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Interview
de Thierry Cotte, |
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Mercredi 14 décembre 2011 |
Le remarquable site Poteaux Carrés a réalisé une non moins remarquable interview de Therry Cotte, préparateur physique de l'ASSE depuis juin 2006 (adjoint puis seul en place depuis décembre 2009, date de l'éviction d'Alain Perrin et de Christian Jahan).
C'est ta sixième saison à
l'ASSE. Peux-tu nous rappeler quel a été ton parcours avant de rejoindre
Saint-Etienne ? (Aloisio)
J'ai travaillé deux saisons en Angleterre dans le club d'Everton avant
d'arriver en France. Avant ça, j'étais chez l'ennemi, j'étais à Lyon. Je
travaillais dans un centre de médecine du sport dont le patron était
Jean-Marcel Ferret, le médecin de l'Olympique lyonnais et de l'équipe de
France. J'ai travaillé huit ans chez lui. C'est justement avec cette société
que j'ai pu connaître l'Angleterre. Il est clair que j'ai eu beaucoup de
footballeurs à traiter à son contact puisque les joueurs arrivaient d'une
manière générale blessés dans ce centre de médecine et ils en sortaient
opérationnels. Entretemps ils étaient passés entre les mains des médecin,
des kinés en rééducation et puis moi en bout de chaîne, en préparation
physique après blessure. Par ailleurs, je faisais aussi de la préparation
physique sur des sportifs sains. Cette expérience de huit ans m'a permis de
m'occuper d'un grand panel de sportifs, sur lesquels les objectifs étaient
différents. J'ai suivi bien sûr énormément de footballeurs mais aussi des
athlètes de fond, des nageurs, des cyclistes, des rugbymen. C'est intéressant,
ça enrichit la connaissance de la physiologie humaine, l'entraînement…
Mais quand même, là où je suis le plus performant, c'est le football. C'est
le sport que je pratique depuis mon plus jeune âge. C'est celui dans lequel
je me suis spécialisé au travers de mes diplômes.
Comment s'est présentée l'opportunité de
rejoindre l'ASSE ? (José)
Elle s'est faite par deux vecteurs : mes deux présidents. Bernard Caïazzo a
une fille [ndp2 : Marina] qui était tenniswoman professionnelle à l'époque,
formée aux Etats-Unis, à l'école de Nick Bolletieri. J'ai eu l'occasion de
l'entraîner cinq ans en préparation physique. Par ce biais-là, j'ai pu
connaître son père. En même temps, j'ai rencontré Rolan Romeyer par
l'intermédiaire de mon président de la section féminine à Lyon, Monsieur
Piémontèse, quelqu'un d'admirable. Comme il n'arrivait pas à me proposer un
emploi à temps plein chez lui avec les féminines, il m'a donc proposé à ce
moment à Roland Romeyer, lequel m'a accepté sans jamais m'avoir vu
travailler. Il a fait confiance à son ami. On a commencé à travailler
ensemble à l'époque avec Ivan Hasek. J'étais surtout chargé du centre de
formation et je travaillais un petit peu avec les pros sur les joueurs blessés.
De fil en aiguille, j'ai fait mon trou et ça s'est bien passé avec les différents
coaches. Les présidents étaient satisfaits donc je suis encore en poste
aujourd'hui.
Quels sont les diplômes requis pour être préparateur
physique ? (Poteau droit)
Il y a plusieurs possibilités pour être préparateur physique. La voie la
plus classique est celle de la fédération française de football, qui donne
un diplôme de préparateur physique après les diplômes d'entraîneurs. Moi
je n'ai pas rempli complètement cette filière. Par contre j'ai poussé à
fond une autre filière, l'universitaire. A Grenoble, j'ai fait un DEUG, une
licence, une maîtrise. A Saint-Etienne, j'ai fait un DEA et à l'heure
actuelle j'essaye de finir un doctorat sur la physiologie du sportif appliqué
à l'entraînement de footballeurs. Je reste centré sur l'amélioration de
tout ce qui est en lien avec mon travail.
Qu'est-ce qui t'a attiré dans ce métier ?
(Poteau gauche)
J'ai toujours aimé entraîner. Assez tôt, je me blesse. A 16 ans je me
blesse sérieusement, à 18 ans je me reblesse sérieusement. Même si au départ
j'avais l'ambition d'aller le plus loin possible et d'être footballeur
professionnel, je me suis rendu compte que mon corps n'était pas capable
d'aller jusque là. Je me suis donc orienté sur mes études et tout
naturellement, plutôt le métier de professeur d'EPS. Je me disais que
n'ayant pas été footballeur professionnel, ça allait être compliqué d'être
entraîneur professionnel. Je me suis dit que j'aurai peut-être la chance
d'avoir une double casquette : être prof d'EPS d'une part et le soir aller
entraîner. C'est ce que j'ai commencé à faire mais je me suis rendu compte
que je n'étais vraiment pas fait pour être professeur d'EPS. Ça je l'ai su
très vite, pendant ma quatrième année d'étude. C'est à partir de là que
je me suis lancé à fond dans la préparation physique. J'a commencé à
entraîner à l'âge de 18 ans. Et j'ai commencé vraiment la préparation
physique à l'âge de 20 ans. Maintenant j'en ai 38, ça fait donc 18 ans que
je fais de la préparation physique. J'en fais tous les jours. Franchement,
entraîner le corps, le façonner, le comprendre pour mieux l'entraîner,
c'est passionnant ! Et puis c'est sans fin, car on est loin de maîtriser les
limites du corps humain.
Comment définirais-tu le rôle d'un préparateur
physique dans un club comme l'ASSE ? (Barre transversale)
Il convient de bien distinguer le rôle du préparateur physique chargé du
centre de formation et le rôle du préparateur physique des pros. Ce sont
deux métiers différents. En ce qui concerne le métier du préparateur au
sein d'une équipe professionnelle, ma principale tâche est de gérer la
charge de travail pour que l'entraîneur ait en permanence le plus grand
nombre de joueurs opérationnels. C'est surtout ça mon boulot, gérer la
charge de travail. C'est donc orienter des volumes et des intensités de
travail y compris avec le ballon pour qu'une séance collective permette au
plus grand nombre de joueurs d'être opérationnels et compétitifs le samedi,
et/ou de dire à un entraîneur : "attention, ce joueur je trouve qu'il
est un petit peu dans le rouge ces temps ci, eu égard à ses temps de jeu, à
ses tests de fatigue, à différents indicateurs permettant d'objectiver la
fatigue.
En ce qui concerne le centre de formation, on a un peu moins le souci de la
performance du samedi. On fait du développement, ça n'a rien à voir. On va
donner la possibilité au corps d'exploiter tout ce qui est en lui, pour que
le 100 mètres qui est aujourd'hui couru en 12 secondes soit couru à la fin
de l'année en 11 secondes 5. Avec un footballeur professionnel, on n'en est
plus là. S'il fait le 100 mètres en 12 secondes, je n'ai pas du tout
l'ambition de le faire courir en 11 secondes 5 à la fin de l'année. Peut-être
qu'on y arrivera mais ce n'est pas l'enjeu. C'est lui donner la possibilité
de faire 38 fois 12 secondes pendant la saison. Le préparateur physique du
centre de formation va au contraire tout faire pour le faire courir en 11
secondes 5 à la fin de l'année, quitte à ce qu'il soit fatigué le
week-end. Ce qui compte chez ces jeunes là, c'est qu'ils soient bons à 21,
22 ou 23 ans, quand ils vont intégrer l'équipe professionnelle. Les moyens
ne sont pas les mêmes, les risques et els prises de risque non plus. Pour
autant, ce sont deux facettes du métier de préparateur physique.
Il arrive que des joueurs intègrent l'équipe
pro bien avant d'avoir 21 ans. Un garçon comme Kurt Zouma, qui a à peine 17
ans, fait-il l'objet d'une préparation physique spécifique ? (José)
Tout à fait. Il y a plusieurs vitesses dans le travail que je propose selon
les âges des joueurs concernés. Il y a des joueurs avec lesquels je suis
dans l'entretien en permanence, je pense à des gars qui ont 26 ou 27 ans. A
l'inverse, un joueur comme Kurt a rejoint notre groupe à 16 ans et demi. Il a
17 ans maintenant mais il reste dans une phase de développement. Lui, je lui
rajoute un petit peu de travail par rapport aux autres car il a encore cette
capacité de progresser. Ce serait dommage de ne pas exploiter tout ce qu'il a
dans le moteur. Mais en même temps, il n'a pas la même charge que s'il était
au centre de formation. Au centre de formation, il aurait par exemple doublé
le mardi et le mercredi. Nous on va le faire doubler qu'une seule fois, le
mardi. Il faut à tout prix qu'il soit au mieux de sa forme le samedi, pour la
compétition. On essaye de tout ménager avec quand même comme seule priorité
la performance du samedi. On est payés pour gagner le samedi.
Quels sont les différents cycles de préparation
physique sur une saison ? (guinnesstime)
Il y a un premier cycle de six semaines qui correspond à la période de préparation
estivale de début de saison. On n'a pas de match de compétition donc là on
fait du développement. On a des joueurs qui arrivent à 92% de leurs
possibilités, on fait en sorte de les monter progressivement jusqu'à 100%.
Il y a des matches amicaux qui s'intègrent là-dedans, mais le souci du préparateur
physique à ce moment là, c'est vraiment de développer le potentiel athlétique
des joueurs, le potentiel physique. Ensuite, jusqu'à la trêve, il y a une
longue période de compétition pendant laquelle – il faut être très honnête
– on fait souvent du match par match. Ce qui prime, c'est la performance du
samedi.
Si on s'aperçoit qu'on vient de jouer sur un terrain hyper boueux comme à
Brest et que ça a lourdement impacté l'organisme des joueurs, du coup on va
être obligé d'être beaucoup plus léger les jours qui suivent sur la charge
de travail. C'est ce qu'on a fait la semaine qui a suivi notre déplacement à
Brest, alors que peut-être on avait prévu de faire une semaine difficile au
départ. On est obligé de faire du cas par cas. On s'adapte en permanence.
Inversement, si comme contre Nice, le sort a fait qu'on s'est rapidement
retrouvé à 11 contre 9, ça veut dire qu'on a peu forcé. Du coup, on peut
forcer davantage la semaine d'après à l'entraînement, pour maintenir un
certain niveau d'exigence sur les organismes. On est obligés de s'adapter aux
aléas de la compétition. Et puis il y a une autre réalité, c'est qu'aucun
des joueurs ne fait la même chose sur toute la saison. Ils ont tous un petit
bobo chaque semaine, qui les amène à manquer une, deux ou trois séances.
Les joueurs n'ont pas les mêmes temps de jeu. Ils ont des programmes supplémentaires
car ils ont des fragilités, certains surs les ischios, d'autres sur les
chevilles, etc. On fait donc du sur mesure en permanence.
Pendant cette longue période de compétition, on fait un programme commun
pour l'équipe, il y a un travail collectif. Dans ce travail là, je m'immisce
dans la gestion du volume et de l'intensité pour qu'on ait toujours cet
objectif d'être bien le samedi. Ensuite, il y a une part individuelle pour
chacun des joueurs, et c'est à moi de la façonner en fonction de la période
dans la période dans laquelle se trouve le joueur. S'il est plutôt bien, je
vais le faire travailler. S'il est moins bien, j'ai plutôt tendance pour
qu'il ait cette possibilité de récupérer.
Il y a la trêve hivernale, qui est très bien pour les organismes et très
importante pour la tête. Ça permet de refaire le stock de fraîcheur
mentale, ça c'est majeur. Moi je propose quatre ou cinq séances de footing
pendant ce temps là car ce n'est pas bon d'arrêter complètement
l'organisme. Les joueurs ont des moteurs qui sont habitués à travailler en
permanence. Dès qu'ils s'arrêtent, c'est un petit peu long à remettre en
route. Ils auront donc des footings très simples avec un petit peu
d'abdominaux aussi car c'est important d'entretenir la sangle. Après on va réattaquer
avec une mini-préparation parce que le premier match arrive très vite, la
coupe de France a lieu dès le premier week-end de janvier. On va effectuer
une mini préparation qu'on va étaler sur une dizaine de jours. Il faut être
très honnête, quand on s'arrête dix jours, on ne pas espérer être de
nouveau à 100% au bout de cinq ou six jours de reprise. Il faut au minimum
dix jours. Mais comme tout le monde est dans le même cas, le premier match de
Coupe de France se fait avec des joueurs à 98%. C'est valable ici, c'est
valable à Paris ou ailleurs.
À quoi ressemble une
semaine-type de préparateur physique ? (pitchdobrasil)
Une semaine, c'est énormément de travail pour un préparateur physique. On
imagine que le match a eu lieu le samedi. Généralement, le dimanche est un
jour de repos pour les joueurs. Moi à partir du dimanche soir, j'ai à peu près
quatre millions de données qui m'arrivent d'une société qui nous produit
tous les matches à domicile comme à l'extérieur. Il s'agit de données
techniques, tactiques et physiques du match. J'ai tout un traitement qui
commence le dimanche soir et qui va durer des heures pour que le lundi en fin
de matinée je puisse donner un rapport au coach, un rapport technico-tactique
et physique du match, à la fois collectif et individuel. Là, on a une idée
très précise de ce qu'a coûté le match, en termes de dépenses énergétiques
de chacun de nos joueurs, du comportement de l'équipe. Et puis après on a
tous les paramètres techniques, tactiques…
On fait affaire à une société qui s'appelle Amisco Sport Universal qui
propose un produit qui s'appelle Amisco. C'est un produit relativement simple
dans l'installation, il y a une douzaine de caméras installées autour du
terrain et chaque joueur est tracké. Il est reconnu par le système. Et après,
à raison de dix reconnaissances par seconde, on le suit tout au long du
match. On a une idée extrêmement précise de ce qu'il fait à l'occasion du
match. Ensuite, des moyens humains codent à chaque fois qu'il touche un
ballon et ce qu'il en fait : une passe courte ou une passe longue, un ballon
gagné ou perdu, un duel gagné ou perdu, etc. Comme ça on a une idée très
pointue de la production du joueur. Nous on discute de ça avec Christophe
Galtier et le staff le lundi matin pour essayer de comprendre ce qui s'est
passé pendant le match. L'analyse du match est fondamentale, on discute
beaucoup, ça déborde sur le mardi voire le mercredi. Entretemps les
techniciens travaillent sur notre match par l'analyse de la vidéo toute
simple. On étudie les phases tactiques, le respect des plans de jeu, la
sortie de balle, des choses comme ça…
Le lundi après-midi, les joueurs arrivent pour le décrassage. C'est un décrassage
à deux vitesses. Il y a ceux qui ont joué un temps de jeu conséquent, qui
vont plutôt partir sur du footing et du renforcement des points faibles. Ceux
qui ont peu ou pas joué ont une séance beaucoup plus agressive pour
compenser les efforts qu'ils n'ont pas faits. Il faut entretenir la machine
humaine, et pour ça il faut la secouer un petit peu, sans quoi elle baisse.
Le lundi après-midi, je fais un test de fatigue, je regarde ce qui se passe
entre deux battements cardiaques. Pendant une dizaine de minutes, les gars
sont couchés par terre, il y'a un protocole qui est bien rôdé, on le suit
systématiquement. Ça me donne déjà une idée de l'état de récupération
d'après-match. C'est important non pas pour cette première séance du lundi
car on sait qu'on ne "tape" pas sur les joueurs. Par contre ça nous
permet de calibrer les séance de mardi et mercredi, de savoir si on va
"taper" ou pas. Déjà on a le compte rendu Amisco, on sait par
exemple quelles ont été les distances parcourues par nos joueurs. Après on
prend un autre élément purement individuel à travers la fréquence
cardiaque des joueurs. On a ainsi une autre idée de l'état de fatigue du
joueur et après on individualise.
Mardi, une ou deux séances sont au programme. Des séances dures, des séances
de développement. Là, cinq de nos joueurs sont équipés par des GPS. Ça
permet de suivre en permanence les joueurs pendant la séance. On a également
des cardiofréquencemètres. Comme ça on a une idée de ce qu'a coûté la séance
en efforts pour ces joueurs là. On mesure leur adaptation à l'entraînement
pour voir s'ils sont dans un bon état ou pas. Souvent, j'équipe les mêmes
joueurs de GPS pendant toute une semaine. Ça permet de les comparer à eux-mêmes.
Je fais des rotations, sans arrière-pensées. Pour l'instant, on n'a pas les
moyens de s'acheter davantage de GPS car c'est relativement cher. A terme,
j'espère m'en faire payer davantage pour que tout le monde soit équipé à
toutes les séances, comme c'est le cas en Angleterre. Mais ça demande une
logistique lourde : c'est un investissement financier mais c'est aussi un
investissement humain car il faut traiter les données, or il y en a une
centaine par seconde. Faut bosser. Traiter ces signaux, ça prend énormément
de temps. Je passe sur les détails mais ça m'amène à me coucher très très
tard les lundis, mardis et mercredis soirs. Les joueurs embarquent de plus en
plus de technologies. Ces technologies sont toujours coûteuses en temps a
posteriori car il faut traiter ces données.
Le mardi, on double l'entraînement… ou pas. On n'est pas obligé de faire
deux séances. Plus on se rapproche de la trêve, moins on fait de journées
doubles. Les terrains gras fatiguent les adducteurs et parfois on n'a pas le
temps de se remettre de cette fatigue-là. Dans ces conditions, on ne prend
pas de risques et on fait une bonne séance d'une heure quarante ou une heure
cinquante. Mercredi, une seule séance est au programme mais bien remplie
aussi.
Le jeudi, on change de thème. Le jeudi, on est déjà dans de la récupération
car on a lourdement impacté les organismes lors des journées du mardi et du
mercredi. Il faut passer à des temps faibles, sans quoi l'organisme ne récupère
pas. La récupération fait partie du travail. Jeudi est un temps faible car
on n'a pas le temps de se remettre d'un point de vue énergétique de toute la
fatigue générée ce jour là. Afin d'être au top le samedi, on ne fait pas
de bêtise, on calme vraiment. Ça donne l'occasion au coach de travailler
plutôt sur la finition, sur des aspects peu ou pas coûteux. Juste avant
cette séance du jeudi, on refait un test de fatigue pour regarder quelle est
l'adaptation des différents organismes au travail qu'on a fourni les mardi et
mercredi. On compare ce test de fatigue avec celui effectué le lundi et on en
tire les enseignements pour adapter la séance du vendredi.
La séance du vendredi a lieu généralement l'après-midi quand on joue le
samedi soir. Ça laisse une fenêtre de récupération d'a peu près
vingt-quatre entre la séance du jeudi matin et celle du vendredi après-midi.
On tire parti des impressions laissées visuellement, des données GPS, des
tests de fatigue pour adapter le contenu de la séance de vendredi afin de ne
pas fatiguer nos joueurs de manière inappropriée, sinon on se tire des
balles dans le pied. La séance du vendredi est à forte connotation tactique
mais on garde quand même une intensité assez soutenue, parce que les joueurs
doivent être toniques et juteux, proches de la réalité du match. Ça exige
de l'engagement donc on fait très attention au volume. Si on multiplie
intensité et volume, on a tout faux car l'impact serait trop important pour
l'organisme, on n'a pas le temps de s'en remettre.
On arrive au samedi. Il n'ya pas d'entraînement le jour du match, on fait
faire une marche à nos joueurs. On gère surtout la diététique des joueurs.
On les fait manger le matin et le midi. On leur prépare une collation. C'est
un autre versant de la préparation physique. On les fait manger la veille au
soir, même pour les matches à domicile. C'est très important la diététique,
c'est un élément de la préparation physique. Si on n'amène pas le
carburant dans le moteur, on n'a aucune chance de bien faire tourner le
moteur. On s'efforce de manger dans les deux heures qui suivent le match, quel
que soit le lieu.
On mange tous ensemble, personne ne passe à travers, car c'est une fenêtre
pendant laquelle l'organisme est vraiment avide de sucres notamment, qu'on lui
apporte car il en a énormément consommé au cours de la prestation physique.
On lui amène de l'eau, des vitamines, etc. Il ne faut absolument pas passer
outre cette fenêtre là sans quoi on va mettre au moins 48 heures pour avoir
le même effet. Quand on est dans une logique de match à trois ou quatre
jours, on a en plus un protocole de cryothérapie. On immerge nos joueurs dans
des bains d'eau froide d'à peu près 10 ou 11°C juste après le match, dans
les dix minutes suivant leur retour au vestiaire. Ça a une effet sur la
douleur ressentie par le joueur, ça casse le message douloureux, le joueur se
sent beaucoup plus léger quand il sort du vestiaire. Ça lui permet de se
remettre en route rapidement car le match suivant arrive vite. On suit également
ce protocole de cryothérapie le lundi pour les joueurs qui ont fait le décrassage,
ça les prépare à faire l'entraînement du mardi dans des conditions
maximales.
On ne fait pas de décrassage le jour même du match, même si certaines équipes
le font. C'est un problème de logistique et il faut poser le pour et le
contre. Le décrassage, c'est aussi l'occasion de faire travailler ceux qui
n'ont pas joué. Pour faire une séance digne de ce nom, il faut une bonne
heure. Si on doit faire travailler nos remplaçants une bonne heure après le
match, quand on a fini le match à 23h00, c'est impossible. Autant venir
s'entraîner le lendemain ou le surlendemain. Chez nous, le coach a fait le
choix de laisser libre le dimanche pour que les joueurs puissent consacrer ce
temps à la famille. Du coup on fait le décrassage le lundi. C'est un très
bon choix. Là-dessus, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise solution. C'est un
problème de sensibilité, de philosophie du groupe. Si c'est un groupe de
papas, ils apprécient de passer le dimanche avec leurs enfants.
En fonction des résultats des tests de
fatigue, préconises-tu parfois de faire souffler un joueur ? Es-tu écouté
par Galette ? (José)
Christophe Galtier me porte une grande confiance. Il dispatche à différents
membres de son staff certains domaines. Mon domaine à moi, c'est la préparation
physique et la gestion de la charge. Quand je vais vers lui en lui proposant
soit une idée de travail, soit en lui disant que j'ai détecté un joueur à
risque, il m'écoute. Après c'est lui qui arbitre. Quand même, ce qu'on fait
toujours passer en avant, c'est notre œil, c'est la performance de terrain.
Le test de fatigue qui va dire avec certitude "lui il est fatigué",
ça n'existe pas encore. Pour l'instant, les moyens qu'on nous propose, que ce
soit les prises de sang ou autre chose, ne nous permettent pas de dire
"ce joueur là, il est fatigué et il ne marquera pas ce week-end."
Ça, on est incapable de le dire. En fait, on a un élément supplémentaire
dans la balance qui est ce test de fatigue. On va essayer de le corréler à
d'autres impressions : quelle impression ce joueur a donné pendant la
semaine, quelle a été sa performance lors du match précédent, quelles sont
ses données GPS, etc. C'est avec tout ça qu'on prend une décision. C'est le
coach qui arbitre. Mais lorsque tout un staff dit qu'un joueur ne met plus un
pied devant l'autre à l'entraînement et qu'il a en plus un test de fatigue
qui est perturbé, ça tombe sous le sens que ce joueur ne commencera pas.
Ceci étant, on n'a jamais vu Christophe Galtier dire "ce joueur là ne
vas pas jouer" car il a seulement son test de fatigue qui est perturbé.
On fonctionne par ordre, par priorité. On s'est aperçu que ce qui reste
encore le plus fiable, c'est quand même notre œil sur le terrain. Se
rajoutent à cela d'autres mesures, l'année prochaine il y en aura encore de
nouvelles, toujours au plus près du joueur. Pour l'instant, il faut être très
honnête, on n'arrive pas à tout connaître du joueur en profondeur. La
fatigue, c'est hypercomplexe à appréhender, c'est multifactoriel. On essaye
de s'en approcher mais on n'a pas de réponses certaines.
On parle souvent pour les clubs européens de
préparation physique destinée à ce que l'équipe soit à son pic de forme
en septembre pour le début des Coupes d'Europe puis pour ceux qui ont la
honte…euh chance de se qualifier pour les 1/8eme en février mars. Qu'en
est-il de Sainté, a-t-on une prépa pour être en forme dès le tout début
du championnat et ainsi engranger des points et de la confiance un peu comme
un coureur de 400 qui donnerait tout dans le premier 200 en espérant tenir
après ? (Parasar)
Il est très clair qu'un entraîneur va demander à son préparateur physique
une préparation soit pour être en forme très tôt, soit pour être en forme
plus tard. Ça c'est tout à fait possible. Moi je connais très bien les
exigences de Christophe Galtier, on a mis en place une préparation pour être
prêts rapidement. C'est souvent le choix qui est fait. Il faut regarder
maintenant comment évoluent les championnats. On a tout intérêt à partir
très fort, car les points qu'on prend au début font vraiment du bien à la tête,
ils permettent de ne pas être dans la zone qui bataille, qui ferraille,
sachant qu'il y a une grosse pression exercée sur ces clubs-là. Cette
pression n'est pas simplement sportive, c'est une fatigue, une charge que
beaucoup d'entraîneurs veulent éviter à leurs joueurs et au staff. Très
souvent, les entraîneurs demandent au préparateur physique de mettre en
place une préparation pour être prêts tout de suite. L'exemple du 400 mètres
cité par le potonaute est très bon : si on part vraiment très très fort
tout de suite, on peut le payer à la fin. On encourt ce risque. Ceci dit,
lorsqu'on fait un 400 mètres, on est tout seul, il n'y a personne pour vous
aider. Une équipe de football professionnel, c'est 25 joueurs. Ceux qui
commencent la saison ne sont pas forcément ceux qui la finissent. On a eu des
très gros blessés, ces joueurs sont absents lors de la première partie de
saison, mais peut-être que les trois derniers mois ils seront là. Peut-être
que ces gars-là vont amener de la fraîcheur. Peut-être que d'autres joueurs
qui ont peu joué jusqu'à présent du fait de choix d'entraîneur seront très
performants en fin de la saison. Certains joueurs qui n'ont pas joué en tout
début de saison sont maintenant au sommet de leur forme, ils apportent cette
fraîcheur-là au groupe. Il faut compter sur cette rotation des joueurs en
forme pour tenir la saison. Il y a quand même un aspect majeur : le mental.
C'est pour ça que bien partir est important.
En juin 2010 suite au traumatisme des deux
saisons précédentes, il a été décidé de faire une préparation physique
pour ne pas rater le début de championnat. Logiquement, l'avantage est d'être
prêt physiquement dès le début du championnat, mais le défaut de ce choix
stratégique est que du coup, les joueurs ont un peu plus de mal à tenir la
longueur de l'ensemble de la saison. Correct ? (osvaldopiazzolla)
En théorie, intellectuellement, c'est possible. En pratique, c'est surtout la
valeur mentale du joueur qui fait qu'il est capable de se transcender jusqu'à
la fin ou pas. Nos joueurs à l'ASSE ne sont pas tous en sélection nationale.
On ne joue pas en Coupe d'Europe. Il faut quand même avoir conscience que des
footballeurs font 50 matches par an. Les nôtres vont en faire maximum 38,
plus les coupes. Nos joueurs ne sont quand même pas poussés à leur maximum
en termes de compétitions. Ce n'est pas un bon argument que de penser que ces
joueurs-là vont être grillés parce qu'ils auront joué trop fort dès le début.
Non, c'est cette capacité mentale à être présent à chaque match qui peut-être
peut faire défaut. Ce n'est pas évident de se mettre à 100% mentalement à
chaque match. Physiquement, je ne pense pas que ce soit un problème. La
preuve on voit bien qu'il y a des gars qui font 50, 60 voire 70 matches par
an. Lionel Messi en est déjà à 45 matches. Lui fait la démonstration qu'on
peut être capable d'enchaîner les matches à 100%. A mon sens, c'est
vraiment le mental qui fait la différence.
J'ai identifié en terme de résultats deux
coups de mou lors de la saison dernière : grosso modo, en octobre et vers la
fin du championnat. Partages-tu ce point de vue ? Était-ce la résultante
d'une préparation réalisée pour être au top en début de saison et donc
finalement des périodes creuses qui sont dans l'ordre des choses ? (osvaldopiazzolla)
Je ne crois pas à la fatigue collective. Je ne peux pas y croire parce qu'on
individualise tellement les choses que les joueurs ont des volumes et des
intensités de travail complètement différents. Ils n'ont pas les mêmes
temps de jeu. Ils n'ont pas les mêmes postes. Sachant que, sur un même
match, il peut y avoir deux, voire trois kilomètres d'écart entre certains
joueurs, qu'il peut y avoir jusqu'à 300, 500% d'écart sur des sprints, ils
ne font pas les mêmes efforts en match, pas les mêmes séances d'entraînement
car certains sont allégés, d'autres vont compenser… J'ai du mal à croire
à la fatigue collective sauf à faire des matchs à répétition. Là, on
sait qu'on n'a pas le temps de s'en remettre. Si on fait toujours jouer les mêmes
joueurs et qu'on tire toujours sur les mêmes, potentiellement, on peut être
affecté par la fatigue. Sinon, pour le reste, quand il y a un coup de moins
bien collectivement, c'est plutôt que la tête ne suit pas, parce que l'équipe
ne parvient pas à ce moment-là à trouver les ressorts pour extraire 100% de
chacun des joueurs. Après, ça peut être aussi le staff qui n'arrive pas à
transcender les joueurs. Mais je crois de moins en moins à la fatigue
collective.
J'ai l'impression que les
Verts sont nettement moins performants chaque saison en janvier-février. Pas
seulement dans le ressenti du niveau de jeu, mais aussi plus objectivement
dans le nombre de points pris en championnat et de fréquentes
contre-performances en coupes. Alors, il y a eu certaines saisons des
circonstances qui pouvaient expliquer ce phénomène (le nombre de joueurs à
la CAN lors de la seconde saison de Baup, l'embrouille Piquionne l'année
d'Hasek... - j'en oublie peut-être), mais il me semble qu'il y a tout de même
au-delà de ça, une tendance forte. Autrement dit, je soupçonne qu'il y a un
problème plus d'ordre structurel. Partages-tu ce point de vue ou suis-je à côté
de la plaque ? (Gustav)
Je ne suis pas d'accord, même si la manifestation peut être de cet ordre. Je
repense à l'année dernière, où on a été tout de même très lourdement
impacté par "l'affaire Dimitri Payet". C'est une certitude : ça a
déstabilisé un petit peu le vestiaire et il suffit de pas grand chose pour
enrayer une belle machine. Je mets donc plus ça sur le compte de l'aspect
mental que sur un problème physique collectif. Autant je pourrais comprendre
que mes joueurs soient fatigués un jeudi parce que je les ai fait énormément
travailler le mardi et le mercredi, autant je ne peux imaginer que tous les
joueurs soient en méforme le samedi alors qu'ils ont "coupé" le
jeudi et le vendredi. Enfin, je me comprends quand je dis ça mais je ne peux
pas croire à la fatigue collective.
Et que penses-tu d'une hypothèse sur la
particularité climatique de Sainté (par rapport aux autres clubs de L1) sur
la qualité des entraînements au niveau technique (autrement dit, l'idée que
le froid gêne la décontraction pour la répétition des gestes technique au
quotidien) ? Cela ne gêne-t-il pas une préparation physique optimale ? (Gustav)
Ça, c'est une très bonne remarque. Une évidence à Saint-Etienne : on peut
avoir de la neige ou en tout cas des froids assez soutenus. Le souci est qu'on
doit s'entraîner sur des surfaces très différentes : on peut s'entraîner
sur un terrain gelé, sur un terrain hyper gras, sur un terrain synthétique.
Ça coûte très cher à l'organisme. Ces changements sont terribles. Il vaut
mieux s'entraîner tout le temps sur la même surface pendant un mois et demi,
quitte à ce que ce soit un synthétique. J'exagère un petit peu, ce n'est
pas ce que je souhaite mais ce sera beaucoup moins impactant pour les
organismes que changer tous les jours, avoir une fois un terrain très dur et,
le lendemain, parce qu'on n'en peut plus d'un terrain gelé, aller s'entraîner
sur un synthétique, et, après, sur un terrain qui a dégelé et est hyper
gras. Ça, c'est terrible, terrible pour les organismes. Alors, effectivement,
ça, ça peut faire partie des explications qui font que nos mecs, en
janvier-février, sont un peu moins bien.
Il faut être hyper honnête. La préparation physique d'une équipe
professionnelle, je ne vais pas dire que ce n'est pas dur, mais, en terme de
contenu, ce n'est pas très compliqué à mettre en oeuvre. On fait quasiment
tous les mêmes choses dans tous les clubs. Après, c'est la capacité qu'ont
les joueurs à accepter ce message-là et, effectivement, le terrain fait
partie des éléments qui vont rendre une séance plus ou moins bien ingurgitée.
Comment gère-t-on un joueur qui subit souvent
des blessures ? Évidemment, on a en tête les exemples de Loïc Perrin et
Yoann Andreu. Existe-t-il un programme spécifique ? Ces joueurs sont-ils préparés
à part ? (peru42)
Bien sûr. Ce sont des joueurs que je surveille tout le temps. Ce que je n'ai
pas dit tout à l'heure, c'est que, tous les jours, je note la charge de
travail exacte faite par tous les joueurs de l'effectif. Je connais tous les
jours la place du joueur dans l'effectif par rapport à la charge de travail
qu'il vient de faire. Je m'applique toujours à ce que celle de Loïc Perrin
soit 10% en-dessous de la moyenne. Et quand, par malheur - ou par bonheur - il
joue tout le temps, il va être au-dessus de cette moyenne. À moi de faire très
attention dans le contenu des séances, à ce qu'il soit allégé de temps en
temps ou que cette partie-là soit remplacée par un travail individuel de prévention.
Est-il possible de prévenir des blessures
comme ça ? Dans le cas de Loïc, on a l'impression d'une malédiction, avec
des rechutes fréquentes. (veryvel)
La prévention existe. Il n'y a qu'à compter - ce que je fais - le nombre de
blessures musculaires par an et regarder d'une saison à l'autre si c'est le même
nombre ou pas. Nous, on a fortement réduit le nombre de blessures musculaires
sur les dernières saisons. Pour cela, on fait énormément de prévention.
Elle commence par la diététique : on fait manger les joueurs tous les matins
avec nous, avant toutes les séances.
Es-tu à l'origine de cette décision qui a
finalement été assez médiatisée ? (José)
Ça s'est décidé de manière collégiale parce qu'on trouvait que c'était
cohérent par rapport au fait que des joueurs arrivaient chez nous en n'ayant
pas mangé. On a constaté qu'ils arrivaient le ventre vide à la séance, ils
prenaient deux barres énergétiques dans un placard, qu'ils nous dérobaient,
en plus. Ils avaient un coup d'hypoglycémie pendant la séance. On ne peut
pas s'entraîner comme cela donc on a pris la décision de faire manger les
joueurs avec nous. Déjà, on contrôle cet apport alimentaire. Du coup, on ne
sait pas si c'est ça, mais on a moins de blessés. En plus, on met en place
des campagnes de prévention. J'ai des joueurs qui, à l'année, ont un
programme de renforcement soit de cheville car ils ont une cheville fragile,
soit de renforcement d'ischio-jambiers car on sait que c'est fragile. On fait
des mesures en début de saison et en janvier pour vérifier l'équilibrage
des pneus (sic) et on vérifie le gonflage toute l'année sur les parties les
plus sensibles. On travaille beaucoup, dans tous les sens qui peuvent améliorer
la prévention. La diététique en fait partie, le renforcement, la
proprioception. Force est de constater que nos chiffres s'améliorent, c'est
une évidence. En toute modestie, on a de très bons chiffres par rapport à
la littérature internationale. On ne fait pas n'importe quoi, on essaie de
connaître un petit peu les références dans les autres clubs et on se situe
bien. Après, il est évident qu'il faut individualiser le travail. C'est ce
qu'on fait avec des garçons comme Loïc, comme Yoann. Même s'il faut reconnaître
qu'on n'est pas tous à égalité devant la nature. Des gars sont absolument
robustes, ne se blessent jamais. Laurent Battles, il a 37 ans et est sur le
terrain de foot. Il n'a jamais eu de blessure sérieuse. C'est une chance
extraordinaire, mais la nature l'a fait comme cela. Il est robuste, ne se
blesse pas. D'autres joueurs ont une plus grande fragilité. À nous préparateurs
physiques de rapidement identifier ces personnes, en partenariat, bien sûr,
avec le troisième homme dont on n'a pas encore parlé qui est le staff médical.
Je travaille énormément avec lui, en qui on a une confiance totale avec le
coach. Ce trio-là, le médecin, l'entraîneur, le préparateur physique, fait
tout dans l'intérêt du joueur et donc, de l'équipe. On est prêt à alléger
le travail d'un joueur pendant deux ou trois jours si, à la fin, c'est pour
l'avoir au mieux le samedi au service de l'équipe. On est capable de le faire
à l'AS Saint-Etienne, les Potonautes peuvent être contents.
À une époque, Fabien Boudarène enterrait
tout le monde dans les tests de résistance. Qui est le plus performant de
l'effectif actuel dans cet exercice ? (oswaldo)
Ce sont surtout les milieux de terrain relayeurs qui sont les plus gros
coureurs. Donc Jérémy Clément, Fabien Lemoine, Christophe Landrin avant eux
sont compliqués à prendre en course à pied, comme Blaise Matuidi.
Fabien Lemoine est un joueur au parcours un
peu particulier. As-tu individualisé sa préparation par rapport à ses antécédents,
notamment la perte de son rein ou, d'un point de vue médical, il est traité
comme un autre joueur ? (Aloisio)
Je le considère comme un joueur normal. Quand le joueur a signé chez nous,
il a passé une visite médicale et je fais toute confiance au médecin. Je
lui ai demandé si je devais faire attention dans mon approche du travail avec
ce garçon, si je devais de temps en temps alléger. Et il n'y a aucun problème,
au-cun problème.
As-tu déjà travaillé avec un joueur aussi
rapide que Aubame ? (oswaldo)
Dans l'effectif, il y en a un qui est très rapide, c'est Bakary Sako. Ce
n'est pas le même style de vitesse, mais Bakary est très, très rapide. Et
puis j'ai travaillé avec quelqu'un d'aussi rapide, c'est Wayne Rooney...
... Que tu as la chance de le connaître quand
il était tout jeune à Everton (José)
Oui. Mais, là aussi, ce n'est pas la même "vitesse" que Pierre
Aubameyang.
Ce n'est pas le même genre de gabarit non
plus (aloisio)
En effet. Mais Bakary Sako se rapproche de Wayne Rooney dans ce profil de
vitesse. Ce ne sont pas des gars hyper rapides sur les premiers appuis, mais,
par contre, une fois lancés, ils sont déroutants. Surtout, parce qu'ils sont
lourds, ils sont impossibles à bouger. Wayne Rooney était dans ce profil.
Aubame, effectivement, est très très rapide mais il est beaucoup plus frêle
et donc, dans le contact, peut être un peu plus déséquilibré. À
l'inverse, ça lui donne cette possibilité d'être un peu plus agile, un peu
plus félin pour esquiver alors que Bakary est un gars qui, une fois qu'il est
lancé, on peut venir au contact contre lui, il est indéboulonnable.
J'ai le sentiment que Sako à un compromis
puissance/vitesse assez exceptionnel. Est-ce le cas ? (oswaldo)
Des profils comme ça sont très intéressants. À mon avis, ce sont les
profils du futur. Avoir des joueurs d'une telle puissance est toujours intéressant.
En plus, lourds, quand même, parce qu'il faut pouvoir tenir sur ses jambes. Dès
qu'on vient au contact, on ne les renverse pas, quoi.
Sa méforme actuelle résulte-t-elle non pas
d'une blessure, mais d'une petite gêne ? Attribues-tu un rendement sportif
pas tout à fait au niveau de ce qu'il pourrait faire au fait qu'il n'est pas
à son top physiquement actuellement ?
Les dernières fois où il a fait des matchs pleins de 90 minutes, on n'a pas
trouvé d'altération de sa performance physique. Sur le volume de sprints,
sur le nombre d'accélérations, sur le volume total à haute intensité, sur
la distance totale parcourue, ça n'a pas autant rejailli sur ces paramètres-là.
C'est plus dans ses choix qu'il se perd. Il faut le suivre aussi car lui aussi
a ses points faibles sur son organisme. On y veille avec le staff médical
mais, à chaque fois qu'il se présente sur le match, généralement, il est
à 100% de ses moyens.
Quelles sont les qualités physiques de Banel
Nicolita ? (oswaldo)
Tout à l'heure, je ne l'ai pas cité dans les "gros moteurs", tout
simplement parce que, lui, je ne lui ai pas fait faire le même test qu'aux
premiers cités. Il est arrivé alors que la saison était bien avancée et je
n'ai donc pas eu l'occasion de le tester. Je pense qu'au test de résistance
dont parlait le Potonaute précédent, il ne sera pas mal. C'est ce qu'on
appelle les "gros moteurs", capables de courir longtemps à une
bonne intensité et, qui plus est, il n'est pas embêté quand il faut faire
de la haute intensité, ce qui est intéressant car c'est dans ces périodes-là
que se fait la différence.
Peux-tu nous expliquer la "haute intensité"
? (Poteau droit)
Tout ce qui se passe en sprint. Nous, on définit un certain seuil de vitesse
au-delà duquel on est à haute intensité. Classiquement, c'est 21 km/h et
lui n'est vraiment pas mal dans ce registre-là.
On a l'impression, lors des derniers matchs,
qu'il a une capacité à réitérer les efforts sans signe de fatigue apparent
(Poteau gauche)
Tout à fait. En fait, il a deux choses. Il a le support physique. Moi, le préparateur,
je peux confirmer qu'il est très robuste de cet aspect-là. Après, il y a
l'aspect mental et c'est majeur. C'est vraiment un combattant. Une fois qu'il
est sur le terrain, on peut être tranquille, il va "mourir" sur le
terrain. Et puis il faudra le sortir quand il n'en pourra plus, mais ce n'est
pas quelqu'un qui va tricher, il ne va pas compter ses efforts. Cette qualité
mentale lui permet d'exploiter le gros moteur qu'il a. Du coup, ça donne des
prestations qu'on lui a vu faire qui sont magnifiques.
Certains supporters s'interrogeaient de voir
que cette recrue, les premiers matchs, ne jouait pas. On s'est demandé si,
indépendamment du côté "intégration, changement de culture, de
pays", il n'y avait pas aussi tout simplement une considération d'ordre
physique. En terme de préparation, il n'a pas rejoint le club en même
temps que les autres qui avaient suivi les stages de préparation. N'a-t-il
pas fallu un temps supplémentaire pour combler ce retard accumulé, cqui
expliquerait qu'il arrive aujourd'hui, en décembre, à son top ? (Aloisio)
J'ai une remarque à faire par rapport à l'arrivée de ces nouveaux joueurs.
Je parlerai aussi de Max Gradel. Je trouve admirable qu'on les ait à ce
niveau-là maintenant. Je trouve que c'est très rapide. On voudrait toujours
que ce soit plus rapide mais il faut bien se rappeler que parfois, il faut une
année avant qu'un joueur s'adapte. Nous, ils se sont adaptés en quelques
mois.
À quoi attribuer cette adaptation ? Déjà, ce sont des joueurs qui changent
de club, qui changent d'entraîneurs. Donc ils n'ont pas les mêmes repères
dans le travail, ils n'ont pas les mêmes repères sur des terrains qui ne
sont pas tout à fait les mêmes. C'est très important. Comme le préparateur
physique n'aime pas les changements de terrain en janvier. Un joueur est
habitué à s'entraîner au Portugal sur un terrain sec, il arrive ici à
Saint-Etienne, sur un terrain gras, ce n'est pas facile. Il faut digérer ça
et digérer la méthode d'entraînement qui n'est pas toujours la même. Il
faut comprendre le message du coach. C'est d'ordre tactique et ça n'est pas
toujours simple. Le coach ne fait jamais les choses au hasard. Il fait venir
un joueur parce qu'il estime qu'il va avoir le profil pour intégrer la
conception qu'il a, lui, du jeu. Quelques fois, le joueur est en décalage, il
n'arrive pas à comprendre tout de suite. Ça prend du temps.
Au début, quand il est arrivé, Banel était compétitif physiquement. Je
n'avais aucun doute sur ses capacités physiques. Il aurait pu tout de suite
être mis sur le terrain, il nous aurait fait les mêmes prestations, mais
dans la compréhension du message et de la philosophie de jeu du coach, on
n'avait pas de certitude. Il fallait qu'il se familiarise davantage avec le
jeu et l'attente qu'on avait dans le jeu. Peut-être que de la tribune ou
derrière son téléviseur, on voit onze joueurs qui courent de manière désordonnée
sur le terrain, mais c'est hyper structuré. Il faut que le joueur s'intègre
comme le onzième élément de cette structure pendant 90 minutes. C'est du
boulot, il faut rabâcher, répéter, quand on a le ballon, quand on n'a pas
le ballon, dans telle zone du terrain, etc.
Quel regard portes-tu sur
Kurt Zouma en tant que préparateur physique ? Son secret, c'est le poulet
selon Josuha Guilavogui et Aubame. (Barre transversale)
(Rires) Non, son secret, c'est l'hérédité. Kurt peut remercier ses parents.
Il a cette chance d'avoir un gabarit hors normes, c'est une force de la
nature. Il est déjà grand, je pense qu'il fera bientôt 1m90. Il grandit
encore un peu. A moi de veiller à ce qu'il ne prenne pas trop de poids, même
s'il va en prendre. Sinon il y a un mauvais ratio qui est le rapport
poids/puissance. La puissance il n'a peut-être pas à en prendre beaucoup,
par contre du poids il peut en prendre s'il ne fait pas attention. Quand il
faut durer pendant un match et répéter les matches, ce ratio là vous embête
quand vous êtes vraiment trop lourd. A moi de surveiller qu'il ne prenne pas
trop de poids, pas trop de muscles, pas trop de gras. Là-dessus je suis
intransigeant. Quant au poulet, il en fait une consommation normale. Sur ce
que je l'ai vu manger, j'ai remarqué qu'il fait attention. Kurt a surtout une
génétique avantageuse. L'autre élément, c'est qu'il ne manque aucune séance,
et ça c'est déterminant. Vous pouvez être hyper doué, si vous n'êtes pas
en permanence à vous entraîner et à tirer parti de l'entraînement, vous ne
progresserez pas à la même vitesse que le gars qui est en permanence sur le
terrain. Il y a une règle d'or : pour progresser, il faut s'entraîner. Moins
on est blessé, plus on est robuste, plus on a de chances d'être sur le
terrain, et à ce moment là on optimise les capacités qu'on a en soit.
Ce garçon fait l'objet d'une attention
particulière, on le préserve des sollicitations médiatiques. fait-il
l'objet d'un soin spécifique en terme de préparation physique du fait de son
jeune âge ? (Poteau droit)
C'est un joueur auquel on fait très attention car il est très jeune, il n'a
que 17 ans. Même si physiquement il est imposant, il faut être très
conscient qu'il a encore cette fragilité du jeune. Le gros problème, c'est
qu'il joue à un poste où on ne peut pas le faire rentrer et sortir. Quand on
est arrière-central, généralement, ce n'est pas pour être remplacé. Quand
on est attaquant comme Wayne Rooney au même âge, on peut rentrer vingt
minutes ou trente minutes par match. De temps en temps on le faisait commencer
et on le sortait au bout d'une heure. On n'a pas la même marge de manoeuvre
avec Kurt. Un défenseur central, sauf blessure, a vocation à jouer 90
minutes. C'est dans la répétition des matches que se fait la gestion pour
que ce garçon là ne se grille pas. Après, il faut qu'il soit performant
tous les matches et qu'il prenne la place aux anciens, lesquels n'ont pas
l'intention de la laisser. Kurt a joué quand des anciens ont eu des défections
pour blessure ou suspension. Il s'est très bien comporté. Maintenant que les
quatre sont opérationnels, c'est au coach d'arbitrer, de voir si Kurt est en
mesure de jouer. On a vu la dernière fois que Kurt est passé en CFA, ça lui
fait du bien aussi car il ne faut pas aller trop vite, il ne faut pas brûler
les étapes. Mais Kurt, de par son âge, mérite une attention particulière.
Quand aura-t-on la chance de revoir Alonso, Andreu et Perrin disputer un match avec les pros ? Où en sont-ils dans leur progrmme de reprise (Parasar) Je vais surtout parler d'Andreu qui est le plus prêt. Andreu réattaque avec moi ce lundi 12 décembre. Il fera deux semaines avec moi. La première semaine de janvier il va réattaquer avec le groupe mais sur une forme non contact. Il reprendra l'entraînement normal aux alentours du 10 janvier. Si on lui laisse trois ou quatre semaines pour se préparer, il jouera son premier match début février. Quant aux autres, je ne vais pas m'avancer. Je crois qu'on a annoncé mars ou avril pour Loïc d'une part, et pour Alé d'autre part. Alé étant celui qui, au départ, réclamait le plus de temps car il avait eu une blessure beaucoup plus sérieuse. Après, il faut voir les différents temps de passage. Alé réagit relativement bien au travail, on est assez optimiste mais il ne faut pas brûler les étapes. C'est comme Kurt, l'enjeu c'est d'en faire un très bon professionnel, c'est pas qu'il performe à 17 ans et n'ai plus rien dans les godasses à 20 ans. Avec nos blessés c'est pareil, s'il faut respecter sept ou huit mois avant qu'ils soient à nouveau opérationnels, on les respectera. Loïc a repris la course cette semaine [ndp2: entretien réalisé le 9 décembre]. Là aussi, on est vraiment très content de la prise en charge de nos blessés. Les trois vont super bien. Mais c'est pas pour autant qu'on va aller trop vite. On peut rassurer les potonautes, ça va vraiment très bien. L'erreur serait de vouloir aller trop vite. On suit des protocoles qui sont au moins de six mois pour chacun des joueurs. On parle de joueurs, Yoann et Loïc, qui ont quand même eu pas mal de soucis de santé. Si on doit perdre quinze jours, on perdra quinze jours.
Est-ce que tu redoutes les effets de la CAN
sur la condition physique des joueurs concernés. As-tu déjà en tête un
programme spécifique à appliquer dès leur retour à Sainté ? (Aloisio)
Je n'ai pas spécialement réfléchi au programme, par contre il est
clair et certain que la CAN peut avoir des effets sur les organismes car elle
est disputée en ambiance chaude voire très chaude, sur des terrains pas
toujours excellents. Donc ça peut marquer les organismes, ça peut les
"sécher". Si pendant quatre semaines nos joueurs sont exposés à
35°C comme nous on peut l'être en juillet, ça a quand même des effets sur
notre corps. Si tout de suite dès leur retour ils enchaînent avec des
terrains gras et qu'il fait -2°C ou -3°C, c'est compliqué, la transition
est difficile. Sans parler des risques de maladie, parce que des gars peuvent
très bien revenir avec une fièvre jaune comme ça a déjà été le cas avec
certains joueurs. Généralement, le protocole qu'on fait, c'est de compter au
plus près le nombre de matches, le temps de jeu exact. On a une idée semaine
par semaine du nombre de séances qui sont faits par les mecs là-bas. On les
a au téléphone ou par e-mail. Quand ils arrivent, on fait un premier check
avec le médecin. On procède à toute une batterie de tests, on regarde dans
quel état ils sont par rapport à ce qu'on connaissait d'eux à leur départ.
Bien sûr on les interroge, on leur demande comment ils se ressentent. Après
on adapte. S'il faut laisser trois ou quatre jours à un gars pour récupérer,
bien sûr on le fera car on sait que c'est un coût nécessaire pour les
avoir dans un meilleur état quelques jours plus tard.
Est-ce que tu t'intéresse à la préparation
physique d'autres sports. Es-ce que tu t'en inspires ? Si oui lesquels et pour
quel type d'exercice ? (yanik17)
On a des métiers qui sont très différents parce qu'on a des
rythmes de compétition qui sont différents et des qualités nécessaires qui
sont différentes selon les sports. On ne s'entraîne pas de la même façon.
Pour autant, on entraîne tous des corps humains. Moi je me sens tout à fait
capable de me plonger dans le rubgy de haut niveau. Je parle du rugby car
c'est un sport collectif. J'aurai plus vite fait la transition que si je dois
entraîner du patinage. Par contre, ça exige que je me fonde complètement
dans ce qu'est ce sport à haut niveau. Là il va falloir lire tout ce que je
peux lire, su les exigences physiologiques, sur le coût des matches, sur le
nombre de matches, etc. Une fois qu'on a défini l'exigence de ce sport, les méthodes
d'entraînement, celles-là, sont assez généralistes. d'un e manière générale,
pour entraîner la vitesse, les meilleurs sont les sprinters. Pour entraîner
l'endurance, les meilleurs sont les spécialistes de l'athlétisme. Pour entraîner
la force, les meilleurs sont les haltérophiles. On est tous allé piocher
dans ces méthodes-là. Après on a adapté ça à nos différents sports. On
a tous une formation assez poussée quand même dans ces sports-là.
Moi j'ai entraîné dans l'athlétisme au niveau mondial. J'ai eu la
chance de côtoyer des spécialistes du 3000 mètres, du 1500 mètres, des médaillés
olympiques. Cela me fait une expérience relativement solide. J'ai eu la
chance d'entraîner un champion du monde de triathlon pendant sept ou huit
saisons. Je pense vraiment que c'est majeur car ça élargit un petit peu le
panel de compétences dont on a besoin, la connaissance du corps humain. Les
triathlètes arrivent à s'entraîner au moins 30 heures et jusqu'à 50 heures
par semaine ! Quand on a affaire à de tels athlètes, on s'apercoit
de ce qu'est capable de faire le corps humain. Nous, nos footballeurs s'entraînent
beaucoup moins car les impacts dûs à ce sport les cassent. Ils ne se cassent
pas par la fatigue physique mais par les impacts, les changements de
direction. Tac ! ça fait casser le muscle. Quand sur ces
changements vous prenez un coup, ça amplifie les douleurs et le temps de récupération.
Je pense vraiment qu'on s'enrichit nous les préparateurs physiques de voir ce
qui se passe dans d'autres disciplines. J'ai parlé du sprint car je pense
qu'on a affaire à des sprinters sur le terrain. Il faut connaître
l'endurance, en course à pied c'est encore mieux car le vélo est une autre
forme d'endurance, ce n'est pas tout à fait les mêmes techniques. Il faut également
connaître la musculation, car c'est une activité explosive certes mais de
force. Nos formations sont relativement bien faites car on balaye ces trois
domaines d'activité.
Quelle place accordes-tu à la muscu ? Tous
les joueurs doivent en faire ? (José)
La muscu, j'en fais faire le lundi, le mardi et le mercredi.
J'alterne entre le bas et le haut. Le bas est d'une importance majeure, j'en
fais surtout faire aux jeunes joueurs en période de développement. Je
n'impose pas ce travail aux joueurs plus âgés, sauf si c'est dans leurs
habitudes. Jérémy Clément a 27 ans, il n'a pas trop eu l'habitude de
faire de la musculation du bas, ce n'est pas moi qui vais lui dire "écoute
ce serait bien que t'en fasses pour être encore meilleur." J'estime qu'à
son poste ce n'est pas majeur. Comme c'est un profil endurant, ça ne va
pas bien se marier. Par contre, Lynel Kitambala, c'est un explosif, il n'avait
pas une très grosse habitude de la musculation, il en faisait un petit peu.
Je pense qu'il va être plus efficace à en faire davantage, c'est un
sprinter. On a pas mal de joueurs qui sont arrivés et n'avaient pas cette
habitude. Fabien Lemoine, Jérémy Clément, Lynel Kitambala, Jean-Pascal
Mignot. Progressivement ils prennent le pas, ils voient les autres faire,
ils voient les corps qui changent... Il se mettent progressivement dans
le moule d'en faire eux aussi. La musculation c'est important. La maîtrise
technique est de plus en plus entraînée, il y a des contacts de partout car
le ballon reste sur le terrain. Dans les contacts, il faut être capable de résister,
et pour ça, il faut être costaud.
Quid du dopage dann le foot ? Que penses-tu de la
suspicion de "potion magique" chez les sportifs espagnols ?
N'aurait-elle pas la même consistance que celle qu'on a suspectée du côté
du Rhône ? (le druide)
Il ne faut pas être naïf, je pense que le dopage dans le football
peut exister, c'est une certitude. Je pense quand même qu'en France c'est
compliqué. On est soumis à de tels contrôles que celui qui s'amuse à se
doper prend vraiment des risques. Nous on est vraiment suivi de manière étroite.
En début de saison, on fait un premier examen. On refait cet examen en
janvier. S'il y a des changements par rapport à l'année précédente, c'est
douteux. On se m'amuse pas à ça. Après les matches, sans être prévenus,
les joueurs peuvent se faire contrôler. Toutes les semaines ont est tenu de
dire à quelles heures et à quels jours on s'entraîne car on peut avoir des
contrôles inopinés à l'entraînement. C'est arrivé deux fois la saison
dernière. Un contrôleur arrive, il tire au sort les joueurs. Tout ça est
bien structuré. La France, franchement, c'est le pays qui a poussé ça à
l'extrême. Je peux imagnier que des joueurs à titre individuel prennent ce
risque là, mais de manière institutionnelle et collective, ça me paraît
compliqué. Qui nous dit que demain après Caen il n'y aura pas un contrôle ?
Les dopés peuvent prendre des substances nouvelles qui
ne sont pas détectées lors des contrôles... (José)
Bien sûr qu'il y a des possibilités mais c'est hyper coûteux. On
n'est certes pas dans un milieu dépourvu de potentiel financier, mais bon...
Je crois que dans les clubs, le tri est fait pour ne plus avoir affaire qu'à
des athlètes de très haut niveau. Ils sont d'une part hyper forts dans les
aspects techniques et tactiques, mais également physiquement. Je pense à
Blaise Matuidi. Certes il s'est blessé le pauvre, mais ce n'est pas lui faire
injure que de dire que physiquement, c'est une bête. Lui il est capable
d'enchaîner les matches à très haute intensité. Il fait partie de ces
joueurs qui ont un corps capable de supporter sans problème 50 matches par
saison. Nous on a des gars qui sont capable de n'en faire que 35,
parfois encore moins, 25. Il ne sont pas à égalité.