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Christophe GALTIER revient sur le recrutement 2016, narre 2 anecdotes et évoque son avenir

Source :  Site Poteaux Carrés

Mardi 11 juillet 2017                  

Dans la dernière édition de France Football, Christophe Galtier déplore les ratés du recrutement stéphanois symbolisés par le flop Henri Saivet. Extraits.

 "Je n'ai jamais trouvé de “playmaker” à la Boudebouz, à la Sanson ou à la Gourcuff ? Je pensais l’avoir trouvé avec Henri Saivet. Mais s’il n’a pas joué en Angleterre, maintenant, je sais pourquoi: il n’a plus faim. Du tout.On te souffle son nom, tu te dis “bonne idée”! L’un des gros problèmes du club – j’espère qu’il va y remédier –, c’est le recrutement. Je n’incrimine personne, mais tu ne peux pas, pendant quatre-cinq ans, être au four et au moulin, te coucher à pas d’heure avec Stéphane Tessier pour monter des effectifs quand tu as deux-trois matches par semaine.Tu n’as pas le temps. La tête dans le guidon, pied au plancher, tu vas droit vers ce qui se présente, jeudi, dimanche, jeudi, dimanche, mercredi...Tu dois avoir une structure, des moyens humains qui doivent te permettre de ne pas faire de conneries dans ton recrutement. Et Dieu sait que, depuis dix-huit mois, on en a fait beaucoup...

 Je ne m’enlève pas ma part de responsabilités, loin de là. Mais on sait ce que coûte en énergie une Ligue Europa, au groupe, à l’équipe, à l’entraîneur, et à son staff technique et médical.Tu démarres ta saison fin juillet, avec des matches hyper importants qui, selon que tu accèdes aux poules ou non, te permettent de faire ton mercato d’été... ou pas – c’est aussi ça, les moyens de Saint-Étienne. D’ailleurs, la seule fois où l’on ne l’a pas disputée, on a terminé quatrième du Championnat ! Depuis dix-huit mois, il aurait fallu qu’on soit aussi bons dans le recrutement que dans le jeu. Il aurait fallu se démultiplier encore plus! Ça n’était pas possible. C’est là où ON a failli. Et je ne dis pas ils. Ni je...

 On ne peut pas dire que ç’a été une grande réussite ces derniers temps. Je ne dis pas qu’on m’a imposé des joueurs que je ne voulais pas, je dis simplement qu’il y a la réalité de ce qu’est le joueur au moment où tu le veux. Et ça, c’est un travail en amont,un travail d’observation, une enquête préliminaire. Pour en revenir à Henri, on l’avait perdu de vue.On est restés sur ce qu’il avait fait contre nous avec Bordeaux du temps de Willy Sagnol et de René Lobello, mon adjoint! Il avait aussi marqué en finale de Coupe de France contre Évian. Mais le Henri de Bordeaux et le Henri de l’Angleterre, ce n’était plus le même. C’est un exemple. Il y en d’autres. On a recruté des joueurs qui avaient été bons contre nous comme Söderlund et Selnaes. La progression du club, elle n’est pas sur un plan budgétaire, elle est sur la qualité de la cellule de recrutement et sur l’évolution de la qualité de sa formation, de son recrutement des jeunes. Quand tu n’as pas de moyens, il faut réduire au maximum les échecs."

Dans l'autoproclamée "bible du football", Galette nous narre aujourd'hui deux anecdotes marquantes de sa longue expérience stéphanoise.

 "Je me souviendrai toujours d’une intervention à la mi-temps d’un match pathétique à Auxerre, dans des vestiaires exigus. J’avais mis les joueurs en garde toute la semaine contre la faculté de l’adversaire à jouer en contre, et on s’était faits avoir plusieurs fois. J’ai décidé d’être très calme, mais la colère monte. Progressivement, je m’énerve, tellement que je fous un coup de poing dans une cafetière. Comme dans un film, au ralenti, elle part en l’air, tournoie, explose, et tout son café brûlant atterrit sur... la Ruffe ! À ce moment-là, tu es seul au monde... Qu’est-ce que j’ai fait ? Mâchoires serrées, il a pris sur lui, s’est levé, a enlevé sa tenue, et est parti se doucher. J’étais sûr qu’il allait rentrer chez lui, car je pensais avoir commis l’irréversible ! Je suis allé m’excuser auprès de lui, et il m’a simplement dit: “Je m’enlève le café et on repart.”

 A Nantes, au bout de dix-sept minutes, on a déjà fait nos trois changements. Kévin Malcuit rentre, se fait expulser sur sa première intervention et sort blessé ! À vingt-cinq minutes de la pause! Il faut bien avoir conscience qu’un joueur qui manque une semaine manque trois matches. S’il est out trois semaines, c’est neuf matches! J’ai dit à René : “Je vais me mettre à ta place, elle est plus confortable...” Je rentre au vestiaire, c’est Pearl Harbor! Il y a des bandages et de la glace partout, des joueurs allongés. Je m’assois face aux joueurs valides de façon théâtrale. Je ne voulais pas qu’ils regardent ceux qui étaient blessés, ni qu’une déprime contagieuse leur tombe dessus.

 Je leur dis: “Les gars, j’ai bien réfléchi, on ne peut plus faire de changement, on a quatre blessés, on est un de moins, on a beaucoup de matches qui arrivent. Jouer la seconde période, c’est s’exposer à d’autres blessures. On ne va jamais tenir. Il vaut mieux qu’on ne revienne pas, on déclare forfait, j’ai le feu vert de nos dirigeants.” Et là, Kévin Monnet-Paquet, qui avait joué toute la première mi-temps arrière droit, se lève et prend la parole: “Hors de question. On y va, coach! On fait deux lignes de quatre, on ferme, on se met minables.” Je n’avais pas voulu intervenir, je voulais qu’ils s’approprient le match. Et ils ont été là (0-0) ! On nous refuse même un but sur coup de pied arrêté !"

Dans le Parisien, Christophe Galtier explique pourquoi il supporte AG2R au Tour de France.

 "Il y a trois ans, je ne connaissais rien au cyclisme. Et puis j’ai fait la connaissance de Julien Jurdie, le directeur sportif d’AG2R. C’est un amoureux de l’ASSE. Il habite à La Talaudière, pas loin du centre d’entraînement. Il a demandé à me voir, le courant est bien passé. Un jour il m’a offert un vélo de son équipe. Et j’ai commencé ainsi. On a effectué des sorties ensemble autour des monts du Forez. Il m’a appris des choses que j’ignorais, comme l’intérêt d’être protégé du vent par un coéquipier. A Geoffroy-Guichard, après un match des Verts, j'ai rencontré Romain Bardet et son coéquipier Mikaël Cherel. A force de les côtoyer, ces gars m’ont injecté le virus du vélo. Et je suis devenu supporteur d’AG2R.

 La notion de solidarité est encore plus forte dans le cyclisme que dans le foot. Il y a un courage énorme à se sacrifier pour protéger le patron. J’aime cette notion de sacrifice. Demain, je vais prendre place dans la voiture de Julien Jurdie lors de la 18e étape entre Briançon et Izoard. Ce qui était déjà prévu, c’était de me rendre sur le contre-la-montre à Marseille, lors de l’avant-dernière étape, puisque j’habite ici maintenant. Mais j’avais très envie d’aller les voir dans les Alpes. Julien, avec qui je suis en relation quasi quotidienne, m’a invité. J’aime beaucoup cette équipe. Moi qui suis quelqu’un d’assez sensible aux valeurs dans le sport, je dois reconnaître que je me retrouve dans ce que je vois. C’est beau ce que ces mecs font sur le Tour."

Christophe Galtier évoque son avenir dans la dernière édition de France Football.

"Je ne m’interdis rien du tout! Je suis ouvert à toute suggestion.Un journaliste m’a demandé si je pourrais entraîner en France. Heureusement ! C’est mon pays. Un projet, c’est ça qui me ferait replonger. Pas un one shot. Après, on est dans un monde tellement fou que je ne sais pas si je pourrais refuser la Chine ou le Qatar. On peut être confronté à ça, des offres qui te font te demander, ne serait-ce que pour ta famille: “Merde! Est-ce que je dois laisser passer ça ou non?” Ce qui arrive actuellement en Chine est terrible !

 Si mon arrêt devait durer, j'irai voir des matches, au moins un week-end sur deux. J’ai des enfants basés à Bordeaux et à Toulouse. Je suis installé à Cassis, je peux joindre l’utile à l’agréable. Je m’autoriserai aussi quelques matches dans le Chaudron ou au Parc OL. Je veux prendre du plaisir à rencontrer les gens, sans faire du “je suis là”. Je veux aussi aller voir des entraîneurs, leurs semaines de travail. Je demanderai à Mourinho, à Ancelotti et sûrement à Zizou s’ils peuvent me recevoir.

Consultant télé, ça ne me brancherait pas. Je pense que si je bascule là-dedans, c’est que je ne reviendrai plus sur un banc. C’est un métier, une autre orientation que tu donnes à ta vie professionnelle. Si je devenais consultant, je devrais avoir une liberté de parole qui pourrait poser problème à un certain moment."