UN ANCIEN ENTRAÎNEUR (juillet 98-septembre 2000)               Robert NOUZARET
Il est né le 29 septembre 1943 à Marseille. Ancien milieu de Lyon, Bordeaux, Montpellier, Gueugnon et Orléans, il débute sa carrière d'entraîneur à Orléans, puis dirige Montpellier, Saint-Dié et Bourges avant de revenir dans l'Hérault en 1983. Il met ensuite le cap sur Lyon puis Caen, avant de revenir manager à Montpellier en 1991, pendant 5 saisons. Après un passage en Côte d'Ivoire, Nouzaret dirige Saint-Étienne à qui il permet de retrouver l'élite. Remercié et remplacé par le Gallois John Toshack en septembre 2000, il file à Toulouse qu'il ne peut sauver de la rélégation. Il s'engage pour Bastia à l'aube de la saison 2001-2002. Il a laissé un excellent souvenir dans le Forez et restera celui qui a fait remonter l'ASSE en 1999.
La saison 2001-2002 à Bastia est celle des paradoxes: il mène, avec peu de moyens, les Corses à la 11ème place et en finale de la Coupe de France où ils échouent face à Lorient. Néanmoins, le courant ne passe pas avec ses dirigeants. Ce n'est plus une surprise lorsqu'il est renvoyé du club corse. 
Mais il ne tarde pas à rebondir, et dès le 2 juillet 2002, il repart en Afrique pour entraîner les Éléphants de Côte d'Ivoire avec pour objectif de les qualifier pour la Coupe du monde 2006. 
L'expérience tourne court et il revient à Montpellier en décembre 2003 pour remplacer Gérard Bernardet. Il échoue dans sa tentative de maintien du club héraultais en L1. Il sera licencié par son ami Louis Nicollin fin août 2004, alors que Montpellier se débattait dans les profondeurs du classement de la L2 et remplacé par Jean François Domergue.
En août 2005, il retrouve l'Afrique et s'engage auprès du MC Alger, succédant à Jean Paul Rabier. Pour raisons techniques et disciplinaires, il sera limogé le 24 décembre de cette même année 2005.
Après un an de repos, il signe, le 19 janvier 2007, un contrat de 15 mois pour entraîner l'équipe nationale de Guinée, jusqu'en juin 2009..
Début août 2010, il devient l'entraîneur-sélectionneur de l'équipe de la République démocratique du Congo.

Le 31 août 2011, Robert Nouzaret, sélectionneur depuis un an de l'équipe de République démocratique du Congo, résilie son contrat en raison de divergences avec la Fédération congolaise et a décidé de mettre un terme à sa carrière d'entraîneur. «Il y avait des divergences de vues. Mes adjoints ont été mis à l'écart et je n'avais plus la liberté de choix des joueurs», a expliqué l'ancien entraîneur de la Côte d'Ivoire et de la Guinée. «J'avais dit qu'après la RDC j'arrêtais. J'arrête d'entraîner» a-t-il confirmé.

Robert Nouzaret revient sur son passage à Saint-Etienne (26 avril 2018)

Dans un intéressant entretien paru sur le site Actufoot, Robert Nouzaret revient sur son inoubliable passage à Saint-Etienne. Extraits.

 "Quand j'ai entraîné Lyon, j’ai tenté une expérience, j’étais un des premiers à jouer avec trois éléments dans l’axe et deux dans les couloirs. Ce jour-là, j’en ai pris 7 contre Sochaux à Gerland. Cela m’a refroidi. Et puis, je suis parti en Afrique, je me suis dit que c’était une autre mentalité, d’autres joueurs. J'ai joué avec l’état d’esprit africain, le jeu vers l’avant, en faisant la part belle aux attaquants. Quand je suis rentré en France, à Saint-Etienne, je suis parti dans le même état d’esprit, en 4-4-2. C’était la première fois que je pouvais adapter ma philosophie au recrutement qu’on m’a fait. Ca marchait, on jouait bien, on marquait. A ce moment, je ne m’occupais que de mon équipe, même si je m’adaptais en cours de match. Il y avait de la musique dans le vestiaire. Je voulais redonner le goût du jeu, en disant que ça ne sert à rien de stresser, si on travaille bien toute la semaine.

 Quand j’ai commencé ma carrière d'entraîneur, j’avais des principes basés sur l’aspect défensif car j’ai connu ça toute ma vie de joueur. C’était une frustration que je vivais bien, car elle correspondait bien à mes qualités et mes défauts. J’étais un bourrin, j’avais du courage, de l’abnégation, je ne m’arrêtais jamais. Le marquage individuel m’allait comme un gant. Au final, quand je suis devenu entraîneur, je regardais plus la défense que l’attaque. Puis j’ai changé, après avoir connu d’autres cultures. C’est l’Afrique avec son jeu offensif, qui m’a apporté ça. On joue pour gagner, pas pour ne pas perdre.

 Pour être bon entraîneur, il faut choisir son équipe ou ses joueurs. Je suis surpris quand un dirigeant recrute un joueur. L’entraîneur doit choisir ses joueurs. Il doit respecter le budget. C’est quelque chose que j’avais toujours en tête. L’aspect financier permet au club de vivre plus ou moins longtemps. Mais si vous ne choisissez pas vos joueurs, vous mourrez avec les idées des autres, et c’est la pire des frustrations. On ne réussit pas avec les idées des autres. Un entraîneur est comme un chef d’entreprise. Il faut qu’on donne tout ce qu’il faut pour réussir. C’est comme pour les staffs. Il faut les choisir.

 Je n’ai pas fait une grande carrière d’entraîneur. Mais j’ai fait monter une équipe en D1, j’ai fait une finale de coupe. J’avais du potentiel. Mais je n’étais pas un grand joueur. Des Zidane, il n’y en a pas tous les matins, c’est une exception. Ca aide, car il a une autorité naturelle et que son expérience lui permet d’utiliser son expérience. Quand un joueur a disputé des Coupes du monde ou des Coupes d’Europe, c’est peut-être plus facile pour gérer des mecs, mais il peut avoir besoin d’un staff pour faire des séances adaptées. C’est la complémentarité qui est importante dans le foot. Et la meilleure fois où je l’ai réussie, c’est à Saint Etienne. Avec Gérard Soler, j’ai eu un cul monstre de trouver des joueurs adaptés au système."

Robert Nouzaret revient sur son passage à Saint-Etienne (2 février 2019)

Sur le site Foot d'avant, Robert Nouzaret est une nouvelle fois revenu hier sur ses vertes années. Extraits.

"Lorsque j’étais manager de Montpellier, j’ai noué des relations avec Gérard Soler. On se disait : « ça serait bien si on pouvait travailler ensemble un jour ». En 1998, Gérard, qui venait d’être nommé président délégué à Saint-Étienne, m’a appelé : « écoute Robert, on est dans une situation difficile. Est-ce que ça t’intéresse de venir? ». J’ai accepté. Pour mon premier jour à Saint-Étienne, Georges Bereta m’a dit : « Robert, je n’ai pas compris comment Gérard Soler a pu te faire venir à Saint-Étienne avec tout ce que tu nous a mis quand tu jouais à Lyon. J’espère que ça va bien se passer avec le public ». Finalement, ça s’est super bien passé. Extraordinaire. Tous les matins, je remerciais le p’tit Jésus.

Je suis rentré dans le vif du sujet avec plus de vingt matchs sans perdre puis une montée en L1 en 1999. Le club ne s’était pas trompé dans le recrutement, il y avait du monde au stade, les médias nous aimaient bien, il y avait de l’argent dans les caisses. Tout se passait bien. C’était le paradis. Par ailleurs, la pancarte « Ici c’est le chaudron », c’est moi qui ai demandé à l’installer à ce moment-là. Quand j’étais à Caen, j’allais souvent voir des matchs en Angleterre et je voyais souvent ce genre de pancartes. Cela m’avait frappé.

J’étais pote avec Gérard Soler. Chacun restait à sa place. Alain Bompard vivait à Paris. Il venait à Saint-Étienne le jeudi. On faisait des bonnes bouffes et on gagnait pratiquement chaque week-end. Malheureusement, le mauvais côté de la nature humaine a pris le dessus. On s’est dispersés puis séparés pour des problèmes d’ego. Des conneries. Pourtant, on avait tout pour être peinards. Je l’ai toujours regretté. Jamais je n’aurais pensé que ça se finirait comme ça. Nous l’avons tous payé ensuite. Alain Bompard avait du mal à exister parce que tout le monde faisait bien son boulot. Comme il était désormais tous les jours au club, il s’est presque rendu compte qu’il ne servait à rien. Cela le gênait. Gérard en avait marre d’avoir Alain Bompard tous les jours sur le dos et il a voulu prendre ma place, ça m’a tué.

Alex était un p’tit con alors que José Aloisio était un super mec. Cependant, Alex avait un grand talent. Quand il est arrivé à Saint-Étienne, il ne faisait aucun effort. L’histoire est simple : au début, il ne jouait pas. Un jour, avant un match à domicile contre Nancy, une équipe réputée pour jouer très défensif, Rudi Garcia m’a dit : « Robert, on devrait prendre Alex dans le groupe. Si on a du mal, il peut nous sauver avec ses dribbles courts ». A la mi-temps, Saint-Étienne était mené 0-1. Je le fais entrer après la pause et il nous fait gagner le match. J’ai failli le taper en rentrant au vestiaire. Je lui ai dit : « ça fait deux mois que tu es avec nous, tu es feignant, tricheur et toujours en train de te plaindre et là tu nous montres un talent extraordinaire. C’est une honte ». Ce mec avait besoin qu’on lui fasse des bisous du matin au soir et d’entendre que c’était le meilleur et le plus beau. ça me rappelle l’Argentin Hugo Curioni que j’ai côtoyé à la Paillade. La semaine, il ne foutait que dalle. Mais le jour du match, il était à 300% et nous faisait gagner deux rencontres sur trois. C’est le charme du boulot d’entraîneur : tu dois manager plein de joueurs avec des caractères différents. Il faut s’adapter pour l’intérêt de l’équipe."