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Le onze des affaires Source : Site Les Cahiers du football |
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Jeudi 8 septembre 2016 |
Les crises sont burlesques à l’OM, tragiques au PSG, sans saveur à l’OL. L'ASSE réunit tous ces ingrédients. De Mekloufi à Piquionne en passant par Keita, Alex ou... Ferrara, découvrez le "onze" des scandales, affaires et faits-divers verts.
Le onze des affaires
Maxym
Levytsky, le Grec frit
Juin 2000. sixième du championnat, l’ancien promu cherche un gardien à la
hauteur de ses ambitions. Alonzo est jugé pas assez fiable, Janot trop petit.
L’eldorado est à l’est, la perle arménienne se nomme Roman Berezowski.
L’affaire semble réglée, (signée?). Mais – prétentions financières
excessives? Impossibilité d’obtenir un passeport communautaire? –
Berezowski ne viendra pas. À sa place, un "futur grand" ukrainien,
au moins par la taille: Maxym Levitsky, 1m91.
Tout à sa joie de vivre à l’ouest, le grand échalas blond se roule par
terre de joie à chaque but marqué. La vie est tellement belle qu’il se
trouve des ascendants grecs. Mais bientôt les ennuis s’annoncent.
ASSE-Lille, sur une passe en retrait, le portier stéphano-gréco-ukrainien
shoote le ballon sur le dos de l’attaquant adverse. But par ricochet, comme
au baby. En décembre, dans la foulée des deux "Portugais" Alex et
Aloisio, son passeport s’avère faux, l’affaire éponyme éclate.
Finalement, Alonzo ou Janot, c’était pas si mal.
Javier
Garrido, l'erreur de casting
Malhonnête? Fêtard? Non, c’est son incompétence professionnelle conjuguée
à l'espérance suscitée par son CV qui est, en soi, scandaleuse. Javier
Garrido est quasi titulaire au FC Valence vainqueur de la Coupe de l’UEFA
2004. Beaucoup d'attentes, donc, mais des premiers matches décevants. Il est
vite repéré par les adversaires: "Les gars, on joue sur leur côté
droit, ils ont comme un problème par là". Et le jardinier de Geoffroy
Guichard, inlassablement, d’effacer la trace du passage des ailiers gauches
visiteurs.
Il est remplacé (enfin) et avec succès par un coiffeur qui se morfond depuis
trois ans sur le banc: Fousseni Diawara. Récemment, un participant du forum
"En vert et contre tout" a cru lire un buteur nommé Garrido en Liga.
Il s’agissait d’un homonyme. À coup sûr, un futur grand d’Espagne.
Bernard
Bosquier, le précurseur
Bosquier, ou le premier scandale du foot moderne (business?). Jusqu’en 1969,
un joueur appartient à son club jusqu’à 35 ans. Le président décide de
le garder ou de le transférer. Changement durant l’année érotique: les
contrats de travail deviennent des contrats à durée déterminée. Le sien,
à Bosquier, expire à la fin de la saison 1970-1971. L’ASSE va remporter
son cinquième titre mais Marcel Leclerc lui offre les kilos de francs
marseillais. Et le soleil, la mer, autre chose que Sainté quoi.
Avec son coéquipier Georges Carnus, Bosquier accepte.... avant la fin de la
saison. Fureur du président Rocher. Pas de chance, les Verts perdent bêtement
contre Bordeaux, une rencontre largement à leur portée où les deux traîtres
n’ont pas été à leur avantage. Rocher les fout dehors malgré l’avis de
Batteux et des joueurs. Coup de sang funeste. L’ASSE perd le championnat au
profit de l’OM. L’équipe est cassée, elle finira sixième la saison
suivante, sans envie, sans saveur.
Georgi
Dimitrov, le Brandon du 42
Après deux ans de purgatoire, les Verts remontent dans l’élite en 1986.
Les anciens tauliers reviennent. En attendant Herbin en 1987, Garonnaire est déjà
là, depuis 1985, lui et ses filons. Ceux-là seront bulgares: Slavkov en 10
et Dimitrov en 5. La première saison est convaincante, la défense de fer
permet à l’équipe de se maintenir chaud les marrons.
Comme Brandon dans Beverley Hills,
Dimitrov est irréprochable dans un premier temps et comme Brandon dans Beverley
Hills, il se met à picoler sévère après. Mais pas chez lui comme
tout alcoolique local, ni dans les rades matinaux. Non, ce nouveau riche fraîchement
désoviétisé succombe aux sirènes occidentales des établissements de nuit.
Pour mieux se faire ramasser quand la moutarde vinaigrée lui monte au nez.
Les bruits courent, la presse en fait écho dans les faits-divers. Finalement,
il est vite remplacé par une jeune pousse du centre de formation, Pierre Haon.
Un défenseur sobre.
Vladimir
Durkovic, la tragédie
On l’a dit et répété dans le magazine, les latéraux sont à Saint-Étienne
des gens laborieux, droits et honnêtes. Si Durkovic a sa place ici, c’est
en raison de la cruauté du destin. Il joue ici à gauche pour le bien de l’équipe
car le décalage à bâbord de Garrido aurait été dangereux pour la sécurité
des spectateurs de Geoffroy-Guichard.
Dans la magnifique équipe de Batteux, au milieu des manieurs de ballons,
c’est lui qui rappelle à tout le monde que l’important, c’est la gagne.
À l’entraînement, Keita le prend pour un fou. Car on ne passait le rugueux
Yougoslave qu’une seule fois… la seconde tentative pouvant se solder par
une fracture. À la fin de la saison 1970-1971, il part jouer à Sion. Là, il
trouve bêtement la mort, tué à la sortie d’une boîte de nuit par un
policier ivre… Une allée proche du stade porte son nom.
Borisio
Ferrara, la recrue recuite
Juin 2006, Baup plie bagages ainsi qu’une partie de l’effectif. Zokora
part à Tottenham, Hellebuyck à Paris, Perrin court sur une jambe. Le milieu
se dépeuple. Le 18 juillet, une rumeur naît sur un forum Internet. La Gazzetta
dello Sport annonce le prêt de Borisio Ferrara, milieu de terrain de
Livourne. Ce numéro 6 est un milieu récupérateur qui prend comme modèle
Gennaro Gattuso. Détail amusant, il porte un tee-shirt du Che sous son
maillot. Le 21 juillet, France Football insiste
sur l’intérêt de l’ASSE pour le joueur. Son arrivée paraît d’autant
plus possible que morefoot.com puis maxifoot.com
en parlent sur leurs pages. Enfin, signe que le n°6 est attendu incessamment
à l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon, le très sérieux But-Saint-Étienne
s’en fait l'écho.
Évidemment, ce joueur n’existe pas, cette farce de deux amis a grossi telle
une boule de neige dans Tintin au Tibet.
Sur le coup et comme avec la vraie-fausse interview de Ribéry, France
Football se fourvoie dans une affaire bidon.
Georges
Bereta, l'histoire manquée
C’est l’enfant du pays, le gamin de Montreynaud, quartier qui surplombe le
stade. Il entre au club à onze ans. Il débute dans l’équipe pro à vingt
ans et est champion de France de suite. Musculeux, puissant, doté d'un un énorme
pied gauche, Bérète fait des misères à son adversaire direct. Révélé
sous Snella, magnifique sous Batteux, il devient capitaine sous Herbin. Sans
compter l’équipe de France. À l’automne 1974, les Verts sont enlisés
face à Split. Défaits 1-4 à l’aller, ils sont tenus en échec 1-1 à la
mi-temps. 4-1 en prolongations, coup franc forézien. Bérète est le tireur
attitré mais, épuisé, apostrophe Triantafilos: "Tintin,
tire-le ce coup franc nom de Dieu!" But et début de l’épopée
verte sans le chouchou vert.
Quelques jours après, Rocher lui laisse le choix: soit tu restes mais je ne
te prolongerai pas, soit un beau contrat marseillais t’attend. La mort dans
l’âme et la rancune tenace, Bereta assure ses arrières à 29 ans et prend
l’A7 direction le sud. Kiev, Eindhoven, Glasgow se feront sans lui.
Rachid
Mekloufi, le fils prodigue
Le jeune Rachid part à quatorze ans de sa campagne algérienne pour les
usines vertes. Il est des premiers succès avec les N’Jo Léa, Tylinski,
Abbes: jeu rock'n'roll, coupe Drago et championnat de France 1957. L’icône
verte et bleue est sensible à la guerre d’Algérie: depuis la Toussaint
rouge du 1er novembre 1954, son département d’origine veut l’indépendance.
Entre la France et l’Algérie, il choisit et disparaît clandestinement dans
la nuit du 12 avril 1958. Il ne prend pas les armes parmi les fellaghas, mais
intègre l’équipe de football du FLN, l’équipe nationale avant
l’heure.
Avec elle, il fait le tour du monde des pays "amis": les états d’Europe
centrale, l’Egypte, l’Inde, le Vietnam, la Chine. Côté foot, il
n’apprend rien, mais il découvre l’humanité. "J’ai
vu la misère, des gens qui mouraient de faim, des enfants anormaux, des
familles sans abri. Ce que j’ai vu, je ne peux l’oublier".
Après les accords d’Evian du 19 mars 1962, il rejoint Jean Snella au
Servette. En décembre, Rocher vient le chercher. Il accepte la proposition.
Lors de la réception de Limoges, à l’heure de l’entrée des joueurs, une
rumeur folle court: "Mekloufi est
revenu". Quelques arabesques, deux buts et une victoire plus tard,
Mekloufi redevient la coqueluche de Geoffroy-Guichard, quatre ans après sa
fuite.
Salif
Keita, le voyageur
La perle noire arrive en France et déjà, la légende est en marche.
Garonnaire monte à Paris l’accueillir à l’aéroport. Retard? Imbroglio
sur le bon terminal? Toujours est-il que personne n’est là pour le jeune
Malien. Il hèle alors un taxi pour… Geoffroy-Guichard. Charles Paret ne
regrettera pas d'avoir réglé la course. Keita empile les buts et rend fou
ses adversaires.
En 1972, un an après Carnus et Bosquier, Leclerc sort les biftons pour lui.
Rocher est furieux. Salif va partir mais ne s’en tirera pas comme ça, foi
de président. Le contrat de Keita à Sainté comporte des irrégularités, il
le sait, il l’a signé. Il le dénonce au Groupement (la Ligue d’alors),
quitte à en prendre aussi pour son grade. Bilan: amende pour les Verts,
suspension pour le joueur. Ironie du sort, son retour sur le terrain coïncide
avec un ASSE-OM: deux buts et un bras d’honneur en direction de la tribune
présidentielle.
Alex,
une cassette et des boîtes
Une cassette VHS de mauvaise qualité. Sur l’écran, un attaquant régale:
José Aloisio, fort comme un taureau, agile, puissant, efficace. Soler et
Nouzaret le veulent et prennent aussi son pote Alex, pas manche non plus et
qui facilitera l’intégration du José. Si la méthode paraît relever
d’un inquiétant amateurisme, ce double transfert est un coup de génie. Le
taureau de Goias met d’entrée Barthez au pli. Alex est quelconque et ne
joue pas. ASSE-Nancy, 0-1, l’équipe tourne en rond. Nouzaret tente le coup
et lance Alex. L’artiste fait le reste. Ce soir-là, le foot défie les lois
de la gravité. Génie sur le terrain, artiste dans la vie, Alex – 27 ans, célibataire
sans enfant (ça craint quand on est footballeur) – additionne les kilos au
retour des vacances et multiplie les sorties nocturnes.
Fan de généalogie, son agent lui trouve des origines portugaises au début
de sa seconde saison verte. Les ennuis arrivent avec les premières rumeurs
sur la validité du passeport. Aulas sort les menaces le soir du derby, le
joueur sort du groupe, officiellement pour départ imminent au Betis. Quand
l’affaire des faux passeports éclate, Alex est suspendu. Le club, délesté
de sept points (avant de les récupérer), descend. Bompard avait juré: "Plus
portugais que ces passeports, tu meurs".
Frédéric
Piquionne, le Spartacus du Forez
Baup le récupère à Rennes où, après avoir éclaté, il essaie d'éclater
les spectateurs. En dépit d’une certaine maladresse dans la surface de vérité,
Piq devient un joueur clé du dispositif baupien. Usant l’adversaire,
puissant dans les duels, concerné par le repli défensif, l’attaquant
rapporte des points. Malgré cela, les Magic Fans, exaspérés par le laisser
aller général à la fin de la saison 2005-2006 (et par son coup de boule sur
un des leurs), sortent une banderole vengeresse: "Piquionne,
arrête de tuer les oiseaux".
Suivant le conseil, le joueur sort une troisième saison en béton. En décembre,
Houllier dit le vouloir, Aulas lui monte le bourrichon, l’affaire tourne au
clash – quasi physique avec Romeyer. Se confiant à un journaliste local, il
s’estime traité comme un "esclave". Spartacus entame alors un
bras de fer avec César Romeyer. Là où Kirk Douglas finit pieds et poings liés,
notre héros échappe à sa condition en rejoignant un bout de rocher où règne
un prince. Geoffroy-Guichard attend son retour avec impatience.
John
Toshack, l'intérimaire gourmet
Cet ancien de Liverpool 77 remplace le Nouz’ en octobre 2000. Changement
d’ambiance, on ne danse plus dans les vestiaires, et l'on s’habitude aux
soufflantes d’un Gallois ventru qui a décidé que tout le monde s’entraînera
en maillot et short sous les frimas foréziens. Le régime est dur pour les
autres, bien moins pour lui. Le club le loge (et le nourrit) à La Poularde,
établissement étoilé de la plaine du Forez qui pratique des tarifs
prohibitifs.
Effrayé par l’ampleur de l’affaire des faux passeports et malgré un net
regain sportif, le fin gourmet prend la fuite (avec sa voiture de fonction) du
côté de San Sebastian, région plus chaude et sans doute pas moins
gastronomique.
Roger
Rocher, la fin dans une caisse
Difficile sélection. Vernassa, Bompard, Soler, Caïazzo ou Romeyer auraient
pu prétendre au fauteuil. Roger Rocher reste le plus fort. Des gueulantes,
des prises de bec, des décisions prise sous la colère, des coups de poings,
un caractère de cochon ont forgé de beaux faits d’armes. Mais le chef-d’œuvre
reste la caisse noire cachée dans la cave de la maison verte.
Le principe: récupérer un certain pourcentage des recettes versées en
liquide et les placer bien au chaud en bons anonymes. Le but est de se
constituer une réserve d’argent frais pour des joueurs de plus en plus
gourmands, bien à l’abri de toute imposition. Billetterie, boutique des
Verts, bistrot des Verts approvisionnent la caisse.
Illégale, l’existence de la petite boîte noire transpire au sein du club
comme dans les hautes sphères de foot français. Le 1er avril 1982, la presse
annonce des frictions au club. Pire, Rocher démissionne le 17 mai. En
juillet, la nouvelle direction alerte la justice sur les comptes dissimulés
du club. L’affaire de la caisse noire démarre. Tout le monde morfle, à
commencer par l’ASSE qui ne s’en est jamais remise et Rocher, qui fête
son 64e anniversaire derrière les barreaux lyonnais (!).