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Rencontre
avec Roland Romeyer : "J'ai deux familles, celle du sang et celle
du foot"
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Vendredi 1 janvier 2010 |
Cette interview date du 9 janvier 2009
A l'heure où Roland Romeyer semble devoir prendre les rênes du secteur sportif de l'ASSE, voici le portrait de ce passionné de l'ASSE qui voue quasiment toute sa vie au club dont il est devenu supporter dans son enfance.
Pourquoi avoir investi dans l'ASSE?
En 2003, des industriels locaux et les collectivités locales sont venues me
trouver pour que j'investisse. En parallèle, je pensais à lever le pied
dans mon entreprise J'avais déjà accepté d'être sponsor maillot, car le
club était menacé d'être rétrogradé faute de sponsor. J'ai bien réfléchi
et en 2004, je suis devenu coprésident à 50/50 avec Bernard Caiazzo.
Qu'attendez-vous de cet investissement?
Pas d'argent en tout cas, puisque nous sommes bénévoles avec Bernard. On
ne récupérerait de l'argent que si nous vendions nos parts, ce qui est
absolument hors de question à l'heure actuelle. Non, je suis passionné, je
suis à fond avec le club, je viens tous les jours au centre, je ne manque
jamais un match. L'ASSE, c'est ma deuxième famille. D'ailleurs, cette année,
j'ai un joueur qui était tout seul pour Noël, il est venu le faire chez
moi.
Votre femme, vos enfants auraient peut-être préféré
une retraite plus tranquille...
Ma vie est organisée autour de l'ASSE, c'est vrai.
Auriez-vous pu aller vers un autre club?
Non, je ne crois pas. Je suis un fervent supporter des Verts depuis mes 12
ans... Depuis le jour, en fait, où un "prend l'air" stéphanois
(expression désignant un citadin disposant d'une résidence de campagne,
NDLR) qui venait en vacances en face de la ferme de mes grands-parents m'a
emmené à un match. J'adorais déjà le foot et j'avais les yeux grands écarquillés
devant les joueurs professionnels. C'est une ambiance extraordinaire.
Vous avez été à la tête d'une entreprise pendant plus
de 20 ans, quelles similitudes avec un club de foot?
C'est vrai qu'un club de foot est une entreprise mais cela n'a rien à voir.
Il y a deux grosses différences: la médiatisation avec une mise en cause
personnelle et les contrats des salariés. Et puis, tout le business qui
tourne autour des joueurs et de leurs agents.
Comment vivez-vous ces critiques personnelles, ces "Romeyer,
démission" scandés dans le Chaudron lorsque le club va mal?
C'est extrêmement difficile... C'est pour cette raison que nous avons mis
en place une nouvelle organisation pour ne plus être en première ligne.
J'ai poussé des gueulantes mémorablesrécemment. Aujourd'hui, nous avons
préféré prendre un peu de hauteur. Mais il y a quand même une chose qui
m'agace profondément. Aujourd'hui le club est une entreprise, ce n'est plus
une association. Il appartient à celui qui l'a acheté, à Caiazzo et moi,
donc. Au nom de quoi, les supporters pourraient-ils exiger que nous rendions
les clés? Je n'ai jamais vu ailleurs qu'on demande au P-dg de s'en aller!
Non, pour conclure, c'est vrai que je suis affecté par ces attaques
personnelles.
Quels sont les aspects que vous préférez dans la
direction de l'ASSE?
Ce n'est pas l'équipe professionnelle qui m'intéresse le plus, en terme de
gestion. Je préfère m'occuper des jeunes. J'ai d'ailleurs racheté un club
à Dakar. Du côté des pros, il y a trop d'argent en jeu. On essaie de
garder des valeurs, celle de l'amour du maillot en particulier mais on sait
que de toute manière, à la fin, c'est presque toujours l'argent qui fait
la différence. Même si le joueur est resté longtemps chez nous, même si
on l'a beaucoup aidé. Et ça, c'est un raisonnement qui ne me plaît pas!
Je ne suis pas d'accord avec tout cet argent qui circule, mais bon, ce n'est
pas moi, Roland Romeyer qui peut changer grand-chose au business du foot.
Malheureusement!
Aujourd'hui que vous côtoyez les joueurs tous les jours,
avec vos yeux de chef d'entreprise, êtes-vous toujours supporter?
Oh que oui! L'ASSE m'a apporté des moments extraordinaires qui ne
s'oublient pas. Et ce sont ces moments que nous voulons donner aux jeunes
qui n'ont pas connu l'épopée verte. C'est pour cela que je suis malheureux
quand l'équipe perd. Ce n'est pas pour moi que je suis triste, ni pour les
joueurs, c'est pour les supporters que cela me fait de la peine. C'est pour
cela aussi que je prends des coups de colère contre certains joueurs qui ne
mouillent pas le maillot. Les supporters doivent travailler des années
parfois avant de gagner un mois de salaire de joueur de foot professionnel.
C'est pour cela que je leur répète sans cesse de se bouger et de tout
donner!
Direct, d'un franc-parler bien connu, le président
du conseil de surveillance de Sacma Agencements Roland Romeyer dirige,
avec Bernard Caiazzo, l'ASSE. Portrait d'un patron supporter.
Adulé par certains supporters, détesté par d'autres en
période de crise... le coprésident de l'ASSE est dans tous les cas un
homme très sollicité. Très présent localement dans les réseaux
d'affaires et les diverses manifestations des collectivités locales, il
est un homme de terrain. «Je suis simple mais c'est vrai que je suis
plutôt un homme de réseaux. Et si mon image peut aider certaines
causes, pourquoi pas?». Et d'ajouter, un brin amer, à l'attention
probablement de certains joueurs un peu trop revendicatifs: «je sais
d'où je viens moi!» Direct, parfois coléreux, il n'hésite pas à
parler crûment. Une qualité, ou un défaut, selon le point de vue où
on se place qui lui ont valu quelques déboires. Avec la presse
notamment.
Self-made man
Ce self-made man de 63 ans, élevé en Haute-Loire dans un café-restaurant,
près des fermes de ses grands-parents, n'est en effet pas né avec une
cuillère en argent dans la bouche. A force de volonté, de coups de
gueule mais aussi de coups de générosité, il s'est hissé à la tête
d'une entreprise d'une centaine de salariés. «J'ai fait un brevet supérieur
d'études commerciales et puis je suis entré à l'office HLM de
Firminy. J'y suis resté 5 ans mais par connaissance, via le foot, on
m'a proposé un poste chez Sacma, j'ai accepté. Mes parents m'ont dit
que ce n'était pas une bonne idée de quitter une place de
fonctionnaire, mais je voulais quelque chose qui bouge un peu plus. Cela
me plaisait de partir d'un espace vide et de créer à partir de rien.
Je m'étais mis en disponibilité, comme on peut le faire quand on est
fonctionnaire mais je crois que même si cela n'avait pas marché, je ne
serais pas revenu, j'ai trop d'orgueil!». Il grimpe rapidement les échelons
jusqu'à reprendre, en 1982, l'entreprise dans laquelle il était entré
quelques années plus tôt pour établir des devis. Il la rebaptise
Sacma agencements. «Cela fait toujours peur de se lancer, d'autant plus
que je n'avais pas de disponibilités financières. J'ai donc dû hypothéquer
ma maison... Avec le recul, on se dit qu'on a bien fait!». En 20 ans,
il fait passer le chiffre d'affaires de 4millions de francs à 20M€,
de 20 à 100 salariés. Il tente diverses pistes de développement, avec
plus ou moins de succès d'ailleurs, mais au final il transforme une
petite entreprise locale en PME ambitieuse au développement
international. «J'étais plutôt paternaliste», se souvient-il. «Je
considérais que pour bien travailler il faut avoir le moins de soucis
personnels possibles. Moi, j'appréciais quand l'entreprise était une
deuxième famille pour les salariés, mais les mentalités ont évolué,
cela ne me convenait plus, j'ai donc décidé de lever le pied au début
des années 2000et de passer le relais à mon fils et mes cadres». Un
ras-le-bol qui est tombé à pic puisque l'ASSE se cherchait, au même
moment, un nouvel actionnaire. Elle a trouvé dans cet enfant du foot,
dirigeant de plusieurs clubs de foot amateur, un investisseur passionné.
Un choix qu'il ne regrette pour rien au monde, même en cette période
de vache maigre pour l'ASSE. Ex-joueur de football, brûlant de la
flamme verte depuis son plus jeune âge, il affirme qu'il ne rendrait
les clés pour rien au monde. Les photos recouvrant les murs de son
bureau, son portable faisant retentir la chanson mythique "Allez
les Verts", attestent d'ailleurs de sa passion intacte. Quant à la
crise actuelle...: «Nous nous entendons bien avec Bernard Caiazzo, nous
allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour repartir». D'un
naturel optimiste, il se dit fort, capable d'encaisser les coups les
plus rudes. Les coups judiciaires notamment. Mis en cause dans une
affaire d'argent sale, il affirme attendre le jugement avec impatience.
«On m'a sali. Mais je suis né honnête, je passerai les pieds devant
honnête»...
Il aime: - la simplicité, y compris en cuisine.
«Moi, je n'en ai rien à faire de manger dans des trois étoiles. Vous
me faîtes des pâtes ou des pommes de terre, cela me convient très
bien» - la franchise et l'honneteté - le sport automobile. Il a fait
de nombreux rallyes, passion qu'il partage avec son fils, Frédéric -
le ski. «Ma femme est trésorière du SHF (Sports d'hiver foréziens),
nous faisons beaucoup de ski» - le vélo - Charles Aznavour, Jacques
Brel, Serge Lama...
Il n'aime pas - l'alcool. «J'ai été élevé
dans un café restaurant. J'ai été dégouté de l'alcool par ces
travailleurs qui passaient leur salaire au bar pendant que les enfants
attendaient pour manger. Je fais beaucoup de coktails et de repas, mais
je m'en passe très bien! Je bois des jus de fruits, de l'eau minérale...
- les gens pessimistes
25août 1945
Naissance à Pont-Salomon.
1966
Mariage avec Eliane.
1967 et 1971
Naissance de Frédéric et de Cécile. L'un dirige Sacma agencements,
l'autre est cardiologue.
1982
13 ans après avoir quitté l'office d'HLM de Firminy pour entrer chez
Sacma à Saint-Etienne, il rachète l'entreprise.
1994
Une garde à vue pour une altercation déclenchée à cause d'un camion
mal garé lui laisse des séquelles.
1996
Le patron de Sacma devient actionnaire de l'ASSE et rentre au
directoire.
2000
Sa fille devient cardiologue, une très grande fierté pour Roland
Romeyer
2004
Il est coprésident de l'ASSE en devenant co-actionnaire, avec Bernard
Caiazzo, à hauteur de 45% chacun.