Entraîneur-adjoint
(2006-2007) Entraîneur (2007-10 novembre 2008) Laurent ROUSSEY |
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Portrait
de Laurent Roussey Il est né le 27 décembre 1961 à Nîmes Joueur: Il a été formé à l'US Mazargues et arrive à l'ASSE en 1974. 1977 : Premier match en division 1 sous le maillot de l’AS Saint Etienne. 1981 : Il remporte le titre de champion de France avec les verts. 1982 : Lors de sa première sélection chez les tricolores, Laurent Roussey marque l’unique but de la rencontre opposant l’équipe de France à son homologue hongrois, le 6 octobre au Parc des Princes. Il participe, pour la deuxième fois à un match avec les bleus, lors d’un déplacement au Pays-Bas, le 10 novembre. (victoire 2-1) 1983-1985 : Toulouse Football Club. 1985-1987 : Toulon 1987-1988 : Alès. 1988-1989 : Lausanne-sport. 1989-1991 : Red Star. 1991 : Laurent Roussey doit interrompre sa carrière de footballeur, suite à une blessure récurrente au genou. |
Palmarès : Champion de
France avec l'ASSE (1981) 2 sélections en Équipe de France Entraîneur 1995-2000 : Après avoir passé ses diplômes d’entraîneur, et connu les premières sensations de la fonction d’entraîneur sur l’île de la Réunion, Laurent Roussey prend en main l’équipe de Rouen où il remplace un ancien Vert Patrick Parizon. Le club vient de descendre en Nationale 2 (équivalent du CFA). En deux ans, il fait remonter le FC Rouen à l'étage supérieur et dispute un 32ème de finale de Coupe de France. La saison suivante en 1997-1998, Rouen termine 7ème du championnat CFA et va jusqu'en quart de finale de la Coupe de France mais le club normand est rétrogadé, suite à un dépôt de bilan, en CFA 2. Le bleu de chauffe est remis : 10 mois plus tard, l'écrie normande termine en tête du championnat de CFA2. En juin 2000, après avoir mené son équipe à la 4ème place du championnat, Laurent Roussey tire sa révérence. 2000-2001 : Après son passage en Normandie, Laurent Roussey remplace Gernot Rohr à la tête de l’U.S Créteil. Il bataille ferme pour obtenir le maintien. Mais des conflits surgissent en interne. Ne supportant pas l'ingérence d'un des dirigeants, Laurent Roussey quitte le club cristollien. Son adjoint, Luc Sonor, est solidaire et lui emboîte le pas alors que le poste d'entraîneur lui était proposé. 2001-2002 : Une nouvelle saison démarre, un nouveau défi arrive. Laurent Roussey retourne en Suisse, cette fois ci pour entraîner le F.C Sion. Après une très bonne saison au sein de l’élite helvète, le F.C Sion se retrouve en cessation de paiement. L’avenir du club ne rassure pas Laurent Roussey… 2002-2006 : Quelques jours après l’annonce du dépôt de bilan, il décide de rejoindre le staff technique du LOSC en tant qu’entraîneur adjoint de Claude Puel. Il acquiert là une solide expérience. 2006 : Il rejoint l'ASSE comme entraîneur adjoint de Yvan Hasek C'est un retour aux sources 2007-2008 : Il devient l'entraîneur de l'ASSE, plus de 15 ans après sa première expérience d'entraîneur. Sa première saison, malgré quelques passages difficiles durant l'hiver où il fut un temps menacé, est remarquable: 26 ans après, il permet à l'ASSE de retrouver l'Europe via la Coupe de l'UEFA. Mieux, il a su créer un véritable esprit de groupe et donné un style de jeu plaisant et efficace à une équipe d'où émergent de jeunes talents, tels Gomis, Matuidi, Dabo. Son contrat est prolongé de deux ans le 26 mai 2008. 2008-10 novembre 2008 : Le début de saison de l'ASSE est à double face. Remarquables en Coupe de l'UEFA (2 victoire sur Tel-Aviv, puis victoires à Copenhague et sur Rosenborg), les Verts sont méconnaissables en Championnat. Le lundi 10 novembre, au lendemain de la 13ème journée et d'une 5ème défaite consécutive (contre Rennes à domicile), Laurent Roussey est démis de ses fonctions alors que l'ASSE pointe à la 18ème place du classement. Alain Perrin est appelé pour le remplacer 23 février 2011-mai 2012 : Un peu plus de deux ans après avoir été limogé de l’ASSE (et avoir gagné le procès contre l'ASSE avec une belle somme d'argent à la clé : 1,650 millions d'euros), Laurent Roussey retrouve un club. Il s’engage jusqu’à la fin de la saison 2011avec le FC Sion, club suisse qu’il avait déjà entraîné lors de la saison 2001/2002. Il remplace Christian Challandes, limogé après une défaite 1 à 0 le week-end passé face à Bâle, actuel leader de la Super league helvète. Présidé par le bouillant Christian Constantin, le club du Valais occupe la 5e place en milieu de tableau, après 21 journées de championnat. A Sion, Laurent Roussey va notamment diriger un certain Nicolas Marin, ancien joueur de l’ASSE, alors que le nouveau directeur sportif du club s’appelle Sébastien Fontbonne, ancien recruteur de jeunes pour les Verts. Mai 2012 : Il démissionne de Sion et s'engage avec Lausanne Sports où il va retrouver Matt Moussilou pour la saison 2012-2013. Octobre 2013 : Son contrat à Lausanne est reconduit pour 2013-2014, mais le 21 octobre 2013, il est débauché par le Président de Sion, Christian Constantin, qui cherche un remplaçant à Michel Decastel, licencié pour mauvais résultats. Laurent Roussey retourne donc au FC Sion 18 mois après l'avoir quitté et après un peu plus d'une saison au Lausanne-Sport. Un bail qu'il avait très bien débuté, avant de connaître une année 2013 catastrophique, dans une situation - économique notamment - particulièrement compliquée. 11 février 2014 : Après six défaites consécutives, il est limogé de son poste d'entraîneur du FC Sion. Lors de la dernière journée, les valaisans se sont inclinés face à Lausanne, dernier du championnat Suisse. Avec son doublé lors de la dernière journée Ravet, l'ancien Vert, est le bourreau de l'ancien coach stéphanois. 9 décembre 2015 : Après un an et demi de disette, Laurent Roussey retrouve un banc d'entraîneur dans un club qu'il a connu en 2000-2001 : l'US Créteil Lusitanos. Il remplace Thierry Froger, limogé pour mauvais résultats. Raymond Domenech avait été pressenti pour ce poste. Il restera en place jusqu'au 8 juin 2016, remplacé par Laurent Fournier. Juillet 2017 : Il rejoint la Cano Sport Académie pour encadrer les mouins de 19 ans de ce club de Guinée Equatoriale. 7 mai 2019 : Après une longue période de disette, il retrouve un club, Lyon Duchère, qui opère en National 1. Malheureusement , l'expérience sera de courte durée, puisqu'il est démis de ses fonctions le 23 février 2020. |
Laurent Roussey encensé (13 décembre 2015)
Dans Le Parisien, Laurent Paganelli, Geoffrey Dernis et Pasacl Feindouno ne tarissent pas d'éloges sur le nouvel entraîneur cristollien Laurent Roussey. Extraits.
Laurent Paganelli : "Laurent, c'était vraiment du lourd. Un mec, qui sans cette opération qui lui a bousillé le genou, serait devenu l'un des meilleurs attaquants du monde. Laurent dénotre vraiment dans le milieu. Il a gardé ses blessures visibles de footballeur, mais n'a rien perdu de la passion du jeu et des joueurs. Sa marque de fabrique, c'est de s'intéresser aux mecs et de les impliquer dans le projet. S'il tombe sur des joueurs réceptifs et aussi décidés que lui, ça peut fonctionner vite et bien. Enfin, la dernière fois que je l'ai quitté, il était comme ça. S'il n'a pas eu Alzheimer entre-temps, ça va le faire !"
Geoffrey-Dernis : "C'est simple, j'ai réalisé la meilleure saison de ma carrière à ses côtés. Laurent est quelqu'un de sérieux, de professionnel, qui sait où il veut aller. C'est quand même le coach qui a ramené Saint-Etienne en Coupe d'Europe après vingt-six ans d'attente ! Il aime le jeu, sait gueuler quand il faut, mais a toujours ce côté humain. Si vous êtes réglo, il le sera avec vous. Et surtout, il s'attache vraiment à la progression des joueurs. C'est lui qui a permis à Bafé Gomis d'atteindre ce niveau, lui aussi qui a remis Pascal Feindouno sur le bon chemin."
Pascal Feindouno : "Pour moi, c'est un coach exemplaire. C'est lui qui m'a replacé en soutien de Bafé Gomis. Il est un peu un papa pour ses joueurs, toujours à l'écoute. Son seul défaut - il en faut bien un - c'est qu'il est parfois sur la réserve. Je suis sûr que s'il s'était mis plus en avant, on aurait bien plus entendu parler de lui !"
Laurent Roussey revient sur ses vertes années (14 avril 2019)
Dans l'Equipe du jour, Laurent Roussey revient sur ses vertes années. Extraits.
"Le plus fort, c'était Michel. Il décidait et réussissait des choses que les autres ne pouvaient pas faire. Il arrivait à programmer ce qu'il voulait faire. C'est ça qui était étonnant. Michel, c'était le Messi de notre époque. Il avait quelque chose de plus que les autres dans la lecture du jeu et la prise d'informations. Ce qu'on essaie d'inculquer aux jeunes aujourd'hui était naturel chez lui.
Le plus sympa, c'était Piazza. Malgré notre grand écart d'âge, il m'a pris sous sa protection et m'appelait "Lolita", le petit "Lolo". J'allais aussi souvent dîner chez Michel et Christelle Platini et chez Lacombe. Après ma grave blessure à un genou, Bernard a été un de ceux qui ont eu des attentions pour le débutant que j'étais. Je n'étais pourtant pas dans son univers. Ce sont des joueurs qui ont compté pour moi.
Le plus attachant, c'était Rep. Il est arrivé à Saint-Étienne auréolé de sa gloire passée et j'ai découvert l'opposé du joueur que formatait alors la maison verte. Il pouvait être un peu déconneur, un peu tricheur, mais doté d'un talent différent, supérieur. Johnny, c'était la vie, le plaisir de fêter et de partager, avec la rigueur indispensable pour réussir. Avec lui, dans le vestiaire de Roby, ça grinçait des dents. Roby distribuait des surprimes de victoire te permettant de toucher 50 % de plus que la prime initiale. Quand arrivait la paye, ça fusait dans le vestiaire. Johnny ne la percevait jamais et ça le rendait fou. Roby disait : ''Johnny, il ne court pas assez.''
Mon plus grand regret, c'est de ne pas avoir eu la force intérieure de refuser ma sélection en équipe de France juniors pour un stage franco-allemand-finlandais dans un bled en Allemagne. Lors du deuxième match, le gardien allemand a fait une sortie à la Harald Schumacher, au niveau des jambes. Rupture du ligament croisé postérieur du genou droit. Lors de mon opération, en septembre 1978, j'ai attrapé une infection à l'hôpital de Lyon. Cette cassure dans ma carrière m'a tellement marqué que je suis aujourd'hui capable de dire non.
L'anecdote que je n'ai jamais osé raconter ? Un soir, alors que j'étais encore stagiaire chez les Verts, on a fait une petite course avec Thierry Wolff dans Saint-Étienne. Ma BMW, avec deux gonzesses à l'arrière, a terminé sa course encastrée dans un pylône électrique de la rue de la Tour. On l'a fait vite enlever par des amis garagistes et personne ne l'a su au club. Ce grave accident m'a secoué et fait réfléchir sur la vie."
Laurent Roussey entraîneur de Lyon-Duchère (7 mai 2019)
Le club de Lyon-Duchère (5ème de National) vient d'officialiser la signature de Laurent Roussey comme entraineur. Sans club depuis son départ de Créteil en juin 2016, il s'est engagé pour deux saisons avec le club de la banlieue de la banlieue, et prendra ses fonctions à partir de la saison prochaine. En rejoignant Lyon-Duchère, Laurent Roussey suit les traces des anciens Verts Alain Moizan, Sébastien Malfleury, Pape Paye, Helton Dos Reis, Maxime Cassara, Hervé Musquère, Jessim Mahaya, Jean-Christophe Maras et Hugo Boutheyrand.
Recruté par les banlieusards de l'AS Lyon Duchère (5ème du championnat National en mai dernier), Laurent Roussey a accordé la semaine dernière une première interview au site de son nouveau club :
"Le Président m’a parlé du projet, de l’évolution qu’il
souhaitait pour Lyon Duchère en faisant de ce dernier le club de la Métropole.
Le fait que politiquement le projet soit accepté le rendait forcément très
intéressant car ça donne les capacités d’atteindre cet objectif qui est de
changer de dimension. Après, quand le Président m’a proposé d’être à
l’initiative de ce projet ambitieux, je ne voyais plus Lyon Duchère pour ce
qu’il était mais pour ce qu’il allait devenir. Ce n’était donc plus pour
moi faire un pas en arrière mais ça devenait surtout la possibilité de faire
trois pas en avant.
On veut écrire un nouveau chapitre de l’histoire du club, tout en gardant
bien sûr l’histoire de Lyon Duchère. Participer à l’évolution de ce
club-là, pour qu’il devienne le club populaire de toute l’agglomération
lyonnaise c’est quelque chose de passionnant. Je suis issu d’un club
populaire où j’ai d’ailleurs fait l’essentiel de ma carrière, ce sont
donc des valeurs qui me correspondent totalement. Je partage cela avec le Président
mais aussi la volonté de créer une contre vérité comme quoi il est
impossible d’avoir deux clubs professionnels dans une même métropole. Quand
on voit toutes les autres grandes métropoles en Europe, pourquoi en France cela
serait différent ? Participez à ça, c’est forcément un challenge très intéressant.Ce
sera difficile car la nouveauté fait forcément peur et la création de ce
nouveau projet engendre forcément des réticences. À nous de le faire apprécier
par les gens qui nous suivent. À mon niveau, sportivement, il faudra construire
la meilleure équipe possible afin d’avoir les meilleurs résultats. Ce sont
les résultats qui vous permettent de drainer un environnement, amener des
supporters au stade, etc. Il faudra également capitaliser sur les valeurs du
club pour que des gens qui y sont attachées nous rejoignent. Quand on voit que
nous consacrons un tiers de notre budget à ces actions sociales, c’est
quelque chose qui me parle et qui m’importe beaucoup et beaucoup de personnes
doivent partager cela.
Quand on regarde toutes les équipes que j’ai entrainées, elles ont
toujours terminé dans les meilleures défenses et les meilleures attaques. Ça
ne changera pas. Par contre, je pense que l’on ne peut pas monter en prenant
40 buts dans la saison. Attention, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas créer
du jeu pour avoir l’ambition d’accéder à l’étage supérieur, mais je
pars du principe que l’on peut très bien attaquer et être efficace tout en
ayant une bonne assise défensive.
J’ai envie de dire que l’objectif de tout entraineur c’est de toujours
faire mieux. On a un projet, le Président a donné deux saisons pour accéder
à la Ligue 2. Mon objectif aujourd’hui c’est de travailler pour être le
plus fort possible afin d’aller dans cette direction. Concernant la Coupe de
France, jouer sur deux tableaux peut être nuisible, mais la coupe t’apporte
aussi une certaine notoriété. Par rapport à nos ambitions, le championnat
aura toujours la priorité car notre projet, c’est de monter en Ligue 2."
Son président, Mohamed Tria, explique les raisons du
recrutement de l'homme au pull torsadé et n'hésite pas à afficher une belle
ambition : "Aujourd’hui, nous voulons rayonner sur la Métropole
lyonnaise. Chaque grande métropole d’Europe a deux clubs professionnels et
c’est ce que nous voulons faire à Lyon en devenant le club populaire de la
ville. On veut permettre aux Lyonnais, partageant nos fortes valeurs humaines,
d’avoir un club qui les représente en leur offrant une offre alternative
et/ou complémentaire à l’OL.Laurent nous a paru être le meilleur choix car
il a les mêmes valeurs que nous. Des valeurs humaines et d’entraide qui
correspondent totalement à l’image que nous voulons transmettre à nos
supporters. De plus, c’est un entraineur avec une grande expérience du haut
niveau par sa carrière de joueur, qui l’a mené jusqu’en Équipe de France,
mais aussi sa carrière d’entraineur où il a connu l’Europe et de nombreux
succès. Il correspondait donc totalement à l’image que l’on s’était
faite du coach qui devait mener notre projet. Il est aujourd’hui la première
pierre de celui-ci. Comme je l’ai dit, nous voulons devenir le second club
professionnel de la métropole mais aussi être son club populaire ! Laurent
vient du monde professionnel, qu’il connaît très bien, mais il a également
fait la majeure partie de sa carrière dans un club qui a cette image de club
populaire. Il a donc le profil parfait pour nous aider à bâtir ce nouveau
projet. À court terme, nous nous donnons deux ans pour accéder à la Ligue 2.
Sur le long terme, on souhaite accéder à la Ligue 1 d’ici cinq saisons.
Comprenez bien que le but n’est pas de faire l’ascenseur entre le National
et le monde professionnel mais vraiment de construire quelque chose de solide et
sur du long terme."
Laurent
Roussey revient sur ses vertes années (18 janvier 2020)
Juste avant la 5e journée de National 1 (30 août 2019), Laurent Roussey s'est confié au Parisien.
"J'ai été éloigné du football par la force des choses. J'ai subi des opérations à une cheville et à un genou. Ma priorité, c'était de pouvoir remarcher normalement. Avant le coup de téléphone de Lyon-Duchère, j'étais même dans l'optique d'arrêter ma carrière d'entraîneur. Ce projet, tel qu'il m'a été présenté, m'a énormément intéressé. On a une équipe renouvelée dans son ensemble, au niveau du staff ou des joueurs, il y avait une politique sportive entière à refonder. Pour le devenir du club, il faudra obtenir l'accession en Ligue 2 dans les deux prochaines années. Un ancien Vert sur un banc lyonnais, ça vous surprend ? Le grand rival de l'ASSE, c'est l'Olympique Lyonnais et Lyon-Duchère n'a pas vocation à imiter l'OL. Dans son projet, Lyon-Duchère ressemble d'ailleurs davantage à Saint-Etienne. On m'a tout de même fait la remarque lorsque je suis arrivé, mais c'était très bon enfant."
Entraîneur de Moustapha Bayal Sall et Alex Kacou à Lyon Duchère (5e de N1 à 4 points du leader dunkerquois), Laurent Roussey évoque ses vertes années dans la dernière édition du Parisien. Extraits.
"Se réjouir de voir des clubs lancer
des très jeunes en équipe première, c'est difficile. Mon cas personnel me
laisse penser qu'entre 16 et 18 ans, le corps n'est pas fini, même si on a
l'allure d'un homme. Psychologiquement aussi on ne mesure pas le danger. Tant
qu'il y a la réussite, on surfe sur une vague. Mais à un moment, l'échec va
arriver et là, il ne faut pas être seul. Laurent Paganelli et moi, on s'est
retrouvés dans la souffrance. Car le jeune est transporté dans un monde
d'homme presque du jour au lendemain. C'est un milieu où il faut toujours être
le meilleur. Qu'on le veuille ou non, un gamin n'est pas prêt à vivre dans le
foot pro.
Moi, c'est que j'ai vécu avec Saint-Etienne : tu montes très vite, tu es
le phénomène, tu te crois le plus fort et d'un coup, le premier problème
ralentit la spirale. Plus tu es jeune, plus le retour de bâton est grand. La
jeunesse, c'est sa particularité, est remplie de certitudes. À Saint-Etienne,
d'un coup, j'ai été gagné par l'incertitude. Là, tu redeviens ce que tu es
vraiment : un adolescent. Être confronté si jeune à ce problème de garder sa
place dans l'équipe, c'est presque le début de la fin. Mon grand regret, c'est
de n'avoir pas été assisté par un psychologue pour chasser mon démon intérieur.
Mais bien sûr, je l'ai compris plus tard.
Après ma blessure, j'ai été international et j'ai même été champion de
France. Mais en réalité, j'étais déjà en train de redescendre. Même quand
je marquais, une petite voix me disait : "Combien de temps cela va-t-il
durer ?" C'était le prix à payer de m'avoir vu plus grand que j'étais.
J'étais un gamin qu'on prenait pour un homme. J'entends encore dire que Paga et
moi, on a servi de cobayes. C'est vrai. Si aujourd'hui je dirigeais le Laurent
Roussey de 16 ans, je le surveillerai physiquement et mentalement sans jamais le
laisser seul. Et comme ce jeune Roussey serait vu aussi comme un produit
susceptible de rapporter beaucoup d'argent au club, il est fort probable que je
me retrouverai à défendre mes convictions devant mes propres supporters ou mon
président. Afin de faire comprendre qu'un joueur est plus rentable sur une
carrière que sur quelques matchs. Après, est-ce que je gagnerais ?"