Un portrait de Bernard Caiazzo : "ce n'est pas un mercenaire"
Source : site brefonline

Jeudi 16 décembre 2004


Le nouveau patron du club de foot de Saint-Etienne parle de valeurs. Un philosophe dans un sport plus habitué aux tacles verbaux.

«Je ne me sens pas lié à l’argent. Il ne me tient pas.» Bernard Caïazzo, président de l’Association Sportive de Saint-Etienne (ASSE) depuis début juin, ne veut pas être assimilé à l’un de ces mercenaires qui hantent le football. Lui qui a investi plus de cinq millions d’euros depuis son entrée au club, en décembre 2003, s’est engagé dans une lettre au maire de Saint-Etienne, « à ne pas faire de plus-value avec l’ASSE ». Ces engagements répétés peuvent paraître suspects dans la bouche d’un homme qui n’a pas eu beaucoup d’état d’âme pour écarter son prédécesseur, Thomas Schmider, de la présidence des Verts, avec la complicité active de Jean-Claude Perrin, avec lequel il a rompu quelques semaines plus tard pour incompatibilité d’humeur. Mais la réussite professionnelle de Bernard Caïazzo explique peut-être ce relatif détachement avec les choses de l’argent.
Après des études commerciales à l’Essec, ce chef d’entreprise a été l’un des pionniers français du marketing téléphonique, importé des Etats-Unis. Sa société, créée en 1976 avec un associé, il l’a revendue pour vingt millions d’euros en 1990. Il a replongé quatre ans plus tard dans le développement de centres d’appels d’entreprises, comme France Télécom. Coté depuis novembre 2001 au nouveau marché, Client Center Alliance (CCA) gère quatorze sites en France et en Europe. Le groupe emploie 3 000 personnes pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 millions d’euros et un résultat avant impôt de 8 %. « Les centres d’appels sont au télémarketing ce que la communication est à la publicité », énonce celui qui a écrit trois livres sur le sujet. Pour amadouer encore plus les élus stéphanois, circonspects après la “valse des présidents” de ces dix-huit derniers mois à l’ASSE, le patron de CCA projette d’implanter un centre d’appels et de créer 400 à 500 emplois à Saint-Etienne en 2005.

Amitié, proximité, fraternité

Bernard Caïazzo n’est pas un novice dans le football. Il a initié le système des loges en 1983 au Paris Saint-Germain, avant de le dupliquer dans d’autres clubs (Nantes, Bordeaux...) et pour l’équipe de France, en 1986. Il utilisait les ressources du marketing téléphonique pour convaincre des entreprises de louer une loge. Son joker dans ces négociations ? Un message pré-enregistré par un joueur emblématique comme Michel Platini, avec lequel il fut associé plus tard au lancement du magazine Mondial. Aujourd’hui sous les feux des projecteurs, « sans l’avoir vraiment souhaité », affirme-t-il, Bernard Caïazzo ne ménage pas son énergie pour vendre la marque 'verte' auprès de nouveaux sponsors. Ces recettes devraient représenter 7,3 millions pour un budget global de 25 millions d’euros cette saison. Il a notamment su convaincre le groupe japonais Konica-Minolta de le suivre dans son projet pour quatre ans sur le maillot. Les deux partenaires déclarent partager les mêmes valeurs : labeur, humilité, respect de la tradition.
Dans un milieu tiraillé par des intérêts souvent divergents, Bernard Caïazzo n’hésite pas à parler d’amitié, de partage, de fraternité. Amitié avec Oswaldo Piazza, l’ancien défenseur argentin de l’équipe des Verts de 1976, qu’il a nommé “ambassadeur du club” auprès des sponsors et des nouveaux joueurs. Partage du capital avec des entreprises régionales qu’il voudrait associer à la marche du club, voire, plus tard, dans une fondation qui contrôlerait l’ASSE. Fraternité, proximité avec ses joueurs avec qui il communique par SMS. « Il faut aimer les gens, accepter l’autre », affirme ce méridional, né à Alger en 1954, qui passe pour un “philosophe” aux yeux du nouvel entraîneur, Elie Baup.