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40 ans après, Dominique Rocheteau revient sur l'épopée des Verts

Source :  Site Poteaux Carrés

Mercredi 13 avril  2016

Dans "Glasgow 1976", livre de Denis Chaumier paru le 7 avril dernier aux éditions Hugo Sport, Dominique Rocheteau revient 40 ans après sur l'épopée des Verts. Extraits.

 "Il ne s'écoule pas un jour sans que des gens ne me parlent de cette période, dont certains gardent un souvenir précis, soit d'un match, soit d'une situation de jeu, soit d'un but. Ils ont été si nombreux à s'être identifiés à nous ! Pendant huit ans, j'ai défendu les couleurs du PSG, avec lequel j'ai remporté le premier titre de champion de France, en 1986, dans l'équipe de Gérard Houllier, mais c'est toujours Saint-Etienne qui captive, alors que, finalement, je n'y suis pas resté aussi longtemps ! Mais ça ne me dérange pas le moins du monde : j'ai la flamme verte.

 Saint-Etienne a marqué son époque en assurant une sorte de renouveau du football français après une longue traversée du désert. Le club a  réussi à remporter plusieurs titres consécutifs et s'est distingué en Coupe d'Europe, en accomplissant plusieurs exploits. Bien sûr, il restera à tout jamais ce goût amer d'une finale de Coupe d'Europe perdue.  Mais ce qui reste, pour le public, ce sont les émotions que nous lui avons procurées. Il y a évidemment une différence entre mérite de gagner et gagner… On ne refera pas l'histoire. 

L'Ajax était un modèle. L'Europe entière était admirative de cette équipe où tout le monde courait. On s'en est inspiré et on a essayé de se rapprocher le plus possible de son style de jeu, avec nos moyens. L'exemple le plus significatif, c'est celui de Patrick Revelli. Quand il jouait sur un côté, il multipliait les allers-retours pour défendre et attaquer. Mais il n'était pas le seul. Chez nous, personne n'était figé à un poste précis. Chacun bougeait et devait parfois sortir de son rôle. Avec nous, c'était : on presse, on s'impose, on joue haut.

 Notre principale qualité, c'était la solidarité. Nous avions pratiquement tous débuté ensemble, quelques saisons plus tôt. Et les trois ou quatre anciens qui étaient là ont parfaitement rempli leur rôle de guides. Jean-Michel Larqué et Hervé Revelli étaient parmi eux, bien sûr, mais je pense aussi à Georges Bereta, qui a été le premier lien entre l'ancienne génération et la nôtre. Il nous a appris à nous battre, à être solidaires. Mais, de toute façon, on avait ça en nous. L'envie constante de gagner nous a été inculquée par Herbin mais aussi par Piazza et Curkovic.

 Quand il y avait un problème, on était convoqués dans le bureau de Robert Herbin. Je me souviens d'une lourde défaite à Nancy ou à Metz. Une altercation avait eu lieu entre Herbin et Larqué, le premier reprochant au second de ne pas s'être battu. C'était rare. L'affaire avait été vite réglée. On vivait quasiment en communauté. Il existait une amitié, un respect mutuel entre les joueurs et beaucoup de considération pour les anciens. En cinq ans, je n'ai pas vu un incident entre joueurs, pas un ! Pas un problème !

 En Coupe d'Europe, on prenait les équipes à la gorge à Geoffroy-Guichard et puis on ne les lâchait pas. C'était notre force. Il fallait être au top physiquement. On axait beaucoup la préparation là-dessus. Les hivers étaient rudes et je me remémore encore les longues séances de ski de fond, pas toujours très agréables. Tous ensemble, avec le public qui nous poussait, on pressait, on pressait… Les gens étaient debout derrière les buts, ils formaient des vagues qui partaient de haut en bas quand on marquait. Je n'ai jamais ressenti de tels frissons ailleurs, sauf à Liverpool en 1977.

 Toute la France était verte ! Il y avait un côté fabuleux dans cette alchimie créée entre le pays et nous. Même les supporters adverses nous manifestaient leur sympathie et leur soutien. Quand on venait à Paris, tout le Parc des Princes prenait une coloration verte. Et le mercredi soir, quand venait la Coupe d'Europe, toute la France s'arrêtait pour nous regarder. L'engouement a été phénoménal. Saint-Etienne était l'équipe à battre. Mais on imposait le respect, même dans le sud, par exemple à Bastia, où ce n'était pas toujours facile. Quand je suis allé y jouer avec le PSG, j'ai senti la différence."