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Roland Romeyer a reçu les supporters à La Divette, bar de Montmartre à Paris

Source :  Site Poteaux Carrés

Jeudi 8 septembre 2016

A la Divette, fief de nombreux potonautes franciliens, Roland Romeyer a évoqué brièvement l'actualité de l'ASSE avant le match contre le PSG.

Le mercato

"On a eu des grands joueurs à Saint-Etienne. Parmi eux, on a eu Bill Domingo, qui est resté 16 ans à l'ASSE. 16 ans ! Maintenant, les joueurs, quand ils viennent à Saint-Etienne et qu'on les prend en photo, ils mettent la main sur le cœur. Quand ils vont marquer un but, ils embrassent l'écusson. Mais si vous leur proposez un gros chèque, ils vont aller ailleurs. Je peux vous dire qu'on a vécu un mercato difficile. Il y a certains joueurs que le staff ne voulait pas conserver parce qu'il arrive un moment où il faut franchir un palier, essayer d'avoir des joueurs qui soient plus performants. On voulait se séparer de certains joueurs. Ça a été compliqué, ils ne sont pas tous partis d'ailleurs.

 Y'en a d'autres qu'on voulait conserver mais comme on avait des propositions qui étaient intéressantes d'autres clubs, ils voulaient partir ! Moi je vous le dis, il n'y a plus l'amour du maillot. On est en 2016. Moi, l'argent, ce n'est pas ce qui me fait avancer. Mais pour la plupart des gens, c'est le fric, le fric, le fric ! Les joueurs ils sont pareils, c'est tout ! C'est compliqué de mener un club actuellement. Entre les joueurs qui sont des salariés particuliers, les agents qui sont derrière, c'est difficile. Hervé Revelli et Dominique Rocheteau, à l'époque, ils n'avaient pas d'agent. Ils n'avaient pas des sommes énormes. Mais c'était des mecs qui aimaient le maillot, qui mouillaient le maillot, qui se battaient pour le maillot. La vie a bien changé."

Le rachat du stade Geoffroy Guichard

"Hier encore, y'a un supporter qui m'appelle et qui me dit : "Roland, on aimerait visiter le stade." Mais nous, actuellement, on est locataire de Saint-Etienne Métropole pour le stade. On l'a uniquement 48 heures les jours de match. Ce qui est déplorable, c'est que le stade est mis à la disposition d'une société qui profite de l'image du club pour le louer pour des salons, des séminaires, des mariages, tout un tas de trucs, y compris les visites. C'est pas nous, c'est Capea, c'est une société à qui Saint-Etienne Métropole loue le stade.

 Ce stade, vous allez me dire "il est beau." C'est un stade à l'anglaise, c'est ce qu'on voulait. Mais avec du vieux on ne fait pas du neuf ! Vous qui êtes dans les tribunes, quand vous n'allez pas à l'intérieur, vous vous dites que c'est un beau stade. Mais quand on regarde un peu à l'intérieur, on voit que c'est un stade qui n'est pas fonctionnel. On a beaucoup de problèmes. Même à l'extérieur, on a des problèmes avec les bornes, le Wifi et tout un tas de choses. A chaque fois qu'on demande à Saint-Etienne Métropole, ils disent qu'ils ne peuvent pas, qu'ils n'ont pas le budget et tout ça.

 Nous, si on pouvait racheter le stade… On paye une location, en gros, de 2,6 M€ à 3 M€ par an. C'est comme quand vous êtes locataire de votre baraque. On se dit : "finalement, je vais prendre un prêt, mes mensualités, ça remboursera le prêt et après je serai proprio." Nous on a vu le maire qui a été attentif à notre demande, de façon à ce qu'on puisse proposer de racheter le stade. A partir du moment où on sera propriétaire, on ne va pas aller pleurer pour le wifi, pour des filets, pour des trucs. On fera ce qu'il y aura à faire. On n'ira pas pleurer comme on l'a fait l'année passée pour la pelouse qui n'allait pas. On a nos jardiniers. On se débrouillera de A jusqu'à Z. Surtout, on est sûr qu'au niveau marketing, on aura des recettes supplémentaires. Le stade sera à nous 365 jours sur 365, on pourra organiser des manifestations.

 Combien de clubs sont propriétaires de leur stade ? Il y a l'OL, maintenant, et il y avait Auxerre. Il faut regarder ce qui se passe ailleurs. C'est vrai que l'OL, ça leur permet de grandir. S'il y a eu des mécènes et des gens qui ont voulu venir au capital, c'est aussi parce qu'il y a ce stade. Ça leur permet de récupérer 100 millions d'euros, c'est pas des pailles !  Je pense que c'est l'avenir pour tous les clubs, à condition que les politiques le comprennent. Le gros problème, dans ce pays, c'est que la plupart des politiques viennent se servir d'abord. Nous, on sert le club. Je vis pour mon club, j'aime mon club. Je vous aime aussi, tous ceux qui sont derrière ce club. Avec Hervé et Dominique, quand on vient et qu'on voit des gens qui ont le sourire, qui sont heureux, nous on est heureux. S'il y a des malheureux, on est malheureux parce que nous on a  un cœur, on est des gens affectifs.

 On sait bien que c'est compliqué mais l'avenir pour tous les clubs, c'est de pouvoir être propriétaire de leur terrain, et de faire ce qu'ils voudront de leur stade. Après, si on n'y arrive pas, on continuera à faire ce qu'on fait actuellement, utiliser le stade 48 heures chaque fois qu'on a un match, et puis voilà, on ne pourra pas faire autrement, on ne peut pas les forcer. J'ai fait comprendre à Perdriau que ce serait bien pour le club de gérer notre stade et ça serait bien pour les citoyens de Saint-Etienne. Ça leur éviterait d'avoir des charges supplémentaires : ils n'auraient plus l'entretien, le personnel à payer. Ils pourraient récupérer ensuite, 80 M€ ou 100 M€, je ne sais pas. Ils ont déjà mis 70 M€. On verra l'évaluation après expertise. Ça permettrait à la ville de récupérer de l'argent et d'alléger les charges.

 Tout ce que je dis, c'est logique. Mais y'a le vice-président de Saint-Etienne Métropole, qui s'appelle Roland Goujon, qui tout de suite avait réagi à ma proposition et qui avait dit "non, le stade n'est pas à vendre." Il n'est pas à vendre car ces gens-là veulent exister à travers le stade. Ce qui est malheureux à Saint-Etienne, c'est que c'était une ville industrielle, la quatrième ou cinquième ville de France. Je parle de cinquante, soixante ans avec les mines, la sidérurgie, la métallurgie, les armes, le cycle… Il y avait beaucoup de savoir-faire. Malheureusement ça s'est cassé la gueule tout ensemble. Saint-Etienne est une ville qui souffre du point de vue économique. Qu'est-ce qui existe à Saint-Etienne ? Qui est le meilleur vecteur de communication à Saint-Etienne ? C'est l'A.S. Saint-Etienne ! 

Les politiques, et ben oui, ils veulent l'A.S. Saint-Etienne. Ils n'existent plus s'il n'y a plus l'A.S. Saint-Etienne ! C'est compliqué car ils tiennent ça, ça les fait vivre, ils sont contents. Nous aussi, on veut pour vous, pour vous tous, on veut faire un grand club. Et pour faire un grand club, il faut avoir un bon outil de travail qu'on maîtrise, nous, on fait ce qu'on veut dedans. Voilà, c'est tout ! On va se battre pour faire aboutir ce projet. Il faut que la ville le comprenne et nous aide. Le maire est intelligent, je pense qu'on arrivera à quelque chose. J'ai beaucoup d'espoir. Depuis trois mois on a des discussions. Il y a les gars qui font l'estimation, les Domaines. Ils font l'estimation du stade et puis après ils vont revenir vers nous. Normalement, il y a jusqu'à fin décembre pour voir si ce projet peut aboutir. Nous on espère qu'on y arrivera parce que le football évolue."

Le projet de socios

"Pour les socios, avec Bernard Caïazzo, on avait l'intention d'associer nos supporters à l'actionnariat. Il faut bien débuter par quelque chose. On l'a fait avec la carte de membre, pour voir un petit peu les supporters qui nous suivent. Après on attaquera la deuxième phase avec les socios. D'ici deux ou trois ans on verra ce que ça donne. C'est important d'avoir sa carte de membre. Aujourd'hui, ceux qui l'avaient étaient invités ici, et puis il y en a aussi qui font partie des associés supporters. C'est très important d'avoir une carte de membre. Je crois que c'est 5 euros, c'est pas énorme. C'est surtout pour pouvoir répertorier tous ceux qui sont derrière le club, de façon à ce qu'un jour on vous contacte pour vous dire : "voilà, on est prêt pour le projet socios, est-ce que vous voulez suivre ou pas ?" Actuellement, il y a à peu près 35 000 membres. Nous, à l'ASSE, on a des supporters de partout. Je pensais qu'en quatre ou cinq ans on arriverait à 100 000 membres. Moi c'était mon objectif."

La formation

"Le centre de formation c'est très important pour nous. C'est notre plus grosse source de revenus. On a la boutique, le musée, le Chaudron Vert, des centres de profit… Mais ce qui rapporte le plus, c'est le centre de formation. Il est bien évident que si on sort des jeunes, déjà, ça évitera d'aller en chercher ailleurs. Et puis, même des jeunes comme le petit Saint-Maximin, un gamin bourré de qualités et tout mais qui n'a pas réussi comme il devait réussir car il a un entourage particulier, on n'a pas pu le garder mais on l'a vendu 5 M€. C'est pas rien, c'est de l'argent ! Le centre de formation, est très, très, très important ! C'est pour ça qu'on essaye d'y mettre des gens qui ont les mêmes valeurs que nous.  C'est pour ça qu'on a fait revenir Jérémie Janot, Laurent Batlles, Thierry Oleksiak, Laurent Sablé, Jean-Philippe Primard qui est là depuis longtemps. Ilan fait du recrutement sur le Brésil, il fait des allers et venues là-bas, il essaye de nous amener de jeunes brésiliens. De temps en temps il y en a qui viennent faire des essais. On espère avoir des Brésiliens qui viendront mûrir au centre de formation. A  l'avenir on aura peut-être de jeunes brésiliens dans l'équipe pro.

 Vous me dites que le centre de formation de l'OL est meilleur mais quand on me parle des Lyonnais y'a des moments où ça me met des boutons. La plupart des gens oublient que la politique de l'OL a changé complètement. Est-ce qu'il y a quatre ou cinq ans vous entendiez parler du centre de formation de l'OL ? Non, vous n'en entendiez pas parler ! Ils avaient du pognon, ils avaient du fric, ils jouaient la Champions League, ça rapporte beaucoup de fric. Qu'est-ce qu'ils faisaient ? Ils regardaient les bons joueurs et les prenaient, les Juninho et les machins, OK ? Et vous ne voyiez pas sortir des joueurs de leur centre de formation. Leurs gamins n'étaient pas mauvais mais ils partaient à droite et à gauche. Malheureusement, quand ils n'ont plus eu d'oseille, l'année passée, qu'est-ce qui s'est passé ? Ils avaient un trou énorme, il fallait se débrouiller. Ils ont commencé le championnat avec des jeunes du centre de formation. Ça critiquait, ils n'étaient pas bien, tout le monde les voyait presque descendre, en tout cas dans la deuxième partie de tableau. Finalement, les jeunes, à force de jouer entre eux, de prendre leurs repères… Il y en a qui sont sortis. Même Fékir, qui était à Saint-Priest, qui était reparti. Y'a des jeunes, on ne pensait pas qu'ils seraient sortis ! C'est à cause de ces problèmes financiers qu'ils sont sortis.

 En ce qui nous concerne, il ne faut pas tout oublier ! Il ne faut pas tout oublier, OK ? Nous on a vendu les Kurt, on a vendu des Ghoulam, on a vendu des Guilavogui. Bon, y'a aussi Aubame, qui a éclaté chez nous, qui est sorti chez nous. Attendez, on en a eu des joueurs ! Le gros problème après, c'est quand vous voyez le classement des centres de formation établi par la DTN. J'ai parlé avec François Blaquart. Ce classement, il est archi nul parce que les critères ne sont pas bons ! Quand vous voyez qu'il y a des clubs comme Lens, Metz ou Auxerre qui sont classés mieux que nous… Si vous avez des jeunes qui jouent en équipe une, ça vous donne beaucoup de points dans ce classement, OK ? Ces clubs qui bataillent en deuxième division sont obligés de faire jouer leurs jeunes du centre de formation. Nous, nos gamins, les Kurt et tout ça qui font la Champions League, ils ont été formés à Saint-Etienne mais on n'en tient pas compte. Bon, ça veut bien dire que leur truc, leur classement, c'est nul ! On a actuellement quelques jeunes en devenir, on espère qu'ils vont percer. On a les Capverdiens, on a des jeunes pas mal.

 Avec Bernard Caïazzo, on a décidé de mettre un peu plus d'argent au centre de formation. Pourquoi ? Parce que c'est toujours le fric ! On a un jeune qu'on avait découvert – je peux dire qu'on découvre presque toujours les jeunes en premier – il avait fait des tournois avec nous. Après, l'OL l'a vu. Le gamin voulait venir absolument chez nous mais quand les autres ils ont mis l'argent sur la table, il est allé là-bas ! On avait aussi un gamin de Grenoble... A chaque fois qu'il y a un jeune qui vient, je reçois les familles. Le jeune de Grenoble il vient avec ses parents, je le reçois dans le bureau. On discute et tout. Le père, il me dit : "de toute façon, y'a personne qui nous a reçus comme ça, y'a un esprit de famille, c'est sympa, je vous le dis, il signera chez vous à Saint-Etienne, c'est sûr !" 15 jours après il signe à Monaco qui leur avait mis 300 000 ! Attendez ! C'est le pognon, le pognon, le pognon ! L'objectif, c'est que nos scouts découvrent les meilleurs, et puis que nous, on mette un peu plus d'argent. On a décidé avec Bernard Caiazzo d'augmenter le budget du centre de formation. Il faut semer pour récolter. On va mettre un peu plus d'argent sur la table. Si vous recrutez cinq joueurs et que vous en sortez un ou deux, ça peut rapporter gros. On a vu le prix des transferts cette année, y'a des jeunes qui ont été vendus des sommes considérables !"

La soif d'Europe

"Nous, malgré notre 7e ou 8e budget, grâce au staff sportif, au staff médical, aux dirigeants, à tous ceux qui oeuvrent pour l'ASSE, on surperforme compte tenu des résultats qu'on fait. C'est la quatrième année d'affilée qu'on joue l'Europa League. Notre objectif, ce sera le même car on est lucides. Moi j'aimerais bien être champion. Y'a des supporters qui m'abordent et qui me disent : "faut gagner, faut être champion !" Moi je voudrais bien mais on n'a pas les moyens. On essaye de faire selon nos moyens. Nos moyens, c'est de jouer chaque année l'Europa League. Les joueurs sont contents, les supporters le sont aussi. J'espère que cette année on fera un peu plus que les 55 matches de la saison passée. Chaque année on essaie de progresser en Europa League, j'espère qu'on fera encore plus de matches.

 A l'époque de l'épopée des Verts, on disait "impossible n'est pas stéphanois" car ils renversaient des situations qu'on croyait perdues.  Nous on est toujours dans cette même optique, on veut essayer de faire le mieux possible et peut-être un jour finir deuxième ou troisième. Ces dernières années, à quelque chose près, on a failli finir sur le podium. Ça fait quatre ans qu'on est dans le top 5. Cette année on a fait des gros sacrifices au point de vue du recrutement depuis le mercato d'hiver pour essayer de donner au staff sportif le moyen de gagner et d'aller le plus haut possible.

 Je ne peux pas vendre de la poudre aux yeux, je ne peux pas promettre qu'on ira en Ligue des Champions. Mais oui, on en rêve, on en a envie et on va tout faire pour ! Mais les autres clubs travaillent aussi. Et puis le problème, c'est que les autres sont plus argentés que nous. Quand on regarde dans toute l'Europe, on s'aperçoit que les grands clubs sont des grandes villes.  Nous on est dans une ville qui bataille, qui est descendue à 170 000 habitants parce que les gens partent un petit peu à droite et à gauche. On a un taux de chômage important alors que Bordeaux et Lyon sont des villes riches. Je ne parle pas de Monaco, qui a un statut particulier, Paris, Lille…

 Par rapport à nos concurrents, on tire bien notre épingle du jeu. Y'a pas beaucoup de clubs qui se sont qualifiés quatre années de suite en Europa League ! On est content mais on veut faire encore mieux. On a faim de victoires, on a envie de vous faire plaisir à tous ! La Champions League, ce serait merveilleux ! Si ou pouvait aussi gagner une coupe nationale, ce serait formidable. Le problème, c'est que chaque année on tombe sur Paris et on se fait éliminer. Mais comme il n'y a plus Ibra, maintenant on verra…"

Le projet de restaurant dans un angle de Geoffroy Guichard

"Moi, ce qui m'importe le plus, c'est le projet de rachat du stade Geoffroy-Guichard. Donc, moi, ce restaurant, actuellement, ça m'embête. Ce sera quelque chose qui va plutôt nous gêner pour le rachat du stade. Si on veut faire un restaurant, une fois qu'on sera propriétaire, on se débrouille au niveau de la gestion. Pour moi, ce resto est plutôt un obstacle. D'abord, on a déjà le Chaudron Vert, il ne faut pas que ce soit en concurrence. On a le musée qui organise des séminaires, ce sera compliqué. On a notre restauration dans le stade donc il y aura peut-être des gars qui iront acheter uniquement des places et qui iront manger là-bas. Tout ça pour dire que pour le moment ça m'embête ce restaurant.

 Si effectivement on achetait le stade et qu'on faisait notre restaurant ou autre chose, OK, mais dans ce cas c'est nous qui gérons ! Sinon, je ne suis pas favorable. Ce projet de restaurant n'est pas encore acté, c'est encore en discussion. Les porteurs de ce projet, c'est les Guichard, qui sont les arrières petits-fils de Geoffroy. Ils sont en train de discuter avec Saint-Etienne Métropole parce que c'est eux qui sont propriétaires. Mais nous, comme on a l'exclusivité les 48 heures des jours de match, on a notre mot à dire, hein ! Il n'est pas question qu'ils fassent un restaurant avec accès sur le stade. Ce sera non. Ou alors il faudra trouver une solution. Peut-être qu'on entrera dans le capital, faudra qu'on discute. Mais ça ne va pas se faire comme ça !"