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 Le feuilleton de la reprise de l'ASSE avec l'investisseur américain PEAK6


Source :  Site Poteaux Carrés

Samedi 12 mai 2018             

12 mai 2018 

13 mai 2018 

"Menées dans le plus grand secret depuis plusieurs mois par la banque Lazard, avec laquelle Caïazzo avait signé un contrat d'exclusivité l'été dernier, le cabinet Deloitte et le cabinet d'avocats Kuperfils, les tractations ont abouti il y a quelques semaines, avec la signature d'un accord de principe portant sur la vente de la totalité des parts du club. Si cette vente ne pourra pas devenir officielle avant le 15 juin pour des raisons comptables et légales, son annonce pourrait toutefois intervenir avant la fin de cette semaine. Peut-être même dès mardi.

 L'ASSE devrait passer, comme l'OM, sous pavillon américain. Si le nom du repreneur n'a pas encore filtré en raison des clauses de confidentialité strictes signées par les deux parties, il s'agirait d'un homme d'affaires américain proche de Maxim Demin, le propriétaire russe de Bournemouth (ANG), qui n'est pas partie prenante à la reprise des Verts. Préférant rester pour l'instant en retrait, le futur propriétaire de l'ASSE a mandaté Jérôme de Bontin, homme d'affaires franco-américain et éphémère président de l'AS Monaco (10 avril 2008-27 février 2009), pour conduire l'opération de rachat à sa place. Ce dernier aurait rencontré Romeyer à Paris début avril. Caïazzao étant malencontreusement arrivé en retard, Romeyer a honoré ce rendez-vous seul. D'abord réticent, il aurait finalement validé le projet de reprise présenté par De Bontin.

 Caïazzo et Romeyer avaient un vœu pieux : valoriser le club, qu'ils ont acheté 5 M€ en 2004, à au moins 80 M€. Sauf qu'un récent audit a considérablement fait baisser ce prix car la valeur réelle d'un club reste liée à son portefeuille de joueurs. En dehors du latéral gauche Gabriel Silva, du milieu international norvégien Ole Selnaes, qui jouit d'une belle cote en Angleterre et auprès des gros clubs italiens, voire du gardien Stéphane Ruffier, lié jusqu'en 2021, aucun autre joueur ne possède une réelle valeur marchande. Cabella et Ntep ont été prêtés à Saint-Étienne, respectivement par Marseille et Wolfsburg. Beric, M'Vila et Subotic n'auront plus qu'un an de contrat la saison prochaine. Hormis l'attaquant Jonathan Bamba, qui prend des cours d'anglais en attendant de partir libre au 30 juin - Debuchy, Maisonnial, Théophile-Catherine et Monnet-Paquet le seront aussi -, le centre de formation ne produit plus assez de talents.

Reste également le problème de la propriété des parts d'Adao Carvalho, l'homme d'affaires portugais, condamné pour escroquerie en 2014 (*) et avec lequel Romeyer s'était associé pour racheter la moitié de celles de Caïazzao, en 2004. Ces parts, qui permettent de détenir indirectement 22 % du capital du club, ont été saisies par la justice le 4 novembre 2016. Cela a forcément pesé lors des négociations. Selon une source proche du dossier, la vente ne devrait pas dépasser les 50 M€. On parle plutôt de 40 M€. Toutes proportions gardées, le futur propriétaire aurait dans l'idée de calquer son projet sur celui de Red Bull, la marque autrichienne de boisson énergétique propriétaire des clubs du RB Salzbourg (AUT), des RB de New York (USA) et du RB Leipzig (ALL). Autrement dit, il ambitionnerait de faire de Saint-Étienne la matrice de plusieurs clubs. Cette stratégie se voudrait par conséquent tournée vers l'international."

 "Si Jérôme de Bontin, l'ancien président de l'ASM, pourrait également investir dans le club, ce serait pour un montant modeste. Car l'essentiel se situe ailleurs pour lui, au niveau d'un poste opérationnel qui pourrait être semblable à celui d'Olivier Létang, président-délégué et manager général du Stade Rennais, ou de Jacques-Henri Eyraud, président du directoire de l'Olympique de Marseille. Mais De Bontin ne viendrait pas seul. Il s'entourerait d'un directeur du marketing spécialisé dans le digital afin d'accroître les recettes, d'un directeur général en charge de l'administratif, qui pourrait être l'actuel directeur général, Frédéric Paquet, attendu aux États-Unis dès la fin du Championnat, et d'un nouveau directeur sportif qui remplacerait Dominique Rocheteau, lequel se verrait alors proposer le rôle d'ambassadeur des Verts.

 Marié à une Autrichienne, sensible à la culture allemande et appréciant de venir à Munich assister aux matches du Bayern, de Bontin entretient de longue date des relations amicales avec Willy Sagnol (41 ans). Il sait l'ancien international français (58 sélections de 2000 à 2008) et latéral droit du Bayern (2000-2009) natif de Saint-Étienne, polyglotte et polyvalent. Aux yeux de De Bontin, sa double culture, locale et internationale, fait de l'ancien sélectionneur Espoirs français (2013-2014) et entraîneur de Bordeaux (2014-mars 2016) la personne idoine pour chapeauter tout le domaine sportif. Une première prise de contact aurait eu lieu dès novembre. Il ne semble toutefois pas acquis que Sagnol, également proche de Patrick Guillou, resté le «chouchou» du Chaudron, et proche des Magic Fans, rejoindra la nouvelle équipe dirigeante des Verts tout de suite. La saison prochaine, il pourrait effectuer une pige dans le Golfe ou en Angleterre, de préférence à la Chine, avant de revenir au sein de son club formateur."

 "Réapparu au stade Geoffroy-Guichard, dimanche dernier, après la défaite contre Bordeaux (1-3), Bernard Caïazzo aurait glissé à Jean-Louis Gasset : «T'inquiète pas. Tu seras le prochain entraîneur.» Pour se montrer aussi rassurant, le président du conseil de surveillance a sans doute obtenu des garanties de la part du futur propriétaire. Gasset (64 ans) et les jours de repos qu'il s'accorde après les matches suscitaient pourtant quelques réserves chez les repreneurs américains. Mais les explications sur sa situation familiale - Gasset a perdu son épouse le 21 janvier 2017 - et sur le bénéfice de ces plages de repos pour les performances stéphanoises auraient fait évoluer les positions du clan américain. Ce dernier se serait rallié à l'idée que l'entraîneur, sous contrat jusqu'au 30 juin 2019, restait l'homme de la situation pour la saison prochaine. Et plus si affinités. Le garder leur éviterait notamment de devoir travailler dans l'urgence. S'il accepte, Gasset devrait donc rester à son poste, toujours accompagné de son ami Ghislain Printant, mais sans doute sans Julien Sablé. Le nom de Laurent Battles, le prometteur entraîneur de la réserve, aurait été cité pour remplacer celui qui fut brièvement à la tête de l'équipe première du 15 novembre au 19 décembre."

"Les différentes parties sont en négociation exclusive jusqu’au 25 mai. Ce qui signifie que Roland Romeyer et Bernard Caïazzo ne doivent pas avoir d’autres discussions pendant cette période-là. Et que le repreneur potentiel a accès à la "data room" du club stéphanois. Il peut donc consulter toutes les données comptables de l’ASSE, preuve de la confiance qui lui est accordée. Et Saint-Etienne étant un club sain, l’investisseur américain ne devrait pas avoir de mauvaise surprise" précise la radio. "Le Franco-américain Jérôme De Bontin, installé à Washington, qui a été manager général des Red Bulls de New York et a soutenu Donald Trump à la dernière élection présidentielle, pourrait prendre un rôle similaire à celui de Jacques-Henri Eyraud avec Frank McCourt à l’OM."

 

14 mai 2018

"Si Romeyer s'est fait à l'idée de quitter définitivement le club, Caïazzo aimerait y rester comme représentant des Verts auprès des instances. Un rôle qu'il occupe déjà, à Paris. C'est ce qu'il serait parvenu à négocier avec les Américains, sous la forme d'un contrat de vingt-quatre mois. Il s'agirait d'une entorse dans la volonté des futurs repreneurs de faire table rase du passé, comme cela s'est produit à l'OM peu après l'arrivée de Franck Mc Court, et d'un risque pris vis-à-vis des supporters notamment, au moment où ils se lanceront dans une opération séduction. Pas sûr, dès lors, que Caïazzo ira au bout de son contrat. Car dans quelques jours, les Verts devraient tourner pour de bon une page de leur déjà riche histoire."

 "Jérôme de Bontin est le conseiller d’un candidat à la reprise de l’ASSE, comme d’autres, de Chine, de Russie ou de France (soutenu par des locaux). Il a été un éphémère président à Monaco (2008-2009). Gérard Soler dit de lui "C’est un passionné du football mais il était en avance sur son temps". Peut-être parce qu’il pense marketing. Pour certains, à l’ASM, il avait recruté Freddy Adu, annoncé comme un prodige américain pour conquérir le marché aux États-Unis. Un fiasco, mais lui peut rappeler qu’il avait aussi engagé Park et Alejandro Alonso. (...) Aujourd’hui, De Bontin revient sur le devant de la scène parce que le projet qu’il porte intéresse Roland Romeyer pressé de vendre, tandis que Bernard Caïazzo répète « ne pas avoir besoin d’argent » et entend privilégier « la meilleure solution pour assurer l’avenir du club ». C’est ce qu’il a martelé à Monaco sans rien révéler que nous ne savons. C’est mi-mai (mardi ?) que les actionnaires donneront leur feu vert pour entrer en négociations exclusives avec le candidat retenu."

Jean-Michel Larqué : "Il y a évidemment un sentiment de tristesse, mais il faut vivre avec son temps. Je ne connais pas l’éventuel futur propriétaire, mais on a eu des présidents qui étaient enracinés dans le Forez et l’ASSE. Que ce soit Roger Rocher ou Roland Romeyer, du sang vert coulait dans leurs veines. Là, on a l’impression que le club va perdre un peu de son identité. Je suis extrêmement prudent. En ne regardant que les faits, on s’aperçoit que Bordeaux était tout près d’être vendu à je ne sais qui et qu’on est revenu à la case zéro. À Lille, on a un projet qui croule sous les dettes et on n’en mène pas large. Enfin, les Chinois passés par Sochaux étaient argentés comme des chaînes de puits. Par conséquent, j’attendrai de voir, un : s’il y a rachat, deux : quelle est la surface financière de ce projet."

 Dominique Bathenay : "Les clubs doivent garder un ancrage régional, mais on ne peut aller à l’encontre de cette évolution. Pour passer à la vitesse supérieure, il faut des moyens et c’est à l’étranger qu’on les trouve. Il faut que ce rachat permette à Saint-Étienne de passer un palier. Tout dépend de ce que les futurs actionnaires veulent faire, de la nature de leurs ambitions, de la manière dont ils vont organiser le club."

 Christian Lopez : "Une manne financière arrive au club et c’est une bonne chose. Aujourd’hui, en fonction du budget, on peut annoncer le classement de l’équipe. Le PSG est loin devant maintenant, mais Saint-Étienne pourrait rejoindre la troupe des Monaco, Lyon et Marseille. Il y a certainement aussi des choses à revoir dans la formation, aucun joueur n’ayant été sorti depuis de nombreuses années."

 

15 mai 2018 : communiqué officiel  : négociations exclusives entre Peak6 et l'ASSE

Fondé en 1933, l’ASSE est le club le plus titré en France avec dix titres de champion de France, six coupes de France, une coupe de la ligue et une finale de coupe d’Europe des clubs champions. Résidant au mythique stade Geoffroy-Guichard, bénéficiant d’une communauté de fans et de supporteurs sans pareille et d’une identité forte, les Verts comptent parmi les clubs les plus populaires en France et en Europe.

PEAK6 est un investisseur global faisant preuve de passion dans ses investissements. PEAK6 possède une grande expertise dans le monde du sport et du football européen en particulier, étant actionnaire minoritaire de l’AS Roma en Serie A en Italie, de l’AFC Bournemouth en Premier League en Angleterre et également actionnaire majoritaire du club de Dundalk FC en Irlande. PEAK6 envisage de nommer Jérôme de Bontin comme Président du Club. M. de Bontin, né à Paris, a été précédemment Administrateur et Président de l’AS Monaco et Directeur Général des New York Red Bulls.

Jérôme de Bontin indique : "Nous sommes extrêmement fiers de rentrer en discussions exclusives avec Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. L’AS St Etienne est l’un des plus grands clubs français avec une histoire prestigieuse et des valeurs fortes. Nous sommes impatients de contribuer à de nouveaux succès."

Bernard Caïazzo et Roland Romeyer commentent : "Après avoir reçu différentes options et repreneurs potentiels, nous sommes ravis d’entrer en négociations exclusives avec PEAK6. Nous avons été convaincus par leur grande connaissance du monde du sport, leur expérience du monde des affaires et leur rayonnement international, combinés à leur passion pour le football. Cette nouvelle étape permettra de pérenniser l’excellence sportive du Club sans renier ses valeurs. La présence d’un club français avec un actionnariat américain en finale de l’UEFA Europa League est un signe qui démontre l’efficacité du modèle U.S. dans le football européen."

La réalisation de l’opération reste soumise à la consultation du comité d’entreprise et à la finalisation de la documentation juridique.

On apprend entre autres que la société PEAK6 est actionnaire minoritaire de l’AS Roma, de l’AFC Bournemouth en Premier League, et également actionnaire majoritaire du club de Dundalk FC en Irlande. 

Par ailleurs, PEAK6 envisage de nommer Jérôme de Bontin comme Président du Club.

Ce dernier indique qu'il est "fier de rentrer en discussions exclusives avec Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. L’AS St Etienne est l’un des plus grands clubs français avec une histoire prestigieuse et des valeurs fortes. Nous sommes impatients de contribuer à de nouveaux succès."

 Roland Romeyer et Bernard Caiazzo apportent des précisions : Après avoir reçu différentes options et repreneurs potentiels, nous sommes ravis d’entrer en négociations exclusives avec PEAK6. Nous avons été convaincus par leur grande connaissance du monde du sport, leur expérience du monde des affaires et leur rayonnement international, combinés à leur passion pour le football. Cette nouvelle étape permettra de pérenniser l’excellence sportive du Club sans renier ses valeurs. La présence d’un club français avec un actionnariat américain en finale de l’UEFA Europa League est un signe qui démontre l’efficacité du modèle U.S. dans le football européen."

"Si nous les avons choisis, c'est qu'il y a de l'ambition ! En France, on parle d'un Big Four. Le groupe Peak6 souhaite que l'ASSE intègre cela. Que ça devienne un Big Five. C’est la modernité qui veut ça. A partir du moment où on nous dit que l’AS Saint-Etienne sera le club joyau, c’est ce projet-là qui nous a intéressé. Ce qui m’intéresse, c’est l'avenir de l'ASSE. La question, c’est comment aller plus loin ? Ce qui est sûr, c’est que nos amis américains ne viennent pas pour faire exactement la même chose que nous.

 A l’époque où Jérôme de Bontin était président de l'AS Monaco, on s’entendait très bien. J’ai senti quelqu’un de très rigoureux et professionnel. Mais ce que je regarde, c’est que quand on a une discussion sur le football moderne, on partage les mêmes points de vue: l’ambition, la vision internationale, l’utilisation des nouvelles méthodes. Il y a une école moderne du football. L’ASSE était dans une école un peu old-school. Mais si vous voulez être compétitif, il faut être aussi dans la modernité du football.

 On n’a pas envie que Saint-Etienne soit dans la deuxième division du football européen. Il faut que notre club soit au plus haut niveau possible. Et ça demande des moyens financiers que Roland Romeyer et moi nous n’avons pas."

16 mai 2018

Le maire de Sainté salue "la bonne santé financière du club et ses résultats sportifs encourageants". Et s'il admet la nécessité pour "un club à fort potentiel de développement comme l'ASSE de trouver des investisseurs capables d'engager des sommes importantes" pour franchir un nouveau palier, il exprime néanmoins certaines conditions.

 "Cela semble être le cas du fonds d'investissement "Peak6", reconnaît-il. Mais "il convient également d'attendre vers quel projet sportif ils souhaitent s'orienter" ajoute-t-il avec prudence. S'il se défend de "s'immiscer dans la gestion et les décisions internes" du club, il rappelle néanmoins qu'il a un droit de regard sur l'esprit qui l'anime depuis toujours.

Gaël Perdriau précise en effet qu'il restera "particulièrement vigilant et garant de l'esprit Vert et stéphanois de l'ASSE, ne serait ce qu'à travers le stade de Geoffroy-Guichard, propriétaire de la Métropole stéphanoise et donc de ses 400 000 habitants."       
      Pour rappel, le maire de Sainté et l'ASSE avaient signé le 9 février 2018 un accord sur l'exploitation du stade pour douze nouvelles années.

 "Cet homme d'affaires de 60 ans, franco-américain né d'une mère suédoise et d'un père français, marié à une Autrichienne et père de trois enfants, est à l'origine du projet d'acquisition de l'ASSE par Peak6 et son patron Matt Hulsizer. Ce dernier envisage de le nommer futur président de Saint-Étienne. Jérôme de Bontin vit aux États-Unis depuis longtemps et notamment à Chicago, où est installé le siège du futur propriétaire des Verts.

 De Bontin n'est pas un inconnu dans le football français et pas seulement parce qu'il a dirigé l'AS Monaco entre avril 2008 et février 2009, à la demande de son ami le prince Albert II, qu'il a rencontré lors de leurs études à l'Amherst College, près de Boston dans le Massachusetts. Depuis son départ de la Principauté, il n'a pas cessé de suivre de près ou de loin la vie du football en France ou aux USA.

 Il a, un temps, tenté d'être président de la Fédération américaine de soccer, et occupé le poste de manager général des Red Bull de New York de 2012 à 2014. Il avait organisé, en 2010, la participation du PSG à la Chicago Sister Cities International Cup, un tournoi amical au cours duquel les Parisiens, entraînés alors par Antoine Kombouaré, avaient affronté le Chicago Fire et l'Étoile Rouge de Belgrade.

 Ces dernières années, Jérôme de Bontin s'était intéressé, déjà avec des investisseurs outre-Atlantique, au rachat de l'AS Nancy-Lorraine et surtout de l'AJ Auxerre, avant l'arrivée du propriétaire chinois James Zhou, en raison de ses attaches bourguignonnes, une partie de sa famille étant originaire de l'Yonne.

 À l'ASM, il avait notamment professionnalisé la préparation des joueurs en faisant appel à la société américaine Athletes Performance, devenue EXOS, qui travaillait avec Jürgen Klinsmann à la tête de la sélection états-unienne. Il avait aussi souhaité dynamiser les recettes du club, notamment le merchandising, la billetterie et le sponsoring à partir des méthodes en cours dans le sport américain. Cette expertise devrait aider les Verts, parfois surnommés le Liverpool français de l'autre côté de l'Atlantique, à se développer et prendre une nouvelle dimension en version américaine."

17 mai 2018

 "J'ai lu ou entendu que les actionnaires avaient besoin d'argent. Ce n'est pas vrai, c'est le club qui en a besoin. Si on regarde le chemin parcouru depuis quinze ans, on s'aperçoit que les bases sont saines. Mais il est indispensable, si on veut s'installer dans le top 5, de s'adapter, d'évoluer. Lorsque le club, alors en Ligue 2 et en grande difficulté financière, avait vu son dossier repoussé par la DNCG, c'est moi qui ai fait le chèque. Je suis au club depuis 1957, je suis son président mais aussi un supporter. C'est pour cela que je souhaite le voir franchir un palier.  Je ne suis pas pressé de vendre mais il y a une saison à préparer. Nous sommes en négociation avec PEAK6 et j'espère que nous trouverons une solution d'ici une semaine, dix jours."

 Dans le même quotidien régional, Bernard Caiazzo nous dépeint un Roland Romeyer touché par cette passation de pouvoirs. "Roland s'est mis a pleuré à table avec les Américains, ça m'a beaucoup ému."

 Extraits : Basé à Chicago, PEAK6 Investments est un fonds d'investissement fondé en 1997 par Matt Hulsizer et Jenny Just. Ces anciens courtiers passés par la Swiss Bank misent sur des participations financières dans des firmes technologiques et dans des entreprises sportives.
Le fonds d'investissement a pris des participations minoritaires dans les clubs de l'AS Rome (Italie), de Bournemouth (Angleterre), et une participation majoritaire dans le Dundalk FC (Irlande).

Ce fonds américain a de bonnes raisons de convoiter aujourd'hui l'AS Saint-Etienne, affirme Pierre Rondeau, économiste du sport et professeur à la Sports Management School.
D'abord, la hausse probable des droits télévisés pour la Ligue 1 est particulièrement attrayante. " On va passer de 748 millions d'euros annuels à un millard d'euros, voire 1,5 milliard d'euros pour la période 2021-2024 " , souligne l'expert.
À cette perspective de revenus en forte augmentation s'ajoute le faible prix des clubs français. Quand l'ASSE pourrait se vendre autour de 50 millions d'euros, le Milan AC a été vendu pour dix fois plus, et Liverpool a reçu une offre de 700 millions d'euros, pointe-t-il.
Et il y a le club lui-même, avec sa place particulière dans le paysage footballistique français...
"Le fonds d'investissement a dû voir les différentes offres de mises en vente de clubs français, dont Bordeaux et Nice, et voir que l'ASSE bénéficie d'une grande ferveur populaire, d'une notoriété importante, d'une belle ambiance dans le stade, d'une grande histoire et d'un prix moindre... tout cela a joué", analyse Pierre Rondeau.

Une fois le club acquis, qu'en fera PEAK6?

Brad Goldberg, le président de PEAK6 Investments a indiqué ne pas souhaiter " ajouter d'information additionnelle au communiqué émis par l'ASSE ".
Le fait que ce fonds d'investissement détienne déjà des participations dans des clubs européens montre que Peak 6 connaît le marché du football européen, et qu'il sait que le meilleur moyen d'obtenir un bon retour sur investissement passe par un engagement à long terme, estime Pierre Rondeau.

Contrairement aux investisseurs qataris à la recherche de notoriété au PSG, aux investisseurs chinois qui cherchent un transfert de savoir-faire à Sochaux et à Lyon, et à certains milliardaires souhaitant se faire plaisir comme Roman Abramovich à Chelsea, PEAK6 fait partie d'une autre catégorie d'investisseurs qui visent à dégager un bénéfice financier sur leurs prises de participation, explique Pierre Rondeau.
Parmi ces investisseurs attirés par l'aspect lucratif du football européen, certains visent un résultat à court terme, détaille M. Rondeau, en citant l'exemple du club de Lille, qui a investi dans de jeunes joueurs en visant une revente rapide assortie d'une belle plus-value... mais qui a failli se traduire par une relégation sportive. Cette méthode peut apporter une plus-value rapide, mais elle est très risquée, pointe-t-il.

D'autres investisseurs, tout en étant à la recherche de rendement financier, sont prêts à miser sur une approche à plus long terme. C'est le cas de Frank McCourt à Marseille, avec son OM Champions Project . "Son objectif est de revendre le club à plus ou moins long terme avec une forte plus-value, due à une amélioration de la valeur de la marque" , analyse Pierre Rondeau.
C'est dans cette catégorie d'investisseurs que PEAK6 se range, croit M.Rondeau.
"Ce fonds a déjà l'expérience du football, précise-t-il. Il sait que l'économie du foot est aléatoire, et qu'il faut un projet sportif serein, pérenne et continu pour que des joueurs prennent de la valeur d'ici deux à cinq ans, et ainsi valoriser le club."

Les supporters de l'ASSE doivent-ils pour autant se réjouir? Pas si vite...

Dans ce modèle, le risque est que le futur propriétaire vende des joueurs trop vite, prévient Pierre Rondeau, citant le cas de l'AS Monaco parvenu en finale de la Ligue des Champions en 2004... et aussitôt dépouillée de ses meilleurs joueurs, entamant un chemin de croix qui la verra reléguée en Ligue 2 en 2011.
« Pour gagner de l'argent, les investisseurs ne doivent pas briser l'équilibre sportif de l'équipe, souligne-t-il. Si l'ASSE surperforme et vend ses meilleurs joueurs pour 100 millions d'euros à Manchester United et au Real, le club pourra-t-il rester au top niveau sportif ensuite ? »
Dans tous les cas, "si le futur propriétaire de l'ASSE veut amener l'équipe sur le podium de la Ligue 1, cela prendra du temps , assure l'économiste du sport, qui demeure optimiste pour le club stéphanois. Visiblement, ce fonds d'investissement l'a compris."

18 mai 2018

"Je n'ai pas parlé du rachat du club avec les joueurs. Personne ne m'en parle à moi, comment voulez-vous que j'en parle aux joueurs ? J'écoute les présidents qui veulent faire franchir un palier au club et le vendre à des investisseurs. Je n'en sais pas plus. Je reste dans mes compétences. Je peux être intéressé par le projet mais eux ne pas l'être par Jean-Louis Gasset. Quand un investisseur arrive, il met des hommes à lui. S'ils sont intéressés, on l'ambition de faire une équipe pour finir dans les 5 ou 6 premiers, si je peux être utile, je discute avec eux."

19 mai 2018

 "Nous aurions pu emprunter et attendre deux ans de plus mais nous avons été convaincus que Peak6 avait la dimension, la volonté et l'ambition de faire progresser l’ASSE plus vite que Roland et moi. Les Américains sont cool, humbles et amicaux. Ce sont des passionnés de football qui connaissent bien les clubs européens. Par exemple, ils ont adoré le musée des Verts ! Autre exemple, ils ont pris des maillots à la boutique comme des supporters le feraient… Matt était accompagné de son beau père de 83 ans. Nous avions l’impression d’un groupe familial ce qui est d’ailleurs le cas puisque Peak6, qui n’est pas un fonds d’investissement, appartient à deux associés, Matt et Jude, qui sont devenus mari et femme ensuite… Cette simplicité, bien à l'image de la mentalité stéphanoise, est une raison de notre choix. Ensuite la puissance financière est la deuxième raison. Et la troisième, c’est l’ambition qu’il ont exprimé de faire de l’ASSE un club compétitif par rapport au Big 4 actuel !

 Les Américains ont fait un super boulot à l’OM ! Mc Court bien sûr mais aussi Jacques-Henri Eyraud qui a la même culture que Jérôme de Bontin. Ce sont des Français qui ont beaucoup vécu aux États-Unis. Je suis devenu très ami avec Jacques-Henri Eyraud car c’est un homme honnête et compétent. Nous devons, comme l’OM, être ambitieux. Bien sûr il y a beaucoup de travail et il faudra donner du temps, mais les moyens financiers associés à la compétence humaine permettent toujours d’arriver à un bon résultat, à une condition : ne pas perdre les valeurs humaines typiques du Forez qui ont toujours fait la force du club. Si avec Christophe Galtier nous avons réussi à être meilleurs que des clubs plus riches c est grâce à cette affection permanente à l’intérieur du club entre tous. Direction, staff, joueurs, employés… c’est vrai aussi avec Jean-Louis Gasset. Mais la culture sportive américaine est forte aussi à ce niveau-là.

 C’est comme votre enfant qui grandit et un jour quitte le foyer familial pour vivre sa propre vie. Si vous l’aimez vraiment, vous savez que c’est pour son bien, pour le bien du club. C’est une évolution naturelle. Roland va sur ses 73 ans et j'ai 64 ans. Si ce n’est pas maintenant, cela aurait été dans 2 ou 3 ans. Après, ce que je retiens c’est l’aventure humaine car c’est la seule chose qui compte sur terre. L'argent n’est qu’un moyen et il ne faut pas chercher à être le plus riche du cimetière. Mon fils de 10 ans aime les Verts et ne supporte pas, comme moi, toute défaite ! Quand on perd, il ne parle plus et se retranche dans la tristesse. Pour moi c’est déjà une réussite de lui avoir permis, à travers mon rôle à l’ASSE, de devenir un Vert pur sang ! L’aventure humaine des 7 années avec Christophe et son staff ainsi que tous les garçons qui ont permis à l’ASSE de grandir a été magnifique.

 Jérôme de Bontin est un homme intelligent, compétent et honnête. Il a une très bonne expérience et nous devons tous l’aider pour réussir ! Il a une excellente connaissance du sport américain même s’il ne faut pas copier mais adapter. Il va renforcer l’équipe de management pour professionnaliser encore plus l’ASSE. Face à une concurrence de plus en plus forte, l’ASSE doit franchir un palier avec Jérôme. Il a la confiance de Peak6 et nous devons lui faire confiance car c’est dans l’intérêt du club."

20 mai 2018

Comme le rapporte l'Equipe de ce dimanche, Roland Romeyer est resté prudent lorsqu'il a évoqué samedi après-midi le probable rachat de l'ASSE par Peak6 lors de l'assemblée générale annuelle des membres associés supporters de l'ASSE. "On a plusieurs pistes mais, actuellement, nous sommes engagés avec une clause d'exclusivité jusqu'au 25 mai. Si cela n'aboutit pas, nous serons obligés de nous tourner vers d'autres solutions."

Par ailleurs, aux côtés de Roland Romeyer et Frédéric Paquet hier après-midi dans le Chaudron lors de l'assemblée générale des associés supporters, Gaël Perdriau a confirmé l'accord trouvé entre Saint-Etienne Métropole et l'ASSE au sujet de la gestion du stade Geoffroy-Guichard. "Une convention de douze ans va être signée avec l’ASSE avant le mois de juillet. Nous voulions la même chose. Que le club aille de l’avant. On a beaucoup travaillé pour bien se comprendre. Le club disposera du stade toute l’année. J’en suis très heureux" a déclaré le maire de Saint-Etienne selon Le Progrès.

 "L'avenir, c'est d'investir pour concurrencer les quatre devant. Nous n'avons pas une surface financière suffisante Bernard et moi. Il faut donc aller chercher l'argent ailleurs, c'est la raison pour laquelle nous sommes en train de discuter avec Peak6 pour qu'ils prennent les commandes du club. Après, on discute aussi les conditions d'accompagnement, parce  que mon gros souci, c'est que quand on prend des décisions, on ne sait qu'à la fin si elles sont bonnes ou pas. Je souhaite la pérennité du club au niveau sportif, au niveau de l'image et des valeurs. C'est ce qui m’inquiète le plus, on verra ce qu'il va se passer.

 L'argent ne fait pas tout, c'est ça mon inquiétude, on fait des contrôles. Peak6 a une surface financière importante, donc après ce que je veux savoir, c'est le business plan, ce qu'ils vont investir. Je suis là pour les aider à franchir ces paliers, pour respecter les valeurs du club. On discute sur tout un tas de choses, je ne vais pas donner le bébé, la voiture et la mettre dans le mur. Je vais voir, c'est mon inquiétude. Sentimentalement, c'est compliqué aussi, ma vie ça a été ce club, je me fais du souci, mais j’espère que l'on aura fait un bon choix, si on aboutit.

 Vous avez pu lire qu'il a une surface financière supérieure à McCourt, mais cela ne veut rien dire du tout... Est-ce qu'il investira autant ? C'est compliqué, on verra, on est en train de discuter. Je veux qu'il fasse de l'AS Saint-Étienne, un club européen chaque année, dans les 5 premiers pour qu'il aille titiller ceux de devant. Ce n'est ni une voiture, ni une maison que l'on vend, c'est une entreprise où il y a de de la passion, de l'affectif... Moi ce qui m'importe c'est les finances qui vont rentrer dans le club pour pouvoir le rendre meilleur. Après, il y a aussi le gendarme du football, la DNCG, qui va les recevoir, on va voir les garanties à ce moment-là. Je demande qu'ils en fassent le meilleur club de France...

 Si je reste, ce ne sera pas dans l'opérationnel, mais pour passer le flambeau. Pour le respect des valeurs, être proche des gens et aider dans la représentation du club auprès des partenaires financiers, industriels, des supporters, des collectivités... je suis Stéphanois, c'est mieux d'ouvrir la porte à quelqu'un que de le laisser frapper. Je ne sais pas, je serai content d'aider encore dans la transmission du club à l'investisseur. Au niveau conscience, c'est quelque chose qui m'empêche un peu de dormir pour le moment. Jérôme de Bontin, je le connais depuis très longtemps, j'ai fait des transactions avec lui quand il était à Monaco. Mais ce n'est pas lui qui amène l'argent au club. Vous avez pu lire le nom du duo richissime qui amène l'argent, le mari et la femme, et s'ils mettent Jérôme de Bontin, il sera président, sans doute.

 Mais le patron de Peak6, c'est un grand gestionnaire. Si ça ne va pas avec Jérôme, ils mettront quelqu'un d'autre, peu importe. Moi ce qui m'importe, c'est le patron, le boss, le boss c'est Peak6. Après s'il met Jérôme de Bontin, c'est qu'il a confiance en lui, et s'il a confiance en lui, j'ai confiance en lui. J'ai eu un très bon contact avec l'investisseur que j'ai rencontré en début de semaine. Il m'a fait une très forte impression, et moi, je marche au feeling. Je l'ai trouvé super bien et humble, il m'a plu en tant qu'homme, je suis admiratif de ce qu'il a fait depuis 92, de l'empire qu'il a monté. J'ai trouvé quelqu'un de simple, il m'inspire confiance."

21 mai 2018

24 mai 2018 : le projet Peak6 capote

Communiqué officiel

L' AS Saint-Etienne a décidé de cesser toute discussion et négociation avec le groupe américain Peak6. 

Les investissements prévus par Peak6 dans le club ne correspondent pas aux engagements pris de faire de l'ASSE un club pérenne et ambitieux.

Les actionnaires actuels comme le club subissent un préjudice important liée à des engagements non tenus. Leur sentiment est que les valeurs historiques de l'ASSE n'ont pas été respectées.

 "Gradel voulait revenir, certains ont dit non alors qu'il nous aurait rendu bien des services... Ce n'est pas le président qui décide du recrutement. L'écho de L'Equipe ? Peak6, ce n'est pas un fonds d'investissement, c'est un groupe américain. Je discute avec Lazard, ils sont très solides. Je leur ai posé la question : "est-ce que les négos sont interrompues" ? Absolument pas selon Lazard. Je suis serein mais tenu par des engagements contractuels et ne peut pas divulguer d'infos... Peak6 souhaite que l'on reste au club  Roland et moi pour faire la transition, nous avons répondu positivement. Vous me dites que Roland semble pessimiste ? Ce sont des interprétations, il y a des négociations, il faut que ça convienne aux deux parties, sinon ça ne se fera pas.

 Si le rachat ne se fait pas, nous aurons les moyens de conserver les éléments de la deuxième partie de saison, y compris en passant par l'endettement. Ce rachat peut se faire dans un an, il se fera. L'ASSE n'avait pas l'habitude du changement d'entraineur, il a eu un patinage avec Garcia. Jean-Louis Gasset est un sacré entraîneur, il est solide. Je veux qu'il reste. On a pris 3 décisions : un directeur général, un staff avec Jean-Louis Gasset, Ghislain Printant et Julien Sablé, un recrutement de qualité. Jean-Louis Gasset sera encore là la saison prochaine, c'est une certitude. Humainement, Mathieu Debuchy est un garçon rare, exceptionnel, qui a beaucoup apporté, il représente les détails du professionnalisme, c'est un exemple pour les jeunes. J'aimerais beaucoup le garder, ça reste dans l'ordre du possible.

 Avant notre arrivée, le club était plus souvent en D2 qu'en D1. C'est désormais le 5e club français à l'indice UEFA, c'est un club reconnu dans les réunions européennes. La fin du salar cap ? Le foot a plus changé les derniers trois ans que les 10 précédents. Il fallait s'adapter, pour rester compétitifs. Pour faire progresser encore le club, il y a avait deux possibilités : un projet avec les socios, l'actionnariat social mais cette loi n'est pas passée il y a deux ans. Il nous reste un rachat. La santé de Roland pouvait être en jeu, il travaillait de 7h00 à minuit, il fallait que Roland ait quelqu'un de solide avec Frédéric Paquet. Est-ce que je suis pessimiste sur le rachat ? Non, je suis réaliste, rationnel et même philosophe !"

 "Cet après-midi, certains salariés de l'ASSE ont reçu un courrier pour leur signifier que le processus de vente était en phase d'arrêt. Aujourd'hui, tous les signaux sont négatifs même si certains acteurs de la négociation espèrent encore lever les problématiques. Plusieurs points entraînent des divergences. L'un d'entre eux concernent la valorisation du club, qui était initialement de 40 M€. Un autre point d'achoppement concerne le projet sportif. Le groupe américain avait pour projet de ne pas reconduire Jean-Louis Gasset mais de nommer Ricardo, l'ancien entraîneur de Monaco que Jérôme de Bontin avait connu dans la Principauté. Mais les présidents stéphanois, notamment Roland Romeyer, souhaitent garder leur mot à dire sur les orientations sportives et garder une sorte d'ADN. C'est une chose qui ne leur a pas du tout plu. C'est très mal parti pour que cette vente se conclue."

 "Nous avons le sentiment avec Roland Romeyer que les investissements de Peak6 ne sont pas conformes à ce qui était prévu et, surtout, qu'ils ne correspondent pas à l'ambition que nous avons pour l'AS Saint-Étienne. C'est pour cela qu'il n'y a pas d'issue positive aux négociations exclusives avec Peak6 et que nous avons décidé, avec Roland Romeyer de reprendre notre liberté. Pour nous, il y a un vrai problème de bonne foi" a confié ce soir le président du conseil de surveillance à la Pravda.

 Dans la foulée, le club a publié un bref communiqué sur son site officiel.

 "L'AS Saint-Etienne a décidé de cesser toute discussion et négociation avec le groupe américain Peak6. Les investissements prévus par Peak6 dans le club ne correspondent pas aux engagements pris de faire de l'ASSE un club pérenne et ambitieux. Les actionnaires actuels comme le club subissent un préjudice important liée à des engagements non tenus. Leur sentiment est que les valeurs historiques de l'ASSE n'ont pas été respectées."

25 mai 2018 : le projet Peak6 a capoté

C'est mort, le groupe américain Peak6 ne rachètera pas l'ASSE comme l'a confié jeudi soir Nanard puis le club. L'Equipe de ce vendredi donne quelques précisions. Extraits.

 "L'investisseur américain aurait signé une lettre d'accord pour un prix d'achat légèrement supérieur à 30 M€, loin des 80 M€ espérés à l'origine par les propriétaires actuels. Les résultats de l'audit interne et la faiblesse de l'actif joueurs auraient-ils convaincu Peak6 de renégocier encore le prix à la baisse. C'est envisageable. Jean-Louis Gasset a les faveurs de Romeyer et Caïazzo pour poursuivre la saison prochaine alors que Jérôme de Bontin avait d'autres idées. Il comptait confier les rênes de l'équipe au Brésilien Ricardo, ancien entraîneur du PSG, de Bordeaux et de Monaco. Un rendez-vous a même eu lieu la semaine passée sur la Côte d'Azur avec Ricardo."

 "Peak6, c'est l'histoire de gens qui ne tiennent pas leurs engagements, de gens qui sont sans foi ni loi, malheureusement. Roland et moi, ce n'est pas notre façon de faire. Tant mieux que ça se soit arrêté. Ces valeurs-là, c'est pas les nôtres ! Quand on rentre en négociations exclusives, ça veut dire que les autres prétendants, on ne discute plus avec eux. Mais ça veut dire aussi qu'on connaît toutes les bases. Les bases financières sont définies à l'avance, écrites. Les négociations exclusives servent simplement à préparer les contrats, à vérifier des éléments simples à vérifier. On avait deux gros cabinets d'avocats. D'un côté le cabinet qui a traité la vente aux Qataris qui nous représentaient nous, eux avaient aussi un cabinet d'avocats de très bon niveau. Mais la condition, c'est de respecter les principes, les engagements définis à l'avance !

 Quand on s'est rendu compte Roland et moi que ce n'était pas le cas au niveau de Peak6... L'investissement à mettre effectivement dans le club était bien inférieur à ce qui avait été promis. On nous parlait de concurrencer l'OL, Monaco, l'OM avec des investissements très importants. Et là, quand on a vu les investissements qu'ils étaient réellement prêts à mettre, on a été extrêmement choqués par cette façon de faire les choses. C'est un manque d'ambitions. Si c'est pour laisser l'ASSE à des gens ambitieux qui mettent des gros moyens, d'accord. Mais si c'est pour laisser l'ASSE à des gens qui vont mettre les mêmes moyens qu'à Nice, Rennes ou Bordeaux, des moyens que nous aussi on peut arriver à mettre, ce n'est pas du tout le projet ambitieux sur lequel on s'était mis d'accord.

 Le deuxième point, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand ils nous ont dit : "il va falloir prévoir des indemnités pour le licenciement de Jean-Louis Gasset", qui a encore un an de contrat. Et ça pour nous, c'est les valeurs historiques de l'ASSE, il est hors de question de les bafouer. Pour nous, ça a été une fin de non recevoir totale. Même s'ils avaient mis 300 M€ d'euros sur la table, ça aurait été une fin de non recevoir parce que nous ne lâcherons pas Jean-Louis Gasset. Jamais nous ne lâcherons un coach qui nous a permis de faire des résultats ayant permis de sauver le club. Nous ne faisons pas passer l'argent avant des valeurs humianes. Cela n'existe pas dans la région dans laquelle nous sommes.

 A partir de là, Roland et moi, nous avons décidé d'arrêter toute négociation, toute discussion, dans le sentiment d'une sorte d'abus de confiance. J'ai l'impression qu'on a été bernés. Nos avocats estiment qu'on peut agir en justice pour des raisons de mauvaise foi. On va étudier ça. Les Kuperfils, nos avocats qui s'étaient occupés de la vente du PSG aux Qataris, nous ont dit qu'on a tous les éléments pour faire un recours en justice, qui sera un recours de préjudice et d'indemnités.

 On va relancer toutes les recherches de financement qu'on avait été obligé d'arrêter il y a trois semaines, à la demande de Peak6. A la demande de Peak6 ! Cela aussi est un préjudice, et là on a les documents écrits où ils nous avaient demandé d'arrêter toute autre approche financière. Aujourd'hui, il y a deux autres investisseurs étrangers qui sont entrés en contact avec la banque Lazard. On va voir ce qui va se passer à ce niveau-là. Au niveau du club, le coach sera rencontré lundi et à partir de là on va construire notre projet.

 Roland et moi, on est toujours sur la même longueur d'onde. Encore plus aujourd'hui ! Ce qui s'est passé là renforce encore plus nos liens. Tous les deux on se dit, c'est nous qui avons la responsabilité du club. C'est un peu comme le père et la mère par rapport aux enfants. Quand on prend Roland et moi ce genre de situation qui fait mal, ça nous renforce, car on a encore plus conscience que c'est notre attachement au club qui nous unit. On a comme un enfant en commun. C'est notre responsabilité de le protéger et de le faire grandir, de l'aimer. Aujourd'hui Roland et moi on se sent bien."

 "On est toujours en contrat avec la banque Lazard en charge de nous trouver un investisseur. On cherche toujours des actionnaires, afin d’avoir une surface financière plus importante. On est toujours sur la même longueur d’ondes. C’est la banque Lazard qui gère le dossier. Nous sommes fin mai, le championnat reprend mi-août. La vente de Marseille a été concrétisée fin août la saison dernière, ce qui n’a pas empêché l’OM de réaliser une très belle saison. L'ASSE continue de fonctionner comme nous le faisons depuis la fin de l’année 2017 avec un directeur généra en charge du quotidien, Frédéric Paquet, et deux actionnaires majoritaires. Les responsables de PEAK6 nous avaient demandé l’exclusivité dans les négociations afin de pouvoir constituer un dossier. On avait tout gelé, c’est pour cela que l’on était un peu remonté car on a subi un préjudice. Cela nous fait prendre du retard mais on a continué à travailler en parallèle sur les dossiers concernant le staff, les joueurs, sans prendre de décisions. On a repris la main, on va pouvoir finaliser. On va s’arranger pour trouver des moyens financiers. Il y a deux possibilités : soit on vend, soit on part sur un endettement en contractant un emprunt."

26 mai 2018

"Nous n’avons fait aucune démarche dans ce sens.Si cela avait notre intention, nous aurions prévenu Roland Romeyer et Bernard Caïazzo. Cela dit, si des investisseurs locaux se montraient intéressés, nous ne fermerions pas la porte" déclare l'ancien DG de l'ASSE dans Le Progrès du jour.

27 mai 2018

 "Si la société n’est pas à proprement parler un fonds d’investissement, elle fonctionne comme telle et à ce titre regroupe des capitaux de gens n’ayant souvent aucun rapport entre eux, mais décidés à partager les coûts et bénéficier des avantages de placements. Peak6 est ainsi centré sur les services financiers, la gestion des risques et d’actifs sur les marchés boursiers. Ce sont les actionnaires qui auraient bloqué le processus du rachat du club.

 C’est le raisonnement tenu par Stéphane Tessier, ancien directeur du club stéphanois. "Dans le monde des fonds d’investissement, il y a des intermédiaires qui vont trouver un deal avec un vendeur. C’est ce qu’a fait Jérôme de Bontin. L’affaire est ensuite présentée aux actionnaires". Ce serait donc ces derniers qui devant l’incertitude du placement auraient revu leur investissement à la baisse.

 Une autre source, du côté de Monaco, rapporte que les avocats du fonds ont, dès le début de la semaine conseillé de ne pas acheter. Des partenaires du groupe auraient reculé après avoir compris que l’ASSE ne terminerait pas 5e ce qui lui aurait ouvert les portes de la Ligue Europa avec une vingtaine de millions à la clé. On évoque cette position pour un groupe russe, déjà présent à Bournemouth avec Matt Hulsizer, mais Bernard Caïazzo affirme n’en avoir jamais entendu parler.

 Bernard Caïazzo prônait une autre solution qu’une reprise du club, l’emprunt comme nombre d’entreprises pour s’agrandir ou investir. Les actionnaires s’étaient rapprochés de Sports Value, la société dirigée par Nicolas Blanc. Dans le cas de l’ASSE, on s’orienterait vers un recours à des obligations. Cette option avait été mise de côté, selon l’exigence de Peak6 et cette condition du deal est jugée aujourd’hui pénalisante, d’où un recours en justice annoncé."

 

 "Je suis atterré par l’absence de connaissance et de compréhension des modèles économiques et des contraintes nouvelles liées à la globalisation du ballon rond. Et effrayé relativement par des commentaires populistes, une manière de s'adresser au fans et amateurs comme à des abonnés qui n'ont pas à réfléchir par eux-mêmes, auxquels on délivre des messages assez grotesques. Dans cette histoire comme toujours, il y a un acheteur et un vendeur. Médiatiquement, je n’ai entendu que le vendeur par l'intermédiaire des deux têtes dirigeantes de l’ASSE, chacun nous racontant le pourquoi du comment, nous délivrant ses émotions, nous faisant part de ses états d'âme. C'est un vrai cauchemar, là. Il ne manque plus qu’un rhéteur ou un crieur public de la Rome antique pour expliquer, au jour le jour, l'avancée des tractations ! Lorsqu’on négocie, que je sache, on communique peu, c’est ce que j’ai appris dans les grosses boites françaises pour lesquelles j’ai travaillé. De ce point de vue, les « pros » c’est Peak6, pas les joueurs de tam tam et speakers dans la presse. Cette façon de vouloir se justifier devant la Plèbe et de jouer les indignés permanents...

 Quant à l'argumentaire déployé : « on veut sauver les valeurs » -lesquelles ?- « celle d’un club populaire et ouvrier » ? Quelle est la sociologie actuelle des habitants de Saint-Etienne ? Si je me réfère à l’Insee, la part des ouvriers est en nette diminution remplacée par les étudiants, employés, cadres et professions intellectuelles supérieures. Sinon, on peut ressortir le drapeau rouge et monter des barricades, si vous voulez. Autre valeur : « l’image d’un football vertueux qui n'est pas pourri par l’argent » ? On sort les dossiers à quel moment ? On parle des joueurs qui ont mis le bazar à l’ASSE et qu’on a laissé faire car ils avaient une valeur marchande en fin de saison ? Mais de qui se moque-t-on ? Pourquoi s'autoriser à de tels discours surannés et paternalistes ? Avec une part de populisme induit que je trouve assez pitoyable... Saint-Étienne n'est pas une image d'Epinal et le stade ne s'est pas arrêté en 76 ou en 82. C'est un organisme vivant en lien avec une population en mutation. Je veux bien que l'on fasse de la com. mais l'argumentaire a aussi sa place.

 En second lieu, je constate l’invraisemblable : les diktats du vendeur. Garder Gasset, la surface financière pour rester dans le Top 5... C’est comme si vous vendiez votre maison puis vous annoncez que « finalement, je reste installé au premier et puis si vous pouviez aussi garder la broderie, ce serait sympa, c’est un souvenir de ma grand-mère ». En face, évidemment, les Américains ne connaissent pas le « business » et sont des peintres ; je rajoute que L’Equipe, sur son site a fait un sondage et qu’il est loin d’être favorable aux propriétaires actuels. Cette « vente manquée » va irrémédiablement laisser des traces car elle a des allures de petit boutiquier beurre œuf fromage. « Felix Potin, on y revient... ou pas ! » Elle n'a pas tenu son rang celui d'un grand club avec des ambitions, un passé, un présent et un avenir.

 Enfin, je remarque que beaucoup d’élus se sont exprimés sur le sujet, dans les médias locaux. Idem, on « s’approprie » l’ASSE et on fixe déjà les limites à ne pas dépasser, le « naming », les « valeurs », le « projet Red Bull » ... Ce n’est pas le choc des civilisations mais le choc des cultures qu’on nous ressort. On n’y comprend rien mais ce n’est pas grave, tant qu’on peut flatter l’électorat. C’est de la posture. De mon point de vue, le seul habilité à parler de l’ASSE, c’est le Maire de cette ville, aussi Président de Saint-Etienne Métropole, puisque cette structure administrative est propriétaire de l’enceinte. Mais bon, les politiciens qui courent après le ballon rond pour être sur la photo... C’est monnaie courante : de l'argent des médias et allons-y pour s'exprimer sur un dossier peu ou pas renseigné. Et tant pis si cela crée des malentendus.

 Les gens doivent comprendre que le transfert de Neymar, c’est trois ans de chiffre d’affaires réalisé par l’ASSE. Dans ce monde-là, Bordeaux, Lille, Saint-Etienne, Nice, Strasbourg, Rennes, Nantes ne comptent plus comme le football de l’Est où les petites nations n’existent plus. Le FC Cologne a déjà annoncé 80 millions d’euros de budget prévisionnel en 2Liga suite à sa relégation, autant que l’ASSE. Le plus petit chiffre d’affaires de « Büli » se classerait directement derrière le « gros 4 » français. Pire, à périmètre constant, dans deux-trois ans, la moyenne du CA généré par un club de 2Liga sera l’égal de celui d’un club de L1 si vous enlevez le PSG, l’ASM, l’OL et l’OM. Je me suis égosillé à l’expliquer à certaines personnes du football français, sur le moment, ils sont interloqués mais derrière il ne se passe jamais rien.

 J’ai eu le privilège de rencontrer plusieurs fois le Président Bernard Caïazzo, ou d’échanger avec lui, et même si je suis toujours méfiant avec un homme d’affaires, je comprends ses doutes lorsqu’il ne sait pas comment passer de 70 à 100 millions d’euros de recettes. Le Président d’Hanovre 96, Martin Kind, a la même problématique. Donc si la surface financière des propriétaires ne permet pas un développement, il vaut mieux vendre, ou s’endetter ou alors renoncer à être compétitif."

 "La colère de Bernard Caïazzo n'est pas retombée. "Peak6 a fait preuve de mauvaise foi. On va agir en justice car cela a un impact en termes d'image et crée un vrai préjudice. Avec Roland Romeyer, nous avions monté un programme d'obligations remboursables en actions, mis en sommeil à leur demande depuis quatre semaines. Il sera réactivé."
 

Si la valorisation du club autour de 50 millions ne semble pas en cause, le fondateur de Peak6, Matthew Hulsizer, aurait refusé de s'engager sur un montant d'investissement conséquent pour les années à venir, contrairement à son compatriote Frank McCourt qui a promis 200 millions à l'OM sur quatre ans. Un "revirement total incompréhensible", selon un proche du dossier, "un amateurisme étrange".
 

"La confiance a été entachée et on a repris notre liberté. S'il s'agit de faire des investissements à la hauteur de Nice, Bordeaux ou Rennes, avec Roland nous sommes capables de le faire. D'ailleurs nous sommes reconnus comme l'un des clubs les mieux gérés d'Europe, le seul français qui dégage un résultat d'exploitation positif depuis sept ans" affirme Bernard Caïazzo. "L'objectif pour nous est de franchir un cap. On veut un investisseur qui apporte à ce club, au potentiel considérable, les moyens de rentrer dans un Big five à la française et de participer à la Champions League."

 Parallèlement à l'examen d'autres offres de reprise, à ce jour toutes d'origine étrangère, Bernard Caïazzo évoque "d'autres sources de financement" pour préparer la prochaine saison. Des Obligations Remboursables en Actions, de l'endettement bancaire ou le recours à un fonds de dette privée comme l'a fait l'été dernier l'ASSE auprès de la société londonienne 23 Capital pour un prêt de 10 millions garanti sur les droits audiovisuels"

28 mai 2018

 

 "Jacques Pauly, qui aurait par ailleurs un accord avec Adao Carvalho, entend mettre environ 100 millions d'euros sur la première année, et 400 millions en tout dans les caisses. Au vu des liens tissés avec les anciens Verts, la formation deviendrait une priorité absolue du projet sportif."

 Trop Pauly pour être honnête ? Pour rappel, le tête Gersois s'était attiré les foudres du maire de Sainté et des actuels dirigeants stéphanois la deuxième fois qu'il avait tenté de racheter le club. "Ce que m'a expliqué M. Pauly m'a paru surréaliste, j'ai mené ma petite enquête. Elle m'a permis de ressortir des affaires dans lesquelles il a été condamné [ndp2 : trois ans de prison avec sursis pour une histoire de sponsoring du FC Rouen en 1999] avait déclaré le maire de Sainté en avril 2016

L'ASSE avait enfoncé le clou dans un communiqué. "Le pseudo projet porté par Jaques Pauly et Laurent Roussey, voulant faire de l’ASSE un Real Madrid à l’anglaise, est apparu totalement fantaisiste pour la direction du club comme pour l’ensemble des décideurs locaux qui ont pu être approchés. L’ASSE a également pris connaissance de la condamnation pénale de Jacques Pauly et des malversations qu’il a commises. En conséquence, aucune suite n’a été donnée à cette démarche ubuesque."

29 mai 2018

 "Je me suis intéressé à ce rachat, qui a depuis capoté, seulement parce que j’ai lu "projet Red Bull". Derrière un projet RB, il y a tout le professionnalisme inhérent au football du XXIème siècle, à tous les niveaux. Ce n'est pas neutre. Un projet RB c’est quoi ? Ce peut-être plusieurs choses. En premier lieu, différents clubs qui appartiennent à un même propriétaire mais qui ont la particularité d’avoir des synergies entre eux. Dans le cas de Red Bull, il y a un showroom à New-York, un club de 2Liga autrichienne, le FC Liefering, composé uniquement de jeunes talents et alimenté, notamment, par une académie brésilienne. Il n'y a que des joueurs entre 17 et 21 ans. Ce même club autrichien procure des joueurs au RB Salzbourg lequel truste les titres nationaux. Depuis trois ans maintenant, la « Maison-mère » est celle du RB Leipzig, plus le RBS.

 Mais ce qu’on oublie de dire, c’est que la mise en place d’une telle stratégie nécessite des investissements structurels colossaux au départ qui peuvent entrer en conflit avec des objectifs sportifs à court terme. D’ailleurs, le projet RB (comme le TSG 1899 Hoffenheim avant) s’est construit en commençant dans les divisions inférieures et pas directement dans l’élite. Les jeunes joueurs sélectionnés sont "programmés" pour évoluer dans un style de jeu offensif destiné à plaire au public. Red Bull développe donc "une marque de fabrique" sur le terrain. La conséquence étant un trading-joueur très lucratif une fois le projet achevé. Donc, lorsqu’on s’interroge, aujourd’hui, sur les investissements de Peak6, encore faut-il savoir de quels investissements il s’agit.

 La façon dont on me présente la chose c'est "Peak6, ce sont des sagouins" 24h ou 48h après les avoir encensés. Permettez-moi de m'interroger. Dans les affaires, il n'y a que des gentlemen, n'est-ce pas ? Maintenant, revenons un an en arrière svp. Oscar Garcia ne provenait pas de RB Salzbourg par hasard ? La greffe a pris ? A cause de qui ? Pourquoi ? Quand est ce qu’on se pose les bonnes questions dans le football français ? Autre thématique : j'ai lu qu’un projet « La mine verte » avait été lancé à l’ASSE. Je subodore que l’idée fut inspirée de la Knappenschmiede" (la forge des mineurs) de Schalke 04. Donc, ok on a la pancarte "marketing" ! Maintenant, sur ces derniers exercices, Neuer, Höwedes, Özil, Draxler, Sané, Matip... sont sortis du centre de formation du club allemand. Quels sont les outils de mesure de performance de l’ASSE ?

 Idem pour les plus-values réalisées sur le trading-joueurs. Je rajoute un élément important. Compte tenu des rachats de clubs, la logique actuelle aurait été que le groupe Casino investisse dans l'ASSE. Je sais que ce n'est pas d'actualité, discuté avec différentes personnes, attention je ne le réclame pas, mais il est toujours étonnant de constater que les investisseurs français ne soient pas plus présents et surtout sont à rebours des tendances mondiales. On aurait là un fabuleux exemple de ce qui se fait en Allemagne où l'identité culturelle, économique et sportive, est un formidable vecteur de communication et d'adhésion populaire.

 L’ASSE est à la France ce que le Borussia Mönchengladbch est à l’Allemagne. C’est à dire "des perdants magnifiques" en Europe, chacun ayant sa bête noire qu’elle soit bavaroise ou de Liverpool. On retrouve dans ses deux clubs des épopées merveilleuses et une fascination qui traverse les générations. Le club germanique génère aujourd’hui près de trois fois le CA de son homologue français. Depuis 2011, ses recettes ont été multipliées par quatre, passant de 50M à près de 200M d’euros, le tout facilité par deux qualifications pour la lucrative CL par exemple. Les "Poulains" ont réussi sportivement à dépasser leur paradigme de l’époque, ce qui en a engendré un nouveau, économique, aidé par une identité culturelle extraordinaire. Lucien Favre demandant même à la population de se calmer compte tenu des nouvelles attentes : "je suis bien conscient que Mönchengladbach et Liverpool ont été à un moment les deux meilleures équipes d'Europe".

 On peut remercier les  deux co-présidents de l'ASSE d’avoir remis Sainté à sa place en L1 mais jamais ce club n’a surperformé, jamais il n’a produit un jeu permettant de dire "ça, c’est Saint-Etienne !" Comme il n’y a plus de "football à la Nantaise" ou de "football Champagne" pour Reims. Or ce devrait être le leitmotiv de ces clubs, pas les titres ou le maintien, pas la religion du résultat mais bel et bien un style de jeu identitaire et identifié adapté au beau jeu. Au niveau d'une "carte d'identité club", le FC Barcelone et le FC Bayern, tout comme l’ASSE et le Borussia Mönchengladbach sont des binômes. Liverpool et Dortmund idem. Lors de l’élimination contre le FC Bâle en 1/16ème de finale de L'Europa League 2015-2016, tout le monde s’arrête sur le scénario mais nous oublions que c’était la plus mauvaise génération du club suisse depuis des lustres. La France du football s’arrête toujours au Tome 1, elle ne regarde jamais le Tome 2. Il s’est passé la même chose cette saison avec l’OM : finale de Coupe d’Europe, tout le monde est content mais les gamins de Salzbourg ont dominé Marseille. En termes de prestation, je préfère regarder le RBS car je comprends le projet.

 Il semble que le Président Caiazzo ait envisagé la possibilité d'émission d'obligations. En Allemagne, le principe d'une "Fan-Anleihe" est très développé, c'est aussi pour les supporters une façon supplémentaire de soutenir leur club. Dans certains cas, c'est même considéré comme plus important que l'abonnement ou le merchandising. Des fans acceptent même de ne jamais se faire rembourser, même la valeur nominale de l'obligation, ils gardent ad vitam aeternam le papier estimant qu'ils ont aidé au développement du club. Mais je rappelle aussi que ces derniers peuvent être membres de l'Association laquelle détient la société commerciale. Le Président de l'Association est souvent le Président du conseil de surveillance et donc peut contrôler les agissements du Président-délégué. Cela ne signifie nullement qu'il n'y a pas de scandales. Par exemple, lever une "Fan-Anleihe" afin de construire un nouveau centre de formation ou d'acquérir des terrains, ne doit pas être utilisé pour l'achat de joueurs, sans oublier la capacité de remboursement. Le risque ultime étant la liquidation de la société commerciale. Mais lorsqu'on arrive à soulever des fonds importants, c'est aussi une mesure de popularité d'un club. Si le Président Caïazzo avait cette idée, je trouverais cela ingénieux mais, je répète, la gouvernance des clubs est différente. Lancer un emprunt obligataire, pourquoi pas. Et surtout dans quel but ? Si c'est pour augmenter l'actif-joueurs, nous rentrons dans des logiques possibles mais spéculatives. C'est un autre débat."

30 mai 2018

"Après l'abandon de la piste Peak6, plusieurs repreneurs potentiels continuent d'étudier le dossier stéphanois mais aucune nouvelle négociation n'a été entamée. Pas même avec des projets qui impliquent des entrepreneurs locaux, lesquels ne seraient pas jugés de taille à satisfaire le cahier des charges imposé par la direction actuelle" souligne la Pravda du jour. "Dans l'état actuel des choses, l'hypothèse d'une simple augmentation de capital ou celle de l'abandon pur et simple du projet de vente ne sont pas à exclure" ajoute le quotidien sportif.

Sur RMC, Bernard Caiazzo a annoncé ce soir que l'ASSE n'est plus à vendre : "Le résultat de l'appel d'offres des droits télé me donne un bon sourire mais en fait on n'a fait que réparer une anomalie. Depuis 2014, nos voisins italiens, allemands, espagnols ont ces niveaux de droits télé, et je ne parle pas des Anglais qui ont trois fois plus. Mais pendant deux ans on va encore se manger des droits bien inférieurs à ceux de nos concurrents européens. On est contents mais on ne saute pas au plafond quand on répare une anomalie. On traîne encore un certain nombre de boulets. Un club comme l'ASSE paye plus de charges patronales que les 20 clubs de Liga réunis ou que les 18 clubs de de Bundesliga réunis.

Il y aura toujours des gens qui travailleront mieux que les autres. A l'ASSE, on a le 8e budget, mais on est 5e ou 6e depuis les cinq dernières saisons. On superforme par rapport à notre budget. Avoir des moyens supplémentaires, ça donne la possibilité de continuer de bien travailler. On a beaucoup parlé de la vente de l’ASSE et des investisseurs. Pourquoi ? Face à la concurrence de clubs qui ont fait rentrer des investisseurs puissants, on n’a pas tellement le choix. Aujourd’hui, avec ces nouveaux droits télé, on peut se donner du temps et moi j’ai envie de reporter tous ces sujets-là un peu dans le temps et se concentrer beaucoup plus sur ce que l’on est capable de faire nous avec plus de moyens financiers, bien évidemment !

L'ASSE n'est plus à vendre ? Je le dirais autrement : on sera beaucoup plus exigeant. Moi, si c’est pour céder l’ASSE a quelqu’un qui va l'amener dans un Top 5 en concurrence avec Monaco, Lyon, Marseille, je suis d’accord, demain matin. Mettre plusieurs centaines de millions parce que c'est ce que ça veut dire ! Si c’est pour donner l'ASSE à quelqu’un qui va faire la même chose que nous, c'est-à-dire être dans une position 5-8, à quoi ça sert ? Je n'ai pas besoin d'argent, Roland n'a pas besoin d'argent. Nous, on préfère dans ce cas-là continuer dans la même démarche avec des moyens supplémentaires. Développer notre centre de formation, et retravailler les points forts.

Y'a encore beaucoup de travail à faire, hein ! Pour un gros potentiel, on n'est pas assez bon en formation, on n'est pas assez bon en recrutement. Vous êtes exigeants mais nous on l'est dix fois plus ! Quand le club marche bien c'est un bonheur. Quand le club marche mal comme en décembre dernier, tu ne dors pas la nuit ! Tu es dans le malheur, c'est comme si tu avais perdu ton père et ta mère ! On souffre et on n'a pas envie de revivre ça, nous on est comme nos supporters.

On vient de renouveler Jean-Louis Gasset avec un grand bonheur parce que pour nous il est entré dans une dynamique très positive avec le club. on n'avait pas envie de casser cette dynamique, ça aurait été pour moi une grosse erreur. C’est d’ailleurs l'une des raisons de l’arrêt des discussions avec les Américains. Eux ne souhaitaient pas garder Jean-Louis et ça, c’était hors de question. Moi, ce qui compte le plus pour moi, c'est l'affectif. Et en plus le résultat. Tu dois avoir des valeurs. Même contre 200 ou 300 millions, tu ne dois pas céder !

Avec Roland on reste les propriétaires du club. Aujourd'hui on va rentrer dans un mercato, on prépare la saison prochaine. Aujourd'hui on va sortir de cette démarche-là de vente du club. On va être dans une démarche différente dans laquelle on pense que le potentiel de l'ASSE pour demain n'est pas encore atteint et qu'on a encore un gros travail, beaucoup de travail à faire."

31 mai 2018

Dans la dernière édition du Progrès, Bernard Caiazzo balaye la rumeur de rachat de l'ASSE par le sulfureux Jacques Pauly, prêt à mettre 400 M€ selon France Bleu.

 "Vous ne pouvez pas me parler du cirque Pinder… Je ne commente pas ce genre de rumeur. Arrêtons de perdre notre temps, soyons sérieux. Je plains ce pauvre Roland, il doit entendre des trucs de ce genre toute la journée. On est un club sérieux."

Comme il l'avait annoncé hier soir sur RMC, Bernard Caiazzo confirme aujourd'hui dans Le Progrès que la vente de l'ASSE n'est plus d'actualité. Extraits : "L'augmentation des droits télé, cela donne plus de puissance. On n’est plus dans une démarche de vente obligatoire dans les mois et les années qui viennent. J’ai même envie de dire que la vente n’est plus d’actualité. La donne a changé. On est plus dans la sérénité qu’il y a une semaine. Les dirigeants de PEAK6 doivent se mordre les doigts aujourd’hui. Roland et moi, on se frotte les mains. Les Dieux du football étaient avec nous. On a bien fait d’arrêter les négociations avec cet investisseur qui ne voulait plus de Jean-Louis Gasset. La vente est devenue complètement secondaire. On en a parlé avec Roland, on n’est plus dans cette démarche, sauf si un investisseur peut mettre plusieurs centaines de millions. Sinon cela ne sert à rien de vendre. On passe à la DNCG seulement fin juin. On est un bon élève. Les bons élèves ne passent pas les premiers."

1er juin 2018

L'Equipe du jour confirme que l'ASSE menace d'attaquer Peak6 en justice. Extraits : "Les actionnaires de l'ASSE ont envoyé un courrier au fonds d'investissement américain de Chicago lui demandant un dédommagement pour différents préjudices qu'ils considèrent avoir subis à la suite de la fin des négociations entre les deux parties, il y a sept jours. S'ils devaient ne pas obtenir de réponse positive à leur requête, ils ont prévu d'assigner l'investisseur américain et son représentant français Jérôme de Bontin devant le tribunal de commerce de Paris.

 Les préjudices seraient multiples selon les dirigeants verts, et sont détaillés dans la lettre dont ont été destinataires Peak6 et son représentant français. Ils reprochent aux Américains d'avoir continué les discussions alors même qu'ils n'auraient pas eu l'intention de finaliser la vente et par là même de s'être retirés au dernier moment du jeu, prétextant des découvertes à l'issue de l'audit réalisé par leurs équipes. Selon les propriétaires stéphanois, il n'y avait pas d'éléments dont Peak6 n'avait pas connaissance dans l'audit.

 

Du côté de l'ancien acheteur, dans les heures suivant la rupture totale des pourparlers, on avait laissé filtrer que l'audit réalisé avait mis en évidence des éléments qui ne permettaient plus d'acquérir le club. Une version démentie par les vendeurs. Les deux camps avaient pourtant paraphé une lettre d'accord sur le prix de cession, légèrement supérieur à 30 millions d'euros hors bonus. Si les deux parties ne parviennent pas à un accord amiable, ce sera à la justice de trancher."