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Roger Rocher : portrait d'un grand Président
Source : Poteaux carrés

 


Naissance d'un grand homme

Quel honneur pour moi que de vous causer en ce 6 février 2006.
En effet, il y a 86 ans jour pour jour, à 10h00, naissait à Champlost (dans l'Yonne) Roger Rocher, Monsieur le Président !

Il a un frère, Claude, de deux ans son cadet. Quand Roger a huit ans, sont père les envoie tous deux à Dunières, commune de la Haute-Loire, pour garder les vaches. C'est une autre époque, on est loin du culte de l'enfant-roi. Gaston Rocher vient tout juste de créer son entreprise et il a peu d'argent. Les deux frères passent leurs journées dans les champs à chasser les grenouilles pendant que les vaches paissent. Eux les petits mécréants n'hésiteront pas à aller le dimanche à l'église afin d'avoir leur bout de viande hebdomadaire dans cette Auvergne à la fois près de ses sous et religieuse. A six et huit ans, ils étaient devenus "les champions de l'hypocrisie religieuse pour cause de fringale".

Dix ans sous une benne !

A 16 ans, ce jeune garçon plutôt brillant pourtant, décide d'abandonner les études. Son père pour le punir, pour lui donner le sens des responsabilités, l'envoie alors à la mine.
Roger Rocher déclarera au micro de Jacques Chancel peu avant la fameuse finale à Glasgow : "Tout gamin, j'ai été élevé à la dure. Mon père était un petit entrepreneur de travaux publics. J'ai abandonné mes études assez tôt, et pour me punir mon père m'a envoyé à la mine. J'y suis resté dix ans. Il m'a dit : "C'est là que tu apprendras tes responsabilités. Tu les prendras lorsque tu sauras ce que c'est que d'être un homme responsable" La vie m'a obligé à me construire moi-même(...) Je regrette maintenant quelque peu de n'avoir pas prolongé mes études, car si je l'avais fait, j'aurais certainement été un bon élève... mais je n'aurais pas appris ce qu'est un homme, ce qu'est la vie."
En effet, de cette expérience, Roger Rocher garde le goût des autres, le goût du contact. Mais il gardera aussi des souvenirs terribles, tel celui de ce jeune homme mort sous ses yeux et de sa mère à qui il dut annoncer la mort... de son cri... "Il est encore dans mes oreilles quand je frappe le rocher au fond du puits. Pourtant je sais que je m'en sortirai de ce fond où les hommes laissent plus que leur sueur."

C'est pour oublier la mine, pour se sentir vivre qu'il emmera danser Germaine chez Bobillon au Gros Chêne le dimanche. Germaine, il l'a rencontrée quand elle l'avait treize ans et demi et il l'épousera quatre ans plus tard, le 31 mai 1941, à l'église de Saint-Jean Bonnefonds. Notre ancien jeune mécréant doit donc faire son éducation religieuse.
Ils se marient en pleine guerre. Les mineurs français n'étaient heureusement pas assujettis au STO, il y échappera donc.
Ils auront cinq enfants. Roger Rocher confessera qu'un de ses seuls regrets est de les avoir trop peu vus.

Le chef d'entreprise

En 1946, avec Claude, il devient co-gérant de l'entreprise de travaux publics paternelle. Et parce que Saint-Étienne a subi les bombardements de la guerre et doit être reconstruite, les deux frères créent la Société Forézienne de Travaux Publics (SFTP). Roger Rocher est un dirigeant qui délaisse souvent son bureau pour aller sur les chantiers, pour être en contact avec ses hommes, ces hommes qu'il aime tant ! Il a le contact facile. Et une de ses principales qualités, parce qu'il connait les hommes, est de savoir bien s'entourer. Charismatique, il a aussi le défaut de piquer de grosses colères.
En 1964, Claude se sépare de son frère pour fonder sa propre entreprise. Roger restera seul maître à bord de la SFTP.
La SFTP réalisera quelques ouvrages bien connus des Stéphanois :
- les tunnels autoroutiers du Rond Point à Saint-Étienne (originalement appelé "Le Tunnel" par les autochtones) et de Rive de Gier,
- les parkings des Ursules et de l'Hotel de Ville à Saint-Étienne,
- Le Géant de Monthieu
- L'entrepôt Casino à Molina

La SFTP construira aussi des barrages (Néris les Bains - Allier, Naussac - Lozère)

"Le patron le plus sportif de France"

Gaston Rocher voit dans le sport et le travail deux valeurs qui forgent les vrais hommes. Très vite son fils va s'intéresser au sport et surtout au football. Dès la fin de la guerre, en 1945, il fonde l'Association sportive des petites mines. Toutes les petites exploitations minières de Saint-Étienne s'y retrouvent pour taper dans le ballon. Pour lui, "le sport est une école de formation extraordinaire."

Et puis en même temps qu'il reprendra l'entreprise familiale, on va faire appel à lui pour diriger un club de football : le Franco-Espagnol. Une importante colonie d'Espagnols s'est en effet implantée dans son quartier, à la Grangeneuve. Il accepte, mais à la condition qu'on l'appelle dorénavant l'Olympique de Saint-Étienne. Et pour ce club, il va donner aux joueurs les moyens de leurs ambitions. Il achète un terrain vague. Son entreprise fournira les pelles, les brouettes, les pioches, les wagonnets, le béton etc. Mais à charge pour les joueurs et leur famille de construire eux-mêmes leur stade. Les soirs, les week-ends, des dizaines de gamins viennent défricher, dépierrer, creuser... Et ils bâtissent le stade Roger Rocher.
C'est ce qui lui vaudra douze ans plus tard, en 1957, d'être élu "patron le plus sportif de France" par le quotidien L'Équipe. Cette même année, Pierre Faurand alors président de l'ASSE, fait appel à son entreprise pour rénover le stade Geoffroy-Guichard qui n'est plus assez grand pour accueillir le peuple vert. Les travaux verront sa capacité portée à 25000 places : la piste d'athlétisme est supprimée et la structure du stade devient rectangulaire, sa forme actuelle qui lui confère le statut de Stade à l'anglaise.

Une arrivée mouvementée...

En 1959, Roger Rocher entre au comité directeur de l'Association (il est alors toujours président de l'Olympique). Pierre Guichard le "supervisait" déjà depuis quelques temps : "J'avais entendu parler de Roger Rocher, raconte-t-il, comme étant un homme énergique, possédant de grandes qualités de chef, un caractère pas toujours commode, mais qui semblait avoir tout ce qu'il fallait pour faire un grand patron. Dès 1959, il m'avait paru tout à fait souhaitable de faire entrer cet homme-là au club"
Cette même année, Pierre Faurand est en disgrâce auprès des journalistes et il est miné par une jaunisse. Il démissionne. Pierre Guichard doit bon gré mal gré reprendre les rênes de la présidence du club. En 1961, il appelle Roger Rocher à la Société Forezienne :
- Monsieur Rocher ? Pierre Guichard. J'aurais souhaité vous voir...
- Bien sûr Monsieur le président. Quand désirez-vous que je vienne ?
- Ne vous dérangez pas, c'est moi qui vais passer chez vous.
C'est tout intrigué et perplexe que Roger Rocher reçoit Pierre Guichard.
- Monsieur Rocher, je veux vous demander de prendre la présidence de l'ASSE !
Roger Rocher ne comprend pas pourquoi lui. Il n'a qu'une expérience très limitée du rôle de président d'un club de foot et puis il y avait un Président tout désigné en la personne d'Alex Fontanilles, déjà vice-président, grand ami de Pierre Guichard qui plus est.
Roger Rocher formule ces objections à Pierre Guichard qui lui rétorque :
- Non, ça sera vous, je vous laisse huit jours pour réfléchir. Mais je souhaite très instamment que votre réponse soit oui.

Le destin du club est en marche...

Une première saison qui se solde par une descente

Roger Rocher après mûre réflexion accepte l'honneur qui lui est fait. Et le 21 avril 1961, le comité directeur l'élira à l'unanimité moins deux voix : la sienne... et celle d'Alex Fontanilles.
Première décision de président : dès le lendemain, Rocher exige la démission de Fontanilles. Il dira plus tard qu'il se demande comment il a eu le culot de faire ça. 
Première année de présidence, première sanction : l'équipe tombe en deuxième division. Les entraîneurs ont succédé à Snella et le club se porte mal.
Très amer, Roger Rocher, le soir du match qui scelle mathématiquement la descente du club en D2 sait qu'il n'est déjà plus le président de l'ASSE, il ne se sent plus les épaules assez larges. C'est sans compter la roublardise de Pierre Guichard. Ce dernier, le soir-même, convoque en secret les journalistes et leur déclare : "Tout cela, bien sûr, est très malheureux, mais il faut garder toute notre confiance au président Rocher. Ma conviction est que lui seul peut faire remonter le club. Il n'est en rien responsable de ce qui arrive."

L'épopée Verte, premier volet

Quand Roger Rocher lit les journaux le lendemain, c'est un nouvel homme déterminé et combatif qui se rend au club. Il convoque tous les joueurs : "Les gars, rien n'a changé. Vous restez tous. Vous gardez le même contrat. On repart."
Les troupes sont galvanisées. Bien qu'en Division 2, l'ASSE gagne la Coupe de France (une centaine de supporters a fait le déplacement pour assister à la finale...). Et la remontée se fait dans la foulée.
Roger Rocher a tiré les leçons de la descente et il a repensé le club entièrement : il donne à Garonnaire le vrai poste pour lequel il est fait. Snella est parti, il faut le faire revenir ! Après une vingtaine d'aller-retours à Genève que Snella ne veut pas quitter, Rocher obtient de lui une promesse de venir, à la condition que l'ASSE remonte en D1. C'est chose faite.
Et puis, malgré les menaces de mort de l'O.A.S., Rocher fait revenir Rachid Mekloufi au club. Nous somme en 1962. Personne ne sait que Mekloufi va jouer. Pour son retour à Geoffroy Guichard, l'ASSE gagne 4-0 et lui marque deux buts.
La saison suivante, l'ASSE décroche son deuxième titre de Champion de France de D1, nous sommes en 1964.
Mais le révolutionnaire Roger Rocher fourmille d'idées. Et il va leur faire prendre corps.
"C'est en 1966 que nous avons décidé de faire de la formation, dit Roger Rocher. C'est la leçon que nous avons tirée d'erreurs commises pour renforcer l'équipe, lorsque, par exemple, en accord avec Jean Snella, nous avons fait venir à Saint-Étienne des joueurs renommés. Nous avons dépensé beaucoup d'argent pour peu de résultats. Il était d'autant plus difficile à ces joueurs de s'imposer que le public, ici, pardonne mal à quelqu'un acheté très cher de ne pas être rentable."
Entre 1967 et 1970, les Verts seront tous les ans champions de France. Et deux coupes (1968 et 1970) viendront compléter ce palmarès de rêve.

Des colères lourdes de conséquences...

C'est sans doute l'affaire Carnus-Bosquier qui coûte à l'ASSE son cinquième titre d'affilée.
"Il restait huit matches à jouer, raconte Roger Rocher. Nous étions en tête du championnat. La semaine qui précède le match contre Bordeaux, nous apprenons par la presse que Carnus et Bosquier avaient signé des engagement pour jouer à l'Olympique de Marseille la saison prochaine. C'était absolument contraire aux règles élémentaires de l'esprit sportif. J'étais ulcéré. Le public réagit au cours du match de Bordeaux que nous perdons 2-0. Le lendemain, je convoque Carnus et Bosquier dans mon bureau. Nous nous expliquons. Je ne mâche pas mes mots. Je les écoute. Et je tranche. A savoir, je ne peux pas tolérer qu'un club comme Saint-Étienne, qui dispute un titre, possède deux joueurs ayant pris un engagement avec le principal rival dans la course au titre. Je les ai licenciés car j'ai voulu sauver la moralité du club. Je préférais perdre le titre que souiller l'honneur du club."
Le problème est qu'Albert Batteux, l'entraîneur des Verts, ne partage pas du tout la prise de position de son président. Pour lui, Carnus et Bosquier sont en fait les premières victimes du "contrat à temps" qui obligent les joueurs à se préoccuper de leur avenir dans des conditions pas toujours souhaitables.
En outre, Le président conteste les méthodes d'entraînement d'Albert Batteux. "Quand je suis là, l'entraînement est plus sérieux" dira Roger Rocher. Ce à quoi Albert Batteux rétorquera : "il est seulement plus triste."

L'épopée Verte, deuxième volet

A la fin de la saison 1971-1972, la rupture entre les deux hommes est consommée, mais Rocher a déjà une idée sur le successeur de Batteux : l'actuel capitaine des Verts, Robert Herbin ! Il a 33 ans mais lui souhaiterait continuer à jouer encore deux ans. Rocher lui demande de prendre sa chance, que s'il embauche un entraîneur, il sera en poste pour quatre ou cinq ans et il sera alors trop tard pour Herbin... Huit jour après, Herbin accepte, à la condition de jouer avec des jeunes. Il demande aussi un contrat de quatre ans et non de trois comme prévu, car il estime que c'est le temps qu'il lui faut pour construire une équipe.
Suivront de belles années. Deux doublés coupe/championnat en 1974 et 1975, un neuvième titre en 1976, une finale de Coupe d'Europe des Champions perdue à Glasgow, une coupe de France en 1977...

Un dixième titre... qui scelle la fin d'une époque...

Mais la défaite à Glasgow est sans doute à l'origine de la chute de l'ASSE. En effet, Roger Rocher ne se remettra jamais complètement de cet échec et il la veut sa coupe d'Europe, si injustement perdue, d'autant qu'il voit que son équipe est en train de rompre avec les sommets. Robert Herbin aussi s'impatiente.
Un conflit majeur va alors opposer les deux hommes. Herbin veut continuer à faire confiance à la formation alors que Rocher veut se lancer dans le vedettariat. Ce conflit finira par faire exploser le club.

En 1979, contre l'avis d'Herbin, Rocher recrute Johnny Rep et Michel Platini, le capitaine de l'équipe de France âgé de 24 ans alors.
En 1981, malgré l'ambiance qui se délite au sein du club, l'ASSE emporte son dixième et dernier titre.
 
Au printemps 1982, alors que l'ASSE pensait avoir son onzième titre en poche après sa victoire sur Metz 9-2, elle doit s'incliner devant Monaco qui devient Champion de France sur le fil en battant de justesse Strasbourg 1-0.

L'affaire de la caisse noire éclate

Tout se bouscule : Pierre Garonnaire est sur la touche, Rocher voudrait donner à Curkovic des responsabilités au sein du club, mais Herbin ne l'entend pas de cette oreille. Et les clans se dessinent. Le suicide collectif est en marche : tout le monde y passera, des pro-Rocher aux antis en passant par les politiques, les joueurs et les supporters.
La fameuse affaire de la caisse noire explose comme une bombe. La Presse s'en est mêlé, Loire-Matin prenant fait et cause pour les "putschistes" et la Tribune-Le-Progrès s'affichant pro-Rocher.
Roger Rocher a appris la veille du conseil d'administration du 1er avril qu'on allait le débarquer et qu'il ne s'agit pas d'un poisson d'avril. Maîtres Buffard et Fiéloux qui sont des proches d'Herbin sont à l'origine du putsch.
Ils dénoncent une convention passée avec la société Mc Cormack.
Le 17 mai, Roger Rocher et sept des siens démissionnent du comité directeur. Les deux avocats vont assurer l'intérim de la présidence laissée vacante.
Un corbeau dénonce Rocher au procureur de la République de Saint-Etienne. Il reconnaît l'existence de la fameuse caisse noire. Il l'appellera son "trésor de guerre". C'est cet argent caché qui lui aurait permis de conserver ses meilleurs joueurs. Entre 1978 et 1982, on estime que 20 millions de francs auraient ainsi été masqués au fisc.

Tout est passé au peigne fin : fraude fiscale, détournement de fonds, confusions de patrimoine mais aussi éventuelles corruptions d'arbitre.

Tout le monde sera entendu, jugé et condamné.
Le 13 novembre 1983, l'ex vice-président Louis Arnaud est inculpé d'abus de biens sociaux et incarcéré à Lyon (il sera libéré un mois plus tard).

On découvre que 10% des recettes des matches de coupes d'Europe et du marketing alimentent des partis politiques. Michel Durafour, ancien ministre et ancien maire de Saint-Étienne et Lucien Neuwirth, président du conseil général de Loire, reconnaissent avoir touché des fonds de Roger Rocher.

Larios et Herbin reconnaitront aussi avoir touché des sommes en liquide. En janvier 1984, eux et d'autres joueurs (Lopez, Lacombe, Janvion, Piazza, Noguès, Farison et Platini) seront inculpés d'abus de biens sociaux ou de confiance.

Le "pensionnaire de Saint-Joseph"

Roger Rocher sera lui inculpé le 16 novembre d'abus de confiance, abus de biens sociaux, faux en écritures privée et de commerce et usage, recel, présentation de faux bilan, fausses déclarations dans la constitution d'une SARL. Il sera incarcéré le 30 novembre 1983 à la Prison de Saint-Joseph à Lyon. Celui qui défilait triomphant sur les Champs Elysées malgré la défaite à Glasgow, celui qui fut reçu à l'Elysée par le Président de la République restera quatre mois en prison. On lui épargnera l'humiliation des menottes et on l'autorisera à garder sa pipe. Dans sa cellule de 12m², il s'astreindra à trois séances d'exercices physiques quotidiennes. Il a 64 ans mais ne veut pas se laisser aller à l'apathie.
Sa famille, ses avocats, le public qui lui écrira en masse, les détenus même, qui lui organiseront une fête pour son anniversaire... tout cela l'aidera à tenir le coup. Tout cela lui apprendra comme la mine lui avait appris un peu plus sur les hommes... Il se souviendra toujours de Jeannot Charital. Ce restaurateur de Saint-Étienne, révolté comme tant d'autres supporters par l'incarcération du président lui fera porter un repas de Noël qu'il aura lui-même préparé.
Un comité de soutien à Roger Rocher verra le jour, des manifestations seront organisées. "La détention de Roger Rocher devient maintenant injustifiée, intolérable, inhumaine" déclare Hidalgo.
Contre une caution de 100 000 francs, Roger Rocher est libéré le 23 mars 1984

Début des années 90 : l'affaire revient sur le devant de la scène

En mai 1990, le tribunal de grande instance de Lyon condamne Roger Rocher à quatre ans de prison dont trente mois avec sursis et 200 000 francs d'amende. Robert Herbin à six mois de prison avec sursis et 120 000 francs d'amende, dix joueurs et quatre anciens dirigeants sont condamnés à du sursis (de quatre mois à quinze mois pour Lopez) et à des amendes (de 8 000 à 300 000 francs pour Michel Platini).
 
Le 15 mai 1991, la cour d'appel de Lyon condamne Roger Rocher à trois ans de prison dont 32 mois avec sursis, et 800 000 francs d'amende. Quelques mois plus tard, sous la pression populaire, après ses quatre mois de préventive, il bénéficiera d'une grâce présidentielle.

Une fin de vie entouré de ses amis

Plus tard, c'est parce qu'il avait besoin d'argent que Louis Nicollin lui rachètera le véritable musée qu'il s'était constitué dans sa maison de Saint-Genest-Malifaux. Louis Nicollin emportera la magnifique collection de Roger Rocher, oeuvre d'une vie, chez lui à Castelnau-le-Lez, mais avec la promesse de ne pas la disperser aux quatre vents.

Le 23 mai 1988, Michel Platini qui garde une véritable affection pour cet homme entier l'invite à son jubilé. Roger Rocher en tire une très grande fierté et offrira à Platini sa lampe de mineur "En t'offrant ma lampe qui fut ma sécurité pendant mon séjour de dix ans comme ouvrier mineur de fond (1937-1947), je souhaite que, proche de l'horizon de l'an 2000, elle puisse t'éclairer pour que tu fasses briller le soleil de la victoire".
Et le dimanche 13 septembre 1992, c'est le jubilé Roger Rocher qui est organisé au stade éponyme de Méons. J'y étais... Je me souviens du soleil et de la fête. Je ne connaissais hélas ! pas encore bien cet homme (fraîchement débarquée à Saint-Étienne en 1991). En match de gala, nous assisterons à la rencontre Variété Club de France contre Les Amis du Président. Cette dernière équipe se composera à l'ouverture de Rocheteau, Rep, Repellini, Larqué, Synaeghel, Santini, Bathenay, Patrick Revelli, Lopez, Saramagna et Castaneda. Albert Batteux et Robert Herbin seront présents.

Au revoir Monsieur le Président

Roger Rocher s'est éteint à Saint-Etienne, à l'Hôpital Nord, le samedi 25 mars 1997, à des suites d'une longue maladie... il avait 77 ans. Je me souviens aussi de cette minute de silence si émouvante lors du match qui suivra son décès... J'ai pleuré, comme beaucoup...

Merci pour tout Monsieur le Président.

Palmares sous l'ère Rocher

Roger Rocher, président de l'ASSE de 1961 à 1982. 

Dans le championnat de France :

Neuf titres de Champion de D1 (1964, 1967, 1968, 1969, 1970, 1974, 1975, 1976, 1981),
Six Coupes de France (1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977),
- Un titre de Champion de D2 (1963).

En coupe d'Europe :

- Coupe d'Europe des Clubs Champions : finaliste en 1976, demi-finaliste en 1975, quart de finaliste en 1977,
- Coupe de l'UEFA : quart de finaliste en 1980 et 1981 

Sources

- "Roger Rocher La passion "en vert" et contre tout", Roger Rocher et Georges Ziegler, Editions Horvath, 1995.
- "Glasgow 76, le défi des Verts", Jean-Claude Hallé, l'Aventure Vécue, Flamarion, 1976.
- http://www.humanite.fr/journal/1997-03-31/1997-03-31-775681
- http://www.lequipe.fr/Football/ASSE_197682.html

 

Texte écrit par Fofie de Poteaux Carrés