UN ANCIEN ENTRAÎNEUR (1967-1972)                           Albert BATTEUX
Il est né à Reims en 1919.   PALMARÈS: Joueur 
¤ 8 sélections en équipe de France
¤ Champion de France: 1949   Coupe de France : 1950 avec Reims 
                                                                       Entraîneur 
¤
3ème de la Coupe du monde 1958
¤
Coupe d'Europe des Clubs Champions: finaliste en 1956 et 1959 (Reims)
¤ Champion de France 1953, 1955, 1958, 1960, 1962 (Reims)  1968, 1969, 1970 (ASSE)
¤ Coupe de France 1958 (Reims),    1968, 1970 (ASSE)
¤ Coupe Latine : 1953 (Reims)
Issu d'une famille de 13 enfants, Champenois pure souche, il connaît un long roman d'amour avec le Stade de Reims, club dont il défend les couleurs , comme joueur et capitaine d'abord jusqu'à l'âge de 31 ans. Inter à la technique très subtile et brillante, dribbleur et passeur de grand talent, tacticien très intelligent, 8 fois international en 1948 et 1949, aux côtés des Jonquet, Marche, Prouff, Flamion, Sinibaldi. Un an plus tard, au poste d'ailier droit, il dispute et gagne la finale de la Coupe de France contre le RC Paris. Le soir même il prend la succession de Roessler comme entraîneur de Reims. Il entame alors une nouvelle carrière de technicien, qui va être jalonnée de nombreux titres de gloire. Avec Reims encore, il est de nouveau Champion de France en 1953, 1955, 1958, 1960 et 1962, vainqueur de la Coupe Latine en 1953 et de la Coupe de France en 1958, 2 fois finaliste de la Coupe d'Europe des clubs contre le grand Real de Madrid en 1956 et 1959, entraîneur de l'équipe de France, 3ème de la Coupe du monde 1958, avec Kopa, son fils spirituel, et avec ses autres joueurs rémois, Jonquet, Penverne, Piantoni, Vincent et Fontaine.
Après une période sabbatique à Grenoble, le président de l'ASSE, Roger Rocher a l'intelligence d'aller le chercher pour succéder à Jean Snella : il va collectionner de nouveau les trophées à la tête de l'ASSE, championne de France 1968, 1969, 1970, vainqueur de la Coupe de France 1968, 1970. Mais il se lassera de l'autoritarisme du président Rocher et quittera l'ASSE en 1972, remplacé par un de ses fils spirituels, Robert Herbin. Le palmarès d'Albert Batteux, apôtre du jeu offensif, du célèbre jeu court et spectaculaire "à la rémoise", est l'un des plus richement garnis du football français.
Albert Batteux s'est éteint le 28 février 2003 à l'âge de 83 ans. Avec lui disparaît une grande figure de l'ASSE mais aussi une certaine idée du football.

Tous les techniciens vous le diront : pour réussir dans le football, il n’y a pas de secret, il faut avoir du talent et travailler. Mais bien souvent, cela ne suffit pas. Car ce qui fait la différence, c’est la tactique, la vision du football qui est celle de l’entraîneur. Et les joueurs stéphanois ont vite compris pourquoi Albert Batteux était un maître en la matière…
En 1967, Jean Snella vient de remporter pour l’Association Sportive de Saint-Étienne le troisième titre de l’histoire des Verts. Mais pour des raisons personnelles, il a décidé de quitter ses fonctions et de retourner exercer au Servette de Genève.
Pour succéder à cette grande figure stéphanoise, un nom s’impose : entraîneur légendaire, ami de Snella, Albert Batteux a quitté l’équipe de Reims un an plus tôt après l’avoir conduite à ses plus grandes conquêtes : sept titres de champion de France, une coupe de France, deux finales de coupe d’Europe des clubs champions. Ancien sélectionneur de l’équipe nationale, Batteux est le plus brillant technicien du football hexagonal.
Sa réussite, il la doit à ses compétences et à sa conception du football. Batteux aime le beau jeu. C’est ainsi qu’il a réussi à Reims, et c’est ce qu’il explique aux joueurs stéphanois lors de son arrivée : il apprécie la précision, le mouvement, l’absence de précipitation, tout le contraire de ce qu’il appelle le « hourra football » des Anglais, qui ne cherchent qu’à provoquer les erreurs de l’adversaire… Lui préfère que son équipe soit capable de créer, grâce à ses qualités, ses propres situations de but.
Pour atteindre une plénitude technique, explique-t-il, le joueur doit être au mieux de sa forme : c’est peut-être paradoxal, mais pour réussir à pratiquer un football léché, il faut d’abord axer la préparation sur la condition physique.
Afin de tirer le meilleur de ses hommes, il a d’ailleurs imaginé une méthode originale : c’est ainsi qu’il prend l’habitude de réunir avant le début du championnat tout son effectif. Pendant dix jours, il sollicite ses joueurs du lever au coucher du soleil, pour des exercices de force et d’endurance de plus en plus intenses.
Il appelle cela un « séminaire ». Ce terme, rapproché de son obstination de prêcheur à faire partager ses convictions, lui a valu le surnom de « prédicateur ». En réalité, il vient d’inventer les terribles stages de préparation physique d’avant saison. Aujourd’hui, quand arrive cette période de l’année, tous les footballeurs professionnels maudissent celui que l’on appelait le « prédicateur
.…

Les déclarations se multiplient après l'annonce du décès d'Albert Batteux, ancien entraîneur du Stade de Reims et de l'équipe de France. Tous les professionnels du football lui rendent un hommage unanime.
Just Fontaine (ancien joueur de Reims et ex-international français)
«C'était le meilleur entraîneur que j'ai jamais eu. Il avait beaucoup d'humour, on l'écoutait parler avec ravissement. La première fois que je l'ai vu, il était entraîneur des Espoirs, c'était ma première sélection. Il portait un chapeau mou qui m'avait beaucoup impressionné, et quelques années plus tard, il m'avait avoué qu'il ne l'avait mis que pour se vieillir, car il n'avait que 33 ans à l'époque.»
Georges Carnus (ancien gardien de l'AS Saint-Etienne, triple champion de France)
«C'était un grand monsieur qui connaissait le football, qui savait parler aux joueurs. Je me souviens d'un match de coupe d'Europe contre le grand Bayern. On avait perdu 2-0 en Allemagne, on aurait dû en prendre 5. Au match retour, Batteux nous dit qu'on allait souffrir au début du match et qu'il fallait marquer au bout d'un quart d'heure puis tenir jusqu'à la mi-temps. Il nous avait dit que si on marquait le second but au bout de vingt minutes en seconde période, le troisième but viendrait tout seul. Tout s'est passé exactement comme ça et on s'est qualifié.»
Bernard Bosquier (ancien joueur de l'AS Saint-Etienne)
«Sa force, c'était sa pédagogie. Ses causeries étaient toujours intéressantes. Il était gentil mais ne se laissait pas marcher sur les pieds.»
Jean-Michel Larqué (ancien joueur de Saint-Etienne)
«C'était un éducateur qui faisait complètement confiance aux joueurs. Il n'élevait jamais la voix, il était toujours pondéré. Il prônait le plaisir, la joie de jouer. Je n'ai jamais entendu "bataille", "guerre" ou "duel" dans ses propos.»
Raymond Kopa (ancien joueur de Reims et ex-international français)
«C'est l'homme essentiel dans ma carrière. Il m'a permis de bien jouer et de progresser rapidement. A mon avis, c'était le meilleur entraîneur de tous les temps, un homme d'exception. Avec le grand Reims, on lui doit le football-champagne, ce jeu qui a enthousiasmé les Français pendant dix à douze ans.»
Michel Platini (conseiller spécial du président de la FIFA):
«Il était gentil, aimable, amoureux du football. Je me rappelle qu'on l'écoutait tous nous parler football, de ses expériences, d'une façon extraordinaire.»
Robert Herbin (ancien joueur de Saint-Etienne, successeur de Batteux comme entraîneur)
«Avec lui, nous avons gagné 4 titres de champion de France. Et lors des 3 ou 4 derniers matchs de sa dernière saison à Saint-Etienne, ceux de la passation de pouvoir, j'étais joueur, capitaine et entraîneur, il me disait que ça allait m'aguerrir. Ensuite, quand il revenait pour les matchs de Coupe d'Europe, il ne manquait jamais l'occasion de me saluer et nous buvions une coupe de champagne ensemble.»
Aimé Jacquet (ancien joueur de Saint-Etienne et ex-sélectionneur de l'équipe de France)
«C'était un entraîneur extrêmement brillant, qui a marqué toute une époque du football français et notamment tous ceux qui ont eu la chance d'évoluer sous ses ordres. C'était un intellectuel du football, mais il avait les mots pour l'expliquer. Ces mots, je les ai toujours en tête, ils ne m'ont jamais quitté pendant ma carrière d'entraîneur.»