Fabien
Boudarène de retour à Geoffroy Guichard |
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Jeudi 17 février 2005 |
« Il est super branché, pour lui rien d’impossible, c'est un vrai passionné qui veut l'inaccessible (…) Quand on appelle Bibi, il est toujours-là, en descendant la vie, il fonce vers toi ».
Cet inoubliable portrait de Bibifoc vaut également pour Fabien Boudarène. Si le premier nous a tous fait rêver dans le bleu des glaciers (n'oublions pas que dans l'Antarctique, c'est quand même le roi des phoques!), le second attend avec passion son retour dans le chaudron. Tout doucement, Bibi a accepté de répondre à nos questions avant de retrouver dimanche le club de son cœur. Superbe interview de José, comme d'habitude !Fabien, d’où vient ton surnom « Bibi » ? Enfant, tu étais habile et malin comme Bibi Fricotin ? Tu as connu le bagne comme Chéri Bibi ? Tu es le fils caché de « Bibi » Nétanyahou ? Comme Bibi Andersson, tu aimes les fraises sauvages ?
Très jeune on m’a surnommé Bibi, mais pas pour les raisons que tu viens de citer ! En fait, je dois ce surnom à mes parents, qui m’appelaient ainsi lorsqu’ils m’encourageaient aux abords du terrain. Fabien a donné Fabi qui s’est transformé en Bibi. C’est resté, et désormais tout le monde m’appelle comme ça, au point que certains oublient mon vrai nom!Comment est née ta vocation de footballeur ?
Je suis né à Saint-Etienne et dans ma famille il y avait pas mal de footeux : j’ai un oncle qui a joué à Nîmes, mon parrain était également un bon p’tit joueur. Mon père aussi avait un bon niveau et m’a transmis sa passion pour les Verts. Il est policier et je me souviens que tout gamin, j’avais pu rentrer avec lui à Geoffroy dans sa fourgonnette avant de suivre le match juste à côté du terrain. J’étais trop petit pour me souvenir du nom des joueurs, mais j’ai été marqué à vie par l’ambiance du chaudron.Quel a été ton parcours avant de rejoindre l’ASSE ?
Je viens du quartier de la Métare, et j’ai commencé à taper dans un ballon à 4 ans et demi. J’ai d’abord joué à Beaulieu, puis très vite j’ai rejoint l’Olympique de Saint-Etienne. Je garde de très bons souvenirs de cette période à l’Olympique. Je me souviens notamment d’un match de coupe en moins de 15 ans : on avait gagné 3-0 à Lyon, c’était trop bon ! L’Olympique est vraiment un très bon club formateur. Là-bas j’ai joué avec Cédric Horjak, qui joue aujourd’hui à Nîmes. J’ai également côtoyé des joueurs comme Frédéric Danjou et Bertrand Fayolle, mais je n’ai pas joué dans leur équipe car ils ont quelques années de plus que moi.A quel poste évoluais-tu à l’époque ?
Au début, je jouais milieu droit mais un entraîneur m’a replacé dans l’axe et c’est dans ce poste de milieu défensif axial que je suis le plus performant. J’ai disputé également quelques matches comme stoppeurTu as rejoint l’ASSE à l’âge de 15 ans et ta progression chez les Verts a été fulgurante…
C’est vrai que j’étais précoce et très vite j’ai été « surclassé » en passant de l’équipe des moins de 16 ans à celle des moins de 17. Dans le même temps, j’ai été sélectionné en équipe de France des moins de 16 ans. A 17 ans, j’ai joué mes premiers matches en équipe réserve, qui disputait à l’époque le championnat de National 2. Dès la saison suivante j’ai disputé mon premier match pro à 18 ans, à Laval. On était en D2 à l’époque et Pierre Mankowski m’a prévenu la veille du match que j’allais jouer. J'ai été surpris d'être sollicité si vite alors que d'autres joueurs attendaient depuis plus longtemps qu'on leur donne leur chance. Je me souviens bien sûr de mes débuts avec l’équipe une mais le match qui m’a vraiment marqué est le premier que j’ai disputé à Geoffroy Guichard, peu de temps après, contre Toulouse. C’était magique de jouer devant ma famille, mes amis et cet incroyable public. Après avoir vibré dans les tribunes de ce stade, je me retrouvais désormais sur la pelouse. Inoubliable ! J’étais en transe, je courrais comme un fou sur le terrain, j’étais vraiment à fond. Seul bémol, j’ai dû quitter le terrain à la 70ème minute. Je me souviens que Willy Sagnol a marqué ce soir là.Lors de ta première saison avec les pros, tu as disputé 7 matches de championnat. La saison suivante, tu as eu davantage de temps de jeu, et tu as même inscrit tes 2 premiers buts sous le maillot vert.
Exact, j’ai disputé une petite trentaine de matches et j’ai marqué mon premier but à Gueugnon. Mais là encore, c’est le 2ème qui m’a le plus marqué car il était à Geoffroy Guichard, contre Laval. On jouait depuis 3 minutes lorsque Romarin Billong a débordé avant de centrer. J’étais monté et idéalement placé dans l’axe aux 20 mètres. Comme le gardien s’était imprudemment avancé, je l’ai lobé en reprenant directement le ballon de la tête. Je te laisse imaginer l’explosion de joie qui a suivi ! J’étais dans un état second, je ne saurais même plus décrire précisément ma réaction après ce but!Malgré ces moments de joie, tu as frôlé deux années consécutives la relégation en national…
En effet, ça n’a pas été évident à gérer : notre jeu était très moyen, les résultats médiocres et on a dû ramer comme des fous pour maintenir le club en D2. C’était vraiment une période délicate pour le club, et ce n’est jamais facile de jouer dos au mur. Mais on apprend beaucoup dans les difficultés, et ça forge le mental quand on est un jeune joueur.La saison suivante, en revanche, a laissé de merveilleux souvenirs aux supporters stéphanois. Comment l’as-tu vécue en tant que joueur ?
C’était le pied total ! Une ambiance extraordinaire au sein du groupe, d’excellents résultats avec au bout un titre de champion de D2… Le bonheur quoi ! Le recrutement avait été malin : des joueurs expérimentés comme Kader, et des locaux comme Fayolle et Ponsard. Ah, quelle saison quand j’y repense… Adrien en pleine confiance qui enfilait les buts, c’était vraiment énorme ! Rien que d’en reparler j’en ai des frissons. Et la ferveur du public, ce stade plein alors qu’on jouait en D2 ? C’était exceptionnel à vivre, même à l’extérieur c’était à chaque fois une fête incroyable, j’avais l’impression que toute la France du foot était derrière nous !Tu découvres ensuite la première division, et les Verts font le spectacle pour leur retour dans l’élite !
C’est vrai qu’on a réalisé une saison spectaculaire et on a pris beaucoup de plaisir sur le terrain. On avait vraiment une super équipe, c’était un vrai régal de jouer avec des gars comme Alex, Aloisio, Pedron, Guel, etc. On a terminé le championnat à la sixième place du classement et franchement c’était mérité car on était ambitieux dans le jeu.Cette saison là, tu as marqué ton premier but en D1 sur le terrain du champion de France !
Un super souvenir, d’autant plus que j’ai inscrit ce jour là le but de la victoire. Le score était de un partout, et il restait un gros quart d’heure à jouer. Je récupère le ballon au milieu de terrain avant de le passer à Aloisio qui s’était démarqué sur l’aile droite. Je poursuis mon action, José m’adresse un super centre dans les pieds, je tire dans la foulée et trompe Ulrich Ramé.Un mois après cette victoire à Bordeaux, les Verts atomisent l’OM. Quels souvenirs gardes-tu de cette rencontre ?
Ah, la victoire contre l’OM…LE match ! Mon plus grand souvenir de joueur, sans hésiter… On menait 4-0 après à peine une demi-heure de jeu : hallucinant ! Voir les supporters marseillais se barrer à la mi-temps, c’était plutôt marrant, non ? J’étais rentré à une demi-heure de la fin du match, à la place de Juju. Sur un de mes premiers ballons, je fais une longue ouverture en profondeur à destination d’Alex, qui devance la défense marseillaise et trompe Porato pour la quatrième fois du match. Jouissif !Ta fin de saison a été moins jouissive : ton dernier match de la saison a été une lourde défaite à Bastia, en février 2000. Tu n’as plus rejoué avant la saison suivante. Pour quelles raisons ?
En fait, j’ai fait une grosse boulette extra-sportive, mais je ne tiens pas à m’étendre sur ce point.D’accord, mais revenons néanmoins sur ta réputation de fêtard. Etait-elle fondée ?
La boulette à laquelle je fais référence n’a rien avec voir avec ça. Concernant ma réputation de fêtard, je sais que pas mal d’histoires ont couru sur moi, beaucoup n’étaient pas fondées. Maintenant, il n’y a pas de fumée sans feu et j’avoue que je sortais plus que de raison. J’étais jeune, je voyais que la plupart de mes potes non-footballeurs sortaient, et je ne comprenais pas pourquoi j’aurais du me priver de les rejoindre. Je me suis laissé vivre…Robert Nouzaret disait de toi : «Bibi, c’est un garçon qui joue du piano avec des gants de boxe ». Quelle était la nature de tes relations avec l’entraîneur ?
Robert Nouzaret me parlait beaucoup, il m’a recadré plus d’une fois. On a eu des échanges un peu vifs, c’est normal car il a du tempérament et j’ai du caractère. Il était exigeant avec moi et il avait raison. Il m’a fait prendre conscience des exigences du haut niveau, et si je suis encore dans le monde du football professionnel, c’est en partie grâce à lui. Patrick Guillou a également joué un grand rôle, c’est un peu mon sauveur ! Pat, c’est le premier gars avec qui j’aurais pu me fritter dans le vestiaire, et pourtant, c’est lui qui m’a permis d’ouvrir les yeux en me mettant en face de mes responsabilités. Je lui dois beaucoup, c’est un super mec.Doit-on en déduire que ton hygiène de vie est désormais irréprochable et que tu mènes une vie de moine ?
N’exagérons pas ! Disons que depuis cette période, je suis plus rigoureux : il m’arrive de faire la fête mais uniquement pendant les vacances.Venons-en maintenant à ta dernière saison en vert, la terrible saison 2000-2001. Les premières journées du championnat, tu étais remplaçant. Ta première titularisation, à Strasbourg, a coïncidé avec le dernier match de Nouzaret. Comment as-tu réagi lorsqu’il a été viré ?
Comme mes coéquipiers, j’ai été surpris. Sur le terrain, c’est nous, les joueurs, qui avons été bidon. Et c’est Nouzaret qui a trinqué. D’ailleurs, je tiens à lui tirer mon chapeau, car il nous a défendus, il nous a protégés. Son attitude dans les vestiaires après la défaite mérite le respect : dans de telles circonstances, j’en connais peu qui auraient eu le courage de tenir les propos qu’il a adressés à certaines personnes…Gérard Soler a assuré l’intérim le match suivant, puis Toshack a débarqué dans le Forez…
Ralalala ! Toshack ! Pfff…On a comme l’impression que tu ne portes pas l’entraîneur gallois dans ton cœur…
Lors du premier entraînement qu’il a dirigé, il m’a engueulé et a décidé de m’écarter du groupe pro : ça commençait fort. Il ne m’a jamais réintégré, je me suis entraîné avec la réserve. Pfff, tu te rends compte, Toshack il n’a jamais su dire mon nom. Il m’appelait Boudron ! J’étais vraiment mal... Heureusement, certaines personnes au sein du club ne m’ont pas laissé tombé à ce moment critique de ma carrière. Je pense notamment à Gérard Fernandez, qui a consacré du temps pour m’aider à maintenir ma forme physique et mon mental.De plus, l’affaire des faux passeports a empoisonné toute la saison. Avec le recul, que penses-tu de cette affaire ? Les dirigeants sont-ils responsables ?
Il est évident que cette affaire des faux passeports nous a déstabilisés. Un handicap de 7 points, ce n’est pas rien ! J’ai vécu ça comme une injustice, car à mon sens les joueurs ne méritaient pas d’être sanctionnés. S’il y a eu une faute au sein du club (ce qui reste d’ailleurs à prouver car à mon avis on ne saura jamais le fin mot de l’histoire dans cette affaire sordide), il y aurait du avoir une grosse amende mais pas un retrait de points. Ce que je trouve injuste, c’est de voir qu’on a été lourdement sanctionné alors que dans le même temps, des clubs comme Metz ou Monaco s’en sont plutôt bien sortis...
Cette affaire explique-t-elle la descente du club en D2 ?
Oui, en tout cas en partie. Mais dès l'éviction de Nouzaret, le groupe a été perturbé. Jusqu'alors, on avait l'impression que le trio Bompard-Soler-Nouzaret formait une famille. Ensuite, l'atmosphère au sein du club en a pris un coup. Mais bon, jusqu’au bout on a voulu croire au maintien, je me souviens qu’entre joueurs on se réunissait souvent, on essayait de faire front. En ce qui me concerne, j’ai enfin pu rejouer car Wallemme et Garcia ont succédé à Toshack, qui a pris ses sous et s’est cassé du club. Tant que mathématiquement c’était encore jouable, j’y croyais. Hélas on n’a pas réussi à se sauver. C’est vraiment triste, je pense notamment à un mec comme Wallemme qui a eu les couilles de devenir entraîneur en cours de saison pour tenter de sauver le club.
A la fin de cette saison 2000-2001, tu as quitté le club. Dans quelles circonstances ?
Les circonstances? Un bon coup de pied au cul! On m’a contraint à partir, et ça a été un vrai crève-cœur pour moi de quitter l'ASSE. En fait c’est une histoire de pognon, il paraît que je coûtais 5 millions et les dirigeants ne tenaient pas à me garder. J’ai compris que mon avenir n’était malheureusement plus chez les Verts. J’ai fait une semaine d’essai à West Ham, une autre semaine à Dortmund mais il n’y a pas eu de suite. De toutes façons, je n’étais carrément pas prêt de partir à l’étranger. Jean Fernandez, qui était à l’époque entraîneur de Sochaux, s’était renseigné sur mon compte dès le mois de décembre 2000. Il m’a relancé à la fin de la saison et les dirigeants étaient contents de me transférer à Sochaux. J’ai eu énormément de mal à me faire à l’idée que je devais quitter ma ville, mon club. Mais en même temps j’ai réalisé que Sochaux m’offrait un bon challenge personnel.Bibi, tu effectues cette année ta quatrième saison d’affilée au FC Sochaux. Quel bilan fais-tu de ton expérience doubiste ?
Sincèrement, je pense que le bilan est positif. Jean Fernandez a régulièrement fait appel à moi lors de sa dernière année d’entraîneur à Sochaux. J’étais vraiment content de retrouver le temps de jeu qui m’avait fait défaut lors de ma dernière année à Sainté. J’ai également trouvé ma place dans l’équipe dirigée depuis maintenant 3 saisons par Guy Lacombe.
J’ai la chance d’évoluer dans un club sain et solide, qui s’est développé intelligemment. Sochaux bâtit sur le long terme et contrairement à ce que j’ai connu à Saint-Etienne, il n’ y a pas d’instabilité au sein de l’équipe dirigeante. Le club s’est doté d’excellentes infrastructures, on dispose d’un bon centre d’entraînement avec des terrains en synthétique.
Et le public est de plus en plus nombreux, je l’ai surtout remarqué lorsqu’on joue à l’extérieur : pas mal de supporters organisent des déplacements, c’est sympa.Cette saison, on s’attendait à ce que Sochaux éprouve pas mal de difficultés après les départs de bons joueurs comme Pedretti, Frau, Pagis. Il n’en est rien !
Beaucoup pensaient en effet que le club allait se retrouver dans le ventre mou du classement, et ce n’est pas le cas. Personnellement, ça ne me surprend pas. Cela fait déjà quelques années qu'on obtient des bons résultats. Quand je suis arrivé dans ce club, Sochaux venait de remonter en D1. On a fait une belle année pour un promu en finissant huitième. Comme le groupe était stable et composé de joueurs talentueux, on a confirmé: l’équipe a été récompensée de ses efforts en terminant deux fois de suite cinquième du championnat. Cette saison, malgré les départs des Frau, Pagis et Pedretti, le FC Sochaux est toujours dans la première moitié du tableau et à la lutte pour les places européennes. Cela n’a rien d’étonnant, certains qui rongeaient leur frein l’an passé ont profité de ces transferts pour se mettre en évidence. Et puis le club peut s’appuyer sur son excellent centre de formation. Dans les équipes de jeunes, on cartonne et on voit éclore des joueurs talentueux et très prometteurs. Jérémy Menez est le plus connu mais il y en a beaucoup d’autres.Sochaux ayant obtenu de bons résultats, tu as découvert la coupe d’Europe grâce à ce club !
La coupe d’Europe, c’est vraiment une compétition magique. Ah, j’aurais tant aimé la jouer avec le maillot vert ! La coupe d’Europe a réellement un parfum particulier. Par rapport au championnat, c’est une autre dimension. Je garde notamment de grands souvenirs des matches qu’on a disputés l’an dernier contre Dortmund et l’Inter de Milan. A Dortmund, je me souviens que j’ai joué arrière-droit ! On a fait un bon nul 2-2, avant de les cartonner 4-0 au retour à Bonal. Le tour suivant, on n’a pas démérité face à l’Inter : Milan nous a éliminés au bénéfice des buts marqués à l’extérieur. A Sochaux, j’ai été à l’origine du but de l’égalisation : j’ai tenté ma chance de loin, le gardien a relâché le ballon et Frau en a profité. Cette année, on prend de nouveau du plaisir à jouer la coupe UEFA. J’espère qu’on va éliminer l’Olympiakos, ce serait une belle performance.Revenons au championnat. Que t’inspire le parcours des Sochaliens cette saison ? Quelles sont les forces et les faiblesses de ton équipe ?
Notre parcours démontre qu’on est capable de battre n’importe qui… mais qu’on peut également perdre contre n’importe qui dans un mauvais jour ! Globalement, le bilan est plutôt positif car avant notre déplacement à Sainté, on occupe la sixième place du classement. On s’efforce de développer du beau jeu, et curieusement je trouve qu’on y parvient davantage à l’extérieur qu’à domicile cette saison. Chez nous, on a concédé quelques défaites : contre Auxerre, Lille, Paris, Lens… En revanche, on a obtenu de beaux résultats à l’extérieur, comme le prouvent nos victoires à Monaco et à Marseille.Tu es titulaire depuis quelques matches, pourquoi n’était-ce pas le cas en début de saison ?
J’ai été victime d’une déchirure au mollet de plus de 10 centimètres. Cette blessure m’a tenu éloigné des terrains près de deux mois et demi. Ensuite, j’ai été mis en concurrence avec d’autres joueurs et j’ai été souvent amené à rentrer en cours de jeu. J’ai été titularisé face à Bordeaux, et ça fait 5 matches de suite que ça dure. J’espère évidemment que ça va continuer. Je bénéficie de la confiance de mon entraîneur, mais vu que depuis la reprise le calendrier est surchargé, je pense qu’il sera amené à faire tourner son effectif pour certains matches. On verra bien…Cette saison, tu as Lionel Potillon comme coéquipier. Que penses-tu de ce joueur, que tu as côtoyé à Sainté ?
Je suis très content d’avoir retrouvé « Popote » : humainement c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, et comme joueur c’est quelqu’un de solide et régulier. Avec lui, je parle très souvent des Verts. Il a connu d'autres clubs que l'ASSE, tels que le PSG et la Real Sociedad. Mais comme pour moi, c'est Sainté qui l'a fait le plus vibrer. Lui aussi garde des souvenirs très forts de sa période stéphanoise et il a été marqué à vie par la ferveur qui entoure les Verts. Je discute également beaucoup de Saint-Etienne avec Alain Blachon, qui a été l'entraîneur adjoint de Baup à l’ASSE. A Sochaux, il exerce une double fonction : d’une part il s’occupe de la remise en forme des joueurs blessés, d’autre part il supervise les adversaires du club. Le pauvre, il voulait superviser Sainté contre Ajaccio, mais je crois qu’il s’est déplacé pour rien !Il y a quelques mois, Jean-Claude Plessis a déclaré : « On ne parle de Saint-Étienne qu'à cause des poteaux carrés d'il y a 30 ans ! Que les stéphanois aient déjà une équipe et sortent de la zone des relégables avant de faire chier avec la répartition des droits télé". Le président du FC Sochaux a ajouté « Saint-étienne ? Pour connaître un de leurs joueurs, il faut aller sur un monument aux morts... ». Que penses-tu de ces déclarations ?
Jean-Claude Plessis est parfois maladroit dans ses déclarations, il arrive que ses paroles dépassent ses pensées… Comme tout supporter stéphanois, j’ai été également choqué par les propos qu’il a tenus sur l’ASSE. Saint-Etienne est un club mythique, les joueurs de 1976 ont grandement contribué au prestige de ce club mais l’histoire de ce club ne se limite pas à l’épopée. Sainté a eu de belles équipes depuis 1976, et les Verts d’aujourd’hui comptent des joueurs talentueux qu’il convient de respecter.
Suite à ses déclarations, j’ai demandé des explications à mon président. Il m’a confié qu’il regrettait ce qu’il avait dit. Sincèrement, je ne crois pas que Jean-Claude Plessis soit anti-stéphanois, il m’a d’ailleurs demandé de l’excuser auprès des supporters des Verts. Comme tous les joueurs et tout le staff qui étaient à Geoffroy Guichard lors de la demi-finale de la coupe de la Ligue l’an dernier, Plessis a été impressionné par l’extraordinaire ferveur du public, il m’a dit qu’il n’avait jamais connu une telle ambiance auparavant.Depuis que tu as quitté Sainté, suis-tu avec attention les résultats des Verts ? As-tu gardé des attaches avec l’ASSE ?
Oui bien sûr ! Pour moi les Verts c’est comme une drogue. J’adore ce club, les émotions qu’il procure. Même si ça fait quelques années que j’ai quitté l’ASSE, je continue de suivre les résultats. Mon père me lit régulièrement des articles du Progrès, et il m’arrive d’aller sur Internet pour me tenir informé de la vie du club. Quand je suis disponible, je regarde les matches des Verts à la télé. Cette saison, j’ai vu Marseille-Sainté par exemple. Les 6 minutes de temps additionnel, ça m’a dégoûté, j’aurais aimé que les Verts tapent Marseille au Vélodrome. Avec Saint-Etienne, je me souviens avoir fait 3-3 là-bas il y a quelques années. On avait fait un super match, je revois Pape Sarr faire son retourné comme si c’était hier ! Avec Sochaux, on a réussi à gagner là-bas cette saison et ça m’a fait plaisir.Es-tu resté en contact avec des joueurs stéphanois ?
Oui, j’ai régulièrement Jérémie Janot au téléphone. Je suis également resté en contact avec Zoum, Juju, Fouss et Steph Hernandez.Quel regard portes-tu sur le parcours des Stéphanois cette saison ?
Saint-Etienne fait une très belle saison pour un promu. J’ai l’impression qu’il y a une osmose entre les joueurs, ils jouent vraiment en équipe. Sincèrement, je crois que Saint-Etienne est comme nous capable de battre n’importe quelle équipe. Au début du championnat, les Verts ont eu du mal à décoller mais l’apprentissage de la ligue 1 n’est pas évident. Malgré leur absence de résultats, ils ont prouvé qu’ils avaient des qualités. Je n’ai malheureusement pas pu voir le derby, j’ai bien sûr eu les boules d’apprendre que les Verts avaient perdu mais j’ai su qu’ils ont tenu la dragée haute aux Lyonnais. Malgré la défaite, j’étais fier d’eux. Depuis ce match, ils ont obtenu de bons résultats et ils restent sur une belle série d’invincibilité.En t’écoutant, on a l’impression que tu es vraiment resté accroc à ce club. Si l’occasion se présente, souhaiterais-tu retourner jouer à Sainté ?
Je suis sous contrat à Sochaux jusqu’à la saison prochaine. Honnêtement je me sens bien dans ce club et comme j’aime respecter mes engagements, je pense que j’irai au bout de mon contrat. Mais mon rêve, je ne le cache pas, c’est de revenir jouer à Sainté. Mon expérience stéphanoise a un goût d’inachevé, on m’a contraint à quitter ce club et ça m’a fait mal au cœur de partir au moment où le club descendait en D2. Je serais ravi de revenir à l’ASSE, si on me sollicite, je n’hésiterai pas une seule seconde. Peu importe la durée du contrat ou le salaire qu’on me propose, si on souhaite que je revienne chez les Verts, je fonce !Il y a un an, tu es revenu dans le chaudron à l’occasion d’un match qui est resté dans les mémoires. Quels souvenirs gardes-tu de la demi-finale de la coupe de la ligue ?
Ah, quel match, et surtout quelle ambiance ! Je n’ai jamais connu une aussi grosse ferveur dans un stade. C’était de la folie, encore plus fort que le 5-1 contre Marseille au niveau du public. Le chaudron tremblait, j’ai même eu l’impression que la pelouse était vivante. Putain quelle ambiance ! Dans l’équipe, on a tous été scotchés par le spectacle, il y avait un de ces bruits. On a eu d’autant plus de mérite à revenir, car à 2-0 avec une telle furie c’était plutôt mal barré. D’ailleurs, j’ai dû céder ma place à la 28ème minute pour des raisons tactiques, et Frau est rentré en jeu. Évidemment ça m’a déçu, car je me faisais une joie de jouer devant ma famille, mes amis. Avant la rencontre, j’avais beaucoup appréhendé l’accueil du public J’avais peur qu’il y ait des sifflets à l’annonce de mon nom. Je crois qu’il n’y en a pas eu, il me semble même avoir entendu quelques « Bibi, Bibi » quand j’ai du laisser ma place prématurément. Il est clair que ce match avait une saveur particulière pour moi, et Guy Lacombe l’avait bien senti. Avant la rencontre, il m’avait dit : « canalise-toi » ! Honnêtement, j’ai eu du mal à contenir ma fougue et à gérer mes émotions. Sur un ballon qui de toutes façons sortait en touche, j’ai fait un tacle de malade qui m’a valu un carton jaune mérité. Dimanche, je pense que ce sera différent, j’aurai moins d’appréhension que l’an dernier, et j’espère avoir plus de temps de jeu !Après avoir éliminé Saint-Etienne, Sochaux t’a permis de remporter le premier titre de ton palmarès : la coupe de la Ligue.
Non, mon premier titre, auquel je tiens vraiment, c’est celui de champion de France de D2 en 1998-1999 avec Saint-Etienne. Certains considèrent que ce titre est honorifique, que ce n’est pas un vrai titre. Personnellement je vois les choses différemment, j’y attache même plus d’importance que notre titre de vainqueur de la coupe de la ligue car il récompense la régularité sur toute une saison. Pour en revenir à notre finale de l’an dernier, on a en effet remporté l’épreuve en battant Nantes aux tirs au but. Hélas, je n’ai pas été retenu dans le groupe pour disputer la finale ; ça m’a rendu malade, je n’ai pas pu aller au stade de France…Sans Wilson Oruma, le bourreau des Stéphanois, Sochaux a-t-il une chance de mettre un terme à la belle série d’invincibilité des Verts ?
Wilson est en effet blessé, c’est vrai qu’il a fait des misères aux Stéphanois, que ce soit en coupe de la Ligue l’an passé ou cette saison lors du match aller. Mais même en son absence, notre équipe est capable de gagner à Geoffroy Guichard. Je suis un compétiteur et j’espère qu’on va prendre les 3 points, tant pis si c’est au détriment de Sainté !Si tu perds, tu t’en remettras vite car tu as d’autres passions que le football dans la vie, à commencer par la musique.
Chez moi, j’ai carrément un studio d’enregistrement, je me régale. En fait, j’ai très tôt été attiré par la musique. Petit, je me souviens que je m’étais procuré une guitare. Elle avait 3 ou 4 cordes, je me demande même si ce n’était pas des cordes de raquette mais ça m’a plu. Et puis dans ma famille, la musique est importante : mon oncle, Pascal Brun, un fervent supporter des Verts d’ailleurs, joue du clavier et a fait partie des musiciens de Balavoine. Mon père a également joué dans un groupe quand il était plus jeune, il était plutôt rock’n roll Personnellement, j’aime la musique, j’ai besoin de cette activité pour oublier les petits tracas du quotidien ; ça permet de m’évader.Quel style de musique composes-tu ?
Je suis ouvert à tout type de musique. J’ai beaucoup écouté Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman. Actuellement, j’aime bien des artistes comme Corneille, Tété. J’apprécie également Peter Gage, un chanteur que j’ai découvert au Canada en juillet 2001 (à l’époque j’avais été sélectionné dans l’équipe qui représentait la France aux Jeux de la francophonie). J’ai composé une trentaine de chansons, essentiellement des ballades, qui ressemblent un peu rythmiquement à certains titres de Corneille. Dans mon répertoire, il y a 3-4 chansons très personnelles que j’interprète. Mes autres créations sont destinées aux artistes. Je ne peux pas en dire plus pour l'instant mais un chanteur connu va sans doute interpréter une de mes chansons. Cela pourrait se concrétiser dans 2 mois. Il faut que je la dépose à la SACEM.As-tu déjà donné des concerts ?
Que ce soit dans le sport ou dans la musique, j’adore le contact avec le public. Il y a deux ans et demi, j’ai profité des vacances pour donner des petits concerts dans la région de Montpellier, Sète. On partait un peu à l’aventure, on jouait dans des bars, on a même joué place de la Comédie à Montpellier, c’était très sympa.Bibi ne crée pas seulement les futurs tubes de demain, il se lance également dans la mode avec sa marque K’mboss. Comment est né ce projet ?
J’ai créé ce concept avec deux potes niçois, Fred et Olivier, que j’ai connus au Club Med de Cefalù, en Sicile. Aucun de nous ne bosse dans la mode : l’un de mes associés est vétérinaire, l’autre bosse chez Volkswagen. Mais ça ne nous a pas empêché de concrétiser cette idée de créer une marque de fringues. J’ai fait l’apport de fonds initial, et chacun de nous trois détient 33,33 % de l’affaire.A quelle marque peut-on comparer K’mboss ? Airness ?
Pas vraiment, K’m boss est plus « streetswear » que « sportswear ». Tu peux porter un Tee-shirt K’m boss sous un costard, c’est plus difficile avec Airness ! On a une gamme de vêtements très sympas, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.Comment marche K’m Boss , Fashion-Bibi?
Héhé, ça cartonne. Franchement, les résultats dépassent nos espérances. On trouve K’moss dans plusieurs boutiques à Nice : dans les Galeries Lafayette, dans les magasins Texas et à Auchamps.
On est également distribué dans des boutiques qui marchent fort à Sochaux et à Mulhouse. Si le succès se confirme, on va rapidement s’implanter dans d’autres villes. On est en pourparlers avec quelques magasins à Sainté, on va également poursuivre notre implantation dans le Grand Sud.Quelles démarches as-tu entreprises pour faire connaître K’m boss ?
J’ai sollicité pas mal de joueurs pour qu’ils portent du K’mboss, et à ma grande surprise ils ont tous accepté sans même savoir à quoi ressemblaient les vêtements. Ils portent la marque, se font photographier en K’mboss et en contrepartie ils bénéficient gratuitement des articles. On peut d’ailleurs les voir sur notre site internet Kmboss.com.Quels joueurs portent du K’mboss ?
J’en oublie certainement, mais il y a Pierre-Alain Frau, Souleymane Diawara, Bruno Cheyrou, Gaël Givet, Edouard Cissé, Olivier Sorlin, Olivier Monterrubio. A Sainté, Jérémie Janot et Zoum Camara sont les ambassadeurs de la marque.