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Piquionne
reverdit |
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Vendredi 13 mai 2005 |
Après avoir commencé la saison avec pour seule ambition de se maintenir, l'AS Saint-Etienne rêve désormais d'une quatrième place, synonyme de qualification européenne. Le secret de la réussite vient notamment du punch de son attaquant Frédéric Piquionne. Arrivé de Rennes en plein doute, Piquionne a aujourd'hui retrouvé son meilleur niveau, et l'a peut-être même dépassé.
Du rêve au
cauchemar
Pour réussir la saison 2004-2005, Saint-Etienne, nouveau promu,
cherche des joueurs qui ont envie de se relancer. Disposant de peu de moyens
pour recruter, St-Etienne et Elie Baup flairent le bon coup en se faisant prêter
Frédéric Piquionne, en disgrâce à Rennes.
L'ancien Nîmois reste sur une saison très difficile et une partie du public
l'a pris en grippe. Le doute s'est installé et il voit d'un bon oeil cette
opportunité qui s'offre à lui. Le moins que l'on puisse dire c'est que
Piquionne n'a pas laissé passer sa chance : 10 buts et 6 passes décisives rien
qu'en championnat. Avec 33 titularisations dans une équipe qui va probablement
terminer dans le premier tiers du classement, c'est une renaissance totale pour
le mal-aimé. Il retrouve ainsi le niveau qui était le sien il y a deux ans à Rennes.
Ce n'était pourtant pas un pari gagné d'avance, ni pour l'ASSE, ni pour
Piquionne. L'attaquant rennais venait de boucler une médiocre saison. Cinq buts
seulement (tous à l'extérieur), beaucoup de loupés, et un divorce avec le
public. Piquionne était donc au fond du trou et arrivait dans une équipe qui
partait un peu dans l'inconnu à ce niveau.
Frédéric Piquionne rejoint la France métropolitaine en 2000, à Nîmes, en
provenance de la Martinique. A Nîmes, il joue quelques matchs en L2, et
rapidement, il se fait remarquer par Rennes. «Quand
on l'a vu débarquer de la Martinique personne ne le connaissait, se souvient Régis
Brouard, ancien joueur nîmois. Mais tout de suite, il m'a laissé une énorme
impression : ça montait haut, ça allait vite, ça frappait fort. Pour moi,
c'est l'attaquant de demain dès lors que son mental soit au niveau de sa
technique et de ses qualités physiques.» Piquionne passe d'ailleurs
brillamment de Nîmes à la L1. Il inscrit 3 buts en 20 matchs lors de sa première
saison parmi l'élite. La suivante (2002-2003) est celle de son envol. Avec
comme entraîneur Vahid Halilhodzic, Piquionne se sent en confiance et inscrit
10 buts. L'arrivée de Laszlo Bölöni à la tête de l'équipe rennaise change
la donne. Le courant ne passe pas entre Piquionne et son nouvel entraîneur. Sur
le terrain, l'entente avec l'avant-centre suisse Alexander Frei n'est pas très
bonne non plus. La saison 2003-2004 tourne mal et l'attaquant des rouge et noirs
ne supporte pas l'épreuve. «Je l'ai fréquenté à Rennes
dans un contexte particulier, se rappelle le Rennais Cédric Barbosa. Il n'a pas
peur des contacts, il est bon de la tête mais c'est à l'intérieur qu'il doit
s'endurcir. Le jour où il se considérera vraiment comme un footballeur de métier
avec tout ce que cela comporte de rigueur et de conscience professionnelle, ça
va faire mal...»
Un nouveau départ
avec Baup
Quand Saint-Etienne s'est intéressé à lui, Piquionne n'a pas hésité.
La bonne image des Verts a d'ailleurs été confortée par les conseils de son
ex-coéquipiers à Rennes, Michaël Citony (qui évolue
actuellement à Sedan). Avec Elie Baup, Piquionne se rend compte rapidement
qu'il a fait un très bon choix : «J'ai eu la confiance de
Vahid Halilhodzic à Rennes et j'ai l'impression
d'avoir celle d'Elie Baup chez les Verts. Avant j'ai souffert d'un manque de
communication.» L'ancien Rennais se sent soutenu dans son club, et par
les supporters, à qui il présente ses excuses quand il rate plusieurs grosses
occasions en début de saison. Cette atmosphère change de l'année précédente
: «La saison dernière, certains se sont permis de me
juger, rappelle Piquionne sur le site officiel de l'ASSE. Personne ne m'a
vraiment aidé.» Tant au niveau individuel que collectif, les résultats
sont là. Son entente avec Pascal Feindouno est parfaite et les chiffres des
deux joueurs sont impressionnants : 12 buts et 7 passes décisives pour
Feindouno, 10 buts et 6 passes décisives pour Piquionne. «Je
donne le meilleur de moi-même à chaque rencontre, explique-t-il. Je crois
avoir été assez régulier depuis le début de la saison, ce qui était mon
objectif numéro 1 en venant à Saint-Étienne.»
Piquionne n'est pas seulement régulier, il est aussi étincelant, au point d'être élu meilleur joueur de L1 du mois de décembre. Pour confirmer qu'il est en pleine confiance, Piquionne a réussi un énorme match à Rennes contre son ancien club. Il marque un but et réalise une passe décisive, donnant le nul à son équipe (2-2), ce qui a d'ailleurs eu le don d'agacer son ex-entraîneur Laszlo Bölöni. «Je n'étais pas venu ici avec un esprit de revanche, ni pour me la raconter, modère cependant l'attaquant des Verts. Je ne me suis pas pris la tête. Cela m'a permis de faire un bon match.» Après une telle saison, Piquionne ne quittera pas Saint-Etienne, l'option d'achat associée avec son prêt étant automatiquement levée en cas de maintien. «Mon avenir, je le vois tout simplement en Vert» , résume Piquionne. Il se voit bien vivre quelques belles saisons du côté de Geoffroy Guichard, avant de partir à l'étranger, en Angleterre ou en Espagne.
La finition s'améliore
De l'efficacité et de l'enthousiasme, voilà ce qui caractérise
l'attaque stéphanoise. Le duo Feindouno-Piquionne, désormais renforcé par
Sakho qui retrouve ses jambes, est le moteur d'une équipe qui joue sans
complexe. Si Pascal Feindouno est incontestablement la pièce maîtresse du système
d'Elie Baup, les excellentes prestations du Guinéen vont de paire avec celles
de Frédéric Piquionne, récompensé de ses efforts. Avec en plus, des joueurs
comme Hellebuyck et Marin, Saint-Etienne possède la 4ème attaque de la L1. «Chez
nous, le danger peut venir de partout» , affirme d'ailleurs Piquionne.
Jusqu'ici pas un très grand buteur, l'attaquant stéphanois est sur la bonne
voie. Généreux dans l'effort, combatif, rapide, il est aussi parfois
brouillon. «Si j'étais allé en centre de formation
j'aurais peut-être plus de qualité dans la finition, regrette-t-il. Mes progrès
doivent porter sur le déplacement. Mais ce n'est pas en quelques mois que
j'allais rattraper le temps perdu de la saison dernière. Il m'a donc fallu une
période d'adaptation avant de retrouver le rythme.»
Quand Piquionne parle de son ancien coéquipier, Alexander Frei, de loin le meilleur buteur de L1, c'est avec admiration et espoirs : «C'est un excellent buteur qui a des qualités évidentes devant la cage. On peut ne pas le voir pendant de longues minutes mais ça ne l'empêchera pas de «planter» un ou deux buts très rapidement. Alexander Frei est très efficace dans la surface et j'espère être un jour à sa hauteur dans ce domaine.» Son nouveau mentor dans tout ça, que pense-t-il ? Halilhodzic disait de Piquionne, «il faut être constamment dessus» . Elie Baup souligne que le joueur doit se prendre en main : «Le jour où il alliera cette présence physique à la lucidité devant le but, il deviendra un grand. Avec nous, il travaille au poste spécifique d'attaquant car il faut plutôt accentuer ses qualités plutôt que de vouloir corriger ses défauts à tout prix. Il a passé l'âge d'une formation globale. Mais c'est lui qui détient la vérité.»
En engageant Piquionne, Saint-Etienne a gagné son pari. Après une saison catastrophique à Rennes, l'avant-centre de Nouméa a su rebondir. Dans un cadre propice à son épanouissement, il est même en train de devenir l'un des meilleurs attaquants de la L1. A 26 ans, cette superbe saison va peut-être lui permettre d'emmagasiner la confiance dont il a besoin, et d'acquérir la maturité qui feraient de lui un attaquant de très haut niveau.
Nom : Piquionne
Prénom : Frédéric
Né le 8 décembre 1978 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
Taille : 1,88 m
Poids : 80 kg
Clubs successifs : Golden Star, Nîmes, Rennes,
Saint-Etienne (depuis 2004).