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Cédric HORJAK et
Baptiste VALETTE donnent leur avis |
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Jeudi 4 janvier |
Cédric Horjak
Ancien joueur de l'ASSE et ex-capitaine du Nîmes Olympique, le sympathique Cédric Horjak nous a dit à quel point il aimait les Verts et les Crocodiles, qui s'affronteront dans le Chaudron le 7 janvier prochain en 32e de finale de Coupe de France.
Toi qui es né à Sainté, as-tu rejoint
l’ASSE dès ton plus jeune âge ?
En fait j'ai commencé le foot Saint-Jean-Bonnefonds, un club à côté de
Saint-Etienne. J'y ai joué de 7 ans à 11 ans. Ensuite, je suis allé à
l'Olympique de Saint-Etienne, de 12 ans jusqu'à 14 ans, avant d'intégrer le
centre de formation de l'ASSE. C'était en 1993. Comme j’étais en sélection
Rhône-Alpes, quatre clubs pros s’étaient intéressés à moi : Lyon,
Monaco, Montpellier et Saint-Etienne. Montpellier, parce qu'il y avait un
partenariat avec l'Olympique de Saint-Etienne, j'étais allé passer quatre ou
cinq jours là-bas. Il y avait Lyon qui faisait le forcing, mais disons que c'était
moins la priorité ! (rires) Moi je suis un pur Stéphanois, né à l'hôpital
Nord ! C'était un rêve pour moi de rejoindre le centre de formation de
l'ASSE. Pour ma famille aussi : des Stéphanois, de vrais supporters. On
parlait souvent de l'épopée des Verts, alors, quand le petit est entré au
centre de formation, tout le monde était content.
Quels souvenirs gardes-tu de tes années au
centre de formation ?
De bonnes années ! La première année, un peu compliquée, parce que j'ai eu
du mal à me libérer. J'ai d’ailleurs failli me faire virer du centre.
J'avais l'état d'esprit, mais j'étais timide. Ils ont hésité puis
Christian Lariepe m'a dit qu'ils me gardaient encore un an. L'année d'après,
j'ai explosé, j'ai été sélectionné en Équipe de France. On a été
champion de France U17 en 1997 avec Zoumana
Camara, Stéphane
Hernandez, Frédéric Mendy, Pape Thiaw, Julien Sablé qui était un peu
plus jeune mais qui était avec nous. On avait une belle petite équipe. C'est
Gérard Fernandez qui nous entraînait, il est toujours au club. On avait
battu Lyon en finale, 4-2 aux tirs au but, à Oullins en plus, t’imagines la
jubilation ! J’ai été en équipe de France U16, U17 et U18 avec Zoumana
Camara et plein de joueurs qui ont fait de belles carrières par la suite :
Anelka, Malbranque, Dalmat, Luyindula, Maoulida, Reveillère, Bréchet…
Près de vingt ans après, te souviens-tu de
tes débuts en pro ?
Bien sûr ! Ça s’est fait un peu par hasard, en mars 1998. C'était à l'époque
où on était 14 sur la feuille de match et ce n'était pas facile de se faire
une place. Il y a eu une hécatombe de blessés. Je me suis entraîné deux
jours avec les pros et je me suis retrouvé dans les 14 contre Laval à
Geoffroy-Guichard. Juste avant la mi-temps, Hassan Kachloul se fait mal à la
cuisse. Il jouait à mon poste, milieu côté droit. Il reprend la deuxième
mi-temps, et au bout d'une minute il demande le changement. Et c'est là que
Pierre Repellini et Robert Herbin me font entrer. Ça se joue à pas grand
chose : j'avais fait deux entraînements avec les pros, et si Hassan ne s'était
pas blessé, je ne serais peut-être jamais entré. On avait gagné 3-2 avec
des buts de Bibi, mon pote de formation à l'Olympique et à l'ASSE, Popote et
Thimothée. En face il y avait Mohamed Chaouch, il avait d’ailleurs réduit
le score contre son ancien club.
Quand depuis tout petit tu supportes les
Verts, ça doit être fantastique de jouer à GG !
On ne peut pas rêver mieux. Fabien Boudarène avait vécu cela un peu avant
moi. Comme on était très potes et qu’on avait été formés ensemble à
l’Olympique de Saint-Etienne, j’avais déjà un peu vu ce que ça lui
avait fait ainsi qu’à sa famille. Jouer dans le Chaudron, c’est énorme.
C'est indescriptible. T'en as tellement rêvé, et d’un coup ton rêve se réalise.
Comme tout Stéphanois, j’allais voir les matches des Verts à
Geoffroy-Guichard quand j’étais plus jeune. On allait partout, dans toutes
les tribunes, sauf la présidentielle ! (rires) Je suis souvent allé du côté
des Magic Fans et de temps en temps en Henri Point. Depuis le plus jeune âge,
je suis supporter, j'allais dans le kop. Et là, tu te retrouves au milieu.
Oui, c'est juste magnifique.
Tu as disputé quatre autres matches cette
saison-là…
Effectivement ! Comme j’avais fait une bonne entrée contre Laval, j’ai pu
enchaîner. Je me souviens d’une défaite à Nice mais surtout du match
suivant, contre Louhans-Cuiseaux pour l'inauguration du stade
Geoffroy-Guichard rénové avant la Coupe du Monde 1998. On était 16èmes,
ils étaient 18èmes, en Ligue 2, et on a joué à guichets fermés. Ça reste
un super souvenir même si on a concédé un match nul alors qu’on menait
2-0 à un quart d’heure de la fin, buts de Christophe Robert et Yann
Synaeghel. En face, il y avait mon pote Loïc
Chavériat, que j’allais retrouver quelques années plus tard… On a en
effet joué ensemble à Lausanne mais aussi à Nîmes. Un gars très sympa qui
gère depuis quelques années un bar à Mèze, dans l’Hérault, au bord de
l’Etang de Thau.
Tu as participé à la déroute à Sochaux
(défaite 4-0) avant de jouer ce très stressant match à Lille...
Terrible ce match ! Avec Julien Sablé, on était titulaires, tous les deux.
C'était simple : Lille était 4ème. Ils devaient gagner et si le 3ème ne
gagnait pas, ils montaient en Ligue 1. On jouait encore à Grimonprez-Jooris,
le stade était plein bien sûr. Nous, on devait faire un meilleur résultat
que Louhans-Cuiseaux, sinon on pouvait descendre en National. J’avais 19
ans, Juju
n’en avait pas encore 18… Formés au club, on s'est retrouvés dans
une situation un peu compliquée, avec beaucoup de pression. On a perdu le
match, mais comme je l’ai dit à l’issue de la rencontre à Jérôme
Alonzo, « c'est la plus belle défaite de ma vie ! » (rires) car
Louhans-Cuiseaux avait perdu et on s'était maintenu. Lille n'était pas monté
car le 3ème avait gagné. Je me rappelle ce match : je jouais arrière droit
et j'avais en face un mec qui s'appelait Djezon Boutoille, un super joueur. Je
me souviens surtout du discours d’avant-match de Pierre
Repellini : il s'était mis à pleurer parce qu'on jouait l'avenir du
club. Il avait été très bien avec Julien et moi, il nous avait rassurés en
disant qu'on se retrouvait là et qu'il fallait faire front, que ça allait
nous servir pour le futur, mais qu'en aucun cas on aurait des responsabilités
par rapport à la saison qui s'était passée.
La saison suivante, ta dernière à l’ASSE,
tu as également joué cinq matches avec les pros sous la direction de Robert
Nouzaret.
Effectivement. J'ai fait beaucoup de matchs de préparation et les trois
derniers j'avais joué titulaire arrière droit. Pour le premier match de
championnat contre Sedan, je me retrouve sur le banc, c'est Patrick
Guillou qui joue à ma place. Je suis entré en jeu en fin de match, et,
après ça a été compliqué. Il fallait faire son trou: ce n'était pas
facile d'être sur la feuille de match. A l'époque on n’avait droit qu’à
14 joueurs sur la feuille de match. Ça aurait été 16 comme aujourd’hui,
j'y aurais été. Alors je suis allé faire mes armes en réserve.
Tu as quand même joué des matchs en Coupe
de la Ligue et en Coupe de France.
Oui, je me souviens surtout de notre qualification contre Gueugnon. On avait
gagné aux tirs au but. On avait fait trois matchs de suite à
Geoffroy-Guichard avec 30 000 spectateurs à chaque fois. C'était énorme,
une ambiance de fou : samedi en championnat contre Valence, mercredi en Coupe
de la Ligue contre Gueugnon, et on avait rejoué contre Gueugnon en
championnat à Geoffroy Guichard (ndp²: en fait, l'ordre était
Gueugnon-Gueugnon-Valence). J’ai joué ensuite en Coupe de France
contre Bourg-Péronnas, on avait gagné grâce à un doublé d’Eric Obinna,
qui venait d’Arsenal. Après j’ai joué en championnat contre Caen, on
s’était imposé grâce à un doublé de Bertrand Fayolle. Comme Adrien
Ponsard, il a bien contribué à notre montée. J’avais pris un jaune pour
un tacle sur Rothen en fin de match. Régis Brouard, un gars qui m’a entraîné
plus tard à Nîmes, était capitaine de Caen à l’époque. Il m’a rappelé
que j’ai joué contre lui, il a même le DVD du match. Je ne m’en
souvenais pas. Je lui ai dit que j’étais très jeune et que lui était très
vieux ! (rires) J’ai joué mon dernier match en vert contre Jura Sud.
Horrible, juste avant la trêve hivernale. Un match de Coupe de France où ça
sentait un peu la merguez. On s'est fait surprendre et on avait perdu 1-0. Je
n'avais pas passé de bonnes vacances de Noël.
Pour quelles raisons n’as-tu pas réussi à
t’imposer cette saison-là ? Tu n’étais pas dans les petits papiers de
Robert Nouzaret ou t’étais un peu trop juste vu la concurrence ?
Il n’y avait pas de problème avec Robert
Nouzaret. En début de saison, il m'avait mis dans les matchs de préparation.
Il a finalement préféré aligner Patrick Guillou au poste d’arrière droit
où il comptait me faire jouer. Au milieu de terrain, où j’avais eu
l’occasion de jouer auparavant, la concurrence était rude : Il y avait
Bibi, Juju, Pape Sarr, Kader
Ferhaoui, c'était compliqué. On avait une très belle équipe avec
Popote, Gilles Leclerc, Lucien Mettomo... Je me souviens de tous les joueurs.
Mais ça te fait progresser, même si c'est frustrant de ne pas y arriver avec
son club formateur. C'est difficile de réussir chez soi aussi. Comme l'équipe
marchait super bien, le coach n’avait pas trop besoin de la changer. Je
pense que je n'ai pas pris le bon wagon car j'étais un peu timoré encore.
J'aurais aimé jouer à Saint-Etienne comme quand j'étais épanoui à 25 ans
à Nîmes.
Malgré ton faible temps de jeu, as-tu savouré
malgré tout cette belle saison 1998-1999 ?
Oui, bien sûr. En tant que supporter, tu es content parce que tu montes en
Ligue 1. En tant que joueur professionnel, tu aspires à plus, à jouer plus.
Mais personne ne m'a mis des bâtons dans les roues. C'est uniquement par mes
performances que j'ai moins joué. Tu ne savoures pas comme certains titres ou
certaines montées que j'ai vécus avec Nîmes où tu es une sorte de patron.
Là je suis plus un jeune qui a joué des bouts de matchs, mais c'est sûr que
j'ai apprécié et ça reste sur ton palmarès, champion de France de Ligue 2.
Ce n'est pas tout le monde qui a des titres. Mais alors qu’il me restait un
an de contrat avec l’ASSE, j’ai compris que je devais quitter le club.
D'ailleurs à l’intersaison, le club a fait un recrutement de folie avec
notamment Alex, Aloisio et Pédron. Avec du recul, je me suis dit que j'avais
bien fait de partir car je pense que je n'aurais pas joué, même si on ne
sait jamais. Ça m'a fait mal au cœur de quitter l’ASSE, mais j'avais envie
de jouer.
Quels coéquipiers as-tu particulièrement
apprécié quand tu jouais avec en pro Sainté ?
J'ai beaucoup aimé Jérôme Alonzo. J'étais en chambre avec lui au début.
L'année où on est monté en Ligue 2 avec Nîmes, je l'avais appelé. Il
partait de Paris. C'est le parrain de la fille de Jean-Luc Vannuchi qui était
alors mon entraîneur. Et Jean-Luc était venu me voir en me disant que ce
serait pas mal qu'on fasse venir Jérôme. J'étais même prêt à lui laisser
le brassard de capitaine (rires) ! Mais il avait une grosse proposition de
Nantes, donc ça ne s'est pas fait. Après d'autres joueurs aussi m'ont marqué,
mes potes du centre de formation, Fabien Boudarène, Julien Sablé, Jérémie
Janot, Zoumana Camara… J'étais très pote aussi avec Patrick
Revelles, Nestor Subiat, Gilles Leclerc, un super mec. Je l’ai revu
plusieurs fois d'ailleurs, dans la région, parce qu'il vend du vin. Je
l'avais même fait venir à Nîmes pour qu'il le présente. Je vois aussi
beaucoup Loïc Chaveriat, même si je l'ai pas connu à Sainté. Super pote.
Je joue aussi à la pétanque avec Dominique Aulanier.
Quel joueur stéphanois t'as le plus
impressionné à l'époque ?
Tous les joueurs que je viens de citer avaient bien sûr des qualités, mais
celui qui m’a le plus impressionné, c’est Lubo ! Quand j'avais 16 ans,
mon entraîneur c'était Roland Mitoraj. Et un jour, je fais un entraînement
avec Elie Baup parce qu'il lui manquait des joueurs. J'étais dans l'équipe
pour faire le onze d'opposition. J'ai alors eu l’honneur de jouer avec Lubomir
Moravcik parce qu'il était suspendu. Alors là, c'était un grand moment
! Lui, quand j'étais jeune, c'était l'idole de tout le monde. Il m'a
vraiment marqué.
Après avoir quitté l'ASSE, tu as su
rebondir à Lausanne.
Oui, je suis allé faire un essai de quatre ou cinq jours là-bas au printemps
1999. Le directeur sportif de Lausanne, Claude Robin, décédé depuis, et qui
était un ancien joueur de Nantes, m'a dit : « Tu as un match ce
week-end, on va descendre tous les deux et je vais venir te voir jouer.
» J'ai donc demandé à l’entraîneur de la réserve, Gérard Fernandez,
s'il pouvait me faire jouer. C'était contre Cannes, on avait gagné et
j'avais même marqué. Ça a facilité le départ et j'ai rencontré Waldemar
Kita la semaine suivante pour signer mon contrat avec Lausanne Sport.
J’avais pourtant des contacts avec Lorient : Christian Gourcuff me voulait
en Ligue 2. J’ai choisi Lausanne, car ils jouaient en première division,
ils jouaient la Coupe d'Europe. Ça m'a plus attiré. Après avoir passé une
première saison là-bas, pas mal d’anciens et de futurs Verts m’ont
rejoint à Lausanne: Christian Lariepe comme directeur sportif, David
Hellebuyck, Olivier
Baudry, Stéphane Santini, Pape Thiaw et Marcin Kuzba.
Que gardes-tu de cette expérience à
Lausanne ?
C'était super bien : j’ai joué une finale de Coupe de Suisse à Berne et
plusieurs matches de Coupe d’Europe. Une année, on a perdu en 8èmes de
finale de la Coupe de l'UEFA contre Nantes, qui avait perdu le tour d'après
contre Porto. J'étais entré à la Beaujoire en fin de match, et, au match
retour, je m'étais fait expulser pour deux cartons jaunes. Chez les Canaris
il y avait Salomon Olembé, c'était parti en sucette et on avait fini à 8 !
(Rires) Le tour précédent, on avait éliminé l'Ajax Amsterdam. J'avais
marqué au premier tour contre Cork City, un club irlandais, la ville de
naissance de Roy Keane. Grâce à mon but, on avait gagné 1-0 à l'aller, à
la maison, Olivier Baudry avait pris un rouge. Au retour on avait également
gagné 1-0. Hélas cette expérience à Lausanne s’est mal terminée. Le
club a été rétrogradé administrativement avant de faire faillite. On a vécu
une période un peu difficile car on n’a pas été payés pendant trois ou
quatre mois.
Tu t’es donc retrouvé au chômage.
Oui, Lausanne a déposé le bilan et je me suis retrouvé sans club. A la
suite de ça, je suis revenu en France, et j'ai eu énormément de contacts en
National. A l'époque, Patrice Garande qui entraînait Cherbourg, voulait me
faire venir, de même que Didier Ollé Nicolle à Valenciennes. Mais j'ai
refusé ces deux offres, car sans prétention, j'espérais au moins trouver un
club de L2. Malheureusement je n'ai rien retrouvé du tout. Je me suis donc
retrouvé pendant six mois au chômage, sans club. J'ai même été jusqu'à
aller faire un essai en Tunisie. Un sacré périple. Et puis au mois de décembre,
Patrice qui est mon agent et aussi mon cousin, m'a dit qu'il fallait que je
rejoue pour stopper l'hémorragie. Je me suis donc retrouvé à Arles, en CFA
pendant 6 mois, et j'ai pu retrouver le rythme car, à ce moment-là, j'étais
vraiment au fond du seau, et mentalement c'était compliqué. Heureusement, là-bas
ça s'est super bien passé pendant cette demi année, ils voulaient à tout
prix que je reste. J'ai retrouvé le plaisir de jouer, et je m'entraînais
comme si j'étais un pro, donc ça leur a plu. Ils ont aussi bien aimé ma
mentalité de Stéphanois.
Et c’est à ce moment-là que
l’opportunité nîmoise s’est présentée…
Oui. A la fin de la saison, Didier Ollé Nicolle, qui me voulait un an
auparavant à Valenciennes, signe à Nîmes et me demande de venir faire un
essai. Mais alors que je pensais que j'allais m'entraîner avec l'équipe pro,
il y avait en fait 48 nouveaux joueurs qui étaient testés ! Je suis venu
avec un collègue qui jouait à Arles avec moi, qui voulait me voir m'entraîner
avec les autres. Au moment où j'ai découvert qu'on était 48, je suis monté
dans les bureaux aux Costières. Ils m'ont fait remplir une fiche de
renseignements avec le poste, la taille, le poids. Un truc de fou ! Comme pour
une détection quand t’as 15 ans... J’en avais 24 et quand même un petit
vécu dans le monde pro. Quand j'ai vu ça, je suis redescendu des bureaux et
j'ai dit à mon collègue que je voulais partir. Il m'a dit : « non,
maintenant que t'es là, fais-leur voir, enfonce-les ! » J'ai donc passé
trois jours là-bas, et sur 48 on s'est retrouvés trois à signer : avec moi,
il y avait Jean-Charles Cirilli qui était passé par Saint Etienne, et puis
Eloge Enza Yamissi qui a joué à Troyes et à Valenciennes. J'ai signé un
contrat amateur la première année. Quand je discute avec certains parents en
regardant jouer mon fils qui joue au Nîmes Olympique en U13, je leur dis
qu’une carrière, ça se joue à rien...
Tu t’es rapidement imposé chez les Crocos,
au point d’en devenir rapidement un joueur cadre très apprécié des
supporters.
Les deux premiers matchs, Ollé Nicolle ne m'a pas aligné. Au troisième
match il m'a fait jouer à Cannes, au quatrième match j'ai mis un doublé aux
Costières, et après j'ai été élu meilleur joueur de la saison. J’ai été
contacté par d’autres clubs mais j'ai décidé de rester à Nîmes et j'ai
signé un contrat de deux ans. La deuxième année, j'ai eu des contacts avec
Reims qui montait en L2, leur coach Ladizlas Lozano me voulait à tout prix et
n'arrêtait pas de me contacter. Mais pendant cette saison-là, j'ai perdu mon
père, et à ce moment-là, le club de Nîmes a été très présent pour moi.
Et comme Reims ça faisait un peu trop loin de ma famille, par rapport à Nîmes,
j'ai fait le choix de prolonger à Nîmes. A chaque fin de saison, j'avais des
pistes pour aller à l'étage au-dessus. J'ai eu notamment des contacts avec
Casoni, qui entraînait Bastia en L2. Et finalement, à chaque fois je suis
resté, je me suis dit si c'est pour jouer en L2 autant le faire avec Nîmes.
Je suis devenu capitaine, et je le suis resté pendant cinq ans.
Avec les Crocodiles, tu t’es notamment
illustré il y a treize ans en éliminant les Verts en Coupe de France au
terme d’un match renversant. T’avais l’air particulièrement motivé
!
Je te rassure, j’étais tout le temps comme
ça. Je pense que c'est aussi pour ça qu'à Nîmes on m'aime bien car j'avais
cet état d'esprit à tous les matchs, même en amical je ne lâchais rien !
J’avais envie de faire voir à mon club formateur qu’il m’avait bien
formé. (rires) Il y avait forcément une motivation particulière pour ce
match, et c'est vrai qu'avec la victoire j'étais content, mais pas spécialement
parce que c'était Saint-Etienne, bien au contraire. Je me souviens bien de ce
match, c'était exactement à la même période que le match à venir, juste
après les fêtes de Noël. J'étais rentré à Saint Etienne pendant une
semaine, et tout le monde ne me parlait que de ce match, donc j'avais la
pression, et l'envie de bien faire. J'ai même fait une interview pour Le
Progrès avec Fréderic Mendy à Geoffroy-Guichard. Cette saison-là on a
battu quatre clubs de L1 avant de s’incliner en demi-finale contre Auxerre.
Quels souvenirs gardes-tu de ce 32e de finale
?
Les Verts menaient 2-0 au bout de 7 minutes de jeu grâce à un doublé de Frédéric
Piquionne. Sainté avait aligné une belle équipe avec David Hellebuyck,
Pascal Feindouno. Anthony Le Tallec et Bafé
Gomis ont également participé à ce match. Mais on a créé l’exploit,
je me souviens que le gardien Ronan
Le Crom s’était bien fait lober ! (rires) J’étais titulaire au
milieu de terrain, avec mon pote Siramana Dembélé, qui est actuellement
l’adjoint de Sergio Conceiçao à Porto après l’avoir été à Nantes. Je
me souviens que du côté stéphanois, au milieu de terrain, il y avait, Loïc
Perrin qui commençait juste sa carrière, et puis Julien Sablé, mon pote
du centre de formation, avec qui j’ai échangé mon maillot à la fin du
match. Il y avait au moins une trentaine de personnes de ma famille qui était
descendue, beaucoup avec l'écharpe verte, mais à la fin ils étaient quand même
contents pour moi. Ce match reste un bon souvenir, je me le suis revisionné
une ou deux fois. Bon, c'était sur un match, hein ! (rires), mais c'est vrai
que ça fait plaisir de se dire que j'ai été meilleur qu'un mec comme Loïc
Perrin qui est devenu une légende à Saint Etienne !
Toutes proportions gardées, tu l’es devenu
à Nîmes avant d'être contraint de mettre un terme à ta carrière
Il y a six ans et demi, j'ai en effet été amené à mettre un terme à ma
carrière de façon prématurée, car j'avais le genou droit complètement défoncé.
Le gauche l’est maintenant aussi ! (rires) Je me suis fait les croisés au
genou droite, je suis revenu, mais dans la foulée je me suis pété le ménisque
sur le même genou. Après j'ai fait une algodystrophie pendant neuf mois et
demi. J'ai réussi à me rétablir, mais à cause des croisés, j'avais une
grosse instabilité au niveau du genou, car le ligament qui m'a été greffé
ne tenait que sur un fil. J'ai donc mis un terme à ma carrière à 32 ans et
demi.
Que deviens-tu depuis tout ce temps ?
Je suis resté dans la région nîmoise, où je travaille désormais en tant
que commercial dans l'équipement sportif, pour l'un de mes anciens sponsors.
Quand je jouais à Nîmes, j'avais un magasin qui me sponsorisait et qui me
faisait des contrats pour mes chaussures. Comme il s'agit d'une ville de
passionnés, j'ai eu la chance d'avoir des contrats avec des marques, et j'étais
le seul joueur de National à en bénéficier. A l'époque ils recherchaient
un commercial, mais ça c'est fait par hasard, car j'étais en train de
rechercher, avec Idriss Ech Chergui, un local du côté de Saint Chamond pour
monter un complexe de futsal. On avait trouvé des locaux, mais ça n'allait
pas, ça commençait à tarder et entretemps Loïc Perrin et Jérémie ont
ouvert leur complexe du côté d'Andrézieux. Du coup, j'ai accepté ce poste
de commercial pour Midi Sport Distribution, et aujourd'hui ça marche super
bien, j'interviens sur tout le département du Gard.
Tu n’as pas été tenté de rester dans le
milieu du foot, en tant qu’entraîneur par exemple ?
J'ai passé tous mes diplômes, mais j'ai été franchement déçu par le
milieu du foot. Quand tout allait bien, il y avait beaucoup de monde. Mais
quand t’es blessé, pas mal de personnes te tournent le dos. J'ai été un
peu déçu par certaines choses, pas par tout le monde, car il reste plein de
personnes que j'adore à Nîmes. Et puis, pour être entraîneur, il faut être
motivé à 200% et je ne l'étais pas complètement, donc ça ne m'a pas attiré
plus que ça. Dans la vie, si tu ne fais les choses qu'à moitié tu ne les
fais pas bien. Je me suis régalé à entraîner le club de mon fils à
Caissargues mais je n'aspire pas à autre chose.
A défaut de ballon, tu as maintenant la
boule de feu !
(Rires) Oui, c’est le nom de mon club de pétanque à Manduel. J’adore les
boules. J'ai été champion de la Ligue Languedoc-Roussillon en doublette il y
a deux ans, et j'ai fait trois fois les championnats de France. J'ai toujours
adoré ça, et même du côté de Sainté, je jouais avec Jérôme Alonzo.
Avec Loïc Chavériat aussi j’ai souvent joué aux boules, que ce soit à Nîmes
ou à Lausanne. C'est une véritable passion, et à travers la pétanque, je
retrouve un peu le monde de compétition que j'ai connu avec le foot. Je ne
suis plus en état de jouer au foot, sauf ponctuellement, tranquillement, pour
m’amuser, comme au Téléthon par exemple.
Toi qui es resté supporter et suis quasiment
tous les matches des Verts, comment analyses-tu la première partie de saison
de l’ASSE ?
Mon regard de supporter, c'est qu'en 2017 on avait déjà un déclin sous l'ère
Galtier et puis un peu de poudre aux yeux avec les trois premiers matchs de la
nouvelle saison avec Oscar Garcia. Les victoires étaient un peu à l'arraché.
Ça a joué moins bien et c'est parti en sucette. Après, il s'est barré, je
ne sais pas bien pourquoi. C'est comme ça. Quand à la trêve tu te retrouves
avec seulement deux points d’avance sur l’avant-dernier et un sur le
barragiste, c'est forcément préoccupant ! Et puis dans le jeu, ce n’est
pas fameux. Quand on regarde les matchs, on souffre. Je ne sais pas si c'est
la qualité des joueurs ou l'ambiance dans la groupe. Tu ne peux le savoir que
si t'es à l'intérieur. Mais ce que je vois, ça fait peur. J’étais au Vélodrome,
ils n’alignaient pas trois passes, alors qu'ils ont de bons joueurs. En plus
d'être dans une situation difficile, tu sentais les mecs qui étaient
mentalement atteints, touchés. Après, à Sainté, touché n'est jamais coulé.
Mais bon, il y a un problème. Ça fait une dizaine de matchs qu'ils ont pas
gagné. Avant, il y a eu le match de Lyon. Il a fait du mal. Quand j'ai vu le
premier but, j'ai cassé un verre. T'as un corner, tu peux marquer et tu
prends un but, t'as vu comment ça peut tourner une saison ? En plus sur cette
action tu perds ton meilleur joueur offensif sur blessure, tu prends une
rouste chez toi...
Sainté n’a pas été épargné par les
blessures. Tu viens d’évoquer celle de Romain Hamouma mais il y en a eu
beaucoup d’autres. Celles de Loïc Perrin ont pesé lourd !
Ne m’en parle pas ! D'ailleurs, va falloir remédier aux blessures. Quand Loïc
Perrin n’est pas là ou en méforme, l'équipe n'est pas la même. Je pense
ne pas être le seul supporter à penser ça. Quand il est en pleine forme et
compétitif, ça va tout de suite nettement mieux. Avec Stéphane Ruffier,
c’est le taulier. Quand il n’est pas là, t'as l'impression que l'équipe
est totalement bancale. Loïc n’est pas éternel, ce n’est pas normal que
l’équipe repose autant sur lui. Cela fait déjà un bon moment que ça
dure, il faudrait peut-être y remédier ! Peut-être aussi qu'un mec comme Stéphane
Ruffier va aspirer à d'autres choses en fin de saison. Je ne vois pas Loïc
partir, ce sera notre Maldini à nous. Mais, j'ai peur pour Ruffier. En
attendant heureusement qu’il est là. J’ai vu qu’il sera encore suspendu
les trois prochains matches hélas mais je sais que Jessy Moulin est un super
mec, il va assurer…
Les quatre matches de suspension infligés à
Stéphane Ruffier, t’en penses quoi ?
C'est aberrant. J'ai regardé J+1, comme souvent, j'aime bien parce qu'à la
fin du match, t'entends comment les joueurs parlent. Et là, en aucun cas je
l'ai senti agressif vis-à-vis de l'arbitre. Il demandait juste des
explications. Le problème, c'est que certains arbitres tu ne peux pas leur
parler. Je pense qu'il a tiré dans le ballon très énervé, il a couru vite
vers l'arbitre, mais dans sa course il a dû se calmer, il n’a pas été
incorrect dans ses paroles. Si tu prends quatre matchs pour ça... On ne va
pas commencer à parler des Lyonnais mais quand même… Quand tu vois Fekir
qui fout le bordel et qui ne prend qu'un match, alors que Ruffier prend quatre
matchs pour ça... Quand tu vois surtout le geste de Marçal, tu te demandes
vraiment ce qu'ils foutent à la commission ! Quand tu regardes les images…
Marçal, tu ne lui mets pas dix matchs ? Il a mis une gifle à l'arbitre et il
n’a pas eu la moindre sanction ! Et ne parlons même pas de l’attentat de
Tolisso sur Fabien Lemoine, qui ne lui avait valu que deux matches de
suspension... C'est incompréhensible et ça nous dépasse. Mais t'as
l'impression qu'on s'acharne sur Saint-Etienne.
Quel secteur de jeu te paraît le plus préoccupant
à Sainté ? La défense, le milieu ou l’attaque ?
C'est un problème d'équipe, un tout. Défensivement, si t'as Loïc Perrin, Kévin
Théophile-Catherine, Ronaël Pierre-Gabriel, ça ne me dérange pas trop,
j'aime bien ce jeune, il a des qualités. A gauche, je ne sais pas, je suis
moins emballé. Au milieu, j'aime bien Vincent Pajot. Devant, si t'arrives à
retrouver Romain Hamouma avec Rémy Cabella, et que t'arrives à débloquer Loïs
Diony…. Il y a aussi le petit Jonathan Bamba que j'aime bien... T'as quand même
des joueurs de qualité. Mais c'est l'équipe qui ne fonctionne pas. Je ne
sais pas comment Oscar Garcia voulait les faire jouer. Peut-être comme le Barça,
mais pour jouer comme eux, faut avoir les joueurs. A un moment donné, tu ne
peux pas jouer comme le Barça en claquant des doigts. Il faut déjà
retrouver les valeurs stéphanoises, on ne va pas dire qu'on va aller à la
guerre, parce que le foot n'est pas la guerre, mais on va dire de combat et de
solidarité. Cette première moitié de saison, je n'ai pas trouvé une équipe
solidaire, avec des mecs prêts à se défoncer pour les autres. Peut-être
qu'il va falloir faire des choix et prendre des joueurs prêts pour la
bataille. Parce que derrière, t'as des équipes qui sont préparées à jouer
le maintien et à s'arracher, comme Angers. Dans ma carrière, je n’ai joué
le maintien qu’une fois, lors de ma première année en pro, on s'est
retrouvé avec Sablé à Grimonprez-Jooris. On jouait pour pas ne pas
descendre en national ! Crois-moi qu'on fond de moi, ça m'a fait bizarre !
Jouer le maintien, c'est vraiment compliqué, surtout quand tu n’y as pas été
préparé…
Le
Sablé mouvant, c’est émouvant ?
Julien a en effet vécu un deuxième semestre 2017 et surtout un dernier mois
très mouvementé. Quand je vois mon pote du centre de formation, peuchère,
il n’a vraiment pas été mis dans les meilleures conditions ! Après, je
suis persuadé qu'il a largement les qualités pour devenir entraîneur, ça a
toujours été un leader sur le terrain, il portait aussi le brassard de
capitaine. Là, ce n'était peut-être pas la bonne période. Mais bon, lui
c'est un soldat. Surtout avec Sainté qu'il adore. On lui a demandé, il n'a
sans doute pas réfléchi. Il a voulu aider le club. J'espère que les gens
sont conscients de ça ! Déjà, il a eu le courage de prendre l'équipe première.
La situation de l'équipe est quand même préoccupante, je ne sais même pas
si avec Ancelotti, ils arriveraient à faire quelque chose de bien tant ils
sont en manque de confiance ! J'étais content quand Julien a pris l'équipe,
je me suis dit que pour lui ce serait le top, s'il arrivait à redresser la
barre, ça pouvait être un super tremplin pour lui. Mais bon, c'était
compliqué. Lui confier l’équipe première, c’était un peu un cadeau
empoisonné en fait. C’était prématuré. Je ne pense pas que son plan de
carrière, c'était de devenir entraîneur aussi tôt. Connaissant Julien, son
dévouement pour le club, je pense qu’il a foncé quand on lui a proposé le
poste.
A défaut d’avoir su redresser la barre
avec Juju, les Verts vont-ils y arriver ce nouvel attelage Gasset/Printant,
qui avait assuré le maintien de Montpellier dans l’élite ?
En tout cas, je l'espère. Jean-Louis Gasset, tout le monde le connaît, c'est
quelqu'un d'expérimenté. Après, je ne sais pas si ça vient réellement des
entraîneurs. A un moment donné, ça doit dépendre des joueurs aussi. T'as
beau être le meilleur entraîneur, faut voir aussi un peu l'effectif que t'as
à disposition. Moi, en tout cas, j'espère que les supporters ne vont pas en
tenir rigueur à Julien Sablé, mais qu'ils le voient comme quelqu'un qui a
essayé d'aider le club. Moi, ça m'a fait du mal de voir ça. J'étais à
Marseille, j'ai vu le match. Je me suis dit « ça fait chier pour Julien. L'équipe,
elle ne tourne pas alors que le mec il donne le maximum pour aider le club !
» Je pense qu'avec leur expérience, Jean-Louis Gasset et Ghislain Printant
peuvent nous aider. Maintenant, on verra. Seul l’avenir nous le dira.
Pour qui ton cœur va pencher le 7 janvier
prochain ?
J’ai le cœur vert mais mon sang est rouge. Je n’aurais pas de figure si
je disais que j'étais à fond pour Saint-Etienne. Le Nîmes Olympique, ça
reste un club qui m'a apporté beaucoup de choses. J'ai perdu mon père quand
j'étais à Nîmes, le club m'a aidé lors de cette période et je lui en suis
reconnaissant. Il y a des choses qui ne s’oublient pas… Ceci étant, c'est
grâce à Saint-Etienne que je suis devenu footballeur, Je suis toujours Stéphanois
donc forcément, on va dire qu'il y a du 60/40. Mon cœur balance un peu plus
pour Sainté, mais j'ai tellement d'amour et d'affection pour Nîmes… Peut-être
que le plus grand gagnant de cette rencontre, ce sera le perdant ! Parce que
Sainté joue le maintien et Nîmes la montée. Chacun des deux clubs a un
objectif très important en championnat.
Toi qui assistes régulièrement aux matches
des Crocodiles aux Costières, comment nous décrirais-tu cette équipe nîmoise
?
Il y a une vraie cohérence, une réelle continuité dans cette équipe qui
progresse par rapport à l'année dernière. Offensivement, je la trouvais
quand même bonne, un peu moins peut-être défensivement. Cette année, je
trouve qu'il y a un vrai équilibre qui s'est créé, ils ont une grosse
puissance offensive, et derrière ça s’est solidifié. Elle est vachement
complète, cette équipe ! Elle est super bien équilibrée je trouve, avec un
très bon amalgame entre les anciens et les nombreux jeunes formés au club.
On voit une grosse progression. C'est vachement bien. Pour tous ceux qui vont
les voir depuis deux ou trois ans, tu vois vraiment un travail qui a été mis
en place avec une évolution, avec des bonnes recrues. C'est bien ce qu'ils
font, c'est très, très bien. J'espère que ça va les mener à la Ligue 1,
parce qu'ils ont le potentiel.
Quel genre de jeu développent les Crocodiles
?
Nîmes pratique un jeu plaisant, ça joue bien. Ils ont une grosse puissance
offensive. Ils marquent énormément de buts, notamment à la maison. Ils font
de très, très bons résultats à l’extérieur depuis deux ans. L'année
passée, c'était la meilleure équipe à l'extérieur, mais ils avaient connu
un très gros problème les six mois premiers mois à domicile. Ils gagnaient
à l'extérieur, mais pas à domicile. Cette année, ils arrivent à faire les
deux. Ça va être un match difficile pour Saint-Etienne. En plus, les Nîmois
arrivent un peu dans le rôle de l'outsider, Sainté n'est pas au mieux et va
vouloir gagner le match pour se rassurer un peu. Nîmes va jouer un peu plus
libéré, et quand les Nîmois jouent libérés, ils sont très dangereux !
Si t'étais recruteur stéphanois, quels
joueurs prendrais-tu à Nîmes lors du mercato qui arrive ?
J’apprécie Téji Savanier. Formé à Montpellier, il a percé à
Arles-Avignon en L2 sous la houlette de Thierry Laurey. Il joue sa troisième
saison à Nîmes. Milieu de terrain, c'est un peu le maître à jouer, il tire
les coups de pieds arrêtés. C’est un très bon joueur. J'aime bien aussi
Anthony Briançon aussi, il joue derrière. C'est un peu le Perrin nîmois. Ça
veut tout dire ! (rires) Lui c'est un mec qui a été formé au club... Tu
vois Loïc, tu vois ce qu'il peut devenir au club. Et puis devant, Umut Bozok
et Rachid Alioui ç’est talentueux et ça marque, hein ! Les joueurs que je
viens de citer, c’est un peu l'épine dorsale. Après, t'as l'international
Espoirs Olivier Boscagli à gauche, à droite t'as des joueurs formés au
club, Gaëtan Paquiez et Sofiane Alakouch. Ce dernier n’a que 19 ans et été
convoqué cet été par Hervé Renard en sélection du Maroc. Et puis derrière,
t'as aussi Fethi Harek. Bon, lui, il a 35 ans, c’est un joueur d'expérience.
Attends, mais tu vas me citer toute l’équipe,
là ! Tu prends qui au final pour Sainté ?
Allez, on va dire que pour Saint-Etienne je prendrais Anthony Briançon, avec
Loïc Perrin ça ferait une belle doublette. Et le petit Téji Savanier au
milieu, pour apporter un peu de technique et les coups des pieds arrêtés.
C'est un vrai relayeur qui fait le jeu. Tu le mets à côté de Vincent Pajot,
ça peut faire une belle doublette. D'ailleurs, lui, ne me demande pas
pourquoi mais je l'aime bien. C'est un bon guerrier.
Il ne fait pourtant pas l’unanimité chez
les supporters stéphanois.
Je sais, mais pour moi il fait un peu partie des joueurs comme Fabien Lemoine,
comme Jérémy Clément, que j'ai beaucoup aimés à Saint-Etienne. C'est des
mecs de devoir, des joueurs de club. Peut-être aussi parce que j'étais dans
ce profil. Mais je trouve que c'est des mecs qui ne trichent pas et déjà,
par rapport aux supporters stéphanois, c'est pas mal. Après, je ne dis pas
qu'il y a des tricheurs, hein, loin de là ! Mais j'aime bien ce genre de
joueurs. C'est un peu des joueurs de l'ombre, comme l'était Julien Sablé.
Meilleur buteur de Nîmes et de L2 avec 14
buts, Umut Bozok sera supendu contre Sainté. Qui devrait le suppléer sur le
front de l'attaque nîmoise ?
T'as des jeunes comme Renaud Ripart, qui est le vice-capitaine ou le troisième.
Il jouait beaucoup la saison passée, toujours aussi cette année, mais moins
souvent titulaire. Lui c'est pareil, c'est un mec de devoir, ça reste un
attaquant intéressant. A Nîmes il y a un bon mix entre des joueurs de qualité
techniques, intelligents, et des jeunes qui ont faim. Ce qui fait plaisir,
dans cette équipe nîmoise, c’est qu’il y a pas mal de jeunes formés au
club. Des jeunes qui jouent ! Ils sont entraînés par un gars qui à la base
était plutôt un formateur. Bernard Blaquart F [ndp2 : petit frère de
l’ancien Vert et ex-DTN François], a dirigé le centre de formation de
Tours, celui de Nîmes. Quelque part, il était là au départ pour les
jeunes. Les évènements font qu’il a pris l’équipe première. Là, il
fait un super boulot. Il n'a pas peur de changer, de faire jouer les jeunes.
A Sainté, peu de jeunes arrivent à
s’imposer en équipe première. T’en penses quoi ?
Il faut savoir si c'est un problème de génération ou si on ne donne pas
trop la chance à certains jeunes joueurs. Sainté, ça reste un club compliqué.
Quand on regarde les dernières années, ils ont joué la coupe d'Europe à
chaque fois. Il y a quand même des ambitions. Et un club ambitieux comme
Sainté va essayer de recruter des joueurs qui apporteront un plus. Après si
c'est pour recruter des joueurs qui ne sont pas performants et qui bloquent
tes jeunes… C'est l'éternel problème. Je ne vais pas citer de noms, mais
quand je vois certains joueurs qui ont été recrutés par Saint-Etienne, et
que je vois leurs performances, je me dis qu'il doit bien y avoir quelques
jeunes, comme Jonathan Bamba qui a été formé au club et qui a des qualités
quand même. Y’en a sans doute d'autres qui auraient aussi pu avoir leur
chance. Après, tu ne peux pas savoir que tes recrues vont être décevantes.
Je ne sais pas comment est organisé le club. Faut aussi avoir les couilles
d'intégrer les jeunes. Parce que Blaquart à Nîmes, il a eu les couilles lui
d'envoyer les jeunes. Et les jeunes, ils le lui rendent bien. Et faut pas
croire que c’est facile de faire ça Nîmes... On dit souvent que Nîmes,
c'est un petit Marseille. Attention, c'est chaud, ça bouge ! Si tu mets des
jeunes et que t'as pas de résultats, ça va gueuler. Lui, il a continué, il
est sur une continuité depuis deux ans et c'est cohérent.
Pour terminer ce petit entretien Cédric,
quel est ton prono pour ce 32e de finale de Coupe de France?
1-1 et on va aux tirs au but, et après on verra ! (Rires) Je pense qu'il peut
y avoir des buts. Nîmes est une équipe joueuse, je pense que Nîmes va
marquer à Saint-Etienne. Après, il y aura des espaces. En fait je vois bien
un petit 3-2, je ne sais pas pour qui ! (rires) Je vois des buts. Mais bon, en
vrai, il va y avoir 0-0 et vous allez vous foutre de ma gueule ! (rires)
Merci à Cédric pour sa disponibilité et aux potonautes Stéphanois, robbyherbin et Naar pour la retranscription.
par aloisio, le 30/12/2017
Baptiste Valette
Numéro 3 chez les Verts devenu numéro 1 à Nîmes, le gardien Baptiste Valette nous a tranquillement consacré une heure d'entretien à quelques jours de son retour dans le Chaudron.
Tu portes le nom d’un célèbre
producteur de foie gras. Je suppose que t’es de la famille, que tu
t’es gavé lors du réveillon et que t’as prévu de remettre ça toute
cette semaine avec tes coéquipiers ?
Malheureusement, tu te trompes ! (rires) C'est dommage que je ne sois pas de
la famille parce que j'aime beaucoup le foie gras, mais je n'ai pas de prix
sur ces bons produits. En plus, je me souviens, à l'Etrat, juste en face,
d'un vendeur qui proposait du foie gras Valette et pas mal de collègues
m'avaient chambré là-dessus. Malheureusement, avec les collègues de Nîmes,
on va être sérieux et bien préparer le match qui arrive.
Quelle a été ta réaction quand t’as
appris le tirage des 32e de finale de Coupe de France ? T’es content
d’avoir tiré Sainté à GG ou déçu de ne pas avoir chopé Fabrègues ?
Écoute, je vais être honnête avec toi, ce soir-là, j'étais allé au cinéma.
J'avais oublié mon téléphone, et, du coup, en rentrant chez moi, j'ai vu un
nombre de messages fou sur mon portable, et je me suis dit : « Alors, là, ça
sent, soit Montpellier, soit Saint-Étienne. » Et ça n'a pas loupé, c'était
Saint-Étienne !. En voyant les personnes qui m'avaient envoyé des messages,
je m'en étais douté. J'étais sincèrement très content parce qu'il y a le
côté affectif avec les gens que je connais là-bas. Sur le plan sportif,
prendre Saint-Étienne, une équipe de Ligue 1, à Geoffroy-Guichard, le stade
le plus chaud que j'ai connu dans ma vie, c'est vraiment un super tirage. Après,
il y a la magie de la Coupe : peu importe les équipes qu'on peut prendre, peu
importe les tirages. Quoi qu'il arrive, tu vas avoir des grosses équipes à
jouer, mais prendre Saint-Étienne ce tour-là, c'était vraiment une aubaine.
Peux-tu nous rappeler le contexte de ton
arrivée à l’ASSE ?
Je suis arrivé en juin 2013. Montpellier ne m'avait pas conservé, j'avais
fait une année en pro là-bas et je sais que Fabrice Grange avait contacté
certains dirigeants de Montpellier pour se renseigner sur moi. Comme Saint-Étienne
avait laissé partir son troisième gardien de l'époque, Abdoulaye Coulibaly,
ils cherchaient un peu un profil comme le mien pour pallier cette absence et
intégrer le groupe pro directement. Les jeunes derrière manquaient peut-être
un peu de maturité. Du coup, j'ai signé en tant que gardien numéro trois à
Saint-Étienne. C'est donc surtout par le biais de Fabrice Grange que je ne
connaissais pas auparavant.
Quel est le joueur de champ qui t’a le plus
impressionné lors de tes vertes années, de 2013 à 2015 ?
Sans hésiter, Loïc Perrin. Je pense qu’il y a peu de joueurs qui m’ont
autant impressionné. En plus, il n’y a même pas que le côté terrain, il
y a vraiment l’homme. Tout ce qu’il a fait avant même que j’y sois,
quand j’y étais et ce qu’il fait encore aujourd’hui. C’est
quelqu’un d’impressionnant. Le niveau qu’il a pu garder, alors qu’il a
connu des galères, des pépins physiques par rapport à son genou. Il est
revenu au top. Il a connu l’équipe de France, la sélection quand moi j’étais
au club.
Que retiens-tu de tes deux ans à l’ASSE ?
J'ai beaucoup appris même si, malheureusement, je n'ai pas pu jouer avec l'équipe
première, au côté de Fabrice, du coach Galtier, même si on avait très peu
de rapports. Le peu que j'ai eu avec lui m'a beaucoup apporté. J'étais avec
deux mecs, Jessy et Stéphane, qui étaient très bosseurs. Ça m'a fait
prendre un peu de plomb dans la tête, parce qu'à Montpellier je pense que je
manquais peut-être de sérieux, de cadre. C'est Saint-Étienne qui m'a
vraiment fait progresser. J'ai quand même le regret de ne pas avoir au moins
joué un match même si j'ai fait des matchs amicaux avec l'équipe pro. Mais
l'équipe tournait très bien, Stéphane, ces deux années-là, a joué tous
les matchs.
Interrogés par nos soins à l’époque où
tu étais à l’essai chez nous, les deux Bruno du MHSC (Carotti
et Lippini)
avaient loué tes qualités de gardien, ton excellente mentalité et ton côté
travailleur tout en t’incitant à t’affirmer davantage. Tu as réussi à
le faire ? C’est possible de s’affirmer à l’ASSE quand on côtoie un
mastodonte comme Ruffier et un enfant du club comme Jessy Moulin ?
S'affirmer, oui. je pense que l'ai quand même fait, mais, malgré tout, ça
restait pas assez puissant par rapport aux deux caractères qu'il y avait en
face de moi. Après, avec des années de recul, ça m'a aidé dans mon
parcours. Je suis parti en Belgique, dans un club où c'était un peu compliqué.
Je suis parti un peu en mission, j'ai pris le risque de partir là-bas, il
fallait que sur tous les points je sois bon. Je me suis affirmé et
aujourd'hui, je m'affirme encore. Après, c'est quelque chose que je dois
encore travailler aujourd'hui et c'est ma ligne directrice pour progresser
encore.
On s’interroge parfois sur la politique de
partenariat de l’ASSE mais elle t’aura au moins aidé à rebondir…
Oui, complètement. En fait, c'est tout simple. Un jour, le coach et le président
de Virton (Belgique), qui étaient en très bons termes avec Saint-Étienne,
avec qui ils étaient en partenariat, sont venus visiter les installations et,
ce jour-là, ils m'ont vu à l'entraînement. Je les ai un peu impressionnés
parce que j'avais fait un bon entraînement. Ils avaient loué mes qualités,
mais à l'époque, ils ne cherchaient pas de gardien. Ils avaient un gardien
qui avait joué à Lyon et qui est ensuite parti dans un club de D1. Mais ça
s'est fait tard durant les vacances, ils ont contacté mon agent de l’époque,
et grâce au partenariat avec l'ASSE, ça s'est fait. C'est un petit
partenariat que celui de Virton avec Saint-Étienne. Je crois même
qu'aujourd'hui, ils ne l'ont plus. C'était surtout grâce à l'ancien Président,
mais, moi, ça m'a donné un petit coup de pouce, ça m'a servi.
Tu as eu beaucoup de temps de jeu en Belgique
avant de te blesser gravement.
La première saison, j'ai joué 30 matchs, j'ai été élu meilleur joueur du
club. Je faisais une belle saison, c'était mon objectif, de partir là-bas,
et de trouver, dès la première année, un club de première division ou un
très bon club de D2. Des contacts avaient été amorcés, mais
malheureusement, à trois journées de la fin, j'ai subi une grosse fracture
du tibia sur un contact anodin avec un joueur à l’entraînement. Du coup,
la deuxième saison a été quasiment blanche, avec huit mois avant de
retrouver les terrains. Ça a été un peu compliqué et c'est ce qui a entraîné
mon été un peu délicat aussi cette année.
Pour en revenir à ta période stéphanoise,
qu'as-tu appris au contact de Fabrice Grange ?
Comme avaient pu le dire les deux Bruno de Montpellier, j'ai pris énormément
de caractère au contact de Fabrice parce c'est quelqu'un qui a énormément
d'exigence envers ses gardiens. Il m'a mis dans le dur les premiers temps, il
fallait que j'apprenne. C'est quelqu'un qui a entraîné les meilleurs
gardiens en France. Sur le plan technique, sur le plan du placement j'ai
beaucoup appris. Il a côtoyé les meilleurs. Sur le plan humain il m'a considérablement
aidé parce que, à Saint-Étienne, à la fin de ma première année de
contrat, je me blesse, et il a été là pour moi quand ça n'allait pas. Du
coup, il m'a fait voir un côté du football que je ne connaissais pas encore
et je lui en serai toujours reconnaissant. Aujourd'hui, on est toujours en
contact, on s'entend très bien et ce sera l’une des personnes que j’aurai
le plus de plaisir à revoir ce dimanche à Geoffroy-Guichard.
Fabrice, n'est pas un simple entraîneur
de gardien. Il s'est affirmé au sein du staff de Galette, notamment après le
départ de Romain Revelli. Grange, c'est tout sauf un homme de paille ?
Complètement. Son expérience fait qu'il connaît très bien le football et
pas que le poste de gardien de but. Aujourd'hui, avec tout ce qu'il a pu vivre
dans sa carrière, il est capable de jouer un rôle d'adjoint. C'est quelqu'un
qui prend son métier très à cœur, qui est un passionné du foot. Même
moi, quand je le voyais à la télé, ou quand j'allais au stade, c'est sûr
que je constatais qu'il commençait à étoffer son métier. En plus, avec le
coach Galtier, on sait qu'ils avaient une relation d'amitié, et donc, le
coach lui laissait de plus en plus de place. Aujourd'hui, j'espère qu'il
pourra continuer à avancer à ce niveau-là.
Fabrice est parfois un peu chaud, il lui
arrive de s’embrouiller avec le banc adverse. Faut-il faire tout un foin de
l’expulsion de Grange au Roudourou ?
Non, parce que je pense que c'est quelqu'un qui est touché par ce qu'il se
passe dans le club. C'est une personne de caractère, mais qui n'aime pas
l'injustice comme toute personne sensée. Les erreurs peuvent arriver, c'est
arrivé à de grands entraîneurs de se faire expulser dans des périodes délicates.
On sait qu'aujourd'hui, à Saint-Étienne, la situation n'est pas facile, mais
c'est un grand club. Je ne tiens pas rigueur à Fabrice de ce qui s'est passé
lors du dernier match à Guingamp. J'ai beaucoup d'estime pour lui.
La commission de discipline a infligé quatre
matches de suspension à Ruffier. Comment as-tu réagi en apprenant cette décision
?
Sincèrement, j'ai vu des photos mais je n'ai vu qu'une seule fois les images
de l'altercation. Quatre matchs, c'est sévère, ça fait un peu acharnement
sur Saint-Étienne. En plus c'était un match où il y avait déjà 3-0. Ce
sont des potes du vestiaire nîmois qui sont venus m'en parler et qui m'ont
dit que c'était injuste. Moi je n'ai vu que le score final, je n'avais pas eu
l'occasion de regarder le match. C'est sûr que quatre matchs de suspension
.... Après, les arbitres, aujourd'hui sont vraiment protégés pour qu'il n'y
ait pas, justement, ce genre de geste. Stéphane n’a pas été incorrect
mais il prend de la place et, du coup, l'arbitre a dû avoir un peu peur et
c'est ce qui a peut-être entraîné la saute d'humeur.
Le vilain Marçal a échappé à toute
sanction alors qu’il avait giflé deux semaines plus tôt un arbitre
assistant. Et ne parlons même pas du tacle assassin de Tolisso sur Lemoine,
qui n’avait valu que deux matches de suspension à son auteur. On a le
sentiment qu’il y a deux poids, deux mesures. N'y a-t-il pas des questions
à se poser sur cette commission de discipline ?
De toute façon, il y aura toujours à redire sur ce genre de décision. On a
parfois du mal à voir des jugements cohérents. A chaque fois, on a
l'impression qu'il y a des clubs ou des joueurs qui sont sanctionnés un peu
plus, par rapport à leur image. Stéphane, c'est peut-être quelqu'un qui dégage
l'image d'un joueur un peu froid avec tout le monde et, du coup on se demande
s'il ne paie pas un peu cette image-là, alors que la personne en elle-même,
elle n'est pas comme ça. Oui, peut-être y a-t-il deux poids deux mesures
pour les jugements et les sanctions. L'ASSE a fait appel, on va voir ce que ça
va donner...
Toi qui l'as côtoyé pendant deux ans,
estimes-tu que Stéphane Ruffier est une personne qui gagne à être connue et
que sa personnalité réelle n'est pas celle qui transparaît dans les médias
? Beaucoup le réduisent à un mec ombrageux, pas commode, solitaire.
Je pense qu'à la base c'est quelqu'un qui a un fort caractère mais qu'il est
décuplé par les médias, parce que, peut-être Stéphane ne rentre pas trop
dans leur jeu. Je sais qu'il n'aime pas trop les interviews, qu'il n'y a pas
trop de reportages sur lui. Il a pris des choix forts dans sa carrière, que
peu de gens auraient faits. A certains moments, c'est un peu exagéré. Moi,
je l'ai côtoyé, c'est quelqu'un qui m'a beaucoup aidé. A presque tous les
entraînements, il essayait de me corriger, sans passer au-dessus du rôle de
Fabrice. Il me glissait deux ou trois mots, moi, ça m'a aidé. C'est un
gardien qui a été international. J'aurais été bien bête de ne pas l'écouter
! Je ne peux pas dire que c’est une mauvaise personne, au contraire ! Il a
été là pour moi. Il faut mieux le connaître avant d'en dire autant sur
lui.
Le peuple vert s'interroge sur l'après
Ruffier. Comment vois-tu sa succession ? S’il nous quitte l’été
prochain, Jessy Moulin peut-il devenir numéro un après avoir fait toute sa
carrière en tant que doublure ?
Jessy, sur tous les matchs qu'il a faits ces derniers temps, s'est montré
compétitif. Ce qui a été très dur pour lui, c'est qu'il n'y a pas eu
d'enchaînement : il a été compétitif sur des moments où on l'a sollicité
un peu à la dernière minute. Moi, il m'a toujours impressionné même, si
les deux années où j'y étais, il a peu joué de matchs. C'est un gardien
qui n'a jamais lâché le morceau, toujours très sérieux aux entraînements.
Depuis que je suis parti, il a plus joué et, oui, il m'a impressionné. Après,
est-ce que ce sera l'avenir de Saint-Étienne, je ne sais pas parce que Jessy
a 31 ans, il commence à avoir un âge avancé. Si Saint-Étienne commence à
s'installer dans un projet, ils vont peut-être chercher un profil de gardien
plus jeune, mais je ne sais pas.
Anthony Maisonnial que l'on annonce
prometteur est peut-être un peu tendre pour prétendre à la succession. Tu
l’as côtoyé à Sainté ?
Oui, je le connais. Il s'entraînait avec nous, c'est un gardien qui a énormément
de potentiel. Après, la Ligue 1, c'est un niveau compliqué. Jouer dans un
club comme Saint-Etienne, il faut « les avoir bien accrochées », je pense.
Il est jeune encore, mais on peut voir, dans le foot, des gardiens comme Alban
Lafont qui ont commencé hyper tôt et qui ont très vite pris leurs marques.
Il a les qualités pour jouer à un bon niveau. Après, est-ce qu'il tiendra
son rang à Saint-Étienne ? Si un jour, il a sa chance, il faudra qu'il le
montre.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé,
l’entraîneur des jeunes gardiens guingampais Mickaël Dumas a
préconisé un prêt pour qu’il puisse s’aguerrir.
Je pense que c'est hyper important, à notre poste, de jouer. Je rejoins un
peu Mickaël Dumas. On peut voir beaucoup de gardiens prêtés en Ligue 2 pour
commencer à faire leur trou. La Ligue 2 est déjà un championnat assez
compliqué et où il y a de très bons joueurs. A cet âge-là, arriver à
faire six mois, un an, dans une équipe de Ligue 2 et faire de bonnes
performances, c'est bien. Derrière il reviendra au club avec un poids différent
que s'il a fait sa saison en CFA. Ce n'est pas pour dénigrer le niveau, mais
il y a quand même deux mondes d'écart. C'est important de se jauger.
Pour en revenir à Jessy, apprécies-tu sa
personnalité ? Après la débâcle contre Monaco, il a été le seul à ne
pas fuir les médias. Qu'en penses-tu ?
Jessy, c'est quelqu'un avec qui je me suis très bien entendu. On a pu
partager des moments, comme avec Stéphane, sur le terrain et en dehors. C'est
une personne qui a un bon état d'esprit et c'est pour ça qu'il s'entend très
bien avec les personnes du vestiaire. Il a un fort caractère et c'est pour ça
qu'il a assumé sa responsabilité devant les médias. J'ai vraiment apprécié
travailler à ses côtés parce que c'est quelqu'un d'agréable qui a quelques
similitudes avec moi au niveau du caractère, en ce qui concerne et un petit
peu la vie en dehors du foot. On se retrouve sur pas mal de points.
Tu as signé il y a quatre mois à Nîmes en
tant que gardien numéro 3. Comment as-tu réussi à devenir le numéro un, un
« crocodile roc » comme dirait Elton (John, pas Dos Reis) ?
A Nîmes, j’ai fait un essai, j’ai fait un entraînement, ça s’est très
bien passé. Le club cherchait un profil, au départ, de jeune gardien,
certaines personnes n’ont pas fait l’affaire et j’étais libre de tout
contrat, le coach a voulu voir. Ça s’est très bien passé, derrière
j’ai signé un contrat d’un an. J’ai fait des semaines d’entraînement
qui se sont très bien passées, l’adaptation dans le groupe, tout ça,
nickel, beaucoup de jeunes joueurs avec qui on a une bonne entente. Peu de
temps après le gardien numéro un Yann Marillat se blesse contre Auxerre et
se fait les ligaments croisés. Du coup moi je me retrouve dans le groupe pour
le match d’après. On joue en semaine contre Tours, on va gagner à Tours
4-0 et ensuite on fait un match à la maison et malheureusement on perd 5-1
contre Niort. Du coup le match suivant le coach a voulu me tester contre le
Paris FC. Même si on a perdu, j’ai quand même fait une belle performance,
donc j’ai pris le poste et ça continue.
Penses-tu être titulaire dimanche à
Geoffroy Guichard ? Tu étais sur le banc les deux tours précédents...
Je ne sais pas, je n’ai pas l’info. On n’en a pas discuté. On a repris
depuis le 28 décembre l’entraînement avec l’équipe, et pour l’instant
c’était surtout une grosse phase de préparation avec pas mal d’entraînement
physique, tout ça, le coach nous a fait le bilan de notre première partie de
saison. Et on n’a pas encore évoqué le match. Je pense qu’à la fin de
notre stage en Espagne, le coach aura fait son équipe et se sera décidé.
Baptiste, rêves-tu de faire ton baptême
dans le Chaudron ?
Sincèrement, ça me ferait très plaisir de jouer à Geoffroy-Guichard, ce
serait un beau clin d’œil par rapport à tout ce qui s’est passé là-bas.
Mais on a un très gros mois de janvier en championnat, on a la réception de
Lens le vendredi qui suit. Même si la coupe de France c’est magnifique, ça
peut amener des émotions propres à cette coupe, je pense quand même que
notre priorité à nous ça reste le championnat. Même si je ne joue pas, il
ne faut pas que je me mette en tête une quelconque déception. Bon déjà je
serai sur le banc, et sur le banc il peut se passer beaucoup de choses, on ne
sait pas ce qu’il peut se passer, donc je serai concentré malgré tout. Et
après il y a un gros match vendredi contre Lens aux Costières. Quoiqu’il
arrive je serai prêt à jouer le match.
Tu t’entends bien avec ton concurrent
Martin Sourzac ?
Ça s’est bien passé, les coaches ont bien géré la situation, et on a une
bonne entente. Je pense qu’il vaut mieux que ce soit comme ça. Comme on
travaille ensemble, il vaut mieux que l’ambiance soit bonne et que la
concurrence soit saine. Le coach Blaquart a toujours fonctionné comme ça, il
n’a jamais voulu de statut ou quoi que ce soit, ça a toujours été au mérite.
Aujourd’hui je profite de la situation. Je continue de bien travailler pour
garder ma place. Avec Martin on est au courant tous les deux de ça et on se
la donne tous les deux à chaque entraînement. Ça se passe très bien.
Quels sont vos points communs et vos différences
?
En point commun, on a le même âge déjà. 25 ans. Après, c’est difficile
de dire les qualités et les défauts. Je pense que tous les deux on a des
caractères à développer. Nous avons une bonne lecture de jeu, on sent bien
le jeu. On a petit peu d’expérience même si on n’a pas beaucoup joué.
Je néai pas joué en ligue 2, enfin si j’ai joué en D2 belge à Virton.
J’ai quand même évolué dans des groupes, que ce soit Montpellier ou
Saint-Etienne, qui tournaient pas mal, donc j’ai acquis un petit peu d’expérience.
Enfin ça c’est nos points forts. Je pense que notre jeu sur notre ligne
fait aussi partie de nos qualités.
Quand il jouait à Monaco, Martin Sourzac
avait été le bourreau des Verts lors de la finale de la Coupe Gambardella
2011. Il avait en effet arrêté le tir au but d’Idriss Saadi. Tu lui
interdis de remettre ça dimanche, OK ?
Je lui glisserai un mot, promis ! (rires)
Ce 32e de finale de Coupe de France suscite
un gros engouement chez les supporters nîmois, décidés à braver l’arrêté
préfectoral limitant leur présence à 500. Que penses-tu de leur détermination
?
Ça me fait plaisir, franchement, on a un bon public. J’ai cette chance de
jouer dans un club où il y a un très bon public en Ligue 2. Et je trouve que
c’est un peu dommage de leur imposer des restrictions. Les stades, on les
aime vivants. Comme nos supporters je trouve que cet arrêté préfectoral est
dommageable, surtout que je ne pense pas qu’il y ait une grosse animosité
entre les supporters stéphanois et nîmois.
Tu as raison de le rappeler, il n’y a
strictement aucune animosité, c’est d’ailleurs ce qui a surpris dans cet
arrêté.
J’ai été approché par des supporters qui m’ont dit de les soutenir, et
sincèrement je les soutiens parce qu’en ligue 2, ils font des déplacements
assez lointains, ils sont toujours déterminés pour venir nous voir jouer.
Cette affiche de dimanche, elle est vraiment belle, je trouve ça dommage
qu’on ne les autorise pas tous à venir supporter leur équipe, dans ce beau
stade de Geoffroy-Guichard, dans cette mythique enceinte. Nous ce qu’on veut
c’est qu’il y ait de l’ambiance, qu’il y ait un maximum de supporters
qui nous encouragent. Moi aussi, je me régalerai d’entendre les supporters
stéphanois chanter, les supporters nîmois chanter. C’est comme ça qu’on
veut voir les stades.
Malgré ton passé montpelliérain, as-tu été
bien accueilli par les supporters ?
Sur le terrain, ça s’est toujours très bien passé. Après, sincèrement
je ne regarde pas trop les réseaux sociaux, je n’ai pas trop regardé ce
qui s’est dit sur moi. J’étais un petit peu chambré sur mon passé,
parce que voilà en plus moi je suis né à Sète. J’ai joué à Sète,
j’ai joué à Montpellier, on est dans le Languedoc-Roussillon, c’est des
ennemis. Mais bon aujourd’hui je porte le maillot de Nîmes, je le porte fièrement,
même si je n’oublie pas mes années à Montpellier et à Sète. Le club qui
me fait confiance aujourd’hui et qui me fait jouer au plus haut niveau où
je puisse jouer pour le moment, c’est Nîmes. Je me battrai pour le club et
les supporters.
Est-ce que l’animosité entre Montpellier
et Nîmes elle est comparable à celle entre Sainté et Lyon ?
(Rires) Je pense que c’est incomparable Sainté et Lyon, ils ne s’aiment
pas du tout. Le derby Lyon-Saint-Etienne ou Saint-Etienne-Lyon, c’est
incomparable. Je l’ai vécu plusieurs fois et bon c’est vrai que les
gens… Quand ça reste de bonne guerre, ça va. Mais généralement il y a
toujours un peu des débordements quand même entre Stéphanois et Lyonnais.
Sens-tu une certaine excitation chez tes coéquipiers
à l’idée de jouer dans le Chaudron ?
Oui. La plupart de l’effectif étant quand même relativement jeune, déjà
n’a pas évolué à Geoffroy-Guichard, donc ce sera une première. De plus,
jouer une affiche comme celle-là, peut-être que ça ne se reproduira pas, même
si je ne nous le souhaite pas, j’espère qu’on pourra la rejouer dès que
possible. Mais oui, mes coéquipiers sont très contents d’affronter une équipe
comme Saint-Etienne pour pouvoir aussi se jauger. Il y a un réel engouement
de venir dans le Chaudron.
Certains de tes coéquipiers t’ont
questionné à l’annonce de ce match ?
Oui, oui, il y a certains joueurs qui m’ont posé des questions, sur
d’autres joueurs de Saint-Etienne. Même si l’effectif a quand même pas
mal changé depuis que j’y étais, j’ai des potes. J’ai eu aussi des
questions sur l’ambiance à Geoffroy-Guichard, le terrain. Après, ça reste
des joueurs de foot, ils verront bien sur le moment. On verra en temps voulu.
Baptiste, vu la première partie de saison
des deux clubs, est-ce que le Nîmes Olympique sera favori ce dimanche à
Geoffroy Guichard ?
Favori, non, mais je pense qu’on sera un bon challenger.
La première partie de saison des Verts
t’attriste, Baptiste ?
Oui, je continue de suivre les Verts depuis que j’ai quitté le club. En
fait je suis tout le championnat de France, Ligue 1, Ligue 2 et même les
divisions inférieures, je suis un passionné ! C’est sûr que ça me fait
mal au cœur parce que j’ai des potes à Sainté et j’ai tous ceux que
j’ai côtoyés quand j’y étais, mon ami Bryan Dabo aussi qui joue chez
vous aussi, j’ai Rémy Cabella que j’ai côtoyé. Aujourd’hui je ne suis
pas vraiment supporter d’équipe en Ligue 1, je suis plus supporter des
potes que j’ai côtoyés. Comme à Saint-Etienne il y en a beaucoup, souvent
je suis pour les Verts et ça fait mal au cœur de les voir aussi bas au
classement. L’ASSE est un si beau club qu’elle mériterait d’être tout
le temps dans le haut du tableau, de jouer la coupe d’Europe. Moi les deux
années où j’y étais, quand on jouait en Coupe d’Europe, les supporters
se déplaçaient même à l’extérieur. Ah, les ambiances qu’il y a pu y
avoir quand il y avait l’Inter ou d’autres équipes... J’espère que
c’est juste une mauvaise passe, que le cycle va vite basculer du côté
positif et que le club va redorer son blason et va retrouver la place qu’il
mérite vraiment.
Comment analyses-tu cette chute ?
C’est un enchaînement de choses qui ont fait que c’est une situation délicate
à gérer. Le départ du coach Galtier qui était quand même une personne
ultra importante dans le club, je peux comparer ça un peu à Ferguson qui arrête
à Manchester. En gros c’est un peu ce qui se passe. Tu as un Galtier et un
après-Galtier. Même si je pense que les personnes qui ont été mises en
place par la suite ont essayé de faire le maximum pour avoir les meilleurs résultats
possibles. Mais psychologiquement c’est toujours difficile à gérer. Mais
bon, il va falloir se reconstruire et il y a quand même des bases solides
dans ce club pour pouvoir se reconstruire. Maintenant c’est le temps qui
parlera. Et je sais que c’est toujours un peu difficile pour les supporters.
Il faut être patient.
T’es triste Baptiste ou tu verses des
larmes de crocodile, espérant secrètement profiter de la crise stéphanoise
pour nous jouer un vilain tour ce dimanche.
Oui on veut en profite un petit peu (rires). Mais bon, la panthère blessée
il faut toujours s’en méfier ! Même si on est des crocodiles je pense que
ça reste une équipe de Ligue 1. Nous il faut rester à notre place, on est
des challengers. Les larmes ne sont pas de crocodile parce que Saint-Etienne
c’est un club qui te marque quand tu y passes. Même si moi je n’ai pas
marqué le club de mon empreinte, eh bien j’ai été marqué, j’ai vécu
des bons moments. Ce n’est pas du tout des larmes de crocodile, sincèrement.
Tu as certainement noté que l’ASSE se
"montpelliérise". Tu avais initié le mouvement en 2013 mais cette
tendance s’est accentuée ces derniers temps. Ton ami Bryan Dabo est venu
nous rejoindre, Rémy Cabella l’a rejoint, et le club s’en remet
maintenant au duo Gasset-Printant. Qui sera le prochain sur la liste ? Le
directeur sportif Bruno Carotti, le préparateur physique Stéphane Paganelli,
ou le président Laurent Nicollin ?
(Rires) Ah je ne sais pas ! Aujourd’hui c’est vrai que ça se montpelliérise,
après je pense que Laurent Nicollin est bien ancré dans son siège au club
de Montpellier, ça s’est indéniable, je pense qu’il ne lâchera pas le
bateau. Après pour le reste, je ne saurais pas te dire. Peut-être faut-il
regarder du côté des joueurs. Va savoir, Vitorino Hilton pourrait venir à
Saint-Etienne. A 40 ans, c’est encore une machine de guerre. Et Souleymane
Camara pourquoi pas ? Que des jeunes ! (rires)
Quand Bryan Dabo avait signé à l’ASSE, tu
nous l’avais décrit comme un nouveau Josuha Guilavogui. On demande
encore à voir. Que penses-tu de ses performances sous le maillot vert ?
Bryan, je le suis, vraiment. Je pense qu’il peut encore montrer de bonnes
choses. Je pense qu’il n’a pas encore montré tout son talent. C’est un
joueur qui mentalement parfois, a peut-être, comment dire… je ne veux pas
non plus dire une bêtise ! Il m’a déjà bien taquiné au téléphone quand
je l’ai eu par rapport au match. Après il va croire que je le descends pour
le déstabiliser (rires). Il m’a dit « si je te marque un but, je fais
quoi, j’essaie d’être normal, je ne fais rien, je viens te voir et je te
tape sur l’épaule ? ». Je lui ai dit « t’as pas intérêt de venir me
voir ». De toute façon je suis serein, il ne marquera pas.
J’espère qu’il te fera mentir mais
revenons aux lacunes mentales de Bryan…
(Rires) Je pense que Bryan a besoin d’un cadre. Bryan c’est quelqu’un
avec un mental, un fort caractère, un mental à rude épreuve. Je pense
qu’il a subi un petit peu cette situation, et peut-être par excès de
confiance parfois il n’a pas montré ce qu’il devait montrer. Mais en tout
cas je sais que c’est un joueur qui a d’énormes qualités que ce soit
physiques, techniques. Après il doit progresser encore un petit peu sur le
plan tactique, tout ça, mais je pense qu’il peut montrer encore de très très
bonnes choses pour Saint-Etienne.
Joueur le plus averti de l’élite cette
saison, il a fait polémique cette saison lors du penaltygate à la sauce
verte. Ne gagnerait-il pas à canaliser davantage son jeu et son ego ? Le
sens-tu mobilisé à 100% dans l’objectif maintien désormais fixé par le
club ?
Oui je pense sincèrement parce que quand il a signé à Saint-Etienne c’était
vraiment pour lui une très bonne chose, je pense qu’aujourd’hui il est
impliqué dans le club. Après, voilà, Bryan c’est ça, comme je t’ai dit
c’est son mental, le reste il l’a, il doit se canaliser, trouver le juste
milieu entre le caractère et ne pas dépasser les bornes. Pour l’histoire
du penalty, je sais qu’il tire quand même très bien les penalties, mais il
faut aussi qu’il respecte les joueurs qui l’entourent, c’est un tout.
Quand tout ça sera réglé ça pourra devenir un très, très bon joueur de
Saint-Etienne.
Quand Rémy Cabella a signé à Sainté, tu
nous a dit : «
il va tout casser ». Signe de l’influence que tu exerces sur lui, il
avait utilisé ton expression le lendemain même en conférence de presse.
Mais t’aurais quand même pu lui dire de ne pas casser son propre orteil
contre Montpellier !
Je ne pensais pas qu’il allait aller jusque-là quand même. C’est vrai,
c’est dommage. Et bon, pour en avoir discuté un petit peu aussi avec
Fabrice Grange, je sais qu’il a tout de suite séduit. Il a fait des débuts
fracassants dans le Chaudron en marquant dès la première minute de son
premier match. C’est devenu un joueur hyper important et c’est vrai que
cette blessure n’a pas forcément aidé l’équipe. Parce que je pense que
c’est quand même devenu rapidement le leader technique. Rémy en pleine
possession de ses moyens, ça peut être quelqu’un qui amène vraiment de
bonnes choses, de la percussion. C’est un joueur qui peut amener dans son
sillage tout un groupe, parce qu’il a connu quand même des grands clubs et
du coup il peut motiver pas mal de joueurs. Aujourd’hui, il revient de
blessure, je pense qu’il a les dents longues, il a envie de bien faire. Son
retour est une bonne chose pour l’ASSE.
Au bord des larmes après avoir été remplacé
contre Monaco, capitaine à Guingamp, Rémy Cabella semble très investi dans
la survie du club alors qu’il n’est que de passage, étant prêté sans
option d’achat par l’OM.
Cela ne me surprend absolument pas. Je vous l’avais dit aussi dans mon
interview en début de saison : si Rémy est venu à Sainté, ce n’est pas
pour se tourner les pouces. Il a vraiment à cœur de bien faire. Même en
tant que joueur prêté, il donnera le maximum parce que de toute façon ça
ne sera que bénéfique pour lui. Il sera impliqué dans l’objectif maintien
parce que ça sera bon pour tout le monde, lui le premier. S’l fait des
bonnes performances, l’équipe tournera mieux, je pense qu’il amènera cet
allant, cette envie et cette détermination pour gagner. Et c’est toute l’équipe
qui va en bénéficier. Je pense que ça va bien se passer, d’autant plus
qu’il travaille désormais sous les ordres de deux entraîneurs qu’il
connaît bien.
Quelques mots sur le nouvel entraîneur
adjoint des Verts Ghislain Printant. As-tu joué sous ses ordres lors de tes
années montpelliéraines ?
Je me suis énormément entrainé avec lui. J’ai dû faire quelques bancs en
réserve quand il était entraineur. C’est un coach qui a un fort caractère,
qui pousse la gueulante quand il faut. Il sait très bien réveiller les
troupes. C’est quelqu’un qui va avoir beaucoup de détermination pour
relever le défi au club épaulé par Monsieur Gasset que je connais bien
moins, même si il tournait pas mal à Montpellier à l’époque où j’y étais.
Je pense que c’est un bon choix que de prendre le coach Printant. Je pense
qu’il va pousser quelques soufflantes pendant les préparations. Ça peut
aider d’avoir un entraineur de caractère et qui va redynamiser tout un
groupe. J’ai le souvenir de quelques belles soufflantes. Quand il te prend
à partie, tu as envie de glisser sous le banc dans le vestiaire. Je sais
qu’il avait mis des soufflantes à des joueurs qui à l’époque jouaient
en CFA, mais bon voilà c’est toujours dans un but… On va dire que c’est
un style d’entraineur. Aujourd’hui, c’est ce qui peut correspondre au
renouveau de Saint-Etienne. Voilà, quelqu’un de poids qui va arriver dans
le vestiaire, pas en danseuse, ça c’est sûr ! Je pense qu’il va redonner
un allant avec du caractère.
Est-ce que Printant passera l’hiver ? On a
vécu tellement de bouleversements cette saison qu’on n’est peut-être pas
au bout de nos surprises !
Je pense que Sainté s’est stabilisé, sinon je ne sais pas trop à quoi ça
rime de changer autant de fois de personnes qui gèrent l’équipe. Même
pour les joueurs, tout ça ! A un moment donné, il faut repartir sur de
nouvelles bases et que le club avance comme ça. C’est mon point de vue. Je
ne sais pas comment la direction va réfléchir, mais je pense
qu’aujourd’hui, il faut garder le coach Printant et Monsieur Gasset et
partir sur leur dynamique. Après on verra bien ce que les résultats
donneront.
Ce tandem, qui avait permis à Montpellier de
sauver sa place dans l’élite la saison dernière, va réussir la même
mission à Sainté ?
J’attends de voir. Je ne peux pas te dire aujourd’hui. On verra, je pense
sur les premières rencontres, si ça va redonner un petit coup de fouet au
groupe. Je suis optimiste parce que c’est des gens que j’ai côtoyés, que
j’ai pu voir coacher. Je pense que si le message passe bien, je ne vois pas
pourquoi, ils n’y arriveraient pas. Avec les supporters qui continuent à
chanter, avec tout l’engouement qu’il y a derrière ce club, je ne vois
pas Saint-Etienne en L2, ça c’est sûr !
Le retour de blessure de Romain Hamouma peut
aussi être un vrai plus toujours dans cette optique d’aller chercher le
maintien.
Oui, Romain c’est un super joueur ! C’est vrai que malheureusement il
n’a pas été épargné par les pépins physiques, peut-être qu’il doit
encore mieux se gérer, mais parfois on y peut rien, c’est comme ça.
C’est un attaquant qui est bon, qui est très bon Romain. Les deux années où
j’étais à Sainté, j’ai trouvé qu’il il a apporté beaucoup
offensivement par ses courses, sa vivacité. Il a quand même marqué des
jolis buts. Voilà, je lui souhaite d’en remettre, par contre nous si
possible (rires), mais pour le reste de la saison. Son retour ne peut être
que bénéfique pour cette équipe stéphanoise.
Au-delà du duo Gasset-Printant, le club mise
sur le mercato pour redresser la barre. Si tu faisais partie de la cellule de
recrutement de l'ASSE, quel joueur tenterais-tu de débaucher dans l'effectif
nîmois ?
Notre attaquant Umut Bozok, déjà. C'est la pépite de notre équipe, la révélation.
Il a montré qu'il savait très bien s'adapter, même un niveau au-dessus, très
rapidement. C'est un petit attaquant, technique, qui tient vraiment bien sur
ses jambes. Il ne vendange pas, il a très peu d'occasions, il les met au fond
Il a enchaîné trois triplés à domicile. Ça peut montrer l'étendue de son
talent, sa détermination pour marquer. Il sera suspendu à Saint-Etienne car
notre dernier match de l'année en Corse a été reporté. Après, il y a
aussi un autre joueur qui m'impressionne dans notre effectif, c'est Anthony
Briançon, notre défenseur central. C'est costaud, robuste, propre
techniquement. Sincèrement, c'est un très bon joueur de foot et je le vois
évoluer en Ligue 1, facile !
Cédric Horjak nous l'a également cité et même
comparé
à Loïc Perrin ! Il nous a également glissé le nom d'un joueur
formé comme toi à Montpellier...
Téji Savanier ! J'allais le dire, en plus. C'est le troisième que
j'aurais cité pour sa qualité technique, sa facilité à créer du jeu.
C'est également un tueur sur les coups de pied arrêtés. On connaît
l'importance, aujourd'hui, des coups de pied arrêtés et Téji nous a débloqué
des situations importantes grâce à ses corners et ses coups-francs.
Au-delà de ces trois joueurs, toi qui a un
œil très avisé sur la Ligue 2, est-ce qu'il y a des joueurs qui t'ont tapé
dans l’œil dans les clubs adverses depuis le début de la saison ?
Un joueur de Sochaux, Florian Martin, il me semble. C'est celui qui n'a mis
que des buts de folie depuis le début de la saison en Ligue 2. J'ai trouvé
que techniquement, c'était un très bon joueur. On sent qu'il a du ballon,
c'est pas un combat avec ses pieds, il a une belle frappe de balle, il apporte
beaucoup grâce à ses coups de pied arrêtés. J'ai bien aimé l'attaquant
clermontois Ludovic Ajorque, qui m'a mis un piqué. C'est un 1994, c'est un
joueur relativement jeune. Ce sont les deux noms que je ressortirais qui m'ont
relativement impressionné.
Tu as parlé des individualités mais pour
toi, qu'est-ce qui fait la force du Nîmes Olympique, bien parti pour
retrouver l'élite ?
J'ai envie de dire que c'est qu'on vise tous le même objectif mais sans se
mettre de pression. On est un effectif relativement jeune donc on n'a pas trop
de moyens de comparaison, du coup on vit vraiment match après match. On a la
chance d'avoir un super attaquant qui est en réussite et j'espère que ça va
continuer jusqu'à la fin de l'année pour lui, il nous apporte beaucoup. On a
une grosse solidité défensive, on concède très peu d'occasions, même si
le coach porte son jeu sur l'offensive. Je pense qu'en Ligue 2, il faut avoir
un fort esprit d'équipe et un fort esprit de guerrier. C'est un peu la
mentalité de ce club, à Nîmes, et aujourd'hui, c'est ce qui nous apporte
les résultats et c'est qui nous aide énormément. On est comme une famille
et on va au combat chaque week-end.
Tu peux nous dire quelques mot sur votre
entraîneur, Bernard Blaquart, qui est encore méconnu alors qu'il réussit de
très belles choses ? Comment tu le décrirais et est-ce que tu peux le
comparer avec ce que tuas vécu à Sainté ?
Non, je ne peux pas comparer avec d'autres entraîneurs. C'est quelqu'un de très
discret, qui ne dira pas un mot plus haut que l'autre. C'est un entraîneur
qui fait jouer les meilleurs, il n'a pas de scrupules à mettre quelqu'un sur
le banc et je pense qu'aujourd'hui, c'est ce qu'il faut mettre en avant dans
le foot. Il a la bonne mentalité et nous insuffle la bonne détermination
pour jouer. Il nous permet aussi de ne pas nous enflammer. Parce que même
avec nos très bons résultats, de belles séries, il nous a toujours mis en
garde. Le problème avec un effectif jeune, c'est parfois un peu l'excès de
confiance et il a toujours remis les pendules à l'heure quand il le fallait.
Je pense que c'est ce qui fait sa force et ce qui lui permet de très bien
nous gérer. Il fait l'unanimité auprès de tout le groupe.
Un autre Valette, Robert de son prénom, a
joué (et perdu, Dieu merci !) deux finales de Coupe de France avec les
vilains dans les années 70. Tu es de sa famille ?
Mon nom n'a rien à voir avec le foie gras et encore moins avec ce Lyonnais !
(rires)
Est-ce que tu ambitionnes de remporter la
Coupe de France ?
Je ne me mets pas de limites aujourd'hui. Ma vie footballistique m'a amené
tellement de complications dans le passé, aujourd'hui je vis des moments
tellement intenses grâce à Nîmes. Que ce soit en championnat ou en Coupe,
on ne se met pas de limites et aujourd'hui, ambitionner de gagner la Coupe,
j'ai envie de dire, on verra. On va la jouer à fond, on va la jouer comme il
se doit et on verra bien ce qui se passera à la fin.
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter en 2018 ?
Si je te dis que Nîmes retrouvera la Ligue 1 et que Sainté remportera sa
septième Coupe de France, est-ce que tu signes ?
Ah, je signe, sincèrement, je signe car tout le monde sera content. Une montée,
comme on a pu en discuter avec le coach, c'est quelque chose d'exceptionnel.
Maintenant, le chemin est encore long mais ce serait vraiment beau de pouvoir
monter en Ligue 1.
Merci à Baptiste pour sa
disponibilité et aux potonautes Stéphanois, Thomi et ForeverGreen pour la
retranscription
par aloisio, le 31/12/2017