UN ANCIEN DIRECTEUR SPORTIF : Christian VILLANOVA (2002-2004) Christian VILLANOVA | |
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En juin 2002, Christian
Villanova a signé un contrat de deux ans en faveur de l’ASSE en tant
que responsable de recrutement stéphanois. Il est né le 7 novembre
1951 à Reims. Il a joué à Aix, Biver Sport, Rouen, Ajaccio,
St-Pol-de-Léon, Dijon, Meaux, Ajaccio. Ancien entraîneur de
l'Olympique d'Ajaccio, ancien conseiller technique départemental de la
Corse du Sud, Christian Villanova a dirigé pendant plusieurs années l'équipe
réserve de Bastia et a accompagné il y a deux ans Frédéric Antonetti
dans le club japonais de Gamba-Osaka, un Frédéric Antonetti qu'il
retrouve donc ici dans le Forez. Le duo corse va ramener l'ASSE
en L1 en juin 2004 avec à la clé un titre de Champion de France de L2.
Mais les dirigeants décideront de ne pas le conserver, entraînant du
coup le départ de Frédéric Antonetti. On retiendra néanmoins
l'excellent travail de Christian Villanova qui avait réussi un
excellent recrutement avec des moyens financiers plus que limités,
faisant signer des joueurs, tels Morestin, Jau, Bridonneau, Quaye qui
donnèrent entière satisfaction. Christian
Villanova retrouvera aussitôt le SEC Bastia (juin 2004) où il prendra
en charge la formation. En savoir plus sur Christian Villanova |
Lu le 9 octobre 2011 dans Le Progrès : Christian
Villanova a toujours la foi L’ancien directeur sportif du SC Bastia, qu’il a quitté en 2009, porte un regard éclairé sur le football français. Ses deux saisons passées à Saint-Etienne l’ont marqué. Il les évoque avec émotion. A l’aube de ses 60 printemps, il a toujours en tête de faire profiter de son expérience et de sa passion. Christian, vous vous êtes fait discret depuis votre départ de Saint-Etienne en 2004. Qu’êtes-vous devenu ? Je suis retourné au Sporting Club de Bastia. J’avais en charge le domaine administratif et j’étais également chargé du recrutement. En 2009, on s’est séparé à l’amiable. Je suis en quelque sorte parti en préretraite. Mais vous n’avez pas l’âge d’être à la retraite ! J’aurais bientôt 60 ans (NDLR : le 7 novembre). Oui mais aujourd’hui, il faut travailler plus ! Évidemment, si demain, je retrouve un challenge sympa, je reprends le travail immédiatement car j’ai encore beaucoup d’envie, de motivation. Si Saint-Etienne cherche quelqu’un… (il rigole.) Vous avez occupé toutes les fonctions dans le football professionnel, d’entraîneur à recruteur en pensant par l’administratif et la gestion. C’est étonnant que vous n’ayez pas été sollicité. J’ai eu des contacts mais pour des missions qui ne m’intéressaient pas, ponctuelles. Pour travailler correctement, et bien s’imprégner de la vie du club, de ses besoins, de sa démarche, j’estime qu’il faut y passer un an ou deux. En toute humilité, je prétends avoir beaucoup d’expérience. Alors, si c’est pour faire un rapport de match qui va rester dans un placard. Vous n’êtes pas trop marqué « Sporting Club de Bastia ? Vous-même me l’avez fait remarquer, je ne me suis jamais mis en avant. Ça peut être le revers de la médaille. Pour trouver du boulot dans le football, il faut faire partie de réseaux ? Connaître du monde, dans le foot comme d’autres domaines, ça rend parfois d’énormes services. Les gens vous apprécient plus facilement. Pas de projets en vue donc ? Rien de particulier présentement mais ça peut se décider très vite. Partir à l’étranger fait partie des solutions qui pourraient s’offrir à moi. Lorsque vous repensez à votre expérience stéphanoise de 2002 à 2004, que vous dites-vous ? Que nous avons vécu une aventure extraordinaire, compte tenu de la situation du moment. Il faut se rappeler nos difficultés à recruter. Malgré tout, nous avions réussi à constituer une équipe compétitive dans les deux ans. Saint-Etienne ne pouvait pas attendre beaucoup plus car elle méritait mieux que la Deuxième Division. D’avoir atteint cet objectif, c’était extraordinaire. Ce qui m’a profondément marqué, ce sont aussi les premières discussions que nous avions eues, en compagnie de Fred (Antonetti), avec les supporters. Ils étaient là, en face de nous. Nous leur avions expliqué notre démarche. Ils l’avaient bien comprise et nous avaient accompagnés pendant les deux ans. Alors, c’est vrai que chaque fois que j’allume Canal plus et que je vois un match de Saint-Etienne, ça me rappelle plein de bonnes choses. De mon passage dans ce club, je ne garde que de bons souvenirs. Bien sûr, on n’a pas pu aller plus loin que cela. Mais on peut être fier de ce que l’on a fait. On a un peu rendu aux gens ce qu’ils nous ont donné. Êtes-vous revenu à Geoffroy-Guichard suivre un match depuis 2004 ? Non, ça me faisait un peu mal mais j’y reviendrai. En revanche, j’ai vu jouer l’équipe à l’extérieur. Quel regard portez-vous sur l’arrivée de l’argent, via les droits TV, dans le football français, qui a entraîné une démesure des salaires ? Chaque club doit vivre avec les moyens dont il dispose. Ce qui me gêne beaucoup aujourd’hui, ce sont les actionnaires qui viennent dans le football pour gagner de l’argent. Ça, ça me gêne. L’arrivée des Qataris au PSG est une bonne chose, ça ne peut qu’apporter au football français. Car du point de vue des salaires, il y aura toujours quelqu’un qui mettra plus d’argent pour acquérir un joueur. Pour lutter contre ça, on pourrait limiter le nombre de joueurs professionnels par club. Ça réduirait la masse salariale et obligerait les clubs avec un effectif trop important à prêter des joueurs et du coup ça augmenterait la valeur intrinsèque des matches. Si le gars passe 4/5 e de sa saison sur le banc, qu’apporte-t-il ? On a l’impression parfois que les émoluments de certains joueurs sont inversement proportionnels à leur valeur ? Il faut payer le joueur à sa juste valeur. L’intéressant dans un collectif, c’est d’avoir des grilles de salaire qui correspondent à la valeur des joueurs, leur expérience. Il convient de définir une hiérarchie cohérente. Sinon, à terme, ça pose problème. Un vestiaire, c’est fragile. Si l’équilibre est atteint… A Saint-Etienne, entre autres, des joueurs sont mis à l’écart. Cette solution est celle du bout, du bout, du bout. Je ne sais même pas si c’est une solution parce que le retour est terrible. Vous faites perdre de la valeur à vos propres joueurs. Ceux-ci sont vexés car un joueur ne comprend jamais une mise à l’écart et ça pose obligatoirement problème. Il n’y a que des perdants dans l’histoire. Il faut mener une négociation pour trouver une solution la moins pire. Quel club aimez-vous voir jouer ? Lorient parce que Gourcuff, avec des moyens qui ne sont pas extensibles, arrive à faire jouer son équipe de manière assez agréable. Rennes, pour parler de Fred, a quasiment la meilleure attaque. Son équipe est aussi portée vers l’avant. La semaine dernière, j’étais au Parc des Princes où j’ai vu jouer le Paris Saint-Germain. On a trouvé le champion de France ! Si Pastore joue toute la saison à ce niveau-là, les trois ou quatre autres prétendants au titre devront faire des séries. Paris, au complet, avec ce Pastore, qui peut marquer à n’importe quel moment du match… En plus, il est très collectif. Y a-t-il un joueur qui vous ait fait autant d’impression ? Dans ce secteur de jeu, je citerais Lubo Moravick. On l’avait pris à Saint-Etienne, son transfert n’avait pas été simple ! Il avait un sacré caractère mais quel joueur ! Bastia de retour en Ligue 2, ça doit vous ravir, non ? Absolument. S’ils pouvaient remonter cette année, ce serait extraordinaire. Recueilli par Yves Verrière http://www.leprogres.fr |