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L'importance de la préparation par Thierry Cotte
Source : Site Poteaux Carrés 

Vendredi 8 juillet  2011

Apprécié aussi bien par le staff que par les joueurs, Thierry Cotte entame sa sixième saison à l'ASSE. Dans une intéressante publiée hier par le site Football Mag, le préparateur physique des Verts explique l'importance de cette période d'avant-saison. Extraits.

 "La mission est d’adapter la somme de travail à l’état physique du moment d’un joueur pour qu’il soit dans une forme optimale. Tout en ne perdant pas de vue que la forme optimale des joueurs ne dépasse pas six semaines de rang. Notre travail, c’est donc d’anticiper la fatigue et de limiter la variation de la forme.

 Les préparateurs physiques s’affairent, autant que possible, à quantifier individuellement la charge de travail d’un joueur, donc je vais vous donner un exemple pour illustrer l’importance de la préparation physique d’avant-saison. Si l’un de nos joueurs est décalé de trois semaines dans son programme d’avant-saison, il faut galérer jusqu’au mois de décembre pour réussir à récupérer le retard accumulé sur le groupe via du travail supplémentaire après chaque séance collective. C’est incroyable. Il faut donc cinq mois de boulot pour revenir sur la charge de travail fournie par les coéquipiers en trois semaines.

 Pour la pré-saison, je ne suis pas seul car j’ai le soutien du préparateur physique habituellement en charge du centre de formation, et puis j’ai de toute façon la chance d’entamer ma sixième saison de rang à l’AS Saint-Etienne, ce qui fait que je connais bien les joueurs. Pour la reprise, par exemple, le seul nouveau pour moi était Florent Sinama-Pongolle. C’est un avantage considérable pour ma mission quotidienne. Ça me facilite ma tâche et tout le monde peut constater qu’il n’y a jamais une séance identique à l’entraînement.

 On part sur une trame collective pour le groupe puis on réagit aux réactions et à la forme de l’un ou l’autre, ce qui fait qu’au final, il y a sept ou huit séances différentes le même jour, entre ceux qui ne terminent pas un exercice, qui doivent en éviter certains, aller aux soins, ou au contraire en faire plus, … Après, à Saint-Etienne, j’ai aussi la chance d’avoir une direction qui accorde un budget important à la préparation physique, ce qui nous permet de bénéficier de technologies de pointe dans plusieurs secteurs. Par exemple, en cette période de préparation, deux fois par semaine, nous réalisons des tests de fatigue qui nous permettent d’avoir une vision encore meilleure de l’état des joueurs et de leurs réactions.

 Moi, je travaille sur trois mois. Il y a un gros travail abattu sur les six premières semaines mais je continue ensuite jusqu’à la fin du mois de septembre…  Dans la véritable période de pré-saison, c’est-à-dire sur cette fameuse période de six semaines, il faut angler le travail sur l’endurance, c’est la qualité qui se perd le plus vite chez un footballeur. Là, j’emploie un terme générique, mais c’est la capacité à soutenir la même intensité pendant longtemps. Au moment de reprendre l’entraînement après la coupure des vacances, un joueur peut tenir 55 minutes sur le même rythme au lieu des 90 minutes initiales, donc il faut travailler fort dans ce domaine, car si c’est ce qui se perd le plus vite, c’est aussi ce qui est le plus dur à reprendre… Sur les deux dernières semaines de préparation, qui précèdent l’entrée en lice en compétition officielle, on passe à un travail sur la vitesse, l’explosivité, la puissance aérobie et sur la répétition des efforts.

 Pour ma part, en cette période, je prévois trois séances de musculation traditionnelle par semaine. Et je dirai que 90% des joueurs actuels travaillent le haut de leur corps… Il n’y a guère que les plus anciens qui ne le fassent pas, ceux qui sont un peu de la vieille école.  Et encore, à Saint-Etienne, nous avions Christophe Landrin l’année dernière qui, à 33 ans, était toujours en salle de musculation. Les gars ont compris que, dans le football moderne, les jambes ne suffisent plus. Il faut un super gainage des abdominaux et être costaud pour résister aux poussées et aux tirages dans les duels.

 Un stage en altitude est efficace, ou plutôt optimal, à la condition que le temps passé en altitude soit suffisant… Il faut réussir à placer ce stage à un certain délai de la reprise de la compétition et c’est généralement incompatible, dans le football, avec les matches amicaux de préparation. Ça a du sens dans les sports individuels mais moins dans le football. Aucune équipe ne va s’amuser à aller faire un stage en altitude trois semaines avant de reprendre le championnat car, à cette période-là, il faut faire des matches amicaux, qui sont eux à éviter en altitude. Mais il y a d’autres avantages à aller en altitude. Avec les Verts, nous sommes actuellement à 1000 mètres d’altitude, au Chambon-sur-Lignon, pour notre stage d’avant-saison, ce qui nous permet de bénéficier de températures moins élevées, donc de récupérer plus vite, de mieux dormir, et de mieux nous entraîner. Par contre, les effets sur la qualité de notre sang, puisque l’altitude permet de fabriquer plus de globules rouges, sont moindres car il faudrait aller plus haut et y rester plus longtemps.  Idéalement, pour dix mois de compétition, nous devrions partir quinze jours en altitude sur les semaines 3 et 4 de la préparation avant de digérer,  récupérer et entrer en affûtage semaine 5 et 6, soit juste avant le retour à la compétition. C’est donc incompatible avec les calendriers du football.

 La réalité du sport de haut niveau, et du football en particulier, c’est qu’un entraîneur peut être débarqué toutes les six semaines donc on a intérêt à se remettre perpétuellement en question.  On se réunit toutes les semaines, on se pose des questions, …  Par exemple, depuis notre reprise il y a huit jours, un joueur a déjà raté deux jours d’entraînement, on s’est déjà posé des questions pour savoir où on avait raté quelque chose. Pour lui, la saison prochaine, certains éléments de travail ne seront pas au programme."