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Tarak Bouzaabia, médecin de l'ASSE se confie

Source :  Site Poteaux Carrés

Lundi 28 mars  2016

Médecin-chef à l'ASSE, Tarak Bouzaabia s'est confié sur le site du groupe mutualiste Eovi, sponsor maillot des Verts.

 "Régi par le médecin-chef qui pilote le suivi des 29 joueurs professionnels, le département médical est constitué d’un masseur et de deux kinésithérapeutes, dont un également ostéopathe. Nous travaillons à plein temps, sept jours sur sept. Une podologue vacataire intervient aussi chaque semaine.

Chaque matin au petit-déjeuner de 9 heures, les joueurs sont questionnés sur leur nuit. Le sommeil est indispensable à la récupération. Un déficit fait partie des causes de blessures. De 9h30 à 10 heures ils sont libres, puis voient leur coach jusqu’à 10h30. Suit 1h30 d’entraînement. Après quoi, des soins leur sont dispensés. La récupération passe par les bottes de pressothérapie, un drainage des jambes de 20 minutes. Mais aussi des massages, de la physiothérapie en cas de douleur ou encore de la kinésithérapie à l’aide d’ultrasons.

Nos joueurs font partie de l'élite. Leur physiologie supporte les contraintes du sport de haut niveau, délétères pour la santé. Les médecins interviennent en cas de lésions, principalement musculaires, mais aussi ligamentaires. Pour les suivre, notre département est équipé d’un échographe. Les traumatismes répétés ont des incidences : certains auront des prothèses à 40 ans. A l’AS Saint-Etienne, indépendant de la direction, le médecin est là pour prendre des risques calculés avec le joueur.

Les pros ont des seuils de tolérance à la douleur supérieurs à la moyenne, et font preuve d'une forte résistance mentale face à l'anxiété. C’est indispensable pour évoluer à haut niveau. Il faut compter 4 à 6 semaines pour un rétablissement en cas de problème musculaire. Bien souvent leur planning ne leur en octroie que trois. C’est dire si la blessure de l’un engage tous les autres. Elle pénalise le joueur mais aussi le groupe. D’où l’importance d’une reprise rapide, tenant compte du poste occupé. Un milieu de terrain, qui parcourt beaucoup de kilomètres, reprendra plus vite qu’un attaquant qui va sprinter. Les délais ne sont pas les mêmes.

Depuis un an et demi, le club a fait un gros investissement : les joueurs peuvent récupérer en chambre de cryothérapie. Ils y restent trois minutes, à moins 120 degrés. Ce procédé, très efficace, agit sur l’inflammation musculaire. Il favorise la détente et contribue à un meilleur sommeil. Après les matchs, les joueurs dorment souvent mal du fait des décharges d’adrénaline. Ils peuvent également prendre des cryobains, à moins 8 ou 9 degrés. Cette thérapie par le froid implique 20 minutes d’immersion jusqu’à la taille.

En cas de lésions, nous avons recours au plasma riche en plaquettes (PRP), un réservoir de facteurs de croissance, qui permet d’améliorer la cicatrisation et d’écourter les délais de reprise. Le sang prélevé est centrifugé, puis le PRP extrait est injecté dans la lésion. Interdite sur les muscles, cette technique fonctionne très bien sur les tendons et les ligaments. C’est au médecin d’évaluer le bénéfice-risque.

Sommeil, alimentation, récupération : la performance est multifactorielle. C’est aussi un état d’esprit qui passe par l’intégration au sein du club. Certains sont parfois déçus de ne pas jouer un match mais se sentent appartenir au groupe. D’autres le vivent moins bien. Il y a des blessures diplomatiques. Le médecin ne doit pas être dupe. Il a un rôle de psychologue et doit être au plus près de l’intimité du joueur, à son écoute. Nous sommes des mineurs de fond de la médecine. La seule reconnaissance qui compte est celle des joueurs."