venu souvent à L'Étrat.
Vous étiez aussi en charge du partenariat entre le club anglais et l'ASSE, qui n'a jamais vraiment été très actif ?
Il y a eu des hauts et des bas. Là, grâce aux bonnes relations que j'avais avec Thomas Schmider et Bernard Caïazzo, antérieures à ce qui se passe aujourd'hui, on a réglé les problèmes (en fait, le partenariat entre Arsenal et l'ASSE a été rompu définitivement récemment).
Parlons de l'avenir. Vous allez avoir à travailler en relation avec Vincent Tong Cuong, directeur général des services pour l'aspect financier des transferts et Élie Baup pour la partie sportive.
C'était le mode de fonctionnement d'Arsenal, il ne me choque donc pas du tout. Quant au travail avec Elie, je connaissais sa façon de travailler et lui la mienne. L'entente s'est donc faite assez facilement, en peu de jours. Il n'y a pas de raison que ça se passe mal. C'est un entraîneur de haut niveau, nous sommes tous les deux de bons professionnels, on va bien s'entendre.
L'avenir de Julien Sablé a été évoqué lors de la conférence de presse. Où en êtes-vous de ce dossier important ?
On a fait passer un message à Julien qui était en vacances en lui disant qu'il était la clé de voûte de l'édifice. Un contrat lui a été proposé par l'équipe précédente. Il est toujours là, je suis sûr que ça va bien se passer.
Et en ce qui concerne le renouvellement des contrats de Marin, Ilunga, Quaye ?
Tous les agents des joueurs m'ont téléphoné, on discute.
Votre vue générale sur le recrutement est-elle la même que celle de l'équipe précédente qui souhaitait renforcer chaque ligne de deux éléments ?
C'est le principe. On sait à peu près les postes que l'on veut renforcer. Maintenant, c'est de la cuisine interne, si vous le permettez. Ce sera à peu près cela. Il va falloir être solide.