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Jean-Michel LARQUE, 70 ans, 
toujours Vert
Source :  Site Poteaux Carrés

Dimanche 10 septembre 2017                  

Jean-Michel Larqué, qui a fêté avant-hier ses 70 ans, replonge dans ses vertes années dans la Pravda du jour. Extraits.

 "En 1969, je venais d’avoir le diplôme de prof de gym et pendant un mois et demi j’avais encore une licence amateur. Je jouais et j’enseignais. Au lendemain d’un match de Coupe d’Europe, après une petite nuit, je commençais les cours à 8 heures. L’après-midi, j’avais l’ASSU, le foot scolaire. J’avais soixante-dix gamins ! Et à un moment, je m’endors… Peut-être trente secondes. Ce jour-là, je me suis dit : « il faut que tu choisisses ». Je me suis mis en congé sans solde de l’Education nationale et j’ai signé mon premier contrat pro.

 J'ai eu deux maîtres. Rachid Mekhloufi, quand je suis arrivé à Saint-Etienne, j’avais l’impression que je pouvais de temps en temps faire un peu comme lui… C’était le maître à jouer, le stratège. Plus intelligent que n’importe qui. Un joueur fabuleux et d’une humilité ! Un garçon très fin dans le jeu. Le second, c’est Salif Keita. Et là, je me suis dit : il me régale, mais je ne pourrai jamais le copier. On n’avait pas du tout la même morphologie, pas les mêmes qualités. Salif, c’était plutôt les grands espaces. Je l’ai vu en claquettes et chaussettes, à Lille, pendant la promenade d’avant-match dans la neige. Il n’en avait jamais vu de sa vie. L’après-midi, il s’est baladé sur le terrain enneigé.

 Ivan Curkovic était le joueur le plus impressionnant par son charisme, son empreinte sur l’équipe. C’est fou comme en parlant peu, en se taisant même, on peut avoir une emprise sur un groupe. Je ne vais pas dire que c’était le gourou, mais ça ne s’explique pas. Il entre dans le vestiaire, dans une pièce, il y a de la présence. Il a beaucoup apporté. C’était quelqu’un d’extrêmement solide. Gérard Migeon était le plus drôle. Un vrai titi parisien qui venait de Palaiseau, un boute-en-train. Ses parents tenaient un routier, il avait grandi dans les bistrots et avait plein d’expressions. Peut-être que celles que j’emploie comme sur les petits ponts (« mettre le grillage », « la prochaine fois tu mettras la soutane »), me viennent de lui.

 Le moment où je me suis senti le plus fort, c’trait la demi-finale aller de contre le PSV Eindhoven à Geffroy-Guichard. A un moment donné, un des frères Van de Kerkhof est dans la surface. Je suis face à lui. Le premier miracle, c’est que je sois dans la surface. Le second, c’est que je le tacle et que je lui prends la balle proprement. Ce jour-là, plus que le coup franc que j’ai marqué, j’ai réalisé des gestes que je ne savais pas faire. Parfois on a des révélations…. La plus belle équipe dans laquelle j’aie joué, c’est celle de 1970 à égalité avec celle de 1976. La première était plus brillante. La seconde, avec des qualités morales et une force collective très au-dessus de la moyenne. D’ailleurs tous mes amis dans le foot sont des gens de cette équipe.

 Mon plus beau but, c’est en finale de Coupe de France contre Lens parce que papa Larqué était dans les tribunes du Parc des Princes. J’étais capitaine et je réussis ce geste-là… La balle arrive, je me couche, je tente la volée. Elle part en pleine lucarne sous la transversale. La plus grosse fête d’après-match, c’était dans les vestiaires du Chaudron après le retour contre Split. On avait été tellement balayés là-bas, humiliés… C’était vraiment de la folie. On avait des petites piscines. Même Ivan Curkovic, même Robert Herbin, des gens très sur la retenue, faisaient la fête ! Mon plus grand regret est évidemment la finale de la Coupe d’Europe à Glasgow. Est-ce que ça aurait changé ma vie, notre vie ? Je n’en sais rien…

 A Saint-Etienne, j’ai eu de grands entraîneurs que je mets tous au même niveau. Jean Snella, c’était l’amoureux du détail, il arrivait à manager un groupe en nous faisant comprendre que certains comme Robert Herbin et Rachid Mekhloufi étaient au-dessus des autres, mais qu’il ne fallait pas en prendre ombrage. Albert Batteux, c’était la pédagogie, il était captivant. Et Robert Herbin, c’était le travail, avec des séances un peu compliquées où on ne touchait pas beaucoup le ballon.

 Un jour, à Sochaux, sur un terrain très gras, on perd assez nettement. De retour au vestiaire, Robert Herbin me dit : « Jeannot [l’intendant] il va être content pour ton équipement … » Et c’est vrai que par rapport à mes coéquipiers, mon maillot, mes chaussettes et mon short étaient particulièrement propres.  Et Robby me dit : « Tu peux le plier, tu vas mettre le même dimanche prochain. » je n’avais pas mis le bleu de chauffe, je ne m’étais pas battu… Mais pour la première fois, je savais que je serais titulaire le dimanche suivant."