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L'ASSE en quête d'un nouvel investisseur

Source :  Site Poteaux Carrés

Mercredi 26  juillet 2017           

L'Equipe du 29 juin a révélé que l'ASSE aurait acté le choix de la banque d'affaires Lazard pour rechercher un nouvel investisseur. Cette banque avait notamment contribué à la vente du PSG de Canal+ à Colony Capital dans les années 2000, pour une quarantaine de millions d'euros.

Pour rappel, le club chercherait un partenaire capable d'investir la moitié de cette somme, soit 20 millions d'euros, représentant 20% du capital social. Comme pour les entraîneurs, après la nomination vient maintenant le temps du travail et de la mise en ordre de marche pour Lazard.

Le quotidien économique Les Echos, qui donne quelques précisions sur cette opération. Extraits. 

"L’opération devrait prendre la forme d’une augmentation de capital. Pas question, donc, de parler d’un scénario de revente de titres de la part des propriétaires actuels, du moins pour l’instant. L’objectif de cette opération est de donner au club les moyens de financer des investissements, notamment des achats de joueurs en situation de « post-formation », afin de maintenir la compétitivité sportive de l’ASSE et d’engranger à terme des plus-values à la revente. Un modèle qui peut évoquer celui de l’AS Monaco. Cette levée de fonds ne devrait cependant pas intervenir avant la fin de la période des transferts, fixée au 31 aout. « La phase de ‘marketing’ du processus de recherche d’investisseurs ne débutera pas avant septembre, une fois connus l’effectif du club pour 2017-2018 et les comptes définitifs de la saison dernière, qui ont été clôturés au 30 juin », souffle un proche du dossier."

L'avis de Gom, un potonaute éclairé sur ce sujet

Je suis avec assiduité le forum depuis quelques années sans toutefois avoir posté. Les nouvelles récentes concernant la recherche d’un potentiel investisseur et les questionnements de certains me poussent à partager mes connaissances sur le sujet.

Je travaille dans une banque d’affaires concurrente de Lazard, mandatée par nos dirigeants afin de trouver ce fameux investisseur. Si certains en doute, Lazard et Rothschild sont les top players de la place financière parisienne dans ce domaine. Soyez certains de leurs compétences, nos dirigeants ne se sont pas tournés vers n’importe qui, pas à n'importe quel prix non plus.

Je me permets de fournir une explication relativement complète du mode de fonctionnement des banques d’affaires :

1° Après accord entre Lazard et nos dirigeants, ces derniers transmettront de nombreuses informations concernant le club aux équipes M&A (Mergers & Acquisitions en anglais – Fusions & Acquisitions en français) de Lazard. Ces informations concernent à la fois l’organigramme du club, les infrastructures, l’actionnariat et bien évidemment les éléments financiers historiques et futurs. Des visites des infrastructures seront aussi effectuées en présence des équipes de Lazard en charge du dossier afin de se rendre compte du niveau d’équipement ou de la vétusté des bâtiments par exemple.

2° Dans un premier temps, ces informations seront compilées dans un document, le « Teaser ». Ce document récapitule les grandes lignes de l’activité et des axes de développement envisagés par la direction sans toutefois citer le nom de « l’entité » précisément. Dans notre cas précis, l’existence d’un mandat accordé à Lazard est d’ordre public par conséquent le fait que « l’entité » soit l’AS Saint-Etienne n’est pas un secret, ce cas de figure n’arrive que très rarement dans le cas de cibles traditionnelles dites « industrielles ». Ce « teaser » sera ensuite transmis à divers acquéreurs potentiels identifiés par Lazard et susceptibles d’être intéressés par notre offre, ces acquéreurs seront certainement des grandes fortunes françaises (entrepreneurs ou historiques), des fonds d’investissements ou encore des industriels.

3° Si ce « Teaser » attise l’intérêt des investisseurs ciblés, ces derniers rédigeront un document juridique, un « NDA » ou « non-disclosure ageement », permettant d’assurer la confidentialité des informations transmises lors de la suite du process.

4° Lazard transmettra ensuite aux acquéreurs potentiels un document appelé « Information Mémorandum » ou « Info Mémo » pour les intimes, document le plus important du process. Sur plusieurs dizaines de pages, il retrace tous les aspects de la structure « ASSE ». Pour être plus précis, il débutera par une présentation synthétique suivi des détails et tendances du marché du football ainsi que le positionnement de notre club sur ce marché, l’organisation juridique, l'historiques du clubs, les infrastructures, les ressources humaines et pour finir les aspects financiers historiques, futurs et les axes de développement envisagés par la direction. A la suite de l’étude de ce document, les acquéreurs souhaitant continuer le processus rédigeront une « LOI », une lettre d’intérêt pour faire simple. Dans cette lettre sera abordé la notion de « Valorisation d’Entreprise » (en gros le prix), à ce stade seule une fourchette de valeur est transmise et non un prix fixe. Ce point est de loin la partie amenant le plus de négociation par la suite.

Les étapes qui suivent abordent des aspects plus techniques mais en voici les grandes lignes :

5° Des séances de Questions/Réponses (physiques ou par téléphone) et plusieurs rencontres entre Lazard, les dirigeants et les acquéreurs potentiels sur des points abordés dans l’« Info Mémo » mais que ces derniers veulent approfondir.

6° Après avoir pris connaissance de tous les aspects, les acquéreurs transmettront à Lazard une offre ferme et dite engageante juridiquement avec un prix précis (contrairement à l’étape 3 précédemment citée). Toutefois, cette offre est soumise à de nombreuses conditions suspensives comme l’absence d’évènements extraordinaires (révélation de corruption au sein du club avant la réalisation de l’opération par exemple).

7° Pour finir, un acquéreur sera retenu selon son profil, sa vision et le prix qu’il est prêt à payer.

Ce type de process s’étale généralement sur une durée de 6 à 18 mois et la majorité des acquéreurs ciblés initialement sortent du process au fur et à mesure. Selon les attentes des dirigeants, il est possible que les négociations soient plus courtes mais aussi qu’elles ne soient pas concluantes, notamment si le prix attendu par nos dirigeants n’est pas en adéquation avec celui que les acquéreurs sont prêts à payer !

L’industrie du sport est aujourd’hui de plus en plus attractive aux yeux des différents acteurs financiers (un dossier a été consacré à ce sujet sur CapitalFinance récemment), les fonds d’investissement notamment, portée par la hausse des droits télés ces dernières années. Contrairement à ce que j’ai pu lire précédemment, un investisseur minoritaire ne vient pas pour faire de l’image comme disait Kishizo (le milieu de la finance est un milieu particulièrement discret au sein duquel les acteurs ne crient pas sur les toits la réussite de leurs opérations) ou pour racheter la totalité du club mais du fric. Le but de cette opération est d’injecter 20 à 30 M€ à l’année N. Cet argent permettra au club de « grandir », une progression qui entraînera une hausse de sa valeur dans 5 ou 7 ans environ (durée habituelle d’investissement pour le milieu). Cette hausse de valeur permettra ensuite à l’investisseur minoritaire de revendre ses parts à une valeur supérieure en N+5 ou N+7 et donc de réaliser une plus-value.

Plusieurs scénarios sont possibles concernant la revente des parts de l’investisseur : un rachat des parts par Bernard Caiazzo et Roland Romeyer afin de rétablir l’actionnariat pré-opération, un rachat par un autre investisseur sur le même modèle (dans ce cas on repart sur un cycle de 5 à 7 ans) ou encore un rachat par une personne physique qui aurait vocation à prendre la place de Bernard Caiazzo et Roland Romeyer dans les années à venir.

Un investisseur minoritaire n’a pas vocation à racheter le club dans sa totalité (les chinois n’ont aucun intérêt à racheter la totalité d’OL Groupe et d’en assurer la gestion au quotidien pour faire le parallèle), ce cas de figure arrive dans des environnements industriels, par exemple lorsqu’un grand groupe rachète 20% d’une entreprise locale dans un premier temps pour ensuite racheter la totalité si la progression de l’entreprise est satisfaisante et l’intégration réussie.

L’article récent paru dans Les Echos évoque « une augmentation de capital ». Cette opération est matérialisée par la création de nouvelles actions au profit du nouvel investisseur ce qui entraînera la dilution de la part au capital de Bernard Caiazzo et Roland Romeyer.

En ayant une vision réductrice et pour faire simple, l’intérêt d’un investisseur minoritaire se matérialise par des bonnes performances financières historiques, une croissance des revenus, un faible endettement, un marché en croissance et un top management de qualité. Le club coche tous les critères y compris celui concernant le management contrairement à ce que certains pensent. De plus, si le club n'était pas attractif Rothschild et Lazard ne se seraient pas battus pour avoir ce mandat.

Je me permets aussi de vous transmettre quelques éléments financiers issus des différentes bases de données utilisées par les établissements financiers. Juridiquement la maison mère du club est l’entité « Asse Groupe » (et non pas « SASP AS Saint-Etienne » comme communiqué par Fromhell dans un post précédent), elle-même détenue par les holdings de Bernard Caiazzo et Roland Romeyer via une autre holding « Viridis ». Selon mes sources, à la date du 30 juin 2016, cette entité disposait de :

• 11,2 millions d’euros de capitaux propres pour répondre à une question posée précédemment ;
• 17,1 millions d’euros de « disponibilités » assimilables à du cash ;
• une dette financière (emprunt à long terme) de 8,4 millions d’euros ;
• des charges de personnel global (pas uniquement les joueurs) d’un montant de 48,5 millions d’euros.