Accueil      Résultats      Effectif      Nouvelles      Stade      Palmarès      Historique      Dirigeants      Staff      Statistiques     Fans      Liens

The Guardian observe les Verts
Source :  Site Poteaux Carrés

Mercredi 23 août 2017                  

Le prestigieux quotidien britannique The Guardian a publié ce lundi un papier sur nos Verts. Merci aux potonautes Alex Dias et Nanesse pour la traduction !

 Oscar García libère libère Saint Etienne d’une approche sans vie

 L’ancien entraîneur de Brighton n'a pas importé les qualités esthétiques de Barcelone dans le Forez, mais il y a au moins apporté une joie de vivre qui faisait défaut depuis longtemps.

 En regardant Saint-Étienne contre Amiens samedi, il était difficile d’imaginer que les Verts jouaient à la maison contre un promu, et encore moins que Saint Etienne avait gagné tous ses matchs depuis le début de la saison. Dans les premières phases de jeu, la défense et le milieu de terrain ont multiplié les passes longues, pour lancer en profondeur leur attaquants dans l'axe comme sur les ailes. Un effort qui ne s'est guère avéré payant contre les Picards. Les Verts ont certes ouvert le score sur un penalty converti par le jeune Jonathan Bamba, mais l'impression générale était celle d’un jeu qui s'inscrivait dans la continuité du style terne de l'ancien entraîneur Christophe Galtier. Un tel manque d'imagination était loin d’être ce qu'on aurait pu attendre lorsque le club a annoncé la signature de l'ancien joueur de Barcelone Óscar García pour remplacer Galtier cet été.

La philosophie de jeu de Barcelone, en particulier pendant et après le règne du regretté Johan Cruyff, a notamment été la possession et le jeu de passes, sachant allier avec succès les fulgurances individuelles de joueurs de talent avec une approche méthodique. García ne s’est pas écarté de cet héritage tactique par le passé, notamment à Brighton du côté de l'Angleterre, où le succès n'a pas pourtant pas toujours été au rendez-vous, comme en témoigne son incapacité à assurer la remontée de l’équipe anglaise. Il a certes obtenu des titres, championnats et coupes, en Israël et en Autriche, mais l'Espagnol partait dans les deux cas avec un avantage significatif en entraînant des clubs (le Maccabi Tel Aviv et le Red Bull Salzbourg) qui disposaient de ressources financières bien supérieures à celles de leurs principaux concurrents nationaux.

Son arrivée du côté du Stade Geoffroy-Guichard a même été vue par beaucoup comme un prix de consolation, comme Patrick Vieira avait rejeté les avances du club avant le recrutement de García. Bien que García n'ait pas été le premier choix du club, il n’a pas laissé cela affecter sa motivation, et s’est mis à appliquer, non sans aplomb, les leçons de Cruyff à une Ligue 1 plus intense physiquement, avec un Saint-Étienne actuellement à égalité de points avec Monaco et Paris Saint-Germain, et un bilan parfait après trois matchs. Cette série pourrait s’achever très prochainement avec le déplacement ce vendredi au Parc des Princes, mais même en cas de défaite contre les leaders provisoires du championnat, García conservera une vraie chance d'améliorer le classement de son équipe par rapport à sa huitième place décevante sous Galtier en fin de saison dernière.

Ce n’est pas seulement ce classement final de l'équipe qui avait créé la frustration dans le Forez, mais plutôt les méthodes de Galtier, qui avaient fini par se révéler passablement indigestes et ennuyeuses. Ce morne état des lieux, conjugué à des relations compliquées avec Bryan Dabo et Oussama Tannane, a sonné la fin de l'ère Galtier malgré ses impressionnants résultats. Compte tenu du pedigree de García, beaucoup attendaient un Sainté transformé et revitalisé, avec une approche axée sur la possession, et non ce qui a été proposé contre Amiens samedi. Pour autant, on aurait tort de croire que ce nouveau Saint-Étienne ne doit rien aux enseignements de Cruyff.

Ce n'est pas du "Football Total", pour être honnête, mais les statistiques de possession et de passes enregistrées par Saint-Étienne sont un peu trompeuses, car elles masquent l'importance d'un des principes fondamentaux du système de Cruyff, celui de la récupération de balle. À maintes reprises, samedi, les hôtes ont su récupérer la possession avant de perdre rapidement la balle quelques instants plus tard. La différence de qualité entre, par exemple, un Saidy Janko et un Dani Alves signifie que la balle a été perdue plus fréquemment, mais l’empressement des joueurs et la fluidité au milieu de terrain signifient que, même sans possession, les Verts  n'étaient jamais loin de contrôler à nouveau le jeu, et souvent de se créer des opportunités dangereuses.

 À maintes reprises, les trois milieux de terrain, Dabo, Ole Selnaes et Assane Diousse, se sont déplacés vers l'avant, permettant au trio d'attaque d'élargir et d'étirer le jeu, en tentant d’arracher le ballon à la défense amiénoise. Même quand Sainté a montré une plus grande maîtrise en seconde mi-temps, ils ont continuer à miser sur cette dépense d’énergie, en s’en remettant peut-être un peu à la chance. En effet,  Kévin Théophile-Catherine avait déjà dégagé sur sa ligne dans la première période, et Tanguy N'Dombélé avait également tiré sur la barre. L'écart au score final pourrait même sembler un peu flatteur pour Saint-Etienne qui a marqué, de nouveau sur penalty, grâce à Dabo et a aussi profité de l’incapacité du gardien d'Amiens, Régis Gurtner, à conserver le ballon à la moitié de la seconde mi-temps, permettant ainsi au bondissant Dabo de creuser l’écart.

Les sceptiques pourraient aussi souligner le faible calibre des adversaires auxquels Saint-Étienne ont fait face lors de leurs deux victoires précédentes. Caen et Nice ne sont certainement pas des favoris pour la relégation, mais aucune des deux équipes ne s'est distinguée en attaque cette saison. En effet, les Normands pouvaient se considérer comme malheureux le week-end dernier, ayant également frappé le poteau, comme Amiens, lors de leur défaite face aux Verts.

Pourtant, García mérite les félicitations pour la façon dont il a façonné cette équipe, non seulement dans son approche du jeu, mais aussi en termes de composition. Il a habilement mélangé nouveaux joueurs et jeunes pousses avec la base plus expérimentée de l'équipe, et un sentiment d'unité et d’enthousiasme est déjà bien présent. Loïc Perrin, Stéphane Ruffier et Théophile-Catherine restent toujours aussi solides, alors que l'inventivité de Romain Hamouma est encore la clé de l'attaque, mais d'autres visages moins familiers ont également attiré l'attention.

Le premier d’entre eux : le jeune arrière Ronaël Pierre-Gabriel, qui a principalement joué à gauche cette saison, après avoir impressionné l’année dernière à droite en remplacement de Kévin Malcuit. Plein d'énergie en attaque mais aussi discipliné sur le plan défensif, RPG a également été rejoint par le produit du centre de formation Jonathan Bamba en attaque et par le tout jeune milieu Diousse. Bamba avait impressionné lors de son prêt à Angers la saison passée, et semble poursuivre sa trajectoire ascendante, et s’épanouir grâce à l’approche libérée et directe de García. Diousse, en position de milieu de terrain central à la place du blessé Vincent Pajot, fait preuve de la même présence et énergie.

Lors la conférence de presse d'après-match, García a exprimé son enthousiasme et sa confiance en la jeunesse (Selnaes, Janko et Tannane ont tous 23 ans ou moins), en déclarant : "Pour moi, tout le monde est au même niveau. Peu m'importe que le joueur soit ancien dans le vestiaire, un nouvel arrivé ou un produit du centre de formation. J'aime travailler avec de jeunes joueurs, mais je ne m'intéresse pas à l'âge de mes joueurs. Ce qui est important pour moi, c'est que les joueurs s’entraînent bien et progressent, et c'est actuellement le cas ".

S'il est vrai que rajeunir une équipe aguerrie a indéniablement été bénéfique, García a aussi été aidé par les retours de Dabo et Tannane. Ecartés par Galtier, les deux joueurs avaient très peu joué la saison dernière. Dabo en particulier, acheté 4 millions d'euros, soit un investissement important pour un club comme Saint-Etienne, avait été considéré comme l'un des transferts les plus décevants de la saison. Cette saison, il est de retour à son meilleur niveau, celui qu’il affichait à Montpellier, sa longue foulée lui permettant de couvrir d'énormes distances en milieu de terrain, et d’à la fois créer des espaces et aider l'attaque. Tannane, qui n'a pas joué samedi, a également impressionné ce début de saison, en débutant le match contre Nice et décrochant une passe décisive. Il risque toutefois de se retrouver sur le banc car Loïs Diony, recrue la plus coûteuse cette saison,  Hamouma et Bamba devraient  vraisemblablement être le premier choix de l’attaque stéphanoise.

 Si l’on peut considérer que Saint-Étienne s’en est remis à la chance contre une opposition moyenne ces trois premières journées, cette série de trois victoires n’en est pas moins impressionnante, et en dit long sur l'influence de l’entraîneur. En lâchant plus la bride à ses joueurs que Galtier, García a nettement amélioré l’état d’esprit et les performances de l'équipe. S'il n'a pas importé les qualités esthétiques de Barcelone dans le Forez, il y a au moins apporté une joie de vivre qui faisait défaut depuis longtemps. Encore une fois, le déplacement à Paris sera beaucoup plus révélateur que les premiers matchs, mais García et Saint-Étienne, qui joue libéré des attentes, sont la première surprise de la Ligue 1, et voilà certainement quelque chose à savourer après l'austérité qui a caractérisé son passé récent.