Souvent moqué pour ses qualités techniques, la Ligue 1 pensait avoir dit adieu à Brandão après le non-renouvellement de son contrat à l’Olympique de Marseille. Annoncé un temps à Ajaccio, c’est finalement l’AS Saint-Etienne qui a recruté l’attaquant brésilien. Christophe Galtier obtient ainsi le joueur au profil athlétique qu’il recherchait.
Naturellement, les amateurs de prouesses techniques et de dribbles chaloupés ne seront pas forcément ravis par ce recrutement. Mais comme le football ne se gagne pas qu’avec des habiles magiciens du ballon rond, l’AS Saint-Etienne se réjouit déjà de sa nouvelle recrue. Brandão est un personnage atypique, qui se nourrit d’une foi inébranlable et paie souvent ses origines brésiliennes qui ne collent pas à son profil d’attaquant scandinave. Recruté en janvier 2009 par l’Olympique de Marseille, il s’est imposé dans un premier temps dans l’équipe dirigée par Eric Gerets avant d’être un pion souvent mis en avant par Didier Deschamps. Toujours jugé utile par ses entraîneurs, Brandão espère à présent rendre la confiance que lui apportent les Verts.
Moins de vitesse, plus de présence
Dans son effectif, Christophe Galtier possède de
nombreux éléments offensifs ayant pour qualités premières la vitesse, la
vivacité et la percussion. Après les départs de Florent
Sinama-Pongolle et Boubacar Sanogo, Saint-Etienne
compte naturellement sur son meilleur buteur la saison dernière, Pierre-Emerick
Aubameyang (16 buts en Ligue 1), pour faire parler la foudre.
Cependant, derrière lui, Lynel Kitambala est loin de faire
l’unanimité et pourrait partir alors que les jeunes Kevin Mayi,
Idriss Saadi et Danijel Aleksic n’ont pas
encore la carrure pour être une alternative crédible durant toute
une saison.
La saison dernière, si l’ASSE a souvent évolué en contre-attaque, les
Verts ont surtout cherché à rapidement se projeter vers l’avant : 57,2%
de possession dans son camp en moyenne en 2011/2012, seulement 42,9% dans le
camp adverse et 20,4 centres en moyenne par match (deuxième plus haute
moyenne derrière Valenciennes). Il ne faut toutefois pas oublier que
sur les 16 buts inscrits par Aubameyang, 11 ont été inscrits à l’extérieur
et 3 de ses 5 buts marqués à domicile l’ont été contre Lorient,
équipe plutôt joueuse peu importe le lieu.
Saint-Etienne veut également prendre des points lorsque l’équipe adverse se contente d’un match nul et espère marquer sur un contre ou un coup de pied arrêté. Face à des équipes plus huppées, il faut également avoir un plan B pour peser sur la défense et permettre justement à ses autres joueurs offensifs d’avoir de l’espace et un temps d’exécution plus élevé. Brandão est typiquement un joueur dont le travail de sape n’est que peu visible. Un travailleur de l’ombre donc, dont on a plutôt l’habitude de parler quand cela concerne un milieu défensif, qui fixe les défenses adverses par son gabarit, son pressing à la perte du ballon et son physique imposant. Il ne faut en revanche pas compter sur lui pour évoluer en contre, il ralentira le jeu plus qu’autre chose. L’entraîneur stéphanois recherchait justement ce type d’attaquant pour compléter ses armes offensives. Il peut ainsi passer à deux attaquants quand Saint-Etienne a besoin de marquer et de faire le forcing comme il l’a expliqué il y a quelques jours, avant la signature de Brandão : « Je cherche un joueur au profil athlétique, ayant de l’envergure et aussi un rendement important face au but, pouvant peser et faire basculer toute une défense adverse. A ce jour, j’ai bien une quinzaine de noms répondant au portrait-robot de l’attaquant souhaité, qui pourra également nous permettre de passer en 4-4-2. »
Brandão pour passer un cap
Les supporters stéphanois ne s’attendront sans doute pas à un renard
des surfaces capable d’inscrire une dizaine de buts en championnat. Il est
vrai que Brandão n’a jamais eu comme qualité première d’être
un buteur redoutable. Depuis son arrivée en France, il a participé
à 116 matchs pour 33 buts inscrits (un but tous les 3,52 matchs), la
statistique en Ligue 1 est moins flatteuse avec 17 buts en 82 matchs, soit
un but tous les 4,82 matchs. Encore une fois, ce n’est pas le nombre de
buts qui importe concernant l’attaquant brésilien, son activité
use la base arrière adverse et profite aux autres attaquants,
comme André-Pierre Gignac a pu en profiter sous l’ère
Deschamps.
Avant ses déboires extra-sportives, il était pointé du doigt car il
n’avait plus la même dépense d’énergie qui le rendait si utile
justement. Il court habituellement autant que les milieux récupérateurs
(il approche régulièrement les 13 kilomètres) et se bat sur chaque
ballon, quitte à commettre souvent des fautes. Il faut ainsi espérer pour
les Verts qu’il retrouvera cette même envie qui le caractérise
et fait sa force comme le décrit le président des Verts, Roland
Romeyer : « Tout le monde connaît les qualités de
Brandao. C’est un joueur qui ne ménage pas ses efforts, un guerrier qui
ne recule pas devant le combat. »
Finalement, Brandão est un joueur de coupe, plus particulièrement de Coupe de la Ligue puisqu’il a marqué 7 buts en 8 matchs dans cette compétition, avec notamment des réalisations décisives comme face à Toulouse en 2010 et contre l’Olympique Lyonnais lors de la finale en 2012. Il ne faut pas non plus oublier son but contre l’Inter Milan en Ligue des Champions qui a envoyé l’OM en quart de finale. Plus qu’un homme de coupe, Brandão est un joueur qui fait pencher la balance lorsque le duel est âpre et qu’il faut un homme providentiel pour être décisif. Son profil est également indispensable pour chaque équipe souhaitant jouer les premiers rôles en championnat. Même les équipes les plus joueuses comme le LOSC comptent dans leur rang un attaquant pivot qui peut faire office de point de fixation (Tulio De Melo). Avec Aubameyang à ses côtés ou seul en pointe, La Bête, comme il est surnommé, sera quoi qu’il arrive un élément important de l’équipe stéphanoise qui apportera ses qualités et ses défauts. En attendant un éventuel défenseur central dont l’ASSE aurait bien besoin, Brandão sera bien de retour sur les terrains de Ligue 1, avec ses pieds et ses coudes, prêt à en découdre.