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Les vérités de Christophe Galtier

Source :  Site Poteaux Carrés  

Samedi 13 août 2016      

L'Equipe du jour publie une longue interview de Christophe Galtier. Extraits.

 "Je ne suis pas dans n'importe quel club. Saint-Etienne est médiatisé, avec une forte pression et une grande attente. Il s'agit aussi du club de mon enfance. Mais je ne suis pas là pour battre des records. Je parle de départ à chaque fin de saison juste pour me poser la question de savoir si j'aurai encore l'énergie pour maintenir un niveau d'exigence et remplir un objectif européen. Après, on ne peut pas rester insensible à certaines sollicitations. L'automne dernier, j'ai failli aller à Aston Villa mais mes dirigeants ont refusé. J'ai compris leur position. C'est pour ça qu'il n'y a pas eu dix jours de discussion.

 Je ne regrette pas de ne pas être parti mais ne pas être resté insensible  à cette offre a révélé un mal-être. C'est ce qui m'a amené à aller plus loin dans l'approche de mon fonctionnement, avec des gens différents autour de moi. Je ne rêve plus spécialement d'étranger. Mon rêve, c'est que Saint-Etienne puisse concurrencer les trois premiers. A l'heure actuelle, je ne pense pas que ce rêve soit réalisable. Je vis ce constat d'impuissance comme une source de motivation. Peu de clubs peuvent donner cette liberté dans le travail et dans un tel engouement. Ça colle à ma personnalité, j'ai besoin de ça.

 Je ne redoute pas de faire la saison de trop, pas plus que je nourris la crainte de me voir débarquer par mes dirigeants. Je combats ce monde du consommable car il est prouvé, notamment dans le sport, que la stabilité et la continuité permettent d'obtenir des résultats. Peut-être deviendrai-je un entraîneur de "coups". Aujourd'hui, je ne m'inscris pas là-dedans. Je ne suis pas Dieu à Saint-Etienne. Les Verts, c'est une institution. Le club n'appartient pas à des joueurs ou à un entraîneur mais à ses supporters. Je perçois l'attente, j'entends les critiques.

 Quand tu obtiens des résultats au-dessus de tes moyens, le jour où ils correspondent à ton niveau, tu te retrouves chahuté à juste titre. La déception a amené la contestation. Peu importe qu'on ait gagné des matches de Ligue Europa et perdu des cadres sur le plan offensif la saison passée. Nos supporters sont dans l'instantané, pas dans l'analyse. Je comprends qu'ils ne supportent plus la pauvreté du jeu proposé. Je ne sais pas si on va y arriver mais on doit jouer plus. Plus tu prends du plaisir à jouer, plus tu auras de victoires. On doit entreprendre et répéter, surtout ne pas arrêter d'oser après avoir raté.

 Après une progression linéaire depuis sept ans, je crains de me retrouver un jour dans le dur, et cela m'évite de tomber dans la routine. Un exemple marquant : Jürgen Klopp. Ce grand manager a eu des résultats extraordinaires pendants quatre ans avec Dortmund et, d'un coup, ça s'est arrêté. Tout ce qui a amené le succès n'a plus fonctionné. Cela me pousse à chercher sans cesse ce que l'on doit faire pour éviter de tomber dans une telle spirale. Un entraîneur doit être continuellement en éveil.

 Je ne me sens pas du tout gagné par un sentiment d'usure. J'arrive à bien me ressourcer pendant les vacances et à améliorer chaque année le mode de fonctionnement. L'arrivée de René Lobello, doté d'une expérience de numéro un et d 'un gros vécu de numéro deux en France ainsi qu'à l'étranger, m'offre une approche différente. J'ai également souhaité qu'Eric Blondel, un ancien sportif, devienne team-manager. Je lui délègue l'extra-sportif. Les joueurs ont besoin d'être entourés et d'évoluer dans un climat de confiance. A cela s'ajoute une aide extérieure. Depuis un an, j'ai pris un préparateur mental. Il n'est pas du tout footeux, il ne sait même pas taper dans un ballon.

 On s'appelle, on se voit. La question est : comment arriver à rester lucide et s'organiser au mieux dans sa tête ? Parfois, on prépare aussi mes échanges avec les joueurs. Il m'aide à les amener dans des axes de travail pour les rendre les plus performants mentalement. L'entraîneur n'est pas formé à ça, il n'a pas les clés. Depuis le début des JO, j'entends la plupart des athlètes parler de préparateur mental. Mais en France et dans le foot, peu sont là-dedans. Si mon métier me bouffe moins, c'est peut-être que je l'aborde différemment. J'ai également arrêté de fumer. Je m'astreins à un léger régime alimentaire. Surtout, je me dépense à vélo."